Résurgence de Crégols
Crégols, Lot
IGN 1 : 25000 série bleue 2139 Est Limogne
en Quercy |
par J. meynié |
d'après les publications de Jean-Marc Lebel
Situation (Source captée) L'Emergence temporaire principale de Crégols est située en rive gauche de l'ancien canal, à une cinquantaine de mètres en amont de la sortie d'eau en pression. Cette dernière est busée dans les alluvions en rive droite et captée par la station de pompage de Crégols. L'Emergence temporaire n'est en fait que la sortie d'eau principale (et pénétrable !) d'un ensemble de points d'émergence alignées sur un joint de strates, incliné légèrement vers le Sud-Ouest. Ceux-ci se mettent à débiter successivement du Sud-Ouest vers le Nord-Est avec la mise en charge du réseau. Cette zone semi-noyée a été explorée en plongée dès les premières tentatives (G.S.A, MM MARTIN et DEBRAS) et revue à de nombreuses reprises sans doute, mais sans y trouver de suite. Nous y avons en effet retrouvé de nombreux fragments de fil d'Ariane un peu partout. Nous la décrivons ici à l'étiage. En régime de crue moyenne, toute cette zone est noyée, mise à part la partie supérieure de la trémie d'accès à la grande galerie. En forte crue, il est probable que la trémie elle même soit mise en charge : une corde amarrée et lovée à l'été 1998 en haut de la trémie, a été retrouvée à l'été 1999 déroulée à l'intérieur de celle-ci en suivant le cheminement qu'a dû prendre l'eau aux fortes crues d'hiver ou de printemps. Elle fait alterner des portions totalement noyées de type conduite forcée, des cloches d'air et des zones exondées d'éboulement : la galerie principale d'entrée (nombreuses dalles éboulées) et la trémie (gros blocs éboulés). Les portions noyées sont extrêmement corrodées, elles laissent ressortir en saillies de superbes lames d'érosion et des arches. Les plus petits conduits donnent l'impression d'être taillés à « coup de gouges » (Cf. cliché en bas à gauche sur le plan projeté). Ces derniers sont souvent de tailles réduites et leur exploration en plongée, scaphandre décapelé, a souvent dû être stoppée après quelques mètres. C'est en particulier le cas de la petite sortie d'eau extérieure située la plus au Sud/Ouest. Sa désobstruction a donné accès à un boyau étroit impénétrable après quelques mètres. Nous avons observés dans ces conduits noyés quelques concrétions : stalactites en plafond, petites draperies. Ceci prouve que ces galeries ont été creusées en régime libre à une certaine époque et qu'un relèvement du niveau piézométrique s'est produit par la suite (alluvionnement de la vallée du Lot ?). Ces conduits forment un maillage de galeries : d'une part quasi-perpendiculaires, liés sans doute à la fracturation verticale de bord de plateau, et d'autre part horizontal car creusé également à la faveur du joint de strates. Celui-ci est d'ailleurs bien observable en plongée car les alternances marno-calcaires y sont bien visibles (voir cliché en bas à gauche sur le plan projeté, sur la gauche de la galerie : deux bandes noires). La trémie est située sur une importante fracturation verticale dont l'axe est parallèle à la petite falaise d'entrée extérieure. Cette fracturation semble être à l'origine de la zone de broyage importante qu'on observe à cet endroit et sur toute la longueur de cette zone exondée : nombreux blocs éboulés enchevêtrés, de tailles moyenne de l'ordre du mètre. C'est en s'insinuant à son extrémité Sud-Ouest que l'on a pu atteindre, à sa partie supérieure un passage horizontal fort ébouleux également (à cet endroit, on entend assez distinctement les pompes de la station de pompage se mettre en fonctionnement).Ce court passage conduit à la partie supérieure d'une vaste salle d'éboulement à plafond plat, transition vers la grande galerie. En descendant sur une pente de dalles éboulées, on atteint bientôt une galerie horizontale, au plafond plat. On retrouve : à l'étiage des flaques d'eau immobiles, un lit cupule très érodé, et un torrent en forte eaux (observé lorsque le siphon d'entrée est encore franchissable et que toute la zone d'entrée est noyée). Ce torrent se perd alors dans les dalles à la base de la salle d'éboulement. La galerie horizontale se poursuit sur une cinquantaine de mètres, quelques concrétions sont visibles au plafond. On atteint ensuite le début du lac : la galerie garde la même morphologie, mais les berges deviennent argileuses (on a pu observé deux stalactites de quelques décimètres de haut et de cinq centimètres de diamètre environ, « posées » sur l'argile ?), l'eau occupe le sol. La progression se poursuit bientôt à la nage, pour prendre pied sur un immense bloc effondré. Quelques concrétions recouvertes d'une pellicule d'argile de décantation (stalactites, draperies) peuvent encore être observées. La galerie se termine en une sorte de rotonde aux berges d'argile. La suite est sous ces eaux bleutées, le deuxième siphon. II débute par un superbe puits noyé en diaclase de vingt mètres de profondeur pour une section moyenne d'environ cinq mètres sur huit, présentant de nombreuses lames d'érosion. A sa base quelques blocs reposent sur un lit de gravier fin. Un laminoir de huit mètres de large sur un mètre de hauteur lui fait suite. Son plafond est très érodé, le sol est lui aussi constitué de gravier fin. La pente, assez forte, conduit en une vingtaine de mètres à la profondeur de -34 m par rapport à la surface de l'eau. Là, les dimensions deviennent impressionnantes : 8 m de large par 4 de hauteur. Les parois présentent de nombreuses lames d'érosion, le sol est jonché de blocs éboulés. On atteint une petite salle jonchée de blocs où la suite ne fût pas évidente à trouver : une diaclase a été remontée jusqu'à -1,5 m, pour se pincer irrémédiablement. Deux conduits horizontaux de bonne taille (3x3m) furent découvert à -10 mètres dans cette même diaclase. Ils se rejoignent à une dizaine de mètres en une seule galerie (4x4m) pour aboutir, en 70 m de remontée douce, à une cloche d'air borgne : un mince espace d'air d'une cinquantaine de centimètres entre l'eau et le plafond. La galerie semble se poursuivre au delà, mais elle est entièrement oblitérée par des dalles éboulées enchevêtrées, recouvertes d'une fine pellicule d'argile. Cette voie semble donc laisser peu d'espoir de continuation. Il faut chercher ailleurs une suite pénétrable, si elle existe. Rick Stanton a trouvé la suite à 320m de l'entrée du siphon n°2. 300m de nouvelle galerie mène à une cloche d'où partent deux conduits. Celui de droite fait 100m de long et bute sur une trémie, tandis que celui de gauche fait 140m de long et mène à une étroiture. |
par Frédéric Bossart
par Frédéric Bossart
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