Grotte du Cable
Commune de Lussas Coordonnées : X=766,26 Y=3260,37 Z=266 |
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Coupe Plan
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par Antoine Chabanis |
par Judicaël ARNAUD : S.C.Aubenas
De Lussas, suivre les panneaux indiquant le site d'escalade de Chabanne. Parvenu au parking, poursuivre à pied sur environ 200 m. Prendre le sentier à droite (pas celui d'accès aux voies d'escalade) qui mène directement au fond de la vallée de Louyre, au niveau d'une grande marmite. Le petit orifice s'ouvre en rive gauche 50 m en amont.
Historique
Découvert en 1972. Le Spéléo Club d'Aubenas désobstrue le boyau d'entrée pour s'arrêter sur un siphon. La présence de courant d'air incite à rechercher une entrée supérieure. Un pompage est entrepris au cours du mois de mai 1975 : le niveau baisse de 4 m seulement ! En juin, le GRPS poursuit le siphon en plongée sans le sortir.
En juin 1976, un second pompage est entrepris. Le siphon est vidé au bout de 20h : un important courant d'air est amorcé. La désobstruction d'une chatière verticale permet la découverte de 500 m de galerie donnant accès au mythique collecteur parcourus sur 50 m à l'aval (arrêt sur siphon) et plus de 500 m sur l'amont (arrêt sur siphon) avec la découverte de galeries supérieures. En septembre 1979, un troisième pompage est effectué. Le siphon est vidé en 9h ! Un groupe électrogène est démonté et remonté au niveau du laminoir ! De là, 170 ms de ligne permettent la désobstruction d'un boyau sur 4 m au niveau de la coulée avale. Une nouvelle entrée est recherchée grâce à la poursuite des explorations dans le réseau supérieur et à l'emploi de fumigène dans le réseau d'entrée. Mais tout cela est sans résultat positif. En 1983, après le pompage obligatoire, 750 m de lignes sont posés pour permettre la poursuite de la désobstruction du boyau aval. Ce travail pénible permet de découvrir un méandre actif très étroit (communiquant avec la surface ?). Mais les conditions de travail et le matériel alors nécessaires poussent à l'abandon de cet objectif.
En juin 1995, un pompage est effectué. Le siphon amont est reconnu sur une quarantaine de mètres par Thierry Marchand. Une escalade permet l'exploration de 200 m de galerie dans le réseau supérieur. De plus, la recherche d'une nouvelle entrée est toujours à l'ordre du jour (Trou supérieur du Câble et aven des Mines), mais sans résultat.
En 2003 Roland Oddes (membre de l'association CERGA), évoque son projet de pompage au Câble pour poursuivre les études scientifiques notamment avec une coloration. Le club y voit là une occasion de retourner dans ce réseau et d'en poursuivre son exploration.
Les 1700 mètres de galerie sont entièrement topographiée au cours de quatre séances (Arnaud Judi / Dohin David / Etienne Gilles / Helck Rémy / Marchand Thierry). Un balisage radio magnétique est effectué dans le collecteur et au niveau de la galerie supérieure. Les résultats donnent une distance au versant de plus de 90 m depuis la galerie supérieure ! Une escalade de 40 m dans le réseau supérieur est entreprise par Jérôme Jouret et Jean-Pierre Figueiredo (à finir). Côte atteinte : + 40m, soit une distance au versant de 50 m. Toujours dans le réseau sup., la désobstruction d'une l'étroiture à courant d'air est entreprise par Philippe Roux et David Barbe. L'obstacle est passé, mais ils butent sur une seconde étroiture ennoyée.
Jean-Pierre Baudu (CDS 42) plonge et topographie, dans un premier temps, le siphon amont (240m / - 27m) qu'il ne sort pas. Le siphon aval est sorti (70m / - 4m) et il débouche dans une trémie dont l'air ambiant est fortement chargé en CO2.
En parallèle, une coloration est entreprise par Pierre Sauvinet qui effectue une maîtrise de géographie. De plus, une perte du ruisseau de Louyre, en amont du Câble, est signalée par Roland Oddes. Après de nombreuses séances de désobstruction, la Perte des Vieux, d'un diamètre de 1 m, atteint la profondeur de 12 m. Un léger courant d'air parcourt le fond qui se présente sous la forme d'un boyau horizontal impénétrable ! Depuis les crues de décembre 2003, la Perte des Vieux s'est entièrement rebouché !
Le seul accès possible oblige à un pompage intégrale du siphon situé à 30 m de l'entrée (80m / -8m). La plongée est possible, mais la sortie est plus qu'aléatoire !
long de 80 m fait suite et oblige à la reptation. On accède ainsi au collecteur après avoir passé une voûte mouillante. Nous sommes là à la côte -22 m. Le collecteur butte rapidement à l'aval sur un siphon (70 m /-5 m) qui, une fois passé, donne dans une grosse trémie avec une importante concentration en CO2. Juste avant le siphon, en rive droite, une coulée stalagmitique permet d'accéder à un boyau, élargi sur quelques mètres, d'où sort un courant d'air fortement concentré en CO2 lui aussi.
Vers l'amont, il faut passer une seconde voûte mouillante sur la gauche pour pouvoir continuer la progression, la galerie se redresse brusquement et prend de l'ampleur (3 m x 10 m), la progression s'effectue sans difficulté sur 500 m. Vers la fin, on remonte un joli canyon agrémenté d'une cascade (2 m) avant d'arriver dans une salle. L'accès au siphon amont (247 m / -27 m) se fait par un passage bas.
Dans la salle, une escalade évidente permet d'accéder aux galeries supérieures après un passage dans une trémie. Nous sommes ici à la côte 0 ! De là, une vire revenant sur le siphon permet d'accéder à une escalade de 10 m puis à une seconde de 30 m : A poursuivre.
En continuant la galerie supérieure on parvient rapidement à un premier carrefour. La remontée à droite permet d'accéder à une salle d'où provient un petit actif (à l'étiage). Un boyau sur la droite continue (présence de courant d'air). Revenons au carrefour pour prendre à gauche. La galerie spacieuse qui fait suite se divise encore rapidement.
A gauche, la galerie continue sur une centaine de mètres et s'arrête dans une salle avec des blocs calcifiés et une petite vasque. Au sol (au niveau de la vasque), une étroiture avec du courant d'air a été élargie et permet d'accéder à la suite qui butte rapidement sur une autre étroiture.
En poursuivant à droite lors du précédent carrefour, une diaclase oblige rapidement à une escalade de 6 m réalisée en 1995. Le réseau se développe sur 200 m. La galerie, d'abord basse puis plus vaste et de nouveau basse, butte sur un colmatage d'où provient un petit actif. Celui-ci se termine à mi-parcours (du réseau 95) sur un petit siphon après un surcreusement dans le méandre et un puits de 5 m.
Karstologie
La Grotte du Câble est une résurgence temporaire fonctionnant comme trop plein. Les galeries d'entrée peuvent aussi jouer le rôle de perte du ruisseau de Louyre. A la différence de la Baume de Chabanne toute proche, la Grotte du Câble est parcouru par une rivière, alors que la résurgence pérenne (le Pontet) est encore distante d'environ 9 km pour une centaine de mètres de dénivelé. C'est par la proximité du niveau de base (l'Ardèche) atteint par le ruisseau de Louyre et par l'approche de l'Oxfordien (marnes étanches) que l'on peut expliquer la présence de nombreuses résurgences temporaires ou permanentes dans cette zone. De plus, la bande à fort potentiel « karstifiable » se rétrécit au sud, ce qui forme un entonnoir dans les écoulements souterrains provenant de la partie supérieure du système.
Le réseau d'entrée suit le pendage du massif (nord/ouest - sud/est) alors que le collecteur s'est creusé à la faveur d'une fracture nord-sud. Lors d'un fonctionnement en trop plein, la mise en charge du réseau (25 m) atteint le départ des galeries supérieures ! Ce qui fait de la grotte du Câble une cavité dangereuse en crue car les échappatoires sont rares et inconnues. Fait rare sur le Coiron, les galeries supérieures ont sûrement pour origine des actifs (d'un faible débit à l'étiage) et dont la provenance reste encore inconnues.
L'information apportée par les dernières colorations nous indique que l'origine de la rivière du Câble n'est pas celle de la Combe Rajeau ! On peut donc l'expliquer par un réseau souterrain de Louyre indépendant de celui de l'Eyrolle jusqu'au Câble.
Si le potentiel à l'amont laisse rêveur (plus de 2km / +80m) avec le siphon terminal de l'Abîme Valérie, la morphologie du siphon amont laisse entrevoir une zone noyée entre les deux.
Vers l'aval, la proximité de la Baume de Chabanne, la trémie et le CO2 à la sortie du siphon, ainsi que les mises en charge du réseau laissent augurer un franchissement problématique.
Bibliographie
TUBES (bulletin du CDS 07) :
n°8 (1973) p33
n°9 (1974) p26
n°10 (1975) p28 à 31
n°11 (1976) p15 à 17
n°13 (1979) p13 à 15
n°17 (1982) p39