FONT D'ERBIES - LOT
par Nadir LASSON
Cette petite émergence pérenne perchée
sur le causse (altitude : 210 m) se situe sur le côté gauche
d'une vallée sèche menant à la vallée du Lot,
distante de 8 Km
La galerie est nettement surdimensionnée (par rapport au débit
qui s'en écoule) et témoigne de l'ancienne présence d'un
important cours d'eau souterrain. Probablement sous l'effet de l'érosion
qui a rongé le bassin d'alimentation, Font d'Erbies est aujourd'hui
un réseau cutané, proche de la surface du causse (50 m de calcaire
au-dessus).
Elle abrite d'importantes colonies de chauves-souris. Son accès est
donc interdit, d'une part pendant la nidification, de juin en octobre, et
d'autre part par le propriétaire, (grincheux), qui ramasse le cresson
devant le porche d'entrée.
La première voûte siphonnante située à 110 m de
l'entrée avait été franchie en décapelé
par Philippe Bigeard, au début des années 80. Siphon qui se
shunte par une galerie supérieure confortable (où l'on s'enfonce
jusqu'aux chevilles dans la fiente de chauves souris). Puis s'effectue une
courte reconnaissance sans fil dans le siphon suivant (sur 2 ou 3 m).
A 190 m, l'actif sort de ce siphon par une diaclase côté
droit. A gauche le méandre (6* 1.5 m) que l'on suivait jusqu'ici finit
colmaté par l'argile soixante dix mètres plus loin. Peu avant
ce colmatage, une escalade sur la droite permet d'accéder à
une nouvelle galerie fossile se terminant
Par une diaclase argileuse noyée, formant un regard sur l'actif qui
lui, est nettement plus étroit, car plus récent.
Une première plongée nocturne nous y amène
le 10/03/01 avec un bi 4 1 dorsal, où 30 m de conduite forcée
(1.2* 0. m) sont explorés avant de s'arrêter sur une étroiture
à angle droit en laminoir, à franchir sur le côté
gauche. Topo au retour, visi 0,4 m, (12 mn de plongée).
Ce laminoir (2 * 0,5m), long de 5 m est franchit le 20/04/01 en 2 X 4 Litres
à l'anglaise, ainsi que le S1 : 50 m - 4. Suivent 17 m de conduit (0,9
* 0,8 m) jusqu'à un deuxième siphon. Retour illico pour m'assurer
que l'étroiture passe bien dans l'autre sens et dans la touille (visi
0,2 à 0,8, 25 mn d'explo).
Le 16/02/02, 2 * 4 1 à l'anglaise + relais 4 1 pour le S 1. Je lève la topo à l'aller, de l'étroiture au S2, tout en remettant les plombs qui lestent le fil, déplacé par les crues. (il n'y a aucun amarrage naturel, juste une pellicule d'argile pour compliquer le tout). Explo du S2 sur 50 m dont 40 m de beau méandre lisse (0,8 * 1.6m) ponctué de quelques cloches d'air. Topo au retour. Poursuite en 2 * 7 1 à l'anglaise le 02/03/02 où 45 m sont rajoutés et topographiés dans un conduit qui devient de plus en plus argileux et va en se rétrécissant. (1 m * 0.7 m), au dépend d'autres départs latéraux impénétrables. La jonction avec le regard est réalisée à 101 m du départ du S2 (45 mn d'explo).
Le 06/04/02, 2 * 7 1 à l'anglaise + relais 4 1. Je rajoute 40 m dans le S2. Le fil est fractionné à l'aide de tubes Iro et plombs largables dans l'argile. La sortie se fait par une étroite diaclase. Je progresse de quelques mètres dans cette dernière, mais c'est peu commode avec les 7 litres. J'aperçois le S3 quelques mètres plus loin. Palmes arrière et topo. S2 = 140 m - 2 m 70. Au retour, dans l'étroiture du S1, le fil s'accroche dans une boucle de palme. L'étroiture franchit, je m'aperçois que le fil et les plombs m'on suivis. Je largue le relais et repasse le laminoir pour tout remettre en place pour la prochaine fois. (visi 0.2 m, 1 h d'explo).
Le 30 novembre 2002, je tente une pointe dans le S3. 2 * 41
pour S 1 et S2 (couplés pour S 1 puis désaccouplés pour
S2) + 2 * 41 à l'anglaise pour S3. Entre S2 et S3, je progresse sur
la tranche dans la diaclase (0.5 1.5m) baignée par 0.2m d'eau. Six
mètres plus loin ? je me retrouve coincé dans ce p... de trou
de serrure. Après 5 mn de débattement et bien essoufflé
(C02 !) J'abandonne l'idée de plonger le S3. J'arrive à faire
demi-tour, en jetant palmes, dévidoir, enlève une bouteille,
bref, j'arrive en vrac dans le S2 où, à tâtons, je récupère
bouteille relais, dévidoir, palmes. J'en perds une dans la bataille.
Le fil est complètement lâche, un tube Iro est sorti de l'argile
quelques mètres plus loin. Je sors 50 mètres plus loin de la
zone argileuse et de la touille avec mon paquetage sous le bras. J'émerge
du S 1 vers 23 h, où attend Fabrice, frigorifié.
Total exploré : 220 M dont 190 m noyés.
Particpants : Lionel AUBER - Sylvain BROQUA - Nadir LASSON -
Fabrice PRADINES