L'igue de Crégols. Photographie Denis Drumetz.
Spelunca n°80 (4ième trimestre 2000), p43 à p49
Cette cavité située en rive gauche du Lot, malgré des "signes extérieurs de richesse" évidents, comme on le verra, n' était connue que sur une cinquantaine de mètres de conduits principalement noyés. Une coupe et un plan ont été publiés d'après le Groupe spéléologique auvergnat et les explorations de P.-J. Debras. La galerie principale noyée y émergeait dans une salle d'éboulis à cinquante-cinq mètres de l'entrée. La découverte de la suite a livré une centaine de mètres de galerie exondée spacieuse, se poursuivant par un splendide siphon. Celui-ci développe 450m et comporte une zone d'un peu plus de 200m à la profondeur de 48m. Nous avons fait surface en amont dans une cloche d'air de moins d'un mètre de plafond. La galerie quasi-noyée se poursuit mais le passage, humainement impénétrable, est oblitéré par un enchevêtrement de dalles éboulées argileuses.
Le développement total de la cavité atteint 620m dont 500m noyés.
Cette cavité a été longtemps en avance sur les moyens et le niveau technique de notre petite équipe. Chaque "pointe", chaque première dans le deuxième siphon, /' était souvent à double titre !
Le point de départ...
Une large et basse ouverture (3 x 1,5 m) dans un interstrate encombré de dalles de décollement, exutoire de crues, quelques lignes laconiques dans l'inventaire (Taisne, 1977) mais Steff passant par là y mit sa truffe avisée et prononça l'incantation magique : "Ça continue, il y a de l'eau et ça siphonne !"
Aussi, peu après, en 1992, nous nous retrouvons dans l'antre avec deux flacons d'un élixir à deux cents bars. Après moins d'une dizaine de mètres de laminoir exondé, débute une zone labyrinthique de petites galeries noyées, en conduite forcée. Les dimensions sont modestes mais les paysages superbes : l'eau y est limpide, les parois de calcaire blanc polies par la corrosion. Quelques stalactites se détachent des voûtes lisses, attestant probablement d'un creusement en régime libre, avant relèvement du niveau de base par alluvionnement de la vallée du Lot. L'ensemble de ces petits conduits forme un maillage quadrillé de type réseau anastomosé, lié semble-t-il à une fracturation de bord de plateau.
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Un voisin nous précise que quelques plongeurs sont venus récemment, mais qu'ils n'avaient pas découvert de prolongements d'importance. Je reviens en août 1993 pour lever la topographie. Je retrouve des fragments de fil d'Ariane un peu partout. Tous s'arrêtent en cul de sac ou sur des passages impénétrables. Reste la zone exondée située vers l'amont : une escalade semble pouvoir y être tentée à une extrémité ou peut-être dans la trémie à l'autre? |
L'aperçu du système de Crégols
Les émergences temporaires
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La connaissance du site nous laisse penser que
l'on a affaire à une alimentation karstique importante. En période
de crue, un ensemble de quatre points d'émergence proches, alignés
sur le même joint de strate, peut fournir un débit impressionnant. |
Le captage
De plus, une station de pompage, située en bord de route au-dessus de l'émergence, capte l'eau à partir d'un busage dans les alluvions à une cinquantaine de mètres en aval de 'émergence temporaire,rive droite de l'ancien canal. Il s'agit de l'émergence pérenne, en pression, du système.
La Gourgue
La Gourgue de Crégols est une autre émergence temporaire du système, située dans la vallée du Bournac. Sa belle vasque d'eau limpide, pompée pour l'arrosage agricole, a attiré de nombreux plongeurs-spéléologues. Elle est connue sur une soixantaine de mètres de galeries noyées se divisant en deux et devenant étroites (Lebel, 1995).
Les pertes amont
Deux colorations ont mis en évidence la relation entre les émergences de Crégols, la Gourgue et le ruisseau souterrain de Lavoyssière, à Beauregard, et les pertes de Saillac, situées à environ sept kilomètres au sud - sud-est (voir Querçy-Recherches, 1982). Elles font l'objet d'explorations assidues par le Spéléo-club du Causse de Limogne.
Stéphane Guignard
et Jean-Marc Lebel à t'entrée.
Photographie Isabelle Lebel.
L'igue Enfin, sur le causse dominant la commune, s'ouvre l'igue de Crégols. Il s'agit d'un vaste gouffre d'effondrement de soixante mètres de diamètre pour trente de profondeur. Au fond, un titanesque chaos de blocs et de pierrailles a visiblement fait l'objet d'une tentative de désobstruction à l'endroit où l'air frais est très perceptible en saison estivale. Sa situation, à un kilomètre environ de l'émergence et à l'extrémité d'une vallée sèche remontant depuis le village de Crégols, rend tentante l'hypothèse d'une liaison avec le système. La topographie reportée en surface semble aller dans ce sens. L'altitude au fond de l'igue est de 220 m, tandis que celle de l'émergence est de 130 m. |
La Clef
En août 1994, Steff et moi commençons par désobstruer le point d'émergence le plus à l'ouest, c'est-à-dire le "premier" à se mettre à débiter en eaux moyennes. Le conduit est si étroit que l'on doit s'y insinuer les pieds en avant, miniscaphandre à la main. Après environ quatre mètres, force est de renoncer car les bulles de nos détendeurs décrochent de jolies mais vicieuses volutes d'argile : alliées à l'étroitesse du conduit, l'exploration devient trop périlleuse.
Ensuite nous décidons de tenter une escalade à l'extrémité exondée amont de l'émergence principale.
Je n'ai pas le temps de déballer le matériel
d'escalade que Steff, en train de fureter à l'autre bout dans la trémie,
m'interpelle : "Déjà monté par là?" puis
"Hé ho, ça continue !". Je lâche tout et grimpe
à sa suite dans la trémie. Aucun obstacle. Steff m'attend en haut,
goguenard, me montrant un passage horizontal entre les blocs. On s'y engage
et, peu à peu, le sol se dérobe, le plafond s'éloigne :
on se trouve en haut d'une vaste salle de décollement de dix mètres
de large. Silencieux, nous descendons la pente de grosses dalles, n'osant y
croire. De nombreuses pierres instables dégringolent sous nos pas, aucune
trace. Nous sommes à coup sûr les premiers à fouler ces
lieux. La "salle" se poursuit par une vaste galerie au plafond plat.
Nous suivons maintenant le surcreusement au sol, cupule de "coups de gouge".
Il est exempt d'argile à la différence de la partie supérieure
de la galerie, recouverte d'une fine pellicule d'argile de décantation.
Nous avons bien rejoint un actif amont, comme le confirme une cascatelle.
Quelques concrétions agrémentent le parcours : "carottes"
chevillées dans les fissures en plafond, petite "pile d'assiettes"
sur un bloc, "bâtons de berger" stalagmitiques, mais, hélas,
pas de "vierge à l'enfant"...
À une centaine de mètres de la trémie d'accès, le
sol surcreusé et les dalles éboulées font place à
l'eau : "le lac". Bientôt on perd pied, la progression se fait
à la nage. Un immense bloc forme îlot, quelques draperies couvertes
d'argile pendent au ras de l'eau et c'est le cul-de-sac : le siphon. Nous prenons
pied sur l'îlot pour l'admirer, splendide vasque de cinq mètres
de diamètre cernée par la roche et les berges argileuses, d'une
eau limpide et profonde.
Nos lampes distinguent l'ébauche d'un vaste puits en diaclase, bleuté,
fascinant.
Premières plongées dans le deuxième siphon : 1994
Ventre à terre, nous filons récupérer un scaphandre 2x6 litres au premier siphon. Steff s'équipe et s'enfonce bientôt sous la surface, dévidoir en main. Je regrette vaguement de ne pas l'avoir un peu assommé... Mais le voilà déjà, insuffisamment lesté, il n'a pas réussi à descendre dans le puits qu'il qualifie de "fantastique !" C'est le mot : on se trouve au-dessus d'un vaste puits vertical en diaclase où l'eau est si limpide que l'on pourrait presque ressentir des sensations de vertige. En combinaison humide sans bouée d'équilibrage ni profondimètre, j'assure ma remontée en descendant par désescalade subaquatique. Les nombreuses lames d'érosion le permettent aisément. Après une descente évaluée à trente mètres (en fait vingt, je le vérifierai par la suite), je me pose sur une plage de fin gravier à la base du puits. Là s'amorce un laminoir d'environ huit mètres de large sur un de haut. |
Estimant avoir atteint la profondeur de quarante mètres (en fait trente), je rebrousse chemin. Tout en remontant au palier estimé de moins trois mètres, j'échafaude des plans... |
Le 14 août, quatre
bouteilles sont acheminées et préparées devant le
deuxième siphon en utilisant des petits scaphandres pour franchir
le premier. Retour en topographlant,
plongée de 1 h 53 dont 1 h 13 de décompression à
l'air. Départ cette fois en 2x12 litres dorsal, muni d'une bouteille relais de 10 litres et d'une autre laissée à -12 m pour les paliers de décompression. Après le point bas à -47 m, la galerie remonte à -40 au sommet d'une salle de décollement. Arrêt à 170 m (-41) à un passage bas en vue de la suite : un talus d'argile remontant. Topographie au retour, plongée de 2 h 04 dont 1h27 de paliers à l'air.
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L'auteur pris au retardateur dans le
premier siphon. Photographie Jean-Marc Lebel. (ci-dessus).
Laurent Osvald dans !' amont du premier siphon. Photographie Jean-Marc Lebel.
(ci-contre).
1995 : les plongées se poursuivent dans le siphon 2
Début août, étant seul tout d'abord, je commence par équiper en corde "spéléo" le premier siphon (franchissable ainsi sans palmes), le ressaut de cinq mètres dans la trémie lui faisant suite, et le puits de vingt mètres au départ du siphon 2 (confort des paliers de décompression).
Le transport vers le siphon 2 commence ensuite : 2 x 12 litres et 15 litres d'oxygène pur pour la décompression. Une tentative de plongée dans le siphon 2, dans le but de rééquiper le laminoir où le fil a été sectionné par les crues, se soldera par un échec dû à une panne de profondimètre.
Laurent est maintenant arrivé et fait connaissance avec la cavité, enthousiaste. Nous transportons 2 x 18 litres au siphon 2, le 8 août. Dans la foulée je rééquipe jusqu'à l'arrêt de l'année passée en 2 x 12 litres. Une furieuse demande d'indépendance du détendeur oxygène m'obligera à des paliers à l'air. Plongée de 2 h 06, temps passé sous terre de 5 h 30.
Le lendemain, nous photographions la grande galerie exondée entre les siphons 1 et 2 au moyen d'un appareil "reflex" ordinaire qui tiendra absolument à plonger le siphon 1... paix à son âme.
Le 10 août, une "pointe" de deux heures, dont soixante-quinze minutes de paliers à l'oxygène, permet d'atteindre 235 m dans une galerie toujours spacieuse dont la profondeur oscille entre -40 et -47m.
Laurent doit partir, mais Didier arrive pour le relayer. Malheureusement, la plongée du 17 août sera peu fructueuse : je parcours trente mètres supplémentaires
.A -47m et après un dernier amarrage en rive gauche, je pense voir la suite à un talus d'argile sous le plafond plat de la galerie. En fait, pas de passage, c'est la paroi. La visibilité s'est rapidement dégradée à cause de l'argile. | ||
Je perds l'espoir de trouver la suite
dans ces conditions et rebrousse chemin. Temps passé sous terre de sept heures. |
1996 : encore !
Bien entendu, nous sommes de nouveau à pied d'oeuvre en août de cette année, Laurent et moi. Nous commençons par une petite plongée de rééquipement, habituelle, du laminoir du siphon 2 jusqu'à -35 m en 2 x 7 litres.
Départ pour une nouvelle pointe le 10 août. Peu avant le cul-de-sac qui nous avait arrêtés l'année passée, je repère tout de suite le départ de trois mètres de section, en hauteur rive droite. Je suis à -40 m au début de cette galerie et remonte graduellement à -30 pour buter sur un nouveau cul-de-sac à -22 m. J'ai parcouru 70 m dans cette nouvelle galerie. Je déniche la suite en plafond, rive gauche, sous la forme d'une diaclase remontante. Arrêt à 330 m (-19), sur autonomie en air et paliers de décompression. Retour rapide au palier de -21 m, à l'entrée du siphon 2, à cinquante minutes du début de la plongée, sortie à 120 mn. Temps passé sous terre de 3 h 30. Suite aux infâmes portages, Laurent a le dos en compote, aussi je me ferai une joie de ressortir le matériel seul le lendemain, un dimanche ! Dieu merci le "géant vert" Frank est venu nous rejoindre : les grosses bouteilles de 18 litres semblent s'être métamorphosées en biberons alu... Une 4 litres d'oxygène pur est couplée au Hl bi-bouteilles de 18 litres, en vue d'effectuer la décompression nécessaire dans la diaclase remontante à l'arrêt précédent. J'y parviens en vingt minutes et entame la remontée verticale. Je stoppe pour effectuer un premier palier à moins neuf mètres qui doit durer cinq minutes. |
Arrivé à moins six mètres, la diaclase se resserre à un mètre de large et une pluie d'argile infernale commence à m'envelopper, détachée par les bulles expirées. Après quelques minutes je dois renoncer devant l'impossibilité de lire mes instruments.
Le retour se fera sans encombre en dix-huit minutes. Pendant ce temps, Frank a levé quelques coupes de la grande galerie jusqu'à 150 m et vient aux nouvelles au palier. Je ressors le matériel le 16 août.
À l'année prochaine...
Franchissement du deuxième siphon
Ce mois d'août 1997, afin de résoudre ce problème de visibilité
qui s'annule aux paliers, nous avons décidé de... ne pas en faire,
facile ! La solution : d'une part un mélange enrichi au maximum en oxygène
pour la profondeur visée (surox 29% d'O2), utilisé pour la progression,
et d'autre part un mélange suroxygéné à 70% d'O2
pour désaturer entre -15 et -10 m, juste avant la diaclase où
la visibilité s'annule. Ainsi, on peut espérer sortir sans faire
de palier dans cette zone.
Le 10 août, Fanfan rééquipe d'une corde le puits de vingt
mètres au départ du siphon 2 et vérifie l'état du
fil dans le laminoir. Un orage diluvien s'abat le soir sur le causse de Limogne
: 40 mm d'eau.
Surprise le 12 août : l'émergence principale ne débite pas
loin d'un demi-mètre cube par seconde d'eau encore claire (vidange du
réseau), sans parler des émergences en aval.
Tablant sur des prévisions correctes, nous décidons de porter
le matériel pour la pointe au siphon 2. Notre tâche est grandement
facilitée car l'entrée, où nous tirons habituellement les
bouteilles à quatre pattes, est cette fois noyée. Le niveau est
de un mètre supérieur à celui d'étiage. Grâce
au petit coup de pouce d'Archimède, le transport des bouteilles est beaucoup
plus aisé. Parvenus au bas de la salle d'eboulement qui fait suite au
premier siphon, nous découvrons un véritable petit torrent qui
se perd au pied de celle-ci. Nous déposons donc le matériel pour
aller voir l'état du siphon 2. Le lac forme bientôt une voûte
mouillante et le bloc, "l'îlot", utilisé habituellement
comme belvédère, est sous l'eau ! Le niveau est environ de deux
mètres supérieurs à celui d'étiage, ce qui donne
une différence de l'ordre d'un mètre avec l'entrée de l'émergence
: importance des pertes de charge dans la trémie en régime dynamique
de crue ? Conclusion : il va falloir attendre...
Le 15 août, le matériel est préparé au départ
du siphon 2 : d'une part un scaphandre de 2 x 18 litres et un relais de surox
29% pour la progression, d'autre part une 4 litres de surox 70 % fixée
au bi-bouteille 18 litres pour la décompression à l'amont et une
15 litres d'oxygène pur pour les paliers au retour.
L'émergence ne coule pratiquement plus le 16 août. À quelques
décimètres près, le niveau au départ du siphon 2
est redevenu celui d'étiage. Je dépose le relais à 150
m et parviens au pied de la diaclase en trente minutes, soit dix de plus que
l'année passée, merci le courant! Je respire le surox 70% depuis
-15 m. En atteignant -10, surprise : cherchant un amarrage pour le fil d'Ariane,
j'aperçois un beau conduit qui part à l'horizontale, la suite
véritable à n'en pas douter. Je déroule 80 m de fil dans
une belle galerie remontante en pente douce jusqu'à -4 m. Mon génie
d'Aladin m'indique que ma décompression est terminée et la bouteille
de surox 70 % est vide lorsque j'aperçois le miroir de surface.
J'émerge avec jubilation
et scrute les alentours. Hélas, il s'agit d'une cloche borgne ne
laissant que quelques décimètres d'air. La suite est dans
le prolongement, sous l'eau, et la galerie présente un enchevêtrement
de dalles éboulées couvertes d'une mince pellicule d'argile. Malgré un examen minutieux, je ne vois aucun passage humainement pénétrable. |
Je rebrousse donc chemin, à cinquante minutes du départ de la plongée, en levant la topographie jusqu'au point 250 m. |
J'arrive au premier palier à 84 mn et émerge à 120 mn. Temps passé sous terre de 4 h 30 en ressortant le matériel.
Une nouvelle surprise nous attend à la sortie
: alors que nous sortons les dernières bouteilles dans l'entrée
de la cavité, le niveau se met à remonter à vue d'oeil
et l'entrée siphonne bientôt. Le courant devient sensible, l'eau
est cette fois laiteuse (fin de vidange de l'eau claire du réseau). Il
est quinze heures, la mise en charge accuse un temps de retard d'environ huit
heures par rapport à l'orage qui a pris fin au lever du jour et dont
on voyait les éclairs sans recevoir une seule goutte à Cabrerets.
Les vacances de Fanfan sont terminées, mais le 21 je n'y tiens plus :
l'émergence ne coule presque plus, les prévisions météorologiques
sont correctes... Je décide d'aller revoir le terminus de 1995 à
270 m. Pour ce faire je porte un bi-bouteilles 18 litres et un fond d'oxygène
pour les paliers au départ du siphon 2.
Mauvaise surprise le 22 : le niveau est bas mais la visibilité exécrable
pour le site et les dimensions. Un petit espoir en arrivant au cul-de-sac à
265 m (-48) : en rive droite, je déniche un passage rétréci
avec un petit talus d'argile. Malheureusement, une fois franchi, je me retrouve
dans une minuscule alcôve où je peux juste faire demi-tour. Plongée
de 1 h 35, dont 52 mn de paliers et un temps passé sous terre de quatre
heures en ressortant le matériel.
Recherche d'une suite dans le deuxième siphon en 1998
Les dimensions de la galerie du siphon 2, entre le point 270 m et l'ébou-lement
terminal à 440 m, sont sensiblement inférieures à celles
du début du siphon. Les signes de courant important (notamment les vaguelettes
dans le sable, en filet principal, au niveau de la dune d'argile à 170
m) n'y sont plus évidents. Ajoutés au changement de direction
de l'est au nord, ces "signes" nous motivent à chercher à
nouveau un autre départ de galerie dans la zone profonde en particulier.
En attendant David, je commence un portage devenu "de routine" : bi
de 18 litres pour la progression, 15 litres d'oxygène et 7 litres de
surox 60% pour les paliers au retour.
David me rejoint le 6 août pour la plongée du siphon 2. Je scrute
sérieusement la zone profonde entre 150 et 270 m (Frank avait déjà
bien observé le début du siphon jusqu'à 150 m puisqu'il
y avait relevé des coupes), sans succès. Ayant largement d'air,
je poursuis. Arrivé à 330 m, à la diaclase remontante arrêt
de 1996, j'amorce la remontée dans le puits de dix mètres. Et
là, surprise, j'aperçois un "départ" au niveau
du carrefour entre le puits et la galerie qui conduit à la trémie
terminale. Plein d'espoir, je
raboute mon dévidoir et progresse dans ce nouveau conduit, pas fâché
d'être de nouveau en "première" dans ce siphon. Au bout
de dix mètres, j'aperçois un malicieux segment de fil nylon devant
moi. Je lis l'étiquette et comprends : je viens de parcourir une galerie
"shunt" parallèle à celle que j'avais empruntée
lors de la plongée précédente. Désabusé,
je continue tout de même sur l'ancien fil. À un brusque changement
de direction, celui-ci est sectionné, preuve qu'un courant conséquent
emprunte cette voie en crue. J'émerge un peu plus loin pour inspecter
à nouveau la trémie terminale à 440 m. Bredouille, je rentre
au palier à 70 mn du départ et émerge à 120 mn...
comme d'habitude !
Le 7 août, David plonge avec un scaphandre 2x10 litres dans le siphon
2, pour le plaisir des yeux. Pas déçu apparemment puisqu'il remet
ça le lendemain en 2 x 9 litres, avec pour objectif d'inspecter le puits
d'entrée du deuxième siphon pour un éventuel départ
vers l'aval. Recherche vaine.
Pendant ce temps, Roland, Marc et moi avons préparé un 2 x 12
litres sanglé à l'anglaise, un relais supplémentaire de
12 litres (le tout contenant un mélange suroxygéné à
28 %) et une 9 litres d'oxygène. Marc plonge avec ce matériel
afin de poursuivre la remontée dans la diaclase à 330 m, ancien
terminus de 1996, sait-on jamais. Il y parvient sans encombre, dépose
son relais un peu plus loin dans la galerie amont, et entame la remontée...
pour buter sur un véritable plafond à -1,5 mètres de profondeur!
Nous ressortons le matériel dans la foulée.
David nous a quittés mais, têtus, nous décidons de refaire
une dernière inspection du siphon 2, cette fois en nous concentrant sur
les voûtes dans la zone profonde. La valse des 2x18 litres (surox 29 %),
7 litres (surox 60 %) et 9 litres (oxygène) reprend.
Le mercredi 12, me voilà reparti dans le siphon 2. Je tente une remontée à 270 m, sans résultat, revois "l'alcôve" et reviens en scrutant les plafonds sans plus de succès...
Dommage !
Explorations
réalisées par : 1992 à 1994 : Stéphane Guignard (Steff), Jean-Marc Lebel. 1995. : Didier Henry, J.-M. Lebel, Laurent Osvald. 1996. : J.-M. Lebel, Laurent Osvald, Frank Vasseur. 1997. : François Gauthier (Fanfan), J.-M. Lebel. 1998. : Marc Chocat, Roland Gillet, J.-M. Lebel, David Nau. 1999. : M. Chocat, S. Guignard, Nadir Lasson, J.-M. Lebel. Et puis, chaque année, nos deux jeunes amis pêcheurs venus nous aider à descendre le matériel et dont nous n'avons même jamais su... les noms 1 (Salvadore stupido!). |
Remerciements à André
Tarisse, pour son soutien, et à Monsieur Charles Parra, maire de
Crégols (et grand amateur de truffes), pour sa bienveillance quant
à ces plongées. Jean-Marc LEBEL 113, avenue du Général Leclerc 54000 Nancy Bibliographie TAISNE, J. (1977) : Contribution à un inventaire spéléologique |
Bibliographie
TAISNE, J. (1977) : Contribution à un inventaire LEBEL, J.-M. (1995) : Info plongée, bulletin
de la commission Plongée de la Fédération française
de spéléologie, n°70, p. 18. Groupe spéléologique
du Quercy (1982) : La rivière souterraine des Chartreux.-Tirage
à part de Quercy recherches n°48-49. |