Le
système aval du Vidourle souterrain est composé (pour
l'instant) de quatre cavités dont deux majeures : la
Fontaine de Sauve et le Grand Aven. Les deux autres, plus
modestes : l'aven de la Tour de Molle et celui de la
rue du Four, situées dans la ville de Sauve, rejoignent
directement le cours de la Fontaine. D'autres cavités
naturelles, mais pas nécessairement pénétrables, confluent
avec fleuve souterrain, comme en témoignent les outils,
sceaux en bois cerclés et autres « Thomas »
observés dans la Source.
Situation
La
Fontaine sourd sous les remparts médiévaux de la ville de Sauve,
sous la Mairie. La vasque, au pied d'un muret de soutènement
d'un petit pont, est artificiellement rehaussée pour alimenter
des bassins médiévaux.
Le
Grand Aven bée 1000m au sud-ouest, en bordure d'une piste
empruntée par un chemin de Grande Randonnée.
Les
deux cavités, ainsi que d'autres du réseau, sont pointées sur
les cartes I.G.N. .
Recommandations
Les
incursions dans ces deux cavités sont soumises à autorisations
municipales préalables.
Les
crues, dans ce système, sont influencées les pluies localisées
mais au moins autant par les précipitations qui affectent
certains secteurs des Cévennes. La réactivité est surprenante.
Mieux vaut ne pas traîner sous terre lorsque la météo est
incertaine.
Présentation
Le Vidourle, petit fleuve côtier,
prend sa source dans les Cévennes cristallines, au nord de
la montagne de la Fage.
Son cours aérien traverse divers terrains géologiques
avant de se jeter dans la Méditerranée, entre les stations
balnéaires de La Grande Motte (34) et du Grau du Roi (30).
En aval de Saint-Hippolyte du Fort, au
contact des calcaires (Jurassique supérieur) il s'infiltre
dans le karst et y circule jusqu'à la ville de Sauve, 8000m
plus loin, où il retrouve l'air libre, gonflé d'affluents
souterrains.
Le Vidourle est d'autant plus
capricieux qu'il est influencé, tant par les pluies sur le
bassin calcaire de Saint-Hippolyte du Fort, que par les
précipitations centrées sur le sud Cévennes.
Sa réactivité est telle qu'on ne
compte plus les sorties annulées suite à une montée des eaux
soudaines, assortie d'une dégradation de la visibilité.
La « clarté » des eaux varie
de 4m à l'étiage (exceptionnel, observé seulement durant les
étés 2003 et 2005 du fait de singulières sécheresses) à
« rien du tout » lors des crues et décrues. En
moyenne, une diète pluviale d'une quinzaine de jours est
minimale pour bénéficier d'une visibilité moyenne (2m). Mais
les périodes où les plongées d'investigation sont possible
se réduisent à quelques semaines dans l'année… les bonnes
années.
Historique
Plusieurs
équipes se sont penchées sur le système de Sauve.
Edouard-Alfred
Martel, accompagné de Paul Faucher, A. Viré, H. Roux et L.
Armand, avait ouvert la voie dès les 26 et 27 septembre 1897 en
explorant plusieurs cavités du système en amont de Sauve.
Les
premières plongées remontent au 26/12/1968 avec Alain et
Michel ROGER (S.C.A.L.-Montpellier) « plongée dans la
vasque de la fontaine au milieu du village. Ressortie à l'air
libre dans une galerie au bout de 25 ou 30 mètres. Profondeur
atteinte dans le siphon : 5m. environ. La galerie aperçue
semble être le bas d'un puits ressortant dans une maison de
Sauve. »
Le
15 février 1969, ces deux frères reconnaissent trois arrivées de
puits verticaux après passage du siphon (le plus long fait plus
ou moins 50m. Nombreuses poteries. Prof. Max. 5m.
( Rapports d'activités SCAL 1968 et
1969-1970.). Peut-être émergent-ils dans l'aven de la Tour de
Molle ?
1972
: liaison en plongée entre l'aven de la Tour de Molle et la
source de Sauve (G.E.R.S.A.Montpellier).
La
même année, le G.E.P.S. explore la source jusqu'à la trémie, à
200m de l'entrée.
Ce
Groupe d'Etudes et de Plongée Souterraine (Bouches du Rhône)
découvre le système du Vidourle souterrain en 1978. En
collaboration avec les services locaux de la D.D.E. du Gard,
cette équipe, emmenée par Jean-Louis Vernette,
conduit une campagne approfondie sur plusieurs cavités du
secteur, assortie de topographies et de descriptions détaillées.
L'opuscule
édité en 1981 est devenu une référence bibliographique
incontournable pour qui s'intéresse à ce karst.
La
première plongée dans l'aval du Grand Aven, le 20/06/1979, livre
au GEPS plus de 200m de vastes galeries à la profondeur de 25m.
En
1980, les provençaux poursuivent l'exploration dans la Fontaine,
avancée entre-temps par une autre équipe à 240m. Après avoir
franchi une étroiture à 240m, ils progressent jusqu'à une cloche
située à 500m de l'entrée, après un point bas à –30m.
« Le
courant et la turbidité des eaux, ajoutés à la configuration de
cette résurgence en rendent son exploration délicate. Néanmoins,
vu la direction, la configuration et les distances actuellement
parcourues de part et d'autres, la jonction avec le réseau aval
du Grand Aven nous semble désormais possible ».
La
mémoire collective du petit milieu de la plongée souterraine,
rapporte de nombreuses plongées dans la Fontaine et le Grand
Aven après les explorations du G.E.P.S. .
Au 20 siècle, aucune ne permettra de dépasser ni même de
retrouver leurs « terminus », tant dans la Fontaine
que dans le Grand Aven.
A
partir 1998, une équipe languedocienne, flanquée de quelques
provençaux, s'attaque à la fontaine, dans le cadre d'expéditions
FFESSM, régionales puis nationales (2004 et 2005), avec le
concours continu du club Spéléo des Taupes Palmées (F.F.S.-30).
Quarante
sorties ont été nécessaires pour faire le ménage dans ce musée
du fil d'Ariane, lever une topographie relativement exhaustive,
et trouver les passages clés depuis la Fontaine et les galeries
aval du Grand Aven.
1998
(4 sorties) : Prise de contact.
26/09/1998:
François TOURTELLIER et Frank VASSEUR prise de contact et
marquage des nombreux embranchements jusqu'à 210m pour sécuriser
les plongées futures. 41 minutes de plongée.
18/10/1998:
Didier MOURRAL et Patrick MUGNIER prise de contact et nettoyage
de vieux fils rompus. 105 minutes de plongée.
15/11/1998:
Elodie DARDENNE et Frank VASSEUR, relevé topographique sommaire
et inventaire des galeries latérales équipées en fil d'ariane.
53 minutes de plongée.
22/11/1998:
Cyril AUBREVILLE, Elodie DARDENNE, Didier MOURRAL, Patrick
MUGNIER et Frank VASSEUR, équipement en câble des cent premiers
mètres, métrage décamétrique et nettoyage de l'ancien fil.
Plongée sous la neige. 50 minutes de plongée.
1999
(4 sorties) Nettoyage, sécurisation, équipement, topographie.
09/01/1999:
Régis BRAHIC, Elodie DARDENNE, Claude et Serge GILLY, Jérôme
MARTIN, Didier MOURRAL, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.
Une
semaine avant, la cavité est en crue (niveau limnigraphe:
62). Aujourd'hui, le niveau est à 8, et malgré les conditions de
visibilité très médiocres (<50 cm dans les 150 premiers
mètres, 1,5m. au-delà) plusieurs opérations ont pu avoir lieu:
vérification de l'équipement en câble nullement endommagé par la
crue, reconnaissance du passage le plus confortable de 100 à
210m. en prévision de la poursuite de l'équipement en câble,
recherche et repérage de cloches d'air dans les plafonds,
repérage de poteries et vestiges humains, recherche d'une
galerie latérale dans les 60 premiers mètres. Plongées de 35 à
70 minutes.
14/02/1999:
Elodie DARDENNE, Didier MOURRAL, François TOURTELLIER, Frank
VASSEUR.
Plongées
de 30 à 63 minutes. Equipement en câble gainé de 100 à 200m.,
reconnaissance d'un shunt en rive droite amorcé à partir de
110m., repérage d'une cheminée surmontée d'une cloche d'air à
l'aplomb de l'étiquette 100, et d'une belle stalactite dans le
même secteur, désobstruction de l'amorce d'une galerie dans le
porche d'entrée.
27/02/1999:
Marc BERNARD, Régis BRAHIC, Elodie DARDENNE, Claude et Serge
GILLY, Richard HUTTLER, Jérôme MARTIN, Patrick MUGNIER,
Jean-Eric TOURNOUR, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.
Nettoyage
de l'ancien fil de 100 à 200m.,
raccordement des vieux fils dans les latéraux sur le câble,
topographie jusqu'à 200m. (point 0 sur le 0 du limnigraphe),
nettoyage, rééquipement et topographie de la cheminée remontante
dans la Tour de Molle (limnigraphe
dans tuyau orange, trappe et escaliers au plafond), équipement
du premier shunt qui revient dans la vasque d'entrée par une
étroiture, nettoyage d'anciens fils en double. Plongées de 50 à
128 minutes.
13/03/1999:
Serge GILLY, Richard HUTTLER, Jérôme MARTIN, Didier MOURRAL,
Patrick MUGNIER, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.
Recherche
du passage-clé dans la zone des 200 m.,
collecte de poteries, seaux et cerclages remis directement aux
représentants de la mairie et d'une association locale,
topographie des cloches des 15m., 120m. et du diverticule
d'entrée.
Plongées
de 30 à 76 minutes.
2000
(9 sorties) le Vidourle retrouvé
19/02/2000:
Didier MOURRAL, Frank VASSEUR. Repérage d'un passage en aval de
la fin du câble (200m), qui débouche dans une cloche d'où
s'engage un autre fil. Franchissement de trois étroitures
consécutives à partir du carrefour de fils de 200m, arrêt à 230m
dans une galerie plus vaste polluée de vieux fils d'Ariane
sectionnés. Plongée de 50 minutes.
04/03/2000:
Elodie DARDENNE, Richard HUTTLER, Frank VASSEUR. Tentative de
photos malgré l'eau chargée. Equipement en fil métré à partir de
« l'araignée » (carrefour de fils des 200m) jusqu'à
262m. Après un passage étroit et chaotique, on rejoint une jolie
galerie aux parois très claires (sol légèrement limoneux),
encombrée de vieux fils. Après un dédoublement, un seul fil
ancien revient vers l'entrée dans un vaste laminoir. A 230m, un
départ en rive gauche et un fil ascendant devront être revus.
Plongées de 86 minutes.
10/03/2000 :
Frank VASSEUR. Poursuite de la recherche de l'origine de
l'écoulement dans le grand laminoir à partir de la côte 262m.
Après 50m de fil déroulé, retour sur le fil principal à
l'étiquette 220m. Retour en topographiant et remontée dans la
cloche de la « cathédrale marseillaise » d'où
s'engagent d'autres fils. Cette partie de la cavité n'est pas
sur le cours actif du Vidourle souterrain. Plongée de 91
minutes.
25/03/2000:
Jérôme MARTIN, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR. Topographie
de la cloche de la cathédrale marseillaise et re-découverte
d'un accès direct depuis l'araignée, sans passer par la série
d'étroitures entre 200 et 220m. Plongée de 75 minutes.
21/06/2000:
Jacques BONPASCAL, Cyril MARCHAL, Laurent ROBIN, Mathias
ROSELLO, Frank VASSEUR. Plongées d'approfondissement pour la
plupart. Nettoyage de vieux fils à 140m et 230m. Plongée de 20 à
95 minutes.
28/06/2000:
Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Equipement en fil neuf de 220m à
345m. En fouillant les plafonds du grand laminoir, découverte du
fil de Jean-Louis Vernette à
–8. Plongée de 60 minutes.
01/09/2000:
Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Poursuite de
l'équipement en fil neuf de 345m à 455m en suivant le fil posé
par Jean-Louis Vernette en 1978,
lors de son ultime exploration. Topographie au retour. Plongée
de 70 minutes.
13/09/2000:
Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Peaufinage
de l'équipement entre 350m et 500m. Emersion dans une vaste
cloche d'air à 500m après un point bas à
–29. Il s'agit du point ultime atteint par Jean-Louis VERNETTE
en 1978. Le cours actif du Vidourle souterrain doit se trouver
en profondeur, à partir du point bas de –29.
Au
retour, découverte d'un shunt à l'étroiture
verticale des 270m. Plongée de 90 minutes.
24/09/2000:
Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR. La visibilité n'excède pas 80
cm du fait des orages récents. Portage de plombs largables
nécessaire à l'équipement jusqu'à 200m de l'entrée.
2001
(6 sorties) la récompense : l'exploration continue.
24/02/2001:
Marc BERNARD, Claude GILLY, Richard HUTTLER, Frank VASSEUR.
Equipement en cordelette du passage vers la cloche de la
cathédrale marseillaise, transport de plombs largables jusqu'à
270m, nettoyage de vieux fils sectionnés. Plongée de 66 minutes.
25/02/2001:
Marilyn HANIN, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Sous la cloche du
GEPS, à partir du point bas de –29, exploration de 135m de
galerie jusqu'à 575m (-43). Le collecteur est retrouvé, le
courant est puissant et les anguilles circulent. Plongée de 131
minutes.
04/04/2001:
Philippe ATLANI, Cyril MARCHAL, Kino PASSEVANT, Damien VIGNOLES,
Frank VASSEUR. Nettoyage du vieux fil entre 280m et 385m.
Installation de plaquettes à –6 (130m de l'entrée) et –9 (320m
de l'entrée). Plongée de 74 minutes.
08/04/2001:
Marilyn HANIN, Cyril MARCHAL, Damien VIGNOLES, Frank VASSEUR.
Poursuite de l'exploration jusqu'à 665m (-12). Arrêt sous
paliers après avoir cherché au point bas de –45. Plongée de 110
minutes.
12/04/2001:
Cyril MARCHAL, Didier MELLET, Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR.
Topographie de 385m à 450m. Nettoyage de vieux fils dans la zone
des 250m. Installation d'un anneau de corde à 320m pour la
dépose de bouteille-relais au palier de –9.
21/04/2001:
plongée Grand Aven de sauve. Romuald BARRE, Damien VIGNOLES.
09/05/2001:
Marilyn HANIN, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Poursuite de
l'exploration jusqu'à 702m de l'entrée. Arrêt dans de minuscules
cloches d'air sans continuation. La suite sera à rechercher à
partir de –6 après le point bas de –46 ce jour. Plongée de 140
minutes.
2002
(1 sortie) retour au calme
20/01/2002:
Romuald BARRE, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Reéquipement
du fil jusqu'à 270m, dont de nombreux amarrages ont sauté durant
les dernières crues. Plongées de 75 minutes.
2003
(9 sorties) Le Grand Aven se livre, la Fontaine se défend.
20/05/2003:
Grand Aven. Reéquipement du siphon
amont sur 250m. Damien VIGNOLES, Romuald BARRE, Mathias ROSELLO,
Serge et Claude GILLY.
31/05/2003:
Aven du Frère. Damien VIGNOLES.
15/06/2003:
Grand Aven. Plongée de reconnaissance et topographie, arrêt sur
manque de visibilité. Damien VIGNOLES, Romuald BARRE.
16-17/08/2003:
Grand Aven. Equipement, reconnaissance amont et aval. Romuald
BARRE, Damien VIGNOLES.
23-24/08/2003
: camp plongée Aven de Sauve. Mikaël
et Nicolaï BAPPEL, Romuald BARRE, Damien VIGNOLES, Fabien
ROIRON, Brahim OUSSENE, Marilyn HANIN.
05/09/2003
: Grand Aven de Sauve (aval): plongée du S1 25min. Damien
VIGNOLES, Romuald BARRE.
07/09/2003:
Grand Aven de Sauve (aval) plongée jusqu'au S3. Romuald BARRE,
Damien VIGNOLES.
21/09/2003:
Grand Aven de Sauve (aval), plongée 350m de découverte dans le
S3: Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES.
Ces plongées dans le Grand Aven en direction de l'aval
permettent de progresser de plus de 700m (intégralement
topographiés) vers la Fontaine de Sauve. L'espoir de jonction
renaît. Les zones terminales des deux cavités seraient distantes
d'une centaine de mètres en distance plane.
07/2003:
(par Michel Pauwels) Le fond de la cavité a été revu dans le
but de vérifier la présence éventuelle de départs dans la
galerie et au niveau du puits remontant terminal.
« A
part un court tronçon de fil cassé dans le shunt sous la
cathédrale, aucun rééquipement n'a été nécessaire pour
rejoindre la zone terminale.
La
grande galerie a été parcourue en zigzags (à partir de la
marque 500 m. jusqu'au terminus actuel) en plaçant un fil
temporaire afin d'être indépendant de l'équipement en place.
Les parois de gauche et de droite ainsi que le plafond ont été
inspectés, en particulier dans les zones où la galerie décrit
un coude. Rien à signaler.
En
suivant la voûte, l'équipement en place dans le puits a été
rejoint à –34 m. alors que le fond se situait à -43, ce qui
donne près de dix m. de hauteur de galerie à cet endroit !
Dans
le puits terminal le fil était rompu à
–14. Au niveau de ce fractionnement il y a un petit départ
remontant dans la paroi, mais cela paraît plutôt étroit. A
revoir si vraiment ça ne passait pas par ailleurs…
Vers
–6 le puits se prolonge par une galerie horizontale avec
quelques petites cloches au plafond (terminus Vasseur). Le
plafond a été suivi d'abord vers l'aval, en retraversant le
puits. De ce côté du puits on émerge dans une cloche plus vaste
(1 x 2 m.) où débouche une cheminée visible sur quelques mètres.
Du matériel d'escalade serait nécessaire pour sortir de l'eau et
remonter cette cheminée.
Ensuite
la galerie horizontale, dont l'axe semble être dans le
prolongement de l'axe général de la progression, a été
inspectée sur une vingtaine de m. Les ruptures de fil et
l'orientation des tronçons flottants indiquent clairement la
présence temporaire d'un courant violent provenant du fond de
cette zone. Le plancher de cette galerie, recouvert de
sédiments, semble par endroits vouloir redescendre mais aucun
passage pénétrable n'a été observé. Dans la partie la plus
éloignée les parois semblent se refermer.
Conclusion :
La suite semble bien devoir se situer dans la zone
terminale comme l'attestent l'absence de départs
pénétrables dans la grande galerie et les indices de
courant au-dessus du puits. Par ailleurs, la grande
quantité de sédiments sur le sol de la galerie laisse à
penser que nous sommes dans une zone de décantation
, peut-être quasiment sous la vasque de sortie du
siphon ?
Vu
avec du recul il aurait sans doute été plus intéressant de
scruter les plafonds et non le plancher de la galerie mais la
touille soulevée du fond par le premier passage ne le
permettait plus.
Plongeur
de pointe : Michel PAUWELS (E.S.C.M.)
Plongeurs
d'assistance : Françoise MINNE (C.A.SA.), Jacques PETIT
(CA.S.A.), Jeannot TOURNOUR.
Merci
à Frank de nous avoir permis de réaliser cette très belle
plongée ! »
2004
(2 sorties) : la météo est contre nous.
23/08/2004:
Frank VASSEUR. Reconnaissance et vérification de l'équipement en
vue de plongées de pointes prévues la semaine suivante. Plongée
de 39 minutes.
27/08/2004:
Romuald BARRE, Kino PASSEVANT,Frank
VASSEUR, Damien VIGNOLES. Inspections en détail de la zone des
270m jusqu'à 380m. Plusieurs ramifications sans suite. La
visibilité, inférieure à 2 mètres n'autorise pas la poursuite
des explorations. Plongées de 60 minutes.
2005 (5
sorties) la jonction, enfin !
10
et 11/02/2005: Françoise MINNE, Michel PAUWELS et Jacques PETIT.
Michel
trouve la suite : « grosse galerie à
-6 (2 à 3 m. de large au moins), plus ou moins dans l'axe
du fil que tu avais posé. A partir de ton dernier amarrage
resté en place (670 m. si j'ai bien vu, il doit y avoir en
plus 20 ou 30 m. qui se sont barrés et ont été ramenés par
le courant en parallèle vers l'entrée) j'ai tiré 100 m. de
fil, direction constante ± 210°, arrêt sur fin de
dévidoir. J'aurais dû prendre plus, on n'est jamais assez
prévoyant... »
02/04/2005 :
Richard HUTTLER, Frank VASSEUR. La sécheresse hivernale donne à
la fontaine une « clarté » inégalée depuis plus de
deux ans. Sortie de photographie avec environ 3,5m de visibilité
et vérification de l'équipement jusqu'à 400m de l'entrée.
Plongée de 86 minutes.
09/04/2005 :
Christian MOREAU, Frank VASSEUR. Les faibles pluies de la
semaine ont fait remonter le niveau de 30cm et diminué la
visibilité d'un mètre par rapport à la dernière plongée. Galop
d'essai jusqu'à 510m et topographie de la cloche GEPS à 500m.
Plongée de 85 minutes.
13/04/2005 :
Romuald BARRE, Frank VASSEUR. Reéquipement
et topographie de la partie explorée par Michel en février
(entre 670m et 770m). En progressant un peu plus vers l'amont,
découverte du fil installé depuis le Grand Aven en 2003. La
jonction est effective ! Plongée de 105 minutes.
27/08/2005 :
Romuald BARRE, Marilyn HANIN, Frank VASSEUR et Damien VIGNOLES reéquipent et topographient le siphon
amont du Grand Aven sur 380m.
LA FONTAINE DE SAUVE
Description
La
majeure partie du temps, tel certains poissons d'eau douce, le
plongeur souterrain remonte les cours d'eau.
Conformément à cet usage nous entreprendrons la description à
« rebrousse – flot », dans le sens historique des
explorations, depuis la vasque urbaine de la fontaine, jusqu'aux
tréfonds amonts oubliés du Grand Aven.
La
vasque obscure et trouble de la fontaine, nichée sous les
fortifications de la ville, est contenue par un déversoir bâti.
Les fluctuations sont brutales, tant la source est sensible aux
précipitations cévenoles.
Il
n'est pas rare de constater des variations de niveau de 3m,
entre l'étiage estival et le moment où le déversoir est
submergé. Nous passerons pudiquement sur les crues, amplement
médiatisée lorsque le fleuve déchaîné s'épanche, en aval, dans
les zones urbaines.
Au
fond de la vasque, vers le sud, une lame rocheuse divise le
conduit dans le sens de la hauteur. Une chaîne est brêlée autour
de l'arche, pour amarrer le câble qui équipe le parcours
principal, dans la première partie de la source.
Nous
avons fait le choix d'équiper les 210 premiers mètres, la
portion la plus parcourue, en câble décamétré.
Les nombreux diverticules, cloches et autres galeries latérales
sont équipés en fil d'Ariane, un moyen supplémentaire de se
repérer à un carrefour de lignes.
Dès
l'amarrage sur la chaîne, à 11m de l'amarrage extérieur (la
barre en métal qui gaine les capillaires de mesure de
fluctuation de niveaux), une première bifurcation latérale
s'oriente à l'ouest. Elle est peu visible dans ce sens, car un
talus de gros blocs vient jouxter la voûte, pour opposer une
étroiture à la progression.
L'obstacle
passé, une galerie confortable, mais rapidement troublée par les
sédiments ramonés par les bulles expirées, se développe sur 36m
(point bas –8,5) pour rejoindre le câble, à l'étiquette 40m.
Le marquage et la différence de nature de fil-guide n'ont pas
empêché plusieurs balades non préméditées dans ce modeste
diverticule.
Par
le conduit principal, on passe « l'œil » du fond de la
vasque. Un bref redan recoupe le câble, qui s'engage plein sud
sur une dizaine de mètres. Si les niveaux sont bas, il n'est pas
rare que ce tronçon soit surmonté d'une longue cloche d'air. A
29m, un fil remonte alors sud-est dans une salle exondée (35m).
Un mur, percé d'un regard, sépare du plan d'eau utilisé, des
années durant, comme laboratoire d'étude des stygobies
(faune cavernicole aquatique) par le C.N.R.S.
. On y accédait par l'ouverture pratiquée sous les
remparts, fermé d'une lourde porte en bois, puis prolongée par
une galerie artificiellement élargie.
De
ce second carrefour, le câble plonge plein ouest, sous une voûte
basse. À –4, après un virage, un élargissement était jonché, en
rive gauche, de vestiges domestiques divers. Nul doute que des
cheminées débouchent dans les habitations.
De
l'ouest, un fil s'engage dans la galerie qui revient vers
l'entrée, préalablement décrite.
Vers
le sud, le sol se découvre, et révèle cette teinte albâtre
veinée de noir, caractéristique du Vidourle hypogée.
Un
cran vertical grimpe à –2, soixante
mètres après la vasque. Entre le dernier carrefour et cette
estrade naturelle, la rive droite remonte progressivement
jusqu'à trois petites cloches d'air sans suite.
Le
conduit s'encaisse brusquement en un canyon obscur. A 80m, un
point bas ponctuel (-7), jonché de rocs et de récipients divers,
marque l'amorce de la remontée vers la Tour de molle, autre
accès naturel au réseau. La cheminée émerge dans un plan d'eau
confortable (13 x 3m), prolongé d'une douzaine de mètres en
hauteur, close par une trappe.
Ce
puits, protégé par une tour fortifiée, fut longtemps l'aubaine
de la population pendant ces farouches périodes historiques,
durant lesquelles les sièges de la cité n'engendraient pas de
pénurie d'eau potable.
Après
le point bas, un bref talus ascendant rejoint un conduit
travaillé, agrémenté de protubérances rocheuses, avantageusement
mises à profit pour l'équipement du fil-guide.
Entre
les étiquettes 100 et 110, des stalactites immergées, du fait du
rehaussement artificiel du seuil de déversement de la source,
évoqueraient presque des contrées exotiques.
Revenue
à la profondeur de –2m, à 120m de la sortie, la galerie reprend
ses aises, les parois quittent le champ de vision. Sur une
dalle, une bifurcation. Au sud ouest, on plonge à
–7, vire nord-ouest dans un passage réduit pour recouper le
câble en amont, au terme de cette escapade de 25m.
Depuis
ce carrefour, le câble file au nord-ouest en surmontant une dune
de sable. Des prélèvements dans ces sédiments ont révélé des
mollusques cavernicoles (voir chapitre malacologie).
En
retrouvant la paroi de gauche, on passe sous une cloche effilée
et concrétionnée, puis une pente rocheuse glisse sous une voûte
basse. A 145m de l'entrée, une plaquette « -6 »
matérialise le lieu des derniers paliers, les plus longs de la
plongée, ceux passés à respirer de l'oxygène.
En rasant le sol, pour éviter de racler le plafond, on passe un
point bas (-7,5) à 150m de l'entrée, immédiatement suivi d'un
redan vertical.
A
–5, dans un canyon, le fil du diverticule amorcé précédemment
rejoint le câble. On plonge alors rapidement à –12, en tangentant
la voûte, pour remonter aussitôt à –10, sur un chaos de blocs
recouverts de limons.
Ici, la galerie doit être immense, plus de 6 à 8 mètres de
large, car plusieurs itinéraires y étaient équipés. Celui que
nous avons privilégié, équipé de câble, et que nous décrivons
ici, emprunte un secteur non parcouru par l'écoulement (sauf en
crue, certainement).
La stagnation, réitérée, de l'eau troublée lors des recherches
sous les voûtes et dans les recoins, ainsi que l'omniprésence
des sédiments, ont amené cette hypothèse.
Après
une chicane autour d'un bloc, due uniquement à la mauvaise
visibilité le jour de l'équipement, le câble plonge jusqu'à une
paroi en rive gauche. On progresse alors à 15 mètres de
profondeur, sans voir la rive droite.
Un
premier fil remonte dans une fracture nord-ouest et émerge 25m
plus loin dans une cloche d'air.
Quelques mètres en amont de l'amorce de ce fil, sur le câble,
une autre ligne part vers l'est dans une fracture modeste. Elle
émerge, une cinquantaine de mètres plus loin, dans une petite
cloche : la cloche des nîmois (non topographiée).
A
la cote 213m, autour d'une protubérance rocheuse
caractéristique, voici « l'araignée », le carrefour le
plus riche de la cavité. Le câble s'arrête là.
Le
foisonnement de lignes correspond à une puissante faille qui
recoupe perpendiculairement le cheminement général de la source.
Sa surimposition, éventuelle, a contribué à complexifier la
zone, au travers de laquelle le courant circule dans des
passages impénétrables.
- A
la verticale, un guide conduit à une poche d'air.
- Un
autre fil rase le sol, passe sous des blocs et remonte, per
angusta, sur le fil métré.
- Dans
le prolongement du conduit, un fil, métré dans la continuité
du câble, remonte dans une fracture étroite. Passé une
étroiture, une ancienne ligne poursuit sa route dans la
fracture jusqu'à une petite cloche sans prolongement. Il
faut, toujours sur le fil métré, bifurquer à 90° dans un
conduit toujours modeste, parfois intime, et horizontal, qui
rejoint un élargissement. Là, un carrefour de fils, signale,
avec une plaquette, une salle supérieure. Nous y
reviendrons, mais par un cheminement plus confortable.
- Revenus
à notre araignée, juste en aval de l'amarrage terminal du
câble, une cordelette remonte brusquement sur la fracture en
rive droite. Une plaquette, sur le raccord de fils, indique
la salle de la « cathédrale marseillaise ».
Là
est la « clé », si longtemps convoitée, pour franchir,
au plus aisément, cette zone complexe.
Passé
une amorce intime, la cordelette remonte verticalement jusqu'à
–7 (niveau haut). Un bref tronçon horizontal recoupe un nouveau
fil d'Ariane.
En le suivant vers le sud-est, on émerge rapidement dans la
salle de la « cathédrale marseillaise ». C'est le plus
vaste volume de la cavité, déterminé par un remarquable miroir
de faille orienté nord-est / sud-ouest, sur la partie
occidentale de la salle.
Elle
s'étire le long de cet axe, sur plus de 40m. Les parois sont
concrétionnées, les oxydes ont maculé certaines parties de
teintes plus claires ou plus sombres, des amorces de galeries en
hauteur n'ont pas livré de prolongements espérés.
Vers
le nord-ouest, un amas de blocs la divise en deux parties,
reliées par un plan d'eau ténu, voire un
voûte mouillante selon le niveau. La zone septentrionale est
plus large, le bassin y est plus profond.
Revenu
au carrefour de la cordelette (qui vient de
« l'araignée ») , juste
sous la salle, il faut descendre le long du fil, au-dessus d'un
chaos de blocs recouverts de limons.
Un dernier passage, sur un bloc instable et via une lucarne
dérobée, se termine en redan vertical de 3m.
Sur un sol de galets scellés par l'argile, notre fil en recoupe
perpendiculairement et verticalement un autre.
C'est
celui, métré, qui équipe le cheminement principal de la cavité.
On est là au sortir des étroitures précédemment décrites, depuis
« l'Araignée ». Vous avez suivi ?
La
galerie change radicalement de morphologie. On découvre alors
une jolie conduite forcée, un calcaire très clair. Avant de s'y
engager, remarquer, en rive gauche, la petite lucarne.
Nous
y reviendrons.
Le
pendage qui affecte la conduite, mène rapidement, à
–13. Un redan sursaute à –11, puis l'environnement devient plus
modeste. A la cote 240m (-14), on oblique au sud-ouest, sur une
dune de sédiments dont l'arête est remaniée à chaque crue.
Quelques mètres plus loin, la strate rocheuse apparaît, affectée
du pendage. C'est le « grand laminoir » dans lequel
nous errâmes un certain temps.
A
260m (-17), une paroi se dresse. En la longeant, on revient sur
ses palmes sur l'autre rive du laminoir, puis dans une galerie
fracturée et par une lucarne, au carrefour situé sous la salle
de la « cathédrale marseillaise ».
A
–17, deux fils partent d'un plomb largable. Contre la paroi, le
fil principal remonte verticalement dans une cheminée
ponctuellement éxigue. Il est
possible d'éviter ce passage en empruntant le vieux fil
d'Ariane, qui rejoint l'autre quelques mètres plus haut. Cette
remontée est agrémentée de majestueuses lames d'érosion. Elle
bute à –3 sur un plafond, malgré la
sonorité particulière des bulles en cet endroit.
A
–7, une galerie s'engage à l'horizontale et recoupe
perpendiculairement un conduit plus vaste onze mètres plus loin,
à 277m.
Au
sud-est, le conduit s'englaise en
remontant, puis émerge dans une cloche minuscule (juste la place
du casque) après avoir suivi un talus de limons fluides qui
remonte jusqu'au plafond, à 297m.
Vers
le nord-ouest, tout au contraire, c'est le « grand
collecteur ».
Finies
les sections labyrinthiques, les dédoublements de galeries, les
conduits fracturés. Ici, une puissante conduite forcée atteint
au moins 5 m de diamètre. Le sol est recouvert de sable et de
graviers, les parois sont claires, dommage que la visibilité,
médiocre bien que meilleure que dans les 150 premiers mètres de
la source, ne permette jamais de visualiser l'intégralité du
conduit.
Le
pendage constaté dans le « grand laminoir » se
confirme ici. On descend d'abord sensiblement à –14 (355m), puis
plus rapidement à –23 (380m), à la faveur d'un changement de
direction vers le sud-ouest. Le fil, équipé en rive gauche,
traverse la galerie à –26. Parvenu
sur l'autre rive, un amarrage au sol, puis on remonte
graduellement jusqu'au plafond, à
–30 (440m).
Ici,
il est possible de remonter, en pleine eau, dans un volume noyé
monumental, jusqu'à la salle « GEPS 1978 ». Elle fut
découverte, à 500m de l'entrée, par Jean-Louis Vernette
lors d'une ultime pointe en solo à la fin des années 70.
C'est
une superbe cloche, orientée est-ouest (15m x 5m x 10m), et
ornée de marmites d'érosion en plafond. Sur la paroi nord, une
fine strate sombre atteste du pendage. Il n'y a pied nulle part.
Sous les palmes : 35m de hauteur d'eau.
L'inspection
des parois, à proximité de la surface, n'a rien révélé.
Quelques
mètres avant l'amorce de la remontée vers la cloche G.E.P.S., un
fil d'Ariane plonge vers le sol. A –35, une cuvette de
sédiments. On louvoie un tantinet à l'aveuglette avant de
retrouver une marche rocheuse. Ici débute le canyon Jeannot Tournour. Avec 4m de large et par
endroits plus de 11m de haut, c'est l'une des portions des plus
grandiose de la source. La roche est
claire, des rognons de chailles saillent au sol et des parois,
fragiles et chétives sculptures naturelles tourmentées.
Le
pendage fait piquer le plongeur sensiblement au-delà de –40. A
560m de l'entrée (-41), le canyon s'infléchit brusquement plein
nord, jusqu'à un cul-de-sac à –45
(605m).
Les strates surcreusées n'offrent
rien de mieux.
La suite est vers le haut, au faîte d'une remontée de 40m.
En
poursuivant vers la voûte, une surface livre l'accès à une
cheminée exondée, éventuellement entreprenable en escalade
artificielle.
A –6, en rive droite, un vaste palier se prolonge par une amorce
de galerie à 680m (-3). En serrant la paroi de droite, une
fracture émerge dans une série de minuscules cloches d'air.
Passé un resserrement ponctuel, la source s'oriente à nouveau au
sud-ouest. Les parois s'éloignent à nouveau, recouvertes de
limons au fur et à mesure que l'on diverge de l'axe central,
matérialisé par un surcreusement, orné de rognons de chailles.
Après
une brève progression horizontale, le pendage s'impose à
nouveau. A 780m (-5) l'endroit de la jonction tant désirée
constitue un virage vers l'ouest sud-ouest. La galerie sinue
ensuite modérément : au sud-ouest à 870m, puis plus
radicalement au nord-ouest à 996m (-18).
La
fracture qui détermine ce changement de direction se caractérise
par une descente à –26 dans une zone
chaotique. Après un point bas à –27
sur des blocs métriques, on remonte brusquement jusqu'à la
surface, à 1135m de la vasque.
L'ampleur supposée du volume, combinée à l'incidence de la
fracturation sur cette zone, augure une éventuelle confluence,
un écoulement issu de l'énigmatique massif du Coutach.
Une
piste à creuser. A vérifier, avec l'espoir de la valider.
On
émerge dans un puissant plan d'eau (6 x 7 m), bordé de hautes
murailles élevées vers des voûtes concrétionnées. Après 47m de palmage, les parois se resserrent et
opposent un seuil rocheux. Une quinzaine de mètres d'immersion
dans un environnement plus ténu permet de franchir l'obstacle
sans avoir à quitter l'élément aqueux et ni subir brutalement
les dures lois de la physique. D'autant plus profitable que
l'atmosphère est saturée de C.O.2 et appauvri en oxygène.
Encore 45m, et le lac plonge dans le S.2 (20m ;-3). Après
cet intermède, la rue d'eau se prolonge encore durant 50m. En
rive gauche, une galerie exondée redonne rapidement sur le lac,
en aval.
Le
S.1 (230m.-27), s'amorce par une fracture modeste. On plonge
immédiatement à –15, puis progressivement à –27 sur une dune de
graviers.
Par
un petit passage surbaissé, on recoupe un puissant conduit, à
l'image de la cavité. Il sinue en remontant sensiblement à –22, pour replonger lentement à –26. A
partir de –24, un vaste puits remonte directement jusqu'à la
surface.
A l'extrémité méridionale de la vasque, une galerie noyée
s'engage à faible profondeur en direction de l'amont. Elle a été
reconnue sur plus d'une centaine de mètres.
Nous
sommes ici à la base du puits aval du Grand Aven, à 1515m de la
vasque de la Fontaine.
Le
Grand Aven de Sauve
Dans la suite logique de la jonction Grand
Aven de Sauve/Fontaine réalisée en 2005, l'équipe des Taupes
Palmées s'est maintenant attelée à un nouveau défi; relier les
autres regards de ce mystérieux Vidourle souterrain.
C'est donc logiquement dans l'amont que se
sont poursuivit nos investigations.
Eté 2006, dans le cadre d'une expé
régionale de la commission régionale souterraine de la FFESSM (fédération
Française et d’Etude des Sports Sous-Marin)
la topographie est levée jusqu'à la salle Fiault,
le départ du Siphon 4 "bis" est repéré. Une ultime plongée avant
les crues permettra de dépasser le terminus des Marseillais des
années 1980. Arrêt dans du gros la suite est tracée.
Printemps 2007, nouvelle plongée Siphon 4 et
5 sont franchis arrêt toujours dans des vastes galeries.
L'équipe s'organise nous fabriquons une plate-forme au dessus de
la mise a l'eau (photo), on n'invente rien car les "anciens"
avaient déjà procédé de même. Surprise les galeries découvertes
s'orientent vers l'aven de la sœur, délaissant totalement l'aven
de Tarrieu que nous pensions raccordé au système.
En 2008 les conditions météo et les aléas de
chacun n’ont permit que 2 plongées d’exploration. La jonction
avec l’ancienne station de pompage de Conqueyrac
est désormais proche, quelques dizaine de mètres.
Le Grand Aven de Sauve (voir plan)
A son orifice, cette remarquable curiosité
naturelle affiche plus de 60 mètres de long et 25 de large, sa
profondeur approche 30 mètres.
A la base de cette première verticale, le
cours temporaire du Vidourle a profondément entaillé un
remplissage. Il apparaît subrepticement uniquement lors des
crues exceptionnelles, alors que les galeries souterraines,
saturées, refoulent l'excédent qu'elles ne peuvent engloutir.
Le fond de l'aven est rigoureusement
impénétrable, colmaté de roche et d'argile.
Au sud-est, sous la falaise, une escalade de
4m rejoint une galerie, ponctuellement surbaissée, qui débouche,
96m plus loin, sur le puits d'une quinzaine de mètres qui domine
la vasque du Siphon 1 aval. C’est de ce plan d’eau que nous
pouvons accéder a la fontaine de
Sauve, petit obstacle 1170m de galeries noyées.
Au nord-ouest, toujours à la base de la
muraille, une jolie galerie concrétionnée se ramifie au fond du
porche d'entrée. C’est dorénavant cette partie qui nous
intéresse.
Ici, l'équipe du G.E.P.S. a exploré,
topographié et baptisé certaines portions de la cavité. Nous
conservons leurs dénominations dans la description suivante.
Vers le nord-ouest, 250m de galeries butent
sur des colmatages de terres ou des puits qui surplombent le
siphon amont.
Au sud, le conduit se restreint
progressivement en largeur, jusqu'à dominer, par une échancrure
rocheuse, le puits d'une quinzaine de mètres (selon le niveau de
l'eau) qui donne sur le plan d'eau du siphon amont. C'est la
salle du Zodiac.
Ici, nulle plage pour prendre pied. La corde
glisse directement sur un plan d'eau, profond de 30 mètres, une
plate forme en bois permet de s’équiper plus confortablement.
Sous la surface de l’eau, le puit
se prolonge, en forte pente, puis verticalement, jusqu'à une
galerie surbaissée à –29m. L'argile la colmate presque et de
nombreux vestiges attestent des soucis de quelques-uns de nos
prédécesseurs (palmes, chaussures, dudules,
poutres) à la mise à l'eau. Il pourrait s'avérer intéressant
d'inspecter en détail la circonférence de ce puits. L'eau qui
transite vers l'aval y circule. Peut-être qu'une galerie
pénétrable relie ces deux siphons ?
A l'étiage, il est possible de traverser, à
la nage, vers l'ouest, pour prendre pied sur un replat rocheux,
derrière un puissant pilier.
Ici s'amorce la partie amont. Le premier
siphon S.1Am (255m ;-20) est confortable, mais ses
dimensions sont sensiblement inférieures à ce qu'on connaît dans
l'aval. La section doit avoisiner les 4 x 4m avec, par endroits
une hauteur qui s'étire à la faveur de fractures effilées.
Le siphon commence par plonger à
–5, pour remonter à –1,5m à 80m du départ. Un peu plus loin, à
130m, un point bas (–7) est surmonté d'une surface : la
salle De Joly, trépanée par une galerie aérienne accessible
depuis l'entrée de la cavité.
En remontant à
–2, un carrefour se présente à 143m du départ. En rive gauche,
une galerie plus modeste (2 x 2m) émerge dans une cloche pour
replonger en s‘étirant dans le sens de la hauteur.
Une première remontée émerge à 188m du départ
dans un modeste conduit, l'autre, dans la salle Fanny, à 202m de
la salle du Zodiac. Les deux galeries sèches ne semblent pas
offrir de prolongements confortables.
De retour au carrefour, le siphon plonge à
–12, puis à –20 à 232m, pour émerger, après une remontée
verticale, dans la salle Fanny (h=20m).
Attention à l'éboulis noyé le long duquel on
remonte. Son instabilité a déjà été à l'origine d'un
impressionnant éboulement.
Un plan d'eau (15 mètres) bute, en amont, sur
un seuil rocheux annonciateur d'un carrefour. Un roc, massif et
acéré, est fiché au beau milieu du passage, impliquant une
émersion ponctuelle pour atteindre le S.2 amont.
Selon les années, et les amoncellements de
sédiments autour du bloc, le Vidourle y cascade modestement.
Modestement, certes mais on le voit couler, ce qui est
inexistant dans la partie plus aval du système.
Les voûtes s'élèvent ici à plus de 20m. L'air
y est sensiblement chargé en CO2.
Vers le nord, une conduite forcée modeste et
argileuse bute rapidement sur un siphon. Un laminoir, dominant
la sortie du S1 am revient aussi
sur un plan d'eau. La topographie situe ces deux vasques
au-dessus du S1 am.
A l'ouest, l'actif provient d'un long lac
(45m) à la faveur duquel les parois, ornées de concrétions
brunes et massives, se resserrent (3 à 4m de large) et le
plafond s'abaisse à 3m de la surface.
Le S.2 am
(114m ;-24) prolonge ce lac. C'est une jolie conduite
forcée (3,5 x 2,5m) qui plonge progressivement jusqu'au point
bas. Là, on recoupe une fracture, à la faveur de laquelle on
oblique brusquement au nord en remontant rapidement jusqu'à la
surface.
A l'extrémité septentrionale de la fissure,
le fracas du ruisseau souterrain est audible.
L'actif bouillonne sous une lame rocheuse,
qu'il convient d'escalader pour accéder à la galerie qui fait
suite. Il faut immédiatement enjamber une marmite agitée par le
courant, puis prendre pied dans le conduit.
C'est une splendide galerie active, au sol
vierge de dépôts et ciselée par les eaux (cupules d'érosion).
Large de 6 à 7 m tout au plus, elle
rejoint rapidement un plan d'eau calme, annonciateur du siphon
suivant, à 42m de distance de la sortie du S.2am. Mi-août 2006,
la teneur en CO2 était incommodante lors de la progression.
Le S.3am (105m ;-18) est une galerie de
7m de haut pour 3 de large, cintrée en son milieu (section en
« 8 »). Des rognons de chailles saillent, en paroi, de
plus de 50 cm parfois. La partie supérieure est
occasionnellement recouverte d'argile. Le sol demeure rocheux. A
la manière des deux premiers siphons, on y plonge
progressivement jusqu'au point bas (-18), avant d'amorcer
brutalement une remontée directe jusqu'à la surface.
C'est dans cette remontée, alors que la
cavité se développe sous le cours aérien du Rieumassel,
qu'un poisson (pigmenté, pourvu d'yeux et vivace) a été observé.
Ici aussi, la sonorité du ruisseau est
perceptible. Il faut grimper un redan rocheux de 40 cm pour
prendre pied dans la galerie exondée.
Mais auparavant, la vasque (3 x 4m) se
prolonge plein ouest à la faveur d'une fracture perpendiculaire
au siphon.
En progressant sur des blocs dans une faible
profondeur d'eau, on passe un seuil immergé pour découvrir, dans
la paroi nord, une arrivée de galerie active, encombrée d'un
chaos rocheux.
Ce dernier est surmonté d'une cheminée d'une
quinzaine de mètres. Escaladée en 2007 celle-ci bute sur une
trémie ou quelques insectes ont put êtres observés, preuve que
la surface est proche.
Peu après, le ruisseau souterrain cascade
dans une galerie basse, où il devient nécessaire de ramper.
Revenu à la sortie du S.3am, on escalade le
redan pour prendre pied dans une magnifique galerie cupulée.
Nul doute qu'ici l'eau brasse et bouillonne, en temps normal.
Le conduit se dédouble immédiatement autour
d'un gros pilier central. La rive gauche est la plus
confortable. Elle rejoint rapidement un conduit unique (6 x
1,8m) baigné par un lac.
Celui-ci se déverse, en rive gauche, via un
boyau actif, dans la galerie active latérale, parcourue par
l'écoulement principal. Cette galerie latérale se prolonge
jusqu'à la vasque du S3am par la portion chaotique précédemment
décrite.
Au niveau du lac, sur la berge opposée, une
galerie basse s'amorce. Elle conduit, 70m plus loin, au S.4 bis,
explorée par le GEPS sur 150m environ.
Il faut suivre le lac dans ce qui semble la
galerie principale, pour rejoindre la vasque du S.4am, à 60m de
celle du S.3am. Mi-août 2006, la teneur en CO2 était
incommodante lors de la progression.
Selon les années, la vasque de ce siphon est
émissive.
Le S4 a été topographié sur 220m. Lors de la
première plongée un départ rive gauche avait été entrevu. Les
visibilités très faible lors des plongées suivantes n'ont pas
permit de le retrouver. A 140m un départ dans l'axe de la
galerie principale juste pénétrable les bouteilles au dos a été
exploré sur trente mètres. La suite de la galerie recoupe
apparemment la branche Bis, mais nous n’avons pas réalisé cette
jonction. Dans la zone terminale, l'actif a été perdu, émersion
dans quelques cloches borgnes. Ce n’est pas par ici que nous
retrouverons le cour souterrain du
Vidourle.
Le S4 bis a été nommé ainsi car dans un
premier temps nous ne l’avions pas plongé car il n’en sort aucun
actif. Les 130 premier mètres sont très clair, plusieurs départs
ont étés fouillés mais il rejoignent
la galerie principale. A 50m une galerie a été remontée
sur 60m en suivant le fil des « anciens », mais l’eau
devient très trouble a cause d’une importante quantité d’argile.
Nous pensons avoir débuter
l’exploration a partir de ce point 50, en effet nous n’avons
plus rencontré de vieux fil a partir de cet endroit et la
galerie marque un changement de direction. A 130m la galerie se
rétrécie en un
laminoir, un passage en baïonnette permet d’éviter celui-ci. Au
delà la galerie reprend ses dimensions respectables mais l’eau
se trouble a nouveau. Les eaux
claires proviennent d’une modeste galerie rive gauche. A 140m
par –8 on dirait que ça queute mais il n’en est rien. Sur la
gauche un passage remontant émerge dans une petite cloche puis
la galerie replonge doucement jusqu’a –16 pour 225m, c’est ici
que se situe la jonction supposée avec le S4.
La sortie est proche il faut chercher le
passage entre les lames on émerge dans une galerie ou il faut
progresser a 4 pattes.
Le S5 en voûte rasante varie considérablement
en longueur suivant la saison. Il émerge dans une jolie salle
concrétionnée.
Au départ du S6 une galerie aval a été vue le
jour de l’exploration, pas moyen de la retrouver, la visibilité
n’excédant pas 1m50. Ce jour de septembre 2007 nous avions
plongé en désespoir de cause les bouteilles de plongée utilisée
en relais attendant depuis mai une amélioration des conditions.
La progression s’est faite au hasard, 150m avaient pu être
déroulés et 350m de topographie levés. La galerie est pourtant
de dimension respectable (2x 3) arrêt sur autonomie a 10m de profondeur et 1438m de la vasque
du S1, 190m théoriques nous séparent de l’aven de la sœur.
De nombreuse
plongées sont encore prévues. Les participants sont tour a tour porteur, pointeur, topographe.
Une belle aventure d’équipe qui se poursuit.
En parallèle nous avons exploré d’autres cavités qui finiront
bien par reconstituer cette immense
puzzle. Nous espérons continuer a
relier tout les regards qui jalonnent le parcours de ce fleuve
mystérieux.
Participants :
Kino Passevant,
Denis Grammont, Mathias Rosello,
Renaud Cruz, Marilyn Hanin, Frank Vasseur, Cédric Nicolas,
Pascal Mouynerat, Michael Bappel,
Didier Barbier, Laura Sevry,
Romuald Barré, Guillaume Tixier,
Laurent Chalvet, Damien Vignoles.
Damien Vignoles
Spéléo Club des Taupes Palmées 2009
Malacologie
Résultat de la dernière collecte en date (26/03/2000) par Henri
Girardi.
Suite
à ces recherches, cinq espèces vivantes édaphiques ont été
répertoriées dans le système du Vidourle souterrain.
PALADILHIA
pleurotoma (Bourguignat,
1865)
MOITESSIERIA rollandia (Bourguignat,
1863)
BYTHIOSPEUM klemni (BOETERS, 1969)
ISLAMIA globulina (PALDILHE, 1866)
BYTHIOSPEUM articense (Bernasconi,
1985)
Ainsi
qu’une espèce benthique réophile :
ANCYLASTRUM fluviatilis (Muller,
1774)
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