Ce 2 mai 1972, j'allais connaître ma première plongée en siphon. Normalement je n'aurais pas du plonger dans cette résurgence, mais dans la grotte de THAÏS à St Nazaire en Royan, dans le Vercors. Cette dernière grotte était explorée et équipée depuis quelques années par mes copains du GRPS. Ils la connaissaient très bien et, pour eux, c'était l'endroit idéal pour initier de nouveaux plongeurs à la plongée en siphon.
Mais il se trouve que j'étais très bien entraîné, avide de connaître et vraiment motivé, ainsi que Daniel. Ce jour là, le temps était incertain et nous décidons de ne pas nous engager dans Peyrejal, un autre réseau. Manque de chance les eaux étaient hautes au TIRBIROU et la chatière d'entrée, de la grotte, était noyée. Cette étroiture faisait presque10 mètres de long, très large, mais vraiment étroite en hauteur. Bob (Georges) est passé en premier et je devais le suivre après qu'il ait signalé que je pouvais le rejoindre. Le fil d'Ariane avançait lentement et j'attendais. Après de longues minutes, le fil s'est immobilisé :
« - Attends un peu Denis, me dit Guy, il faut que Bob m'envoie le signal.
Ok, je lui répondais, je peux mettre mon mousqueton sur le câble ??
Oui tu peux, mais attend avant de t'engager ! »
Guy était à la signalisation, Mickey et Daniel étaient équipés et nous étions dans l'obscurité de cette grotte, seule la flamme acétylène du casque de Guy nous éclairait. Mickey me servait de plongeur de sécurité, ainsi qu'à Daniel, qui était comme moi : première plongée en siphon ! Daniel me suivrait lorsque je serai passé et ensuite Mickey devait nous rejoindre. J'attendais dans cette semi obscurité, me demandant ce que j'allais voir ! Mais je n'avais aucune angoisse, j'étais curieux, tout simplement, super content d'être là !!
« - Denis, je viens de recevoir le signal « tout va bien » et « siphon franchi » !
Ok Guy, je pars ?
Fais gaffe Denis, c'est très étroit ! Tu te sens bien ?
Oui, tout va bien, j'y vais ! »
J'allumais mon phare de plongée, mis mon détendeur en bouche et ajustais mon masque. Ma laisse : une corde au poignet (30 centimètres environ), je vérifiais, qu'à l'autre bout, mon mousqueton était bien sur le fil d'Ariane et coulissait correctement. Je m'allongeais dans l'eau et commençais à palmer doucement pour m'engager dans la chatière. Je découvrais un drôle de monde et pour moi, c'était formidable ! Je tenais mon phare en main gauche, le bras tendu et j'avais ma main droite sur le haut de mon masque, pour le protéger des rochers et ne pas briser sa vitre ! C'était vraiment étroit en hauteur et mon scaphandre cognait sur la roche au-dessus de moi, tandis que mon ventral tapait sur la roche sous mon corps. Des becquets rocheux m'obligeaient à faire un parcours sinueux et comme Bob était passé avant, l'eau était un peu « poudrée », je n'y voyais pas grand chose ! Je progressais lentement en me cognant partout, j'ai trouvé la sortie de cette chatière siphonnante pour …. me retrouver bloqué par les roches.
Impossible de déboucher pour rejoindre Bob ! Je n'avais pas peur, mais pour une première plongée en siphon, c'était difficile ! J'étais coincé et je tendais les mains en avant pour pouvoir trouver un appui, m'aider à reculer un peu, pour trouver un autre passage. En fait mes mains étaient à la portée de Bob et il les saisit. Je ne voyais rien du tout, mais il me tenait bien et m'a fait reculer doucement.
Il m'a guidé sur ma gauche, quelques mètres plus loin, sans me lâcher ! Je me suis laissé faire et il m'a trouvé un passage étroit, mais très bien pour me sortir de là !! Une super expérience pour une première fois. Je me suis extirpé de cette chatière et me retrouvais près de Bob :
« - Ca va Denis ??
Oui très bien et c'est génial !!
T'as pas eu peur ??
Non, Bob, pas du tout !!
Bon, j'envoie le signal pour que Daniel et Mickey nous rejoignent !
Nous avons déplacé le câble, pour que les copains puissent éviter le piège dans lequel j'étais tombé. Tout s'est bien passé pour eux et nous pouvions continuer notre progression. Le but de cette expédition était de topographier une partie du réseau derrière le 1 er siphon. Cette première difficulté passée, la chatière d'entrée, nous avons du continuer dans des conditions éprouvantes, à quatre pattes dans 20 à 30 centimètres d'eau, en tirant avec nous notre fil d'Ariane. Nos équipements sont lourd en dehors de l'eau. Faire seulement 50 mètres de distance dans ces conditions est très dur. Ce n'est que vers 11 heures que nous avons atteint l'entrée du siphon. Un petit repos avant d'y aller, pour se reprendre un peu (nous étions entré vers 8 heures du matin).
Nous plongeons dans ce 1 er siphon et je dois dire que je découvrais un nouveau monde, d'une beauté surprenante ! Bien sur, pas de végétation ni de faune sous-marine. Mais l'eau était d'une limpidité et d'une belle couleur un peu bleutée. La roche nous entourais de tout cotés et parfois, le passage devenait très étroit. Bob était devant, avec le boîtier de signalisation et il devait sûrement envoyer des signaux « tout va bien » aux copains restés dehors. Daniel me suivait à quelques mètres et Mickey fermait la palanquée. Je peux vous dire que quatre projecteurs de plongée, qui éclairent dans une eau aussi cristalline, vous donnent une vision d'une beauté inoubliable. Surtout pour une première fois comme moi !!
Notre plongée a été assez brève et Bob nous faisait signe de faire demi-tour. Nous étions à cours de fil d'Ariane, dommage.
Entre 16 et 17 heures, nous nous engageons à nouveau, et cette fois nous emmenons le dérouleur avec nous. Une simple corde nous sert de fil d'Ariane dans la chatière d'entrée. Difficile progression à quatre pattes avec notre matériel. Guy était resté à l'extérieur, tout équipé, pour venir nous prévenir en cas de danger, ou éventuellement venir aux nouvelles si nous avions tardé à revenir. On attachait une très grande importance à la sécurité de tous. Bien sur dehors il y avait d'autres copains et copines toujours prêts à partir prévenir des secours en cas de pépin !
Péniblement nous étions arrivés au 1 er siphon. Notre dérouleur installé sur les genoux de Daniel, lui même assis dans l'eau, Mickey devait resté à la réception des signaux. Bob et moi étions les deux plongeurs de « pointe ». Je faisais une ganse sur le câble à 4 mètres de Bob. Lui même avait le câble attaché à son poignet et, à la main, le boîtier permettant de réaliser une liaison téléphonique dans le cas ou nous aurions pu déboucher, c'est à dire, trouver la sortie d'un siphon comme celui ou nous allions plonger. Un bouton poussoir permettait d'envoyer des signaux lumineux selon un code. Nous avons progressé dans ce siphon, Bob et moi, à une distance de 100 mètres et une profondeur moyenne de 10 à 15 mètres. Notre fil d'Ariane était bloqué dans les roches, quelque part derrière nous, et il faut dire que ce siphon est très accidenté et tortueux. Nous n'avons pas pu aller plus loin. Je regardais ce monde inconnu pour moi, mais inconnu aussi pour Bob et nos copains restés à l'arrière !!
Bob s'est retourné vers moi et me faisait les signes tout va bien et retour. Il avait déjà envoyé les signaux lumineux « tout va bien », « stop » et « retour ». Je me retrouvais devant Bob, normal, pour le retour on ne change pas de place !! Si j'étais en deuxième pour l'aller, je devenais le premier pour revenir ! Je tirais, gentiment, sur notre fil d'Ariane pour le débloquer, surtout ne pas le casser sinon… On est perdu !! J'ai senti que le câble était dégagé quelque part et les tractions très douces de Mickey et Daniel !!
Ils accompagnaient notre retour et devaient nous sentir comme un poisson au bout d'une ligne de pêche !! Fini pour cette fois le TIRBIROU. Les eaux étaient trop hautes et, à la vue de cette hauteur d'eau, le passage de la chatière d'entrée était dangereux et tout le réseau que nous voulions explorer pour le topographier était noyé !
JUILLET 1973
Mêmes problèmes que l'année d'avant ! Le temps n'est pas très sûr, pourtant en Ardèche il fait très beau à cette époque de l'année.
Cette fois le niveau de la résurgence est très bas et la chatière d'entrée est sèche. Le peintre (Henri P.), Pépé (Yves) et moi constituons l'équipe d'exploration. Nous faisons une petite reconnaissance et très vite nous nous apercevons que cette fois, le réseau n'est plus noyé et que nous pouvons exploiter cette chance !! Nous rejoignions toute l'équipe extérieure et nous repartons avec tout notre matériel : les scaphandres, les moyens pour topographier et tout ce qu'il faut pour assurer une communication avec le camp de base dehors ! Tout le monde est là et nous sommes trois à partir pour l'inconnu, avec le soutien de nos copines et copains !! Bien sûr, rien n'est simple comme toujours, à trois nous partons en déroulant un câble pour assurer une liaison téléphone avec l'extérieur. Mais il faut transporter notre dérouleur et notre téléphone, issus des surplus de stocks américains !! Ces bons vieux téléphones à manivelle et seulement 2 fils pour assurer le contact avec un ou plusieurs autres postes !! Le niveau des eaux étant très bas, nous sommes parvenus à l'entrée de ce premier siphon que n'avions jamais franchi :
L'approche du siphon n'avait pas été facile avec tout ce « matos ». Pépé avait la liaison téléphone avec l'équipe de soutien. Nous on savait que dehors il faisait soleil et que les oiseaux chantaient ! Ici, seule la flamme acétylène de nos casques nous éclairait et savoir que nous étions quand même en relation avec notre équipe extérieure nous faisait plaisir, on savait qu'ils seraient toujours là pour nous aider en cas d'urgence. Surtout pour la météo ! Henri et moi étions près à partir et Pépé resterait au dérouleur et en communication avec nos copains dehors. Bien sûr Pépé s'était équipé de sa tenue de plongée et de son scaphandre, il était notre plongeur de sécurité et il allait recevoir tous nos signaux lumineux
Pépé ressemblait à un ours des cavernes !! Il était prêt à pousser des coups de gueule. On avait l'habitude et pour évacuer le stress du moment, il nous parlait fort et très mal !! Normal, il allait attendre plusieurs heures, tout seul ici :
« Allez ! bande de trous du cul ! et faites gaffe !!
Ca va, Yves, on part ! »
La plongée de ce siphon se déroule bien et nous topographions pour avoir le maximum de renseignements. Pas facile ! Mais c'était le but de cette expédition. Nous avons débouché, sortis du siphon après plus de 100 mètres de progression. Nous ne sommes plus dans l'eau, mais dans une petite salle au sec, si l'on peut dire ! Il faut savoir que nous avions des palmes spéciales qui permettent d'avoir des chaussures. On enlevait nos palmes sans problème et pouvions marcher normalement !
Remarquez sur cette vue, à gauche, des palmes normales, mais à droite, ce sont ces palmes un peu spéciales, avec une grande ouverture. Cela nous permettait de les chausser sur des chaussures (souvent, ces chaussures étaient des « Pataugas »), de pouvoir enlever nos palmes et marcher, tranquille, au sec !!
Le signal siphon franchi est envoyé à Pépé et nous lui demandons une liaison téléphone. Elle est établie :
« Alors, dit Pépé, vous voyez quoi ??
On est dans une salle et il y a un départ de galerie, dit Henri
Ok ! vous avez pu topographier le siphon ?
Oui, mais il continue plus loin, on va voir ici avec Denis !
Je préviens l'extérieur que vous avez débouché !
Nous entendons Pépé communiquer avec nos copains dehors. Tout excité :
C'est bon ils ont débouché et vont partir !!
Comment, dit il ??
Bien sur nous ne pouvions entendre les autres !
D'accord je leur demande !
Denis, Henri vous avez une idée du temps pendant lequel vous aurez disparu ?
J'avais pris le combiné :
On dépose nos scaphandres Pépé, laisse nous au moins 2 heures!
Bandes de salopards, allez-y et faites attention !!
Ok Pépé, on pensera à toi ! »
Les coups de gueules de Pépé étaient toujours rassurant et nous aidaient à vraiment à évacuer le stress et les émotions de ces instants ! Mais là, nous étions émus Henri et moi, on venait de découvrir un monde ou personne n'était jamais venu avant nous, c'était une première, du vierge ! Nos équipements de plongée déposés et nos casques allumés, nous commençons notre exploration avec, bien sûr, notre matériel de topographie. Il fallait faire des relevés maintenant, car on ne pouvait pas savoir si un jour on reviendrait ici ! Depuis notre point d'émergence et la petite salle ou on se trouve, la galerie fait un angle très étroit par rapport au siphon. J'ai fait des croquis sur ma tablette d'écriture pour me souvenir et montrer aux autres à quoi cela ressemblait !
Nous partons en faisant des visées. Henri est devant et moi, je cale le compas sur le fil qu'il tire avec lui et je note tout : l'orientation, les distances, la forme et les dimensions de la galerie et toutes remarques intéressantes ! De cette petite salle au départ, très vite, la galerie se rétrécit. Ses dimensions passe de 4 à 5 mètres de large à 1,50 ou 2 mètres environ. La hauteur reste relativement constante, 4 à 5 mètres. De nombreuses cheminées sont visibles (des possibilités d'escalader pour aller voir), mais elles se terminent toutes en cul de sac. Pourtant, l'une d'elles est encombrée d'une grande coulée de glaise. Après plusieurs efforts, nous parvenons à grimper de quelques mètres. Mais là encore le passage devient trop étroit. Nous continuons notre travail. Par endroits, l'un des flans s'est effondré. Des blocs de dimensions impressionnantes, 3 mètres de haut et 5 à 6 mètres de long, semblaient avoir glissé le long de la paroi. Nous poursuivons notre topo, non plus sur le sol, mais en partie sur ces effondrements. Mon croquis montre un peu le chaos sur lequel nous évoluons !!
Ces effondrements semblent parfois instables et sont composés de roches aux arrêtes effilées et coupantes. Plus loin c'est à nouveau une galerie normale, si l'on peut dire ! Ces croquis, je les ai fait à chaud sur le moment avec mon crayon spécial qui permet d'écrire sous l'eau ou au sec, sur ma tablette !!
Après plus de 100 mètres de topo, la galerie se termine en cul de sac, tandis que sur notre gauche nous apercevons deux étroitures. Une au ras du sol et l'autre un mètre plus haut. Cela nous permet de continuer. Il semble qu'à cet endroit une lame énorme s'est effondrée. En réalité nous avons choisi une étroiture difficile à passer, mais les continuations ne seraient en fait pas une bifurcation, mais la même galerie ayant amorcée un changement de direction et dans laquelle il y avait eu un énorme effondrement. Plus tard en analysant, notre topographie, nous avons pu mettre en évidence ces détails. De toute façon pour l'instant, nous passons après avoir choisi la « meilleure » des étroitures. C'est bien un énorme écroulement ! Un éboulis qui semble malgré tout très sain. La galerie continue, mais on faisait très attention de ne pas se retrouver sous des tonnes de roches qui auraient pu s'effondrer sur nous !
On était que deux et loin de tout ! Il faut toujours penser aux copains, ou aux secours qui auraient été obligé de venir nous chercher, mais on les aurait sans doute jamais vu arrivér, nous aurions été réduit à l'état de crêpes !!
Ce croquis montre un peu cet effondrement et la continuation de cette galerie. L'aspect de cette galerie est très différent sur plusieurs dizaines de mètres, sa forme est plus ovale, puis elle reprend l'allure d'une diaclase, ce qui veut dire d'une forme pointue en haut et en bas et pouvant avoir plus de 10 mètres de haut, mais on ne peut la franchir qu'en son centre, l'endroit le plus large, parfois de 50 centimètres !
Pendant plus de 100 mètres nous topographions sans trop de difficultés, même si la progression n'est pas facile. Pourtant un changement s'opère. Le sol de la galerie est barré à plusieurs reprises par des concrétions ayant la forme de bénitiers, c'est un jargon de spéléologue. Très vite, il nous devenait difficile de continuer notre exploration sans faire un réel gâchis ! D'énormes concrétions couvraient le sol. Elles ressemblaient à de grandes oreilles d'éléphants, qui devaient faire plus d'un mètre de diamètre ! Ce sont des concrétions de calcaire très belles avec des couleurs verte, bleue, orange, etc… !! Mais elles sont très fragiles. Avec d'infini précautions nous posons nos pieds dans les rares espaces vides pour ne pas détruire ces beautés ! Sur 25 à 30 mètres c'était comme ça ! Puis la galerie se terminait sur un élargissement, 3 à 4 mètres de large et 5 à 6 mètres de hauteur. Près du sol, à quelques mètres de nous, on apercevait une chatière. Nous décidons de faire une dernière visée topographique et d'aller voir cette étroiture !
Cette chatière n'a pas été facile à franchir, d'autant plus, qu'ensuite, le sol se trouvait largement de 2 mètres plus bas ! Ensuite, le réseau changeait totalement d'aspect : galeries déchiquetées, des failles de dimensions impossible à passer, des coudes et nombreux changements de directions. Nous avons l'impression de nous trouver dans un labyrinthe, un vrai gruyère !! Au bout d'un moment, nous avons dû nous rendre à l'évidence. Il était pratiquement impossible de topographier. Tous les trous se rejoignaient, tourmentés et déchiquetés, hérissés de pointes acérées. On ne trouvait aucune continuation, à moins d'être une petite souris ! Et puis il fallait penser aux autres qui devaientt se faire un peu de soucis pour nous !! C'est là que nous en sommes restés.
Nos repères nous aidaient pour revenir, des petit tas de roches, bien disposés aux endroits où nous aurions pu nous paumer ! Sur ce retour on continuait à observer toutes les possibilités d'exploration possible ! On était presque revenu vers le siphon, notre matériel et surtout le téléphone pour communiquer avec Pépé !
« Regarde Denis, il y a une cheminée là ! tu vois ?
Oui elle semble facile d'accès je l'avais pas vu en venant !
On reprend le contact avec Pépé et on revient voir, tu es d'accord ?
Ok Henri, on va revenir, de toute façon on est pas loin du contact avec les copains maintenant !!
Ca marche ! On va sûrement se faire engueuler mais ça vaut le coup ! »
Henri souriait malicieusement, mais j'étais comme lui, on était là et il fallait que l'on termine notre exploration, ne pas avoir un doute derrière nous en ressortant d'ici. On ne reviendra peut-être jamais dans ce réseau ! C'est avec joie que nous retrouvons nos scaphandres et surtout le téléphone !! Je me saisis du boîtier et dévisse les couvercles d'étanchéité. J'envoyais immédiatement, à deux reprises, le signal de demande de communication !! Pépé m'a répondu presque aussitôt et vous allez rire, j'en ai pris tout de suite plein les oreilles !
« Alors bande de cons, vous étiez où ?
Ben pas loin Yves …
Putain, ça fait 3 heures que j'attends !!!
Mais t'as pas fini Pépé on repart Henri et moi, on a vu une cheminée intéressante !
Bon démmerdez-vous ! Vous avez bien fait les relevés topo ?
Oui Pépé on a tout plein de renseignements intéressants ! »
Voilà ! Un vrai bonheur de communiquer de cette façon !! Tous nos copains venaient de savoir ce que nous étions devenus et Pépé soufflait comme un bœuf dans ce téléphone !
Nous sommes donc repartis, Henri et moi, pour explorer cette cheminée. C'est vrai que l'on commençait à sentir un peu de fatigue ! Mais c'était plus fort que nous, on voulait savoir ! On savait que Pépé se morfondait depuis plusieurs heures, seul, dans le noir et tout équipé devant l'entrée de ce siphon pour venir, éventuellement, à notre secours ! On savait aussi que tous les copains et copines, dehors, se faisaient un peu bronzer au soleil ! Mais, on savait que l'on pouvait compter sur eux ! Mine de rien, au travers de l'ambiance qui régnait dehors, les plaisanteries, les rires, les jeux et les amusements, on savait qu'ils pensaient à nous et surveillaient la météo et passaient ces heures à attendre !! La réussite d'une exploration dépendait de tous, on était là pour ça !!
J'ai fais des croquis, avec quelques dimensions approximatives. Je parle de cette exploration, parce que, là, nous avons vraiment vu des choses à laquelle on ne s'attendait pas du tout !! Nous avons escaladés la cheminée depuis la galerie et trouvé un réseau supérieur et d'autres galeries qui se terminaient en cul de sac, comme souvent.
On continuait à grimper et inutile de vous dire que rien n'était facile. Les parois sont glissantes et, parfois, derrière un siphon, il vaut mieux ne pas tomber et se casser quelque chose…. Sinon, c'est la catastrophe pour tout le monde !! Bref, nous avons découvert des choses étonnantes que l'on n'aurait jamais pensé trouver là !! Sur mon croquis on voit un peu comment nous avons pu remonter depuis la galerie principale pour parvenir au sommet de notre découverte, 10 à 15 mètres plus haut !!
D'abord, nous avons rencontré des moustiques, tous bien vivants et heureux de vivre ici ! Mais notre surprise était de taille !! De nombreuses racines sortaient des fissures environnantes. Nous avons pu observer, dans d'autres fentes, des feuilles mortes et puis des glands ! Incroyable ! Nous étions tout près de la surface du plateau extérieur ! Pour un peu nous aurions creusé la voûte avec nos poignards de plongée pour regarder si l'on pouvait voir le soleil !
De retour, vers le siphon, nous avons remis nos scaphandres et demandé une liaison téléphone avec Pépé. En fait, Pépé n'avait aucune méchanceté, il évacuait son stress à grands coups de gueules. Il faut comprendre que, quand des copains sont parti, comme nous, pendant plusieurs heures sans moyen de communication, tout le monde est inquiet. Nous avons franchi le siphon en sens inverse et retrouvé notre Pépé. Puis direction la sortie avec tout notre matos et il fallait enrouler notre ligne téléphonique. Ensuite ressortir par la chatière d'entrée. Heureux de retrouver tout le monde et le soleil !!
CONCLUSIONS SUR L'EXPLORATION DU TIRBIROU
Dans cette partie du réseau, nous considérons que c'est terminé, on ne pourra pas aller plus loin. L'idéal serait de refaire une expédition et de continuer la plongée dans le prolongement du siphon, car, bien sur, Henri et moi avions débouchés dans cette partie du réseau. Mais le siphon continuait et c'est là qu'il faudrait chercher d'autres possibilités. Je vous livre la série de croquis suivant. Si vous les mettez bout à bout, vous aurez une idée de l'exploration que nous avons pu faire ce jour là.
Ici, l'entrée de la résurgence et la chatière où je m'étais bloqué, lorsqu'elle était noyée. Ensuite, cette galerie où l'on devait être à quatre pattes pour continuer ! Le siphon et l'emplacement du croquis N°1. Pépé nous a attendu à gauche, vers l'entrée de ce siphon !
Tirbirou coupe 3, archives Denis Lorain |
Tirbirou coupe 4, archives Denis Lorain |
La zone du croquis N°2, avec ces énormes éboulis et en N°3 un effondrement de géant !
Ici, croquis N°4, on retrouve cette cheminée ou nous avons pu observer les moustiques, les feuilles et les glands. Plus loin, la zone de concrétions, ou ce trouvaient les « bénitiers » auxquels nous avons attachés une attention particulière pour ne pas les détruirent. Cette fameuse zone de concrétions ! La fin de notre exploration ! Une chatière très difficile à passer et, encore, un labyrinthe composé de galeries très étroites et impossible à passer, à moins d'être une petite souris ! De plus c'est une zone qui présente des dangers d'effondrements. Il Vaut mieux faire attention !
Pour autant que je me souvienne, je ne suis jamais revenu plonger dans ce réseau pour en continuer l'exploration.
Denis Lorain |
Sur cette photographie, je ressors du Tirbirou. C'était m'a première plongée en siphon.
La grande faille que l'on aperçoit derrière moi, c'est l'entrée de cette grotte magnifique.
J'ignore, aujourd'hui, si d'autres équipes en on repris l'exploration. |
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Sur cette photo vous pouvez voir Henri P. Dit « le peintre ». Remarquez le scaphandre sur son dos et, sur l'avant, une petite bouteille, le ventral avec le détendeur de secours. Le phare de plongée rouge à sa main.
Tirbirou siphon, archives Denis Lorain Voici une vue de notre environnement. C'est très beau !
Tirbirou palmes, archives Denis Lorain
Tirbirou plan sortie siphon, archives Denis Lorain
Tirbirou croquis 2, archives Denis Lorain
Tirbirou croquis 3, archives Denis Lorain
Tirbirou croquis 4, archives Denis Lorain
Tirbirou coupe1, archives Denis Lorain
Tirbirou coupe 2, archives Denis Lorain
Tirbirou coupe 5, archives Denis Lorain
Yves pepe Jessaume
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