Grotte de La Mescla

ou de l'eau salée ou de l'eau fade

Commune de La Mescla

Carte 3642 Roquesteron
Coordonnées : X = 988.715 ; Y = 190.660 ; Z = 200m

D = 1 800 - P = 61

 

Localisation_1 (c. Salti)
Localisation_2 (c. Salti)
général
détail

Coupe Coupe amont
Plan Plan complet
Coupe S3 Plan S3
Coupe intégrale

Récit Volanthen mai 2005
Récit Establie avril 2006

Récit -165 m et -200m Eté 2015

par Jean-Claude tardy

informations par Y. CREAC'H, Club Martel, Nice.
Didier Sessegolo et Eric Establie

Mise à jour Juin 2016 (R Bouchard)

Situation

Entrée supérieure sur la N 202 allant vers Castellane, après son Intersection avec la N 205 allant à Saint-Etienne de Tinée. L'entrée se situe dans la falaise surplombant la N 202, au fond d'une sorte d'abri sous roche peu profond. 4 m au-dessus de la route, entre deux tunnels et 60 m avant le tunnel amont. Entrée inférieure 30 m avant le tunnel, au niveau du Var et entre la route et la ligne de chemin de fer.

Historique

L'exutoire est probablement connu depuis fort longtemps. En 1897 Giraud, de Nice, visite en partie l'étage supérieur.
Trois ans plus tard, J. Gavet effectue une reconnaissance dans les étages moyens et s'arrête au lac du puits double dans l'étage inférieur.
En 1936, une équipe constituée de MM Fabre, Péan et Gegauf, dans le but d'aménager la cavité, explore la quasi-totalité du réseau supérieur jusqu'au siphon Spada.

De 1947 à 1965, le club Martel (C.A.F. Nice) porte le développement de la grotte à 1800m, grâce notamment à de nombreux aménagements (équipements fixes des remontées, installation de passerelles, destruction de siphons). Les siphons amonts : le grand siphon, également dénommé "dernier siphon" (en fait le quatrième si l'on tient compte des 3 premiers successifs du réseau inférieur) a fait l'objet de nombreuses investigations.
Première plongée le 1 l novembre 1956 par J. Masson (25m, -8m).
Le 13 décembre 1964, M. Cutini sort le premier siphon et reconnaît le second jusqu'à -6m. Une deuxième tentative, le 4 avril 1965, lui permet de descendre à -20m. Le 2 mai suivant, le même plongeur accompagné de Mathivaud passe le point bas -24m et effec-tue une partie de la remontée qui suit.
Parallèlement à ces dernières explorations, J.P. Maison avec le concours d'une équipe des éclaireurs niçois parcourt 130m dans le S2.
Le 19 juin 1966 Tosello, Stuar et Calvo poussent jusqu'à 160m (-16m) où ils s'arrêtent au sommet d'un puits.
Le 12 mars 1972, G. Moïse et deux plongeurs du Spondyle Club d'Antibes effectuent un parcours de 365m* (au retour, mort accidentelle de Moïse entraîné par le courant dans une perte avale du siphon).
En 1973, J. Hasenmayer atteint un nouveau point bas (-65m).
Les 24 et 25 décembre 1980, E. & F. Le Guen parcourent au total 460m (-69m), et c'est finalement J. Hasenmayer, en 1983, qui sort le siphon en rajoutant 320m de fil. supplémentaires (Arrêt sur siphon 3).
Le 28 septembre 1986, D. Sességolo et A. Ros échouent dans leur tentative de plongée du S3. Au retour, A. Ros trouve la mort à 200m de la sortie du S2. Le 11 juillet 1987, D. Sességolo assisté de J.C. Tardy reconnaît 200m (-24m) dans le S3. Dans la nuit du 26 au 27 juillet suivant, F. Leguen explore 300m supplémentaires (-80m).

En aout 1989, Jean-Claude Tardy découvre une cheminée à partir de –38 (400m). En septembre puis décembre 1989, avec Didier Sessegolo, 60m de galeries sont remontées jusqu’à la surface. Un ressaut rejoint rapidement le S.3 bis (30m ;-25) bouché par des blocs.

Le 11/03/1990, Ils revoient le S.3 bis sans plus de résultats et remontent une cheminée post S.2, arrêt sous des blocs coincés.

* ce chiffre ne pouvant vraisemblablement correspondre au point extrême atteint, nous pensons qu'il s'agit soit de la distance totale parcourue depuis l'entrée du S1, soit du cumul aller + retour effectué dans le S2. C. Chabert annonce 220m (Les Grandes Cavités Françaises) et F. Le guen 160m (Grottes et Gouffres n°109).

Le 13/10/2004, Rick stanton dépasse le terminus de 80m et atteint la profondeur de –102m.

En mai 2005, John Volanthen descend le puits jusqu'à -119.

Du 26 au 28 avril 2006, Eric Establie, soutenu par Philippe Assailly, Alexandra et François Beluche, Claude Hurey, Erwann Levray, Frédéric Martin, Sébastien de Poli, Didier Quartiano et Frank Vasseur, atteint -139 dans le puits terminal. A cette occasion, la topographie du S.3 est levée sur 315m.

A l’été 2015, Fred Swierczynski avec Didier Quartiano et Laurent Mestre en plongeurs de sécurité retrouve le dévidoir d’Eric Establie 10 ans plus tôt à -139 m et l’amène jusqu’à -165 m. Une autre plongée quelques semaines plus tard amènera le terminus à la profondeur de -200 mètres.

Description

Grotte extrêmement compliquée, faisant parfois figure de véritabls labyrinthe. Se développant dans des strates très inclinées, les galeries font des cheminements en dents de scie et il est souvent difficile de faire la distinction entre galènes et puits, ces derniers étant toujours fortement incli-nés, car creusés aux dépens des strates.

Pénétrant par l'entrée inférieure, on parcourt une série de galeries d'assez bonnes dimensions dont la partie infé-rieure est parcourue par une rivière au débit moyen de 20 l-s. formant de profonds bassins sans courant apparent. De nombreuses ramifications permettent de i'éviter en grande partie jusqu'à un point situé a une soixantaine de mètres de l'entrée où l'emploi d'un bateau est indispensable. Ce point correspond au débouché d'un puits venant des étages supérieurs. Cet étage est encore pénétrable sur une tren-taine de mètres jusqu'à un siphon, situé 1 m environ plus haut que l'entrée, la rivière étant absolument plane.
Ce dernier siphon fait l'objet de plongées en 1955. 1956. 1964 et 1965. Un passage noyé long de 12 m et pro-fond de 8 m est suivi d'une partie à l'air libre se terminant en salle à 70 m du départ. La galerie siphonne à nouveau et se transforme en un puits subvertical descendant vers -30 avec un palier à -24. Au-delà est une galerie noyée, légère-ment remontante. 300 m de siphon ont été reconnus en 1972. Quelques mètres après le fond du puits remonte une che-minée se rétrécissant en fissure reconnue jusque vers -5. Il y a des stalactites et des stalagmites dans ces parties submergées jusque vers -8m.

L'entrée supérieure, doublée sur 25 m par un boyau, arrive à un carrefour important, après 40 m. En restant sensiblement au même niveau, on a, en gros, 2 galeries parallèles avec diverses dérivations, des cheminées généralement aveu-gles 10 à 15 m plus haut et des puits descendant à la rivière en amont et en aval du siphon cité plus haut. De longs boyaux très compliqués et ramifiés, avec encore des puits, mènent à la partie amont de ta rivière qui s'étale en un labyrinthe de galeries et de siphons impossible à décrire en détail. Le dernier siphon amont, au-delà duquel aucune galerie sèche ne permet d'accéder, est celui décrit plus haut.

Revenant au carrefour, si l'on prend à l'E, on trouve une galerie descendante, parcourue en saison pluvieuse par un ruisselet et se terminant par un siphon. Mais peu après son origine, une cheminée de plafond mène 20 m plus haut dans un étage supérieur long de plusieurs centaines de mètres, formé de galeries de section généralement circulaire ou ellip-tique, avec quelques dérivations, et qui s'arrêtait à un nou-veau siphon à + 27 m : le siphon Spada. Ce siphon fut d'abord vidé, puis détruit à la mine par le Club Martel et l'entreprise Spada sur 7 m de long, donnant ainsi un passage à peu près permanent.
Au-delà, la galerie continue sur une cinquantaine de mètres, puis s'arrête au bas d'un vaste puits de 12 métrés équipé actuellement d'échelles fixes. Au sommet, on redescend jus-qu'au bord d'un bassin siphonnant : le lac Suspendu, On peut le contourner en revenant au siphon Spada en amont duquel prend au plafond une galerie très argileuse et tortueuse, montant raide, puis descendant et débouchant dans la suite du réseau principal en amont du lac Suspendu. Ce dernier a subi un commencement de vidange par destruction de sa margelle amont, mais le travail n'est pas achevé.

Le réseau continue en pente, se divise en 2 branches, dont la gauche siphonne tout de suite. Une plongée sur 15 m n'a même pas permis d'atteindre son point bas. La branche droite, ou Galerie du Bidet, passe un ancien siphon vidé puis se termine elle aussi par un siphon où aucune tentative n'a encore été faits. Une rivière de débit relativement constant parcourt le niveau inférieur de la caverne. Le débit généra-lement voisin de 30l/s monte à 200 ou 300l/s en saison pluvieuse. Cependant, lors des très longues et fortes pluies, elle peut monter jusqu'à 3000 l-s environ, envahissant alors une partie des galeries inférieures et montant de près de o4 m immédiatement en aval du dernier siphon amont. Lors de ces crues, la température descend à 12° environ et l'eau a un goût normal ; mais en période d'étiage, l'eau est à une température de 18 à 21" avec un goût légèrement salé. L'ex-plication semble devoir être trouvée dans l'hypothèse d'une source thermale de débit constant, assurant la pérennité de l'écoulement, à laquelle se mêlent les eaux venant de la sur-face et variant suivant les précipitations. Le décalage entre les variations des pluies et celles de la rivière implique un réseau très long et alimenté seulement pas d'étroites fissures depuis la surface. Le bassin d'alimentation doit être limité par la faille coupant le Mont Vial vers le S, entre Malaussène et le Reveston.

Karstologie

Oxfordien de faciès Dauphinois, bancs de rognons de chailles dans plusieurs strates, apparaissant en relief dans les parois des galeries. Pendage d'environ 50 grades vers l'W-N-W. La présence de stalagmites noyées sous 8 m d'eau dans le dernier siphon de la rivière indique que ces galeries situées sous le niveau du Var furent à sec. Il existe donc certainement un réseau inférieur inconnu, noyé ou engravé par un exhaussement du lit du Var atteignant au moins une dizaine de mètres.

Recommandations

La cavité est dorénavant fermé par une grille, dont la clé est disponible auprès du Comité Départemental de Spéléologie. Un baudrier et des longes sont bienvenus pour s'assurer dans certains passages exposés.

par Eric Establie

 

par Eric Establie

 

 



Mescla en hiver, par JC. tardy


concrétions noyées par JC.Tardy


départ en pointe dans S3, par JC. Tardy

entre S1 et S2, par Eric Establie

S2 à -5m, par Eric Establie

S2 à -6m, par Eric Establie

S2 à -24m, par Eric Establie

S2 - concrétions, par Eric Establie

dans le S2, par Eric Establie

par Eric Establie

par Eric Establie