Le Peyraou de CHAZELLE
Commune SAINT ANDRÉ DE CRUZIÈRES - ARDECHE I.G.N. 1/25000 - 2839 Est " Saint Paul le Jeune
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par JP. Baudu
Situation
Le hameau de Chazelle est situé dans la cuvette de Saint
André de Cruzières. Parmi des maisons et en contre bas de la
route, on trouve une petite vasque d'aspect plus ou moins engageant selon
les saisons. Au bord, la formation d'un talus de sable et de gravier, haut
de 5 m atteste de la violence des crues de cette résurgence.
Historique
1953 : Tentative de pompage, sans résultat.
1973 : B. Léger, JC. Dobrilla, P. Ackerman et JL. Camus passent l'étroiture et progressent de 40 m, -13 m.
1989 : Nouvelle tentative de pompage, échec.
01.10.1989 : P. Serret et C. Roy rééquipent le siphon jusqu'au terminus de 1973.
08.10.1989 : Les mêmes portent le développement à 85 m, -21 m.
1992 : F. Badier, C. Gilly, JM. Barbe, JM. Hautevoine et M. Bernard rouvrent l'étroiture d'entrée et portent le terminus à 110 m, -26 m, arrêt sur autonomie.
Mars 1997 : J'effectue 6 plongées et atteins une trémie
impénétrable. Développement total 440 m, -36 m dont 340
m noyés (2 siphons). Le terminus est estimé à une dizaine
de mètres du réseau de la Baume de Chazelle.
Description
Le 22.02.1997, P. Serret m'indique qu'il vient de franchir l'étroiture d'entrée du Peyraou de Chazelle. Il me recommande d'y plonger rapidement avant qu'elle ne se rebouche.
Le 01.03.1997, avec l'aide de Catherine, je m'équipe
d'un bi 10 à l'anglaise et utilisons une 7 litre avec un narguilé
pour le passage de l'étroiture d'entrée.
Je m'engage dans le réseau et force doucement le passage (sur les 6
plongées que j'effectuerai, il me faudra toujours entre 5 à
8 minutes pour passer cette étroiture particulièrement délicate).
Enfin, je débouche dans un méandre où je retrouve le
fil des précédentes explorations. Je rééquipe
partiellement le siphon. La galerie semble de plus en plus grande (5 x 5 m).
Cependant, il est difficile de se faire une idée, la visibilité
étant de 3 à 4 m. Je passe le terminus de P. Serret et C. Roy
(passage bas) et arrive au terminus de F. Badier, marque 110 et fin du fil.
Je suis à -26 m. J'accroche mon fil. J'amorce une remontée progressive
puis tourne sur la gauche. Je me retrouve dans une zone chaotique. Je suis
à mes tiers. J'attache mon fil à la base d'une cheminée
et laisse sous mes palmes un ressaut de 2 m. Je suis à une profondeur
de 15 m et la distance parcourue depuis le point 110 est de 80 m. Le retour
s'effectue sans problème. La visibilité est de 2 m.
Bilan : 80 m de première, le réseau continue.
Le 02.03.1997, je repars avec un relais de 7 L supplémentaire.
Je rejoins le point 190 et commence une remontée dans une faille. Je
bute à -5 m. Mais où est la suite ? Je perds du temps (et de
l'air) à chercher. Découragé, je décide d'aller
voir dans le ressaut de 2 m. Surprise, par des effets d'optique, le sol n'est
qu'un mirage. Le ressaut se transforme en un puits. J'amorce la descente pour
me retrouver à -33 m. Là, une conduite forcée s'ouvre
face à moi de 5 x 3 m. Je m'y engage et franchis un point bas à
-36 m. J'attache mon fil devant un éboulis. J'aperçois un passage
possible à travers les blocs.
Bilan : 80 m de fil déroulé dont 10 m dans la cheminée.
Le 08.03.1997, je plonge dans l'espoir de jonctionner avec
le siphon Penez de la Baume de Chazelle qui se trouverait à environ
150 m de mon terminus. J'utilise une 12 L pour le narguilé, 2 relais
de 10 L et mon baudrier anglais avec un bi 12 L. Le narguilé me permet
de réaliser des paliers à -6 m puis à -3 m au niveau
de l'étroiture, la tête dans les graviers.
Je retrouve mon terminus et m'engage dans la trémie. Celle-ci franchie,
j'arrive dans un gros volume. Je suis une pente de glaise et après
30 m de remontée impressionnante, je fais surface dans une grande salle
(25 x 15 m). Le plafond est à 15-20 m de hauteur. J'aperçois
une galerie qui part au plafond. Il n'y a pas de possibilité d'escalade.
Les parois sont lisses et verticales. Je prends le temps d'explorer le puits
noyé. La visibilité est réduite. Je ne vois pas de départ.
Bilan : la dimension du S1 est portée à 310 m, -36 m, pour un
développement de 320 m.
Le 09.03.1997, le but de cette plongée est de lever
la topographie du réseau. Je m'équipe avec un bi 10 à
l'anglaise, d'une 7 L en relais et une 7 L sur le narguilé.
Bilan : le relevé topographique confirme que ce siphon se dirige droit
vers le réseau Penez.
Le 16.03.1997, Franck Vasseur plonge le siphon Penez par la Baume. Il parcourt 75 m de nouvelle galerie (voir compte rendu de F. V). Il réalise une liaison. Celle avec le Peyraou de Chazelle, semble-t-il ?
Le 21.03.1997, je décide d'aller voir le passage que
j'aurais raté afin de faire une incursion dans le réseau Penez.
Equipé d'un bi 10 à l'anglaise, de 2 relais de 7 L et d'un fond
de 12 L pour le narguilé, je franchis le siphon et me retrouve dans
la "salle Cat". Là, je ne trouve pas le fil de Franck.
En faisant le tour de la salle, je découvre une chicane qui me permet
de sortir de l'eau. Une galerie de 10 x 10 m encombrée de blocs énormes
couverts d'une importante couche de glaise s'ouvre devant moi. Il me faut
ramper à travers ce chaos. Les blocs deviennent de plus en plus modestes
au cours de la progression. Des traces de glaise sont visibles à plus
de 8 m du sol. L'éboulis rejoint le plafond sans passage pénétrable.
Seule une diaclase très propre permet de rejoindre un plan d'eau de
3 x 5 m. Il me faut une corde pour descendre les bouteilles.
Le retour est humide dans un volume percé.
Bilan : 100 m de galerie exondée débouchant sur un S2. Vive
les combinaisons étanches en néoprène !!!
Le 22.03.1997, je pars pour une ultime pointe, je l'espère. L'étroiture
commence "à me sortir par les yeux". Je laisse mon bi 10
dans la "salle Cat" et commence le portage d'un bi 7 découplé.
Arrivé à la diaclase, je fixe une corde et descends les bouteilles.
L'eau est limpide contrairement au S1. La plongée est brève.
En réalité, le S2 est une grande diaclase en partie noyée
sans continuité. Le retour dans la "salle Cat" est pénible...
Bilan : S2 de 30 m, -16 m.
CONCLUSION
D'après les relevés topographiques, la trémie
terminale de la grande galerie serait la même que celle qui fait suite
au réseau Penez (200 m après le siphon). Cette trémie
est constituée de blocs de 1 à 2 m3 maintenus par un affaissement
du plafond. Une désobstruction me paraît assez dangereuse.
Eventuellement, la liaison entre le Peyraou de Chazelle et le réseau
Penez pourrait se faire à la voix...