Jean-Pierre Baudu (CDS 42 - Commission plongée souterraine)
Participants :
SGF : Daniel Couturier (dit Papillote), Christian Drevet, Isabelle Jouet, Michel Soulier (dit Soussou), David Rodier (dit Chico), Carine Sapet, Bernard Thomassery (dit Nanard) et Mr X
CESAME : Jean Pierre Baudu (plongeur)
Depuis plusieurs semaines, le projet de plonger dans St Marcel prend forme. Le Spéléo-Groupe-du Forez me propose de faire un portage dans un siphon encore vierge, dont la seule difficulté réside dans l'équipement du plongeur au niveau du lac. Nous réalisons une reconnaissance. Il faut parcourir 2500 mètres, dont 400 mètres à quatre pattes, un laminoir de 10m, un siphon désamorcé mais qui mouille dès le début, une étroiture
Enfin nous arrivons devant un premier puits de 30 mètres. Nous nous trouvons dans le réseau 3 au-delà des siphons plongés par P. Brunnet (P 70). Il faut, évidemment, presque tout rééquiper. 30 mètres plus bas, un petit pendule permet de rejoindre un méandre qui donne sur le P80. Mes camarades posent quelque spits et la descente commence. J'attends en haut que le passage soit libre. Le dernier tronçon n'est pas encore complètement équipé mais cela me permettra de voir si nous poursuivons nos efforts. Les copains remontent. Je descends devant Soussou. 17 mètres au-dessus de l'eau sur une petite plate-forme de 70 cm par 250 cm (en pente), j'attends mon camarade. J'ai besoin de son pied pour éviter un gros frottement. Enfin, j'ai mes bottes dans l'eau, l'écho de ma voix est impressionnant. J'allume mon phare !!!!!!!!!! Stupéfiant, le lac fait 30 mètres par 10 mètres, je vois les voûtes des deux départs sous l'eau. Avec Soussou nous sommes sous le charme. Mais, il n'y a rien pour s'équiper confortablement. Je rejoins mon copain 17 mètres plus haut. Il me demande si c'est plongeable ? Je lui montre la margelle où nous sommes, ce sera là que je m'habillerai.
Une semaine plus tard, l'équipe du SGF équipe au perforateur les derniers spits utiles à la plongée.
Samedi 22 juin 2002
De forts orages ont perturbé nos plans et il aura fallu une visite le jeudi pour se rendre compte que le siphon désamorcé est passable. Les kits s'alignent, 11 au total, des cordes, des amarrages et trousse à spits, un canot (pneumatique pour qu'une personne puisse m'aider et photographier) puis bien sûr le matériel de plongée et de quoi se restaurer et attendre. Mon choix s'est porté sur un bi 10 litres. Mon matériel est adapté pour toutes les configurations possibles (profondeur, étroiture ou post siphon).
C.R d'après Isabelle Jouet (dit morceau de sucre) : 2 personnes de St Marcel devaient nous rejoindre pour nous aider. Elles ne sont jamais venues et nous sommes donc rentrés à 9 lourdement chargés de 11 kits. Ceux qui portaient les bouteilles n'étaient chargés que d'un kit et les garçons de 2 kits. Après quelques dernières hésitations, Cat s'est tenue à son premier choix
profiter du soleil (et soigner sa tendinite). Elle en aura pour son compte.
Nous sommes rapidement arrivés au premier siphon à moitié rempli. Une séance de déshabillage et une bonne partie de rigolade, et nous voilà de l'autre côté, bien motivés. Les parties basses, toujours aussi basses et toujours aussi longues ont eu vite raison de ma motivation. Mon kit relativement léger pesait de plus en plus (que dire des autres qui portaient les bouteilles ou étaient entravés par 2 kits ? ?). Et à l'escalade, je n'avais vraiment plus envie d'aller plus loin. Mais arrivés dans la salle, juste avant l'étroiture qui précède les puits, nous avons repris des forces et pour moi du courage. Nanard, Christian et moi sommes partis devant pour finir l'équipement du puits et pour préparer le terrain pour Jean Pierre. Chacun sa mission : Christian a planté son spit pour doubler (grâce à la cordelette du mini kit de Nanard
en espérant que cela serait assez résistant
) celui qui équipait la dernière longueur avant la vire. Nanard en a planté 3 pour faire une main courante pour que tout le monde puisse s'installer en toute sécurité. Comme cela Jean-Pierre pourra s'habiller le plus confortablement possible au-dessus du dernier puits de 17 m qu'il devra descendre avant de rentrer dans l'eau. Et moi, je gonflais le bateau pneumatique au rythme des coups de marteau. Pendant que je mettais le bateau à l'eau, Nanard et Christian montaient une poulie qui nous permettrait de descendre le matériel. Je remontais juste de ma dépose de bateau que tout le reste de l'équipe était là. Seuls Papillote et Mr X étaient restés en haut. J'avais au-dessus de moi, une bonne brochette de spéléos, agglutinés sur une vire de moins d'1 mètre de large et de 2.50 mètres de long. Au premier plan, de gauche à droite : Carine et Soussou assis face à moi puis Nanard et David debout me tournant le dos. Et tout ce petit monde faisait écran de leur corps pour protéger l'homme du jour : Jean-Pierre. Il devait franchir cette barrière, puis moi et au fond, sur le bateau, Christian avant d'être dans l'eau. La séance a commencé : une première bouteille
ok, bien arrivée dans l'eau. La deuxième
ok, bien arrivée. Les bobinots de fil d'Ariane
ok, bien arrivés. Jean-Pierre
ok, bien arrivé. Il a quand même fallu environ 1h30 pour qu'il y arrive.
JP : L'habillage est très laborieux, chaque élément sorti d'un kit est soigneusement tenu ou accroché, un détendeur qui tombe à l'eau et c'est terminé. Tout est en kit, je dois monter mon casque avec ces lampes, les détendeurs sur les bouteilles
Les mains autour de moi sont toutes utilisées. Puis, c'est le moment d'enlever le baudrier, accroché à rien j'enfile ma combinaison en équilibre, une corde passe devant moi au cas où et les mains encombrées me retiennent. Enfin dans l'eau, un pont rocheux me permet d'accrocher mon fil. Je suis très concentré.
Isa : Nous nous sommes tous suspendus en haut du puits, sur le Y, pour voir le départ. Et la plongée a commencé à 16h00. Elle devait durer maximum 5h00. Nous avons établi une rotation. Nous ferions 2 groupes de 3 et nous relaierons toutes les 1h30. Christian, Nanard et moi sommes donc remontés. Christian et Nanard en ont profité pour replanter des spits en bas du premier puits, pour permettre un accès plus facile au méandre. Nous avons rejoint Mr X et Papillote, et nous nous sommes un peu restaurés.
JP : La visibilité est médiocre, 5-6 mètres, je nage en descendant vers le point de départ d'une galerie. Il faudra 50 m de fil déroulé pour me rendre compte que je suis dans une galerie de dimensions impressionnantes (8 mètres par 6 mètres) à l'image des réseaux N°1 d'entrée mais plus grand. C'est une galerie monotone, agrémentée de quelques blocs au sol à 100 mètres de l'entrée, et de deux changements de direction. Puis, j'arrive à mes tiers. J'ai déroulé 350 mètres (-22 mètres). Je réalise la topographie au retour. Arrivé dans le puits d'entrée, je sors juste la tête pour donner quelques indications et me voilà dans l'aval. La galerie a la même dimension mais il y a de grands talus de glaise. La visibilité est toujours de 6 mètres. Le fil se déroule et rien pour l'amarrer. Puis une tension me fait tourner la tête !!!!! Plus de fil mais quelques bars pour continuer, dommage. Je sors une sardine à neige et fixe mon fil pour la prochaine visite. Je viens de dérouler encore 105 mètres (-10 mètres). Le retour est consacré à la topographie. Je retrouve mes camarades qui m'aident à sortir.
Isa : Le temps passant vite sous terre, il a fallu repartir rapidement pour la relève. Assaillie par un mal de tête dû au gaz carbonique, j'ai donné volontiers mon matériel à Papillote pour qu'il me remplace. A peine installée sous ma couverture de survie, bien au chaud, Papillote était déjà de retour chargé d'une bouteille de plongée. Il avait à peine posé les pieds sur la vire qu'on lui accroché un kit sous les fesses et qu'on le renvoyait vers le haut. Petit à petit tout le monde est apparu. Objectif atteint : 350 m de plongée vers le nord et 100 m vers le sud
le réseau de St Marcel s'est un peu plus agrandi. Il faudrait revenir, mais l'accès au lac n'est vraiment pas évident
Christian et Nanard ont déséquipé les puits, mais les kits de corde seront récupérés ultérieurement. Nous sommes repartis tranquillement tout aussi lourdement chargés. Sauf pour ma part car le mal de tête s'était transformé en nausée, et dès que je baissais la tête, je me sentais mal. Nous ne nous sommes pas déshabillés pour repasser le siphon. N'étant pas loin de la sortie, il nous tardait d'en finir. Je n'ai repris mes esprits qu'arrivée dans le réseau 1. Et dehors la grosse chaleur résiduelle de la journée, malgré l'heure tardive (22h30) nous a été agréable.
Un bon barbecue et nous n'avons pas fait long feu.
JP :
TPST : 12h00 ( -120m et 3 km dont 455m noyé)
Cette exploration n'a été possible que grâce à mes camarades du SGF qui se sont investis dans ce projet. Les seules aides financières que nous avons obtenues viennent du CDS 42, qui nous a permis d'acheter le fil d'ariane.
C'est un beau cadeau que le SGF m'a fait, un bon moment convivial. Après quelques semaines de repos, nous sommes tous prêt à y retourner au printemps pour poursuivre le terminus dans la branche sud.
Je n'ai pas fait ici la synthèse topographique, mais j'ai donné mes relevés au SGF, à M. Favergon et P. Brunnet. La topographie sera publiée après la plongée de ce printemps.
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