Émergence de Lamerlie
(Sauliac-sur-Célé).

récit de Nadir Lasson

paru dans la revue Spélunca n°85 du 1er trimestre 2002

 


l'entrée par jean-marc Lebel
Cette émergence s'ouvre dans les calcaires du Bathonien moyen, en rive droite de la vallée du Celé, cent mètres après le moulin du même nom, sous "la route qui mène à la Mecque, l'émergence du Ressel".

Durant l'été 1977, Pejout, Coustou et Dages reconnaissent la cavité et lèvent la topographie jusqu'au fond de la diaclase noyée (départ du premier siphon). Pejout y entrevoit une galerie. Le 2 octobre 1977, Dages et Pejout explorent ce siphon en mono-bouteille sur une soixantaine de mètres au cours d'une plongée qui faillit être dramatique, à cause d'un emmêlement du fil d'Ariane.



l'étroiture par jean-marc Lebel
Pendant le stage plongé F.F.S. d'août 1979, J.-L. Caries et P. Laureau poussent une reconnaissance jusqu'à 80 m, toujours dans le premier siphon. De retour le 15 août de la même année (lors du camp F.F.E.S.S.M.), B. Lebihan et P. Laureau poursuivent l'exploration jusqu'à 300 m. Depuis plus personne n'y remit les palmes !... C'est en août 2000 que nous reprenons l'exploration de cet exutoire temporaire. Le 13 août, portage d'un bi 7 litres au départ du premier siphon (situé à 80 m de l'entrée). Jean-Marc rééquipe jusqu'à 250 m en fil métré, pour la topographie.

Le lendemain, je lève la topographie des 110 premiers mètres, pendant que Jean-Marc effectue les navettes de matériel, de l'entrée à l'étroiture, pour le lendemain. En sortant, je fais une rapide reconnaissance dans le premier plan d'eau (aval) ou j'aperçois un départ à -2m.

Le 15 août (21 ans, jour pour jour), c'est la pointe. Jean-Marc part en 2 x 7 litres à l'anglaise (au cas où) plus un relais 6 litres. Il continue le rééquipement jusqu'au terminus (dans une galerie de 2 x 3 m) et émerge du siphon soixante mètres plus loin. Ce dernier franchi (360 m ; -15 m), reconnaissance de 70 m de galerie exondée (3 x 1,5 m) avec conduite forcée, ressaut de +4 m, suit une pente de sable qui se finit en pente d'argile jusqu'à un nouveau siphon (argileux).
Retour en topographiant jusqu'à 110m. Pendant ce temps, je plonge dans l'aval. Vingt mètres (-3,6 m) sont déroulés dans un méandre (1 x 0,6 m), au sol argileux. Je m'arrête à -0,9 m sous un éboulis (celui de l'entrée) avec une surface en vue. Le 17 août, on ressort le matériel avec l'aide de Fabrice. Après quelques virées spéléolo-giques, on remet le couvert le 21 août. Portage de 4 x 7 litres et 2 x4 litres au bord du méandre noyé.

Le mardi 22, nous passons le premier siphon à deux et portons deux 4 litres au départ du deuxième siphon. Jean-Marc y déroule 30 m avant de remonter dans une cloche borgne. La suite est au fond à -9 m, derrière une étroiture. Mais, entre temps, le brouillard est tombé. Demi-tour et topographie. Au retour, un départ, étroit (situé à la sortie du premier siphon) est reconnu sur 30 m.

Temps passé sous terre : cinq heures.



Le méandre noyé, départ du premier siphon.
Photographie Nadir Lasson.
Nous sommes au rendez-vous en août 2001. Le 8 août, l'équipe familiale, (Thomas, Isabelle et Jean-Marc) achemine 2 x4 litres et 2 x 7 litres au premier siphon et le 9 août, Jean-Marc fait une nouvelle pointe, seul. Plongée du deuxième siphon en 2 x 4 litres à l'anglaise. L'étroiture de l'année précédente est franchie, suit un méandre de petites dimensions qui descend jusque vers -20 m. De là, la galerie reprend les mêmes dimensions que le premier siphon, 2 x 3 m en moyenne. Arrêt à -26 m après avoir déroulé 90 m supplémentaires (120 m du départ). Retour en topographiant. Comme à l'habitude, on prépare tout la veille.

Le 15 août, Fabrice nous donne un coup de main pour amener le matériel au siphon, soit 2x12 litres, 4 x 7 litres et 1 x 6 litres. À peine une heure après être sorti du trou, jusque-là avec grand beau temps, alors que nous étions à la plage de Sauliac, un violent orage éclate jusqu'en soirée. Le 16 août en fin de matinée, en arrivant pour la pointe, au bord du plan d'eau, nous constatons que le niveau de l'eau est montéd e 20 cm. Après avoir hésité près d'une heure (et vu le climat actuel concernant les secours dans le Lot), nous préférons reporter ça au lendemain. Sage décision, car en début de soirée nous revenons voir et là, le niveau est monté de plus de deux mètres ! Ça siphonne au bout du tunnel bâti, noyant la zone d'entrée (et le matériel) qui n'est pas bien large, plus l'étroiture (0,25 x 1 m) longue de 4 m, et infranchissable en plongée !


Ce n'est que six jours plus tard, le 22 août, que l'étroiture est dénoyée. Ça siphonne cinq mètres plus loin, au gour. Dans le premier siphon la visibilité est bonne, à l'aller. Derrière le premier siphon, le boudin antillais de la veille oblige Jean-Marc à un petit contre-temps, le CO2, à côté, c'est Bizance (attention au coup de grisou). Nous acheminons deux 7 litres plus un relais 6 litres devant le deuxième siphon. Jean-Marc s'immerge donc en 2x7 litres à l'anglaise, plus le relais. Ça passe juste à l'étroi-ture. Il dépose le relais au précé-dent terminus. Cent-vingt mètres de nouvelles galeries explorées (point bas à -32 m), avec les mêmes dimensions qu'aupa-ravant, si ce n'est quelques passages bas dus à des dalles effondrées, le tout assez argileux. Jean-Marc s'arrête sur une de ces dalles à -30 m.

Dune de sable avant le premier siphon, par Nadir Lasson

par Isabelle Lebel
Le passage entre celle-ci et le pla-fond forment une sévère étroiture. Derrière, la gale-rie continue. De plus, les tiers approchent, la visibilité parfois nulle sur le retour et les paliers à effectuer ne lui permettront pas de lever la topographie. Il émerge du deuxième siphon après une heure de plongée dont vingt minutes de paliers. Sur le retour, dans la salle entre les deux siphons, un départ (0,8 x 0,8 m) est repéré au sommet de cette dernière. Nous ressortons tout le matériel. Temps passé sous terre : 6h30.



Participants, août 2000 et 2001 : Thomas, Isabelle, Jean-Marc Lebel, Fabrice Pradines, Nadir Lasson.