Situation
Du village de Rochecolombe, continuer jusqu’au parking où on laisse les
véhicules. Franchir le petit pont du ruisseau de Vendoule. Traverser le
vieux village. A la sortie de celui-ci franchir un second pont. La
source se situe à 140 m sur la gauche juste au pied du cirque (direction
Sud/Est/Sud du vieux village).
Historique
De 1966 à 68, une équipe belge (la S.S.Namur) reconnaît la branche
droite sur 120m, -20 après désobstruction subaquatique du laminoir d’entrée.
F. Poggia et J-L Camus explorent en plusieurs plongées cette cavité.
Les chiffres et le croquis d’exploration sont incohérents (d’où
l’importance de réaliser une topographie).
Du 17-04-04 au 20-06-04 : Jean-Pierre Baudu avec l’aide de Roland
Oddes nettoient (vieux fils et plombs) et sécurisent la cavité. La
topographie est levée jusqu’au S5 et ils réalisent 100 mètres de
découverte à partir du point bas du S4.
Le 18/12/2005, Jean-Pierre Baudu, assisté de Sébastien Rocheil et
Frank Vasseur plonge le S.5, rapidement impénétrable. Une couverture
photographique est réalisée de l’entrée jusqu’à la sortie du S.4.
Le 02/04/2006, une sortie est consacrée à la confirmation de la
justesse de la topographie par l’utilisation d’une balise électromagnétique, ainsi qu’au tournage d’images vidéo jusqu’au S.3.
Description
Cette résurgence se situe dans un cadre extraordinaire. La visite du
secteur vaut le détour. Nous noterons tout proche de la résurgence un
cirque où se déverse un talweg actif en hiver et lors de crues. Un peu
en amont, au bord de ce lit de la rivière intermittente, en rive droite,
il existe une petite cavité qui bute vite sur un siphon : Baume Claire
(à revoir).
La résurgence de Rochecolombe est captée. L’entrée est située dans un
petit bâtiment fermé (sujet à réglementation pour les accès). La vasque
est de dimension modeste. L’eau est extrêmement limpide. La galerie
descend rapidement avec le passage d’une étroiture à –5 mètres. Après
les crues, la descente est encombrée de blocs de pierre, plus ou moins
gros. C’est impressionnant. Ils sont bloqués en équilibre. Le nettoyage
ressemble à une avalanche dans un bruit inhabituel pour nous plongeurs.
Le cheminement est sinueux et mal aisé dans un méandre. Après un
parcours de 50 mètres, la galerie devient plus confortable (tout est
relatif). Au point 80 mètres, une remontée verticale de quelques mètres
nous laisse le choix entre deux galeries :
-
à droite (appelé S1), la branche qui semble la moins évidente s’avère
plus confortable et palmable. Seule la cheminée de remontée terminale
est technique, impressionnante et pourtant superbe avec ces rognons de
silex et ces rostres de Belenite. Un seuil permet d’accéder au court S2
pour arriver au carrefour de liaison du S2 bis.
-
la galerie de gauche au point 85 mètres (appelé S1 bis) est dans la
continuité mais devient vraiment étroite avec quelques passages à
négocier. A 120mètres, une fracture au sol semble pénétrable (à
explorer). Une galerie part à droite au point 180 mètres. La sortie se
termine dans une zone peu profonde (-1 mètre). Entre le S1 bis et le S2
bis, le passage des bouteilles est à négocier. A ce point, nous coupons
une fracture avec à droite un tout petit siphon impénétrable. En face,
après le passage d’un seuil, nous enchaînons dans un S2 bis confortable
qui change de direction pour sortir au niveau d’un carrefour. Nous
sommes à la liaisons avec le S2 et la possibilité de revenir par le S1.
Nous continuons vers le Nord, nous pouvons entendre l’actif. La galerie
se sépare ponctuellement, nous suivons l’actif pour plus de confort.
Changement de direction à nouveau, nous laissons un S3 pour passer
au-dessus de gros blocs. La galerie se découpe maintenant dans une
grosse fracture inclinée. La progression se fait par une voûte
mouillante et ensuite par des oppositions pour enfin rejoindre le S4. Ce
siphon est court, mais à la liaison de deux fractures, celle d’entrée du
S4 et une autre en sortie décalée. Nous entendons à nouveau l’actif,
mais à droite alors que la suite pénétrable se trouve à gauche, sans
doute un écoulement sous-jacent. La suite le confirme. L’exondé est peu
confortable car la roche est très découpée. Les galeries se séparent
pour se rejoindrent, le tout décalé dans la dimension de la hauteur. Au
niveau de l’escalade de 5 mètres, une pellicule de glaise sur les parois
indique une partie du remplissage en crue de cette zone. Le S5 est à ce
moment là vite rejoint. Nous sommes à 420 mètres de l’entrée.
Ce dernier siphon se dédouble et devient rapidement impénétrable.
Remarques
La cavité est captée pour alimenter la commune en eau potable. La vasque
du S.1 est défendue par un périmètre immédiat (grillage et portail),
puis par un bati également fermé par un cadenas.
Toute plongée est soumise à autorisation.
Je reviens juste sur la clarté de l’eau de cette cavité. En Ardèche, je
connais qu’un autre siphon avec cette transparence, le S1 du Thiourre
(30 mètres). Je souligne le caractère exceptionnel de l’aspect visuel de
cette source.
Les Niphargus sont en nombre important, à tous les niveaux de
cheminement du réseau.
Nous pouvons observer l’activité hydrologique à trois niveaux :
- à l’entrée
- entre le S2, S3 et S4
- en sorti du S4
Le débit est moins de la moitié de celui de l’entrée.
Lors des explorations, j’ai fait une constatation. En revenant du S1 bis
au niveau du carrefour de 80 mètres, j’ai ressenti et mesuré deux
températures d’eau différentes. L’eau venant du S1 est plus froide de
1°C minimum (températures données par mes ordinateurs). Cette
observation, je l’ai faite par la suite en revenant de pointes dans le
S1 entre le point 130 mètres et le points 100 mètres, sans pour
l’instant découvrir la provenance. Une eau plus froide et sans doute
venant d’une nappe plus profonde alimente le système hydrogéologique.
C’est un point à clarifier. Si nous avions des moyens de mesures plus
précis et si je découvre la résurgence nous pourrions analyser l’eau et
en déduire certaines informations.
Aujourd’hui nous connaissons mieux le système, mais malgré tout il nous
reste beaucoup de travail à faire et je continuerai, dans la mesure de
mes moyens à faire des constatations et à les relater.
Remerciement
Je remercie la Sidomca pour les autorisations ainsi que R. Oddes pour
son aide en plongée…
Complément d’informations par la méthode de balisage
L’enquête publique sur la décharge de Rochecolombe a mis en doute mes
compétences topographiques et à plus grande échelle la topographie en
spéléo-plongée.
Cela fait 20 ans que je topographie sous terre et 13 ans en siphons.
Aujourd’hui, je suis responsable de la commission spéléo-plongée en
Rhône-Alpe, je suis le responsable des secours en plongé spéléo au
niveau national, je fais des formations internationales sur le sujet. Je
ne rentrerai pas dans les détails mais cela représente une masse de
travaux non négligeable. A plusieurs reprises, j’ai pu vérifier que mes
topographies étaient juste grâce à plusieurs méthodes (balisage,
liaison, bouclage…)
J’avoue que le procédé peu cavalier exprimé dans l’enquête publique m’a
piqué au vif. J’ai voulu vérifier par la pose d’une balise la justesse
de mes relevés. J’ai donc demandé à Daniel Valade, spécialiste du
balisage, de venir avec des balises étanches d’une portée de 100 mètres
de profondeur sous terre, pouvant passer des siphons de 50 mètres de
profondeur sous l’eau et d’une autonomie de 4 heures (précision +/- 1m).
Ce matériel est éprouvé et le palmarès de l’équipe est impressionnant
aussi bien pour des forages que sur des secours. J’ai utilisé également
deux systèmes de communication par le sol dit « Nicola ».
Nous avons réalisé cette opération le dimanche 2 avril 2006. A l’aide de
ma topographie, nous avons prédéfini une zone correspondant en surface à
l’endroit où nous allions positionner la balise sous terre.
Les équipes sont constituées de 4 personnes pour un repérage précis en
surface (mesures et communication) et 5 plongeurs (vidéo, balise et
communication). Nous avons bien sur l’autorisation pour plongée dans la
résurgence.
Après un portage court des 13 bouteilles de plongée et des charges
associées, nous nous immergeons pendant que l’équipe de surface se
dirige vers la zone pré-définie. 45 minutes après notre entrée sous
terre, nous déclenchons la balise, 20 minutes après la communication est établie avec la surface. Nous positionnons à deux endroits différents la
balise. Au total, il nous faudra 2h30 pour réaliser l’ensemble des
opérations.
La mesure a donné entre la balise et la surface une valeur de 83 mètres
de profondeur (+/- 1 mètre). La topographie en latitude/longitude est
positionnée à 35 mètres.
Ainsi, nous avons pu démontrer que la topographie est exacte et que le
réseau de Rochecolombe se dirige sud-sud-ouest.
Participant : Catherine Baudu (com surface), Jean-Pierre Baudu
(plongeur), Denis Grammont (plongeur), Roland Oddes (plongeur),
Sebastien Rocheil (plongeur), Jacques Teyssier, Daniel Valade
(balisage), copains de Daniel (balisage) et Frank Vasseur (plongeur)
|
|
l'entrée par Catherine Baudu
S1 - étroiture du début à -5m, par Frank Vasseur
à -20m dans le S1, par Frank Vasseur
à -20m dans le S1, par Frank Vasseur
S2 - vasque aval , par Frank Vasseur
S2, par Frank Vasseur
entre S2 et S4, par Frank Vasseur
S4 - remontée à l'aller, par Frank Vasseur
fracture finale à -15m, par Frank Vasseur
S4 - arche retour, par Frank Vasseur
S4 - retour, par Frank Vasseur
S1 - retour au carrefour, par Frank Vasseur
|