Nos expéditions dans la Goule de Sauvas et dans la résurgence de Peyrejal, étaient imbriquées, les unes dans les autres, au fil des années d'explorations. En effet, une, voire même, deux fois pas an, nous organisions une expédition indifféremment, dans l'un ou l'autre de ces réseaux souterrains.
En 1978, nous tentons une plongée, difficile, dans la grotte de la Cocalière. Il faut savoir que cette grotte est magnifique, touristique, visites guidées et éclairages parfaits ! Nous, nous sommes entrés, dans ce réseau, par un évent perdu dans la garrigue. Loin de tout, nous avons pu faire une plongée profonde et topographier la partie de cette grotte qui nous intéressait.
La Cocalière fait partie du réseau très complexe du peyrol de Chadouillet, de la Goule de Sauvas et de la grotte de Peyrejal. Toutes nos expéditions nous permettaient d'élaborer de bonnes topographies, pour évaluer l'avancée de nos explorations.
En réalité, l'équipe qui découvrait 715 mètres de galerie, après désobstruction, n'est autre qu'Henri P. et moi, ayant réussi à franchir le 2 ème siphon de la Goule, pour la première fois, dans des conditions plus que chaotiques !
L'approche du 1er siphon de Peyrejal n'était pas des plus simple, quoi que moins difficile que celui de la Goule de Sauvas. Mais cela nous demandait, là aussi, presque 2 jours de préparations. Entre le portage et le dépôt de notre matériel et le développement de notre ligne téléphonique, jusqu'au départ de ce 1 er siphon.
Le troisième jour, nous avons pu plonger dans cet inconnu. Seul, deux d'entre nous sont partis.
Chercher une issue, pour déboucher, prenait toujours du temps.
Nous avons reçu le signal « siphon franchi » On attendait. Puis un signal « tout va bien » nous est parvenu. Que faisaient-ils ? On était là, à attendre, tous prêt à intervenir. C'est assez curieux ces moments. Nous savons qu'ils sont sortis, quelque part, de ce siphon et qu'ils font ce qu'ils peuvent, pour comprendre quoi faire ! Mais nous, on attend un signe, qu'ils nous disent comment pouvoir les aider. Dans ce cas, la réponse n'a pas tardé à nous revenir, quinze minutes à vingt minutes après !
Nous avons reçu un signal « tout va bien », puis le signal « retour ». Ils revenaient, on allait savoir ce qu'ils avaient vu !
« Alors ?
Attendez, c'est incroyable !
On ne s'attendait pas à voir ce que nous avons trouvé ! »
Pépé et Bob revenaient de cette première exploration et semblaient perdus dans leurs pensées
« Si vous aviez la gentillesse de nous expliquer…demandait Daniel B.
Oui, j'ajoutais en regardant en l'air, on pourrait soupirer avec vous !
Guy s'était mis à genoux et joint ses mains :
Dites nous, je vous en prie ! Je vous en supplie même, ajoutait t'il
C'était l'éclat de rire général ! Cette fois, c'en était trop pour Pépé :
Faites chier, Putain, laissez nous réfléchir un peu !
On a découvert une énorme galerie, au bout du siphon, à 100 mètres d'ici.
Ok !
Il faut que l'on s'organise autrement, tirer une ligne téléphonique dans le siphon, pour rester en liaison avec l'extérieur !
Oui, et tous passer ce siphon pour topographier derrière.
Exact, cela semble être vaste et aller loin !
Ok, on va regarder et vérifier tout le matériel que l'on a ici ! »
Voilà, nous avons fait l'inventaire, rapide, de nos sacs de matériel. Des bobines de fil téléphone, nous avions de quoi équiper plus d'1km de réseau. Un téléphone EE8 en étui étanche était là aussi. Des pierres de carbure, en container étanche, pour alimenter nos casques étaient là. A priori, il ne nous manquait rien et personne ne serait obligé de ressortir de la grotte, pour ramener les « cent sous, qui font 100fr » ! Même nos aliments énergétiques étaient là aussi. Il ne nous manquait rien. Il n'y avait plus qu'à y aller !
Nous avons tous passé ce siphon, trimballant, chacun, un sac « texair » Avant de continuer sur la suite de nos expéditions, je dois dire que nous avions fait un expédition, spéciale photos.
L'aventure de l'exploration de Peyrejal commençait vraiment pour nous et nous sommes partis dans cette immense galerie. Ce n'était pas toujours comme cela, parfois, des étroitures sévères ralentissaient nos progressions. Nous avons topographié sans relâche, alors qu'un énorme travail était encore à faire. Des cheminées et galeries remontantes, plus d'autres départs importants, qui s'ouvraient de part et d'autres de la galerie principale. Oui, là, il y avait un véritable travail de fourmi à faire. Un travail de plusieurs années, c'est sûr !
A un moment donné, deux voies se présentaient. On verrait celle de gauche une autre fois et nous décidons de continuer celle de droite. Au terme de plus de 800 mètres de topo, un nouveau siphon :
« Bon, ben il faudra que l'on revienne !
- Oui, on a beaucoup à faire !
- On repart et on regarde !
- Oui, plein de choses intéressantes à exploiter ! »
Tout était topographié, du moins, la galerie que nous avons parcourue. En revenant, deux d'entre nous ont entrepris d'escalader une cheminée. Pas facile, on leur recommandait la plus grande prudence. De retour, ils nous expliquaient :
« On n'a pas pu grimper sur la totalité, disait Henri B. !
Oui, reprenait Henri P., mais le sommet semble se rapprocher très près du plateau extérieur !
Ok, on verra si on peu exploiter cette cheminée
De toute façon, il y a un travail monstre à faire dans ce réseau !
Exact, voir aussi la voie de gauche, où cela peut mener !
Allez, on rentre les gars ! »
Repli du matériel et des hommes, comme d'habitude. Contact avec l'équipe de soutien extérieure et passage du 1 er siphon et enfin, sortie dehors. Il faisait déjà nuit…
La réponse à notre problématique, en ce qui concerne cette cheminée remontante près de la surface du plateau, plus le travail énorme qui restait à faire ici, nous n'allions pas tarder à l'avoir. De coté du SC des Vans, avec qui nous étions toujours en relation, une jolie réponse nous a été donnée : « On va vous aider, nous ne sommes pas plongeurs, mais on a une idée ! »