Bourbouillet - Reméjadou
- Ranc de Boeuf

COMPTE RENDU D'EXPLORATION

par JP. Baudu 1996 - 2000

 

 

Un film visionné chez P. Serret montrant une plongée dans Reméjadou, une eau superbe et me voilà en train de rêver. Ce nom me paraissait mystérieux, il me semblait que cette cavité me cachait un trésor. Je pense à l'époque où tout était à découvrir, deux bouteilles et on parcourait des centaines de mètres de galerie vierge. Maintenant, il faut se battre et chercher pour trouver quelques dizaines de mètres de première.

Le 25-5-1996, premier contact avec le milieu. La chèvre de M. Le Guen étant en bas du puits, je choisis l'équipement en tyrolienne. Quelques spits bien placés et nous voilà, Catherine, mon bi-18 et moi 27 mètres plus bas. Nous prenons pieds dans une jolie rivière dont la partie exondée reste modeste. Pour l'heure, la visibilité du siphon amont est réduite. L'eau est laiteuse. Environ 680 mètres de galerie parcourue, avec un point bas à -42 mètres, arrêt à -30 mètres dans une " touille " complète. Les portages et la plongée nous occupent la journée. Nous ne sommes pas encore rodés ; il nous faudra 9 heures.

Le 10-5-1997, des copains viennent nous donner un coup de main pour le portage. Mon but est de reconnaître la galerie de gauche, à 550 mètres, et d'aller voir une faille à -6 mètres, observée par P. Penez et F. Le Guen. L'eau est encore laiteuse. Mais où est la limpidité que l'on m'a promise ? Dans la zone des 550 mètres, je cherche la bifurcation, mais rien. Tout à coup, l'eau devient limpide. Je reviens sur une centaine de mètres, toujours rien. Retour vers l'amont, je retrouve une super visibilité. Ne repérant pas la bifurcation, je pars me promener dans la faille terminale.

Le 7-3-1998, c'est ma dernière plongée, si je ne trouve pas de suite évidente. De nouvelles informations de F. Le Guen me permettent de localiser la galerie qui est en fait à droite. Pour le portage, nous nous retrouvons en couple. Lors de la descente du puits de 26 mètres, à mi-chemin, nous apercevons l'eau du siphon cristalline, le rêve. Equipé d'un bi-18 litres, je progresse jusqu'à 550 mètres. Là, béante la galerie de " gauche " s'ouvre maintenant devant moi. Après avoir reposé le fil et progressé de 50 mètres, j'aperçois une petite galerie sur la gauche. Un coup d'œil sur la profondeur, -10 mètres, je n'ai aucune information sur celle-ci. En continuant, je trouve une faille étroite du même côté à -6 mètres, qui correspond aux informations de Le Guen. Je sors du siphon avant de faire demi-tour pour rejoindre la galerie observée à -10 mètres. C'est une conduite forcée de section modeste (h=0,7m x l=1,2m). Les bouteilles tapent de tous les côtés. Après une remontée en pente douce, je rencontre un carrefour à -5 mètres. Sur la droite, une faille rejoint la galerie déjà connue. A gauche, une diaclase descendante me permet de progresser sans pouvoir palmer. Un passage bas et une nouvelle diaclase de 0,5 mètre de large m'emmène devant une petite galerie à -12 mètres. Mon matériel est trop volumineux pour continuer. Le demi-tour est très délicat, l'étroiture m'oblige à me glisser sur le dos. Je me coince, il me faudra quelques contorsions pour me dégager. La plongée de ce jour me permet de découvrir un nouveau réseau, avec 40 mètres de galerie.

Le 14-3-1998, plusieurs camarades spéléos nous donnent un coup de main. Vincent Faure vient faire une petite reconnaissance. Ne pouvant pas progresser avec de trop grosses bouteilles, je pars avec un bi-10 litres en dorsal et deux relais de 12 litres. Avec ces derniers, je progresse jusqu'au petit réseau étroit. Les bouteilles plus petites me donnent de l'aisance dans cette galerie modeste. Arrivé au précédent terminus, j'attache le fil et continue en me battant avec les parois. Le réseau est en forme de diaclase entrecoupé de passages bas qui m'interdissent le palmage. Je reste toujours entre -10 et -15 mètres. Le terminus du jour est à -10 mètres en haut d'une faille très étroite. Le fil s'est déroulé sur 130 mètres. La suite ne semble pas très évidente.

Le 14-4-1998, l'équipe est très réduite : Catherine et moi. Le matériel est le même. Arrivé au précédent terminus, j'attache le fil et tente un retournement et une descente. Il n'y a qu'un endroit pour passer, je dois poser le fil de façon impeccable. La " touille " commence à me rejoindre. En bas, à -20 mètres, je peux attacher le fil. La galerie change de morphologie, je suis dans une petite conduite forcée (h=0,8m x l=1,5m) Je continue ma progression en descendant en pente douce. Il faut faire demi-tour sur mes tiers, à -30 mètres, 80 mètres de fil déroulé en plus. La galerie est très lisse, les amarrages pour le fil sont plutôt rares. Cela semble être l'actif.

Le 9-5-1998, lors du camp topo. organisé par F. Vasseur et P. Bigeard, une partie du réseau sera levé (voir Info-plongée N° 80).

Le 10-5-1998, je profite de la fin du camp topo pour faire une pointe. Les porteurs sont nombreux. Ce sont tous des plongeurs. Cette exploration demande beaucoup d'air réparti dans de petits volumes. Est-ce que la galerie continue à descendre ? Ma limite sera à -45 mètres pendant 10 minutes (à l'aller). Le choix du matériel est de deux relais de 12 litres de Surox à 40%, d'un relais de 10 litres de Surox à 40% et d'un bi-12 litres à l'air pour le fond. F. Vasseur et V. Faure plongent pour terminer un bout de topo. et pour me poser un relais de 10 litres à 550 mètres. Onze bouteilles de plongée sont descendues rapidement. Nous sommes trois à nous préparer devant la vasque. Je laisse Franck et Vincent prendre 15 minutes d'avance, ce qui me permet de terminer ma concentration. Equipé de quatre bouteilles de 12 litres, je nage dans une eau bien trouble. Le premier relais est posé à 320 mètres puis le second à 550 mètres Là, je récupère ma 10 litres et j'attaque la zone étroite. Le relais me gène et le bi-12 litres tape partout, c'est intime. La bouteille est abandonnée à 740 mètres. J'enchaîne et retrouve le terminus à -30 mètres. Je recommence à dérouler mon fil, mais 20 mètres plus loin, je suis face à une cheminée (-32 mètres) qui me ramène à -22 mètres dans une galerie identique. J'ai l'impression d'être dans un tuyau, galerie régulière, juste un changement de direction et ce fil qui se déroule. Le tiers de mon air est presque consommé. Etant donné la rareté des amarrages, je me donne une sécurité. Au moment d'attacher le fil, je me rends compte que le bobinot est presque vide, j'ai ajouté 200 mètres de galerie. A 320 mètres de l'entrée, je fais mes paliers et retrouve Vincent qui me récupère le relais. Enfin après une immersion de 3 heures précises, je fais surface. La remontée du matériel est impressionnante. En haut, des brutes hissent les bouteilles.

Le 24-10-1998, nous sommes de nouveau nombreux devant le puits. Pour l'exploration, deux plongeurs m'aident pour la pose des relais (P. Bigeard et V. Faure). Devant la vasque, sont disposées 11 bouteilles. J'utilise une 12 litres de Nitrox 60% pour la zone des 300 mètres, puis une autre à 40% jusqu'à 530 mètres, un bi 12 litres dorsal et deux relais de 7 litres à 40% pour la suite. Hélas, un des relais tombe en " carafe ". Le volume de mes bouteilles étant plus important, certains passages sont plus délicats à franchir. Une surprise de taille m'attend. Les crues de cet automne ont été violentes (mais normales pour cette région) et malgré toutes les précautions prises pour bien positionner le fil, celui-ci est coupé en plusieurs endroits. Il faut rééquiper en partie ma ligne de vie. Malgré tout, je réussis à ajouter 110 mètres de galerie uniforme mais toujours modeste. Je termine face à un carrefour dont la suite semble plus confortable (prof.-13m).
Je suis à 1090 mètres avec une zone étroite de 560 mètres et devenant très étroite sur 170 mètres. J'opte pour des explos légères. Il faut que j'arrive à passer mon bi 18 litres, un propulseur me permettra de gagner du temps sur les 500 premiers mètres.

Le 6-2-1999, les mauvais jours sont passés. Je rééquipe les 500 premiers mètres pour l'utilisation de l'Apollo.

Le 6-3-1999, Franck Vasseur me prête la " bête ". J'ajoute 240 mètres d'équipement et lève la topo. Toutes les bouteilles sont remplies avec un Nitrox 40%. Une 10 litres me suffit pour rejoindre la zone étroite. La suite est abordée avec le bi 18 litres et un relais de 10 litres. C'est très chaud (pour les connaisseurs : ajustement " H7g6 ").

Le 13-3-1999, nous sommes toujours deux pour le portage avec le même matériel. Je rajoute 200 mètres de topographie et de rééquipement pour 3 heures de plongée. La zone délicate me demande beaucoup d'énergie et de concentration, j'y pense 24h/24, j'essaie d'être comme chez moi.

Le 3-4-1999, avec la même configuration que le mois précédent, je termine l'équipement et la topo jusqu'à 1090 mètres. Au carrefour, je choisis de dérouler le fil à droite, j'ajoute 90 mètres pour m'arrêter sur bobino vide. La galerie est plus confortable (2m x 2m).

Le 9-4-1999, on enchaîne avec Catherine. Je change mon deuxième relais pour une 7 litres de 40%, ma consommation a réduit nettement et j'espère la diminuer encore. Je rajoute cette fois-ci 80 mètres répartis en deux branches, une active qui débouche dans un méandre exondé à 1230 mètres (l'escalade d'une cascade m'interdit de poursuivre) et l'autre qui m'entraîne dans une salle très glaiseuse et sans visibilité, à 1240 mètres.

Le 5-6-1999, Franck Vasseur nous donne un coup de main, il relève la topo de la galerie Le Guen. Je replonge pour essayer de continuer dans la galerie de gauche, à 1090 mètres. J'utilise les mêmes bouteilles, mais les deux relais sont au Nitrox 50% et le bi 18 au 40%. Je dois faire le maximum, Franck doit récupérer son propulseur. Les pluies de printemps ont encore coupé le fil dans la galerie " m----que ". A partir du 1090 mètres, je retrouve le même remplissage que dans la branche principale d'entrée. Je pose mon fil et chemine dans cette nouvelle branche (2 x 1,5). Après 70 mètres, la galerie prend la forme d'une conduite forcée, sans dépôt. Le réseau se termine à 1180 mètres dans une cheminée qui fait surface sans suite pénétrable. Sur le chemin du retour, en réalisant la topo, je découvre un gros os qui semble fossilisé. Je le ramène.
La poursuite des explorations devient techniquement difficile et dangereuse, même si la suite est évidente dans le S8'. Je décide d'arrêter les explos en partant de Reméjadou.
Je profite de l'été pour terminer la topo et pour contacter Michel Philippe. L'automne m'entraîne dans d'autres siphons. En septembre, lors d'une nuit tourmentée, je rencontre des pompiers spéléos qui connaissent bien le secteur de Reméjadou (coïncidence ?). Cette équipe œuvre depuis 20 ans dans les parages, sous l'égide du curé de Lablachère. Nous décidons de mettre en commun nos connaissances et nos informations. Avec Jean-Yves Sedat et Catherine, nous prospectons dans la zone qui semble être le terminus de l'actif. Une doline avec une petite perte attire notre attention. Je suis persuadé que c'est notre " sésame ". Une équipe se constitue (C. Baudu, J.-P. Baudu, T. Belin, J.-P. Blaizat, J. Cimolaï, J.-M. Gault, C. Sapet, J.-Y. Sedat, T. Sedat et S. Thoulouze ). Le travail est actif. Il nous faut moins de trois semaines pour atteindre, 28 mètres plus bas, le siphon. Nous n'en revenons pas. Les fêtes de Noël passent et nous reprenons les explorations.

Le 8-1-2000, belle année en perspective, une équipe conséquente vient m'aider pour le portage (bi-7 litres). Nos nouveaux camarades sont pessimistes. Cependant, ils prennent leurs rôles au sérieux. Mon équipement se fait sur corde. La plongée commence dans la " touille ". Je cherche à tâtons puis la visibilité s'améliore. La galerie est un laminoir avec un remplissage de petits galets et de glaise. Après 45 mètres et quelques étroitures sévères, elle devient impénétrable. Déçu, je reviens au puits, je continue mes recherches en vain. Je fais surface et explique mon désarroi. Tout le monde retient son souffle. Je replonge. Il doit bien y avoir une suite. Je cherche le long de la paroi et de l'éboulis de la désobstruction. Soudain, je sens un petit vide. Je déblaie 15 minutes et mon corps semble pouvoir passer. Je tente, ça racle, ça s'élargit et ça s'éclaircit, c'est gagné. La galerie est plus confortable sur les 30 premiers mètres. Je fais demi-tour, il n'y a aucun point d'amarrage. Le sol est un remplissage de glaise de forte épaisseur.

Le 22-1-2000, nous sommes quatre (C. Baudu, T. Belin et J.-Y. Sedat). Il fait très froid. Je dois m'habiller en mouillant ma combinaison avec de l'eau à 3-4°C. Un vrai plaisir !..
Je pars en plongée avec un lot de sardines à neige pour positionner mon fil. Equipé d'un bi-10 litres, je passe l'étroiture du puits. La suite du réseau est parsemée de cheminées permettant de faire éventuellement surface. La galerie semble vaste à l'origine, mais le remplissage de glaise l'obstrue presque complètement. Seuls des passages subsistent, creusés par les écoulements. J'ajoute 110 mètres avec un passage délicat dans une diaclase. Je m'arrête à l'entrée d'une étroiture sévère. La " touille " m'a rattrapé.

Le 29-1-2000, Thibault Sedat (11 ans) et C. Belin viennent s'ajouter à l'équipe. Je sens que je ne suis pas loin du terminus de Reméjadou. Je pars extrêmement motivé. Je rejoins mon terminus à 140 mètres. Je décide de passer la tête la première, je ne vois déjà plus rien. 1 mètre, 2 mètres, ça coince. Je prends soin de bien positionner mes sardines. Tout est dégonflé même mes poumons. Je pousse, ça commence à passer, et enfin c'est moins étroit. C'est la plus petite étroiture (22-23 cm) sans visibilité que j'ai passée. Je poursuis ma descente et enfin la liaison, seulement 20 mètres mais quelle découverte ! Je palme enfin confortablement dans un siphon long de 1465 mètres, le plus grand d'Ardèche mais aussi le plus étroit. Je ne me laisse pas distraire et enchaîne. Quel plaisir de retrouver l'actif ! Après la sortie peu confortable du S8', je rencontre rapidement un S9 court et superbe (15 m, -2 m). Je pose mes bouteilles dans un lac, à la base d'une grande cheminée. La galerie est superbe. Je progresse dans un très bel actif bien calcité sur 85 mètres pour rejoindre un S10. Il est temps de rentrer. J'ai ajouté 120 mètres.

Le 4-3-2000, nous sommes presque la même équipe et il fait toujours froid. Un des pompiers de l'équipe essaie de m'allumer un feu, sans succès. Je retrouve mon terminus. Le S10 est court (15 m, -2 m). Sa sortie est bien petite. Il faut ramper. Quelques mètres de progression et la galerie s'agrandit. Des cailloux semblent fraîchement tombés à la base d'une cheminée. Je lève la topo sur 28 mètres et rejoint un S11. Le départ est dans du gravier Je creuse pour passer. La galerie est très petite (1,2 m x 0,8 m) et tortueuse. Une progression de 50 mètres et je bute sur une conduite forcée de 15 cm de diamètre. Le retour se fait tranquillement en observant le moindre recoin. Je sors me réchauffer au coin du feu, où le curé de Lablachère attend quelques nouvelles.
Quelques semaines plus tard, je fais ma dernière plongée pour revoir le terminus du S8'', sans résultat.


PALEONTOLOGIE (par Michel PHILIPPE)

Dès la découverte du premier os, en juin 1999, celui-ci m'a été apporté pour savoir s'il présentait quelque intérêt. Comme la réponse fut positive, les autres vestiges paléontologiques sortis lors des plongées suivantes (une petite dizaine) ont été mis à ma disposition. Pour mémoire, on notera que F. Le Guen avait aussi remarqué, à son époque, quelques os.
Le premier os soumis à examen est assez intéressant car il présente des traces évidentes d'écharnage sur le bord interne et du côté droit de la diaphyse (photo 1). Cela n'a pu être fait que par l'homme et il doit donc y avoir un gisement préhistorique à proximité de l'aven. Il s'agit d'un radius gauche de cheval pratiquement complet mais le cubitus qui est normalement soudé à cet os chez les équidés n'a pas été conservé ; on ne voit que sa trace. Ce radius est à peine plus grand que ceux de chevaux camarguais. Il n'a donc pas appartenu à un animal de grande taille et robuste comme on en connaît au cours du Quaternaire. Cet os est recouvert d'une couche noirâtre (certainement due à des dépôts de matières organiques imprégnées d'oxydes de fer et/ou de manganèse) un peu comparable à celle observée sur le matériel paléontologique du gisement de Padirac. Comme chez ce dernier, il y a d'ailleurs de nombreuses cupules de corrosion, ce qui laisse supposer un long séjour dans la rivière souterraine et l'usure des extrémités et des surfaces articulaires témoigne d'un transport important.
Quatre autres ossements recueillis en plusieurs points de la rivière souterraine présentent le même type de patine. Leur densité indique qu'ils sont nettement fossilisés. On peut raisonnablement les situer dans le Pléistocène supérieur, c'est à dire sensiblement au cours de la période de la grotte Chauvet, mais seules des datations par le procédé du carbone 14 permettraient de préciser leur âge exact. Comme pour le radius de cheval, de toute évidence, il ne s'agit pas de vestiges découverts en place dans un gisement primitif, mais ont été remaniés et transportés par les crues successives pour être déposés en divers points (bien repérés par J.- P. Baudu) tout au long de la rivière souterraine.
Dans ce matériel, le cheval est à nouveau présent, ainsi que de l'aurochs et du cervidé (photo 2).
¨ Cheval (Equus caballus) : un métatarse gauche complet mais avec la poulie corrodée. On notera, comme sur le radius, des cupules de corrosion et l'encroûtement noirâtre peu adhérent à l'os.
¨ Aurochs (Bos primigenius) : calcanéum gauche complet et en parfait état de conservation, de très grande taille.
¨ Cervidé : - un fémur gauche de cerf (Cervus elaphus). Il s'agit d'un jeune animal car il manque les deux épiphyses qui n'étaient pas encore ossifiées.
- une héminandibule droite, avec toute la série dentaire (P2-M3). Il s'agit d'un animal de grande taille, âgé, ainsi qu'en témoigne l'usure importante des dents, surtout de la première molaire.
En dehors de ce matériel bien fossilisé, on peut noter la présence d'un fragment de l'extrémité d'un humérus droit de bœuf domestique (Bos taurus). Mais cette pièce provient de la zone d'entrée de l'aven du Ranc du Bœuf. Elle contraste d'avec les précédentes par sa faible densité et par sa couleur brun sombre due à sa conservation dans la terre arable. Ce qu'a confirmé J.- P. Baudu. Il s'agit d'un os récent.
Enfin, pour être complet, nous signalerons la présence de quelques ossements découverts dans l'aven des Trois Diaclases. Contrairement à ceux du réseau actif du Reméjadou, ils sont de couleur claire et ne paraissent pas bien vieux, bien qu'ils happent légèrement. M'ont notamment été apportés, pour détermination :
¨ Un fragment de crâne, avec les deux os frontaux et la cheville osseuse droite d'une chèvre (Capra bircus).
¨ La partie distale d'un métatarse gauche de cerf (Cervus elaphus).
¨ La partie proximale d'un métacarpe droit, également de cerf.
Le matériel paléontologique recueilli lors des explorations du système Bourbouillet-Reméjadou-Ranc du Bœuf sera conservé dans les collections du Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon afin d'être facilement accessible aux chercheurs et autres personnes intéressées. C'est une démarche que je tiens à mentionner et qu'il convient d'encourager.


BILAN

Les connaissances de l'équipe locale, notre expérience de la zone noyée, la topographie et la lecture du terrain ont permis de découvrir une nouvelle branche et de mettre à jour une cavité (l'aven du Ranc du Bœuf).
Quelques chiffres : 41 plongées ont été réalisées depuis mai 1996, 13 lors du camp topo., 8 plongées de soutien et 20 en solitaire. Le réseau développe actuellement 3345 mètres pour 1316 mètres de découverte, avec le siphon le plus long d'Ardèche (1465 m,-32 m). Il est possible théoriquement d'effectuer deux traversées (problèmes d'étroitures). Je pense ne rien avoir laissé de très prometteur. Il nous reste quelques travaux à faire sur le secteur, et d'ores et déjà, les explos se sont déplacées vers les Espeluches.
Si vous passez dans le coin, n'hésitez pas à visiter ces cavités. Les spéléos de la région sont prêts à vous faire connaître leurs jardins secrets, respectons-les.


REMERCIEMENTS

Je pourrais vous écrire un roman, vous décrire les bons et les mauvais moments, mais aussi, vous parler des aventures humaines que j'ai vécues avec tous mes camarades. La place manque et j'ai dû résumer, excusez-moi.
Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont participé de très près ou de loin à cette aventure, mais tout particulièrement Catherine Baudu qui a porté et supporté, mais toujours présente.
Merci pour tous ces bons moments à : Arnaud C., Berthiaud J.-F., Bigeard P., Boiffier B., Blaizat J.-P., Brahic R., Brun J.-F., Brunier C., Cabrejas P., Camus J.-L., Chauvet J.-M., Crozier R., Faure V., Gaillard F., Gilly C., Huttler R., Labadie P., Lebel J.-M., Leroy J.-C., Locatelli C., Lorente G., Madeuf C., Martel P., Martel J., Mestre L., Monteil D., Monteil P., Papillard A., Proriol O., Sanfillipo C., Sapet C., Siansordano, Tixier B., ainsi que les locaux : C.Belin, T.Belin, J.Cimolaï, J.-M.Gault, J.-Y.Sedat, T.Sedat et S.Thoulouze ainsi que le CESAME pour le matériel.
Merci pour les informations à : Ranchin J, le curé de Lablachère, Michel Philippe, Le Guen F., Serret P.


CONTACTS

*Jean-Pierre Baudu (CDS 42, Commission Plongée Souterraine), 4 Allée du Serpolet, 42000 St ETIENNE - Tél. : 04-77-79-10-40 ou 06-11-40-63-57, jean-pierre.baudu3@fnac.net
**Michel Philippe, Conservateur responsable du département des Sciences de la terre au Muséum de Lyon, 28 boulevard des Belges, 69006 Lyon
Equipe locale : Jean-Yves Sedat, Notre-Dame, 07230 LABLACHERE -
Tél. : 04-75-36-60-64


Bibliographie

INFO-PLONGEE, décembre 1998, N° 80, page 11. Bulletin de liaison de la Commission Plongée FFS.

La BOTTE, 1999, N°18, page 44, 64 et 65, Bulletin de liaison et d'information du Comité Départemental de Spéléologie de la Loire.

SPELEOLOGIE DU DEPARTEMENT DE L'ARDECHE, par J. Balazuc, page 46 et 117.

SPELEO SPORTIVE EN ARDECHE, par Drouin P. et Marchand T., page 88.

LA FRANCE IGNOREE, par Martel E., page 143