Grotte de la Passerelle
Bilan des dernières explorations (1998 à
2001) |
Description des dernières explorations du FLT depuis 1997
|
1996 :
Suite à une plongée de reconnaissance faite en 1996 par Christophe
Hemery nous reprenons l'exploration systématique de cette résurgence.
Une tentative ambitieuse nous permet de voir rapidement qu'il faut nettoyer
et équiper proprement les siphons avant de tenter quelque chose de sérieux.
Hiver 1997/98 :
De nombreuses sorties on étés consacrées au nettoyage des
vieux bouts de fil qui deviennent dangereux quand la visibilité est mauvaise,
et au rééquipement des 4 premiers siphons.
Ces nombreuses sorties nous ont permis une bonne prise de contact avec la grotte
et ainsi de pouvoir définir les créneaux où la visibilité
dans les siphons est la meilleure pour tenter les pointes.
Ce même hiver deux plongées dans le S5 nous ont permis de dépasser
de quelques mètres le terminus de Cédric Clary.
La première pointe 04/03/98:
On se retrouve à deux, Jean-Claude et Christophe au fond pour transporter
notre matériel jusqu'à la vasque du S5. Cette vasque n'est pas
très facile d'accès, car il faut déjà escalader
sur 5 à 8 m en rive droite de la cascade au sortir du S4. Cette escalade
n'est pas très dure mais avec des blocs de plongée sur le dos
c'est tout de suite compliqué. Ensuite il faut remonter toute la partie
du collecteur exondé qui est encombrée de gros, voir très
gros blocs. Puis il faut passer tout le matériel entre les blocs de la
trémie terminale pour accéder à la vasque du S5 qui est
en fait sous la trémie.
Une fois que tout ça est fait il ne reste plus qu'à s'équiper
et à plonger !
Je pars le premier, le début du siphon est constitué d'une trémie
de petits blocs pas tous très stables et le passage n'est pas des plus
large. Après ce passage étroit la galerie se transforme rapidement
en laminoir bas mais la progression est simple. Le fil placé par Céderic
Clary est en lambeau mais il m'indique néanmoins le cheminement à
suivre dans cette première partie du S5. Le siphon passe à -10
puis remonte de quelques mètres pour replonger rapidement sous la forme
d'une diaclase. Là le courant est très sensible. Puis c'est un
changement de direction à 90°, le fil de Céderic est fixé
sur un béquet puis plus rien !
La première commence peut être là ! Quelques mètres
plus loin j'arrive sur la lèvre d'un puits, j'amarre comme je peux, le
rocher ne présente pas beaucoup d'aspérités à cet
endroit, et je me laisse couler jusqu'à un seuil à -28, puis la
descente continue, point bas -32 dans des blocs. La suite remonte et paraît
énorme un peu comme le collecteur dans le S4. J'amarre le fil, un coup
de sécateur et c'est le retour car les tiers sont atteints.
De retour dans la vasque je fait le point avec Christophe sur ce que j'ai vu.
Il part avec le dévidoir pour tenter de poursuivre l'explo. Il arrive
à mon terminus rapidement, branche le fil et tente de poursuivre, malheureusement
après 5m de progression le dévidoir se bloque stoppant net toute
poursuite de l'explo. Il émerge de nouveau dans la vasque pas très
content de mon dévidoir !
Point max atteint 115m Point bas -32.
Deuxième tentative le 15/03/98.
Je me retrouve au fond cette fois avec Cyril Arnaud qui m'aide pour le portage
jusqu'au S5. Le terminus de Christophe atteint je cherche la suite en hauteur
car plusieurs départs on été aperçus lors de la
dernière plongée. Malheureusement la visi n'est pas bonne et je
ne vois pas grand chose, des paquets de touille qui tombe en pluie m'indique
que je ne dois pas être loin du plafond. Je rembobine le fil en redescendant
vers l'ancien terminus, lors de la descente une galerie apparaît sur la
droite et je déroule dans cette direction, rapidement je tombe sur un
gros bloc sur lequel est enroulé du fil ! Quelqu'un est déjà
venu jusque là, ce doit être le terminus de Cederic Clary. Je déroule
encore quelques mètres jusqu'à une grosse dalle posée contre
le bord de la galerie. Un passage semble possible sous la dalle ou alors au
dessus mais la visi ne permet pas une recherche correcte.
De toute façon l'heure du retour a sonné.
Point max 145m -24, point bas -32.
Hiver 1998/1999 :
De nombreuses plongées ont échouées cet hiver pour toutes
les diverses et bonnes raisons que l'on peut rencontrer dans ce type d'aventure.
Problèmes de sinus pour Fred, d'oreilles pour Christophe, d'éclairage
pour Cyril, de débit constant entre siphons pour moi, de problèmes
matériels divers pour tous , et surtout manque de visi. Pour tenter une
pointe dans le S5 et trouver la suite une bonne visibilité est nécessaire.
L'hiver n'a pas été cool avec nous, mais il faut être persévérant
pour arriver à faire avancer les choses!
Ces ratages nous ont tout de même permis de faire un croquis relativement précis des 4 premiers siphons, la topo du collecteur entre le S4 et le S5 , d'installer une corde a la sortie du S4 pour faciliter l'escalade sur le coté de la cascade avec les blocs sur le dos, d 'affiner nos connaissances sur cette cavité et son fonctionnement. Par exemple lors d'une plongée par mauvaise visi qui c'est arrêtée dans le plan d'eau de sortie du S4, Christophe me fait remarquer qu'il y a de la mousse de crue accrochée au plafond à environ 8 m de haut par rapport au plan d'eau actuel. Ce qui veut dire que le niveau du plan d'eau peut monter au dessus du niveau de la cascade et noyer une partie du collecteur. Il ne doit pas faire bon se trouver dans les parages à ce moment là car la mise en charge est importante.
Certaines plongées ont tout de même permis de faire de la première,
en voici les fait marquants :
L'escalade dans le collecteur (au dessus de la vasque du S5):
Le 17/04/99, un créneau inespéré à cette époque
de l'année nous conduit, Cyrile, Fred et moi de nouveau devant la vasque.
Le niveau a baissé de plus de 40 cm en 3 jours. Le lac est clair, tout
semble bon.
Le temps de préparation du matériel est long car on part avec
plusieurs objectifs possible en fonction de ce que l'on va trouver tout au long
du parcours. Soit plonger au fond dans le S5, soit escalader dans le collecteur
après le S4, soit rien du tout si la dernière crue a vraiment
tout cassé.
La mise à l'eau se fait à midi, je part en premier avec un relais
dans le but d'équiper si le fil à été cassé
par la crue. Le fil n'a pas bronché ce qui est bon signe pour la suite.
On se retrouve tous après le S4 devant la cascade qui a un débit
assez fort, la fonte est permanente à cette époque, ce qui explique
la visi pas très bonne dans les premiers siphons.
On se rabat donc sur les escalades en entreprenant celle qui nous paraît
la plus prometteuse, elle est située juste au dessus du S5. Cyril fait
une escalade d'une quinzaine de mètres pour déboucher dans une
large niche, d'où part un remontant. Je le rejoint, suivi de Fred. Nous
continuons l'explo, une trémie obstrue la galerie, en escaladant les
blocs calcifiés de cette trémie je tombe au sommet de cette dernière
devant une étroiture composée de blocs calcités. En passant
le casque par l'étroiture on peut éclairer un volume important
qui semble être la base d'un remontant arrosé. Mais pour en savoir
plus il faudra du matériel de désobstruction.
La suite est une succession de deux petites salles en joint de strate
dans une zone très fracturée avec des remontants qui finissent
tous sur des trémies. A partir de la dernière salle part
une conduite éliptique d'un mètre de diamètre environ
sur une vingtaine de mètres de long. Elle débouche sur un
puits diaclase d'une vingtaine de mètres lui aussi. Il est descendu
par Cyril, le fond est constitué d'un laminoir bas où on
entend le bruit de l'eau, peut être l'actif qui coule dans le S5.
A revoir. Il n'y aura en fait pas de nouvelle plongée dans le S5 cette année là. |
Hiver 1999/2000 :
L'expérience des années précédentes nous a permis
cette année de mieux cibler les créneaux et donc d'avancer dans
l'exploration du S5.
Récit des sorties marquantes :
La pointe du 21/11/99 :
La neige qui est tombée depuis une semaine sur le massif nous permet
avec Christophe, de tenter une pointe, toujours avec le doute concernant l'état
du fil. Le froid est vif et on se dit que l'âge commence à se faire
sentir.
Il faut faire la trace dans la neige fraîche et ensuite transporter tout
le matériel qui commence à être conséquent pour une
telle entreprise.
Le départ de la plongée se fait à midi, après le
puits qui est comme à l'habitude avec une visibilité réduite,
la visi revient au niveau de la chicane et la suite est correcte.
Le passage du seuil entre le S2 et le S3 est toujours aussi délicat à
passer quand il est hors d'eau car le moindre choc sur les détendeurs
les fait fuser et ils gèlent instantanément . Cette fois c'est
au tour de Christophe qui perd 50 bars dans une de ces 10L.
Le fil est en place dans les quatre premiers siphons. Il est seulement usé
dans le S4 avant l'entrée dans le collecteur. Une réparation sommaire
et on poursuit l'aventure.
L'escalade de la cascade est bien facilitée par la corde qui a été
mise en place l'année dernière.
Le portage entre le S4 et le S5 est toujours aussi laborieux. L'équipement
du plongeur ce n'est vraiment pas top pour randonner dans les galeries.
Arrivée dans le S5 rééquipement et c'est reparti. Là
ce n'est pas la même chose le fil est cassé dès le début
du siphon. Demi-tour, le fil est attaché au bord de la vasque et c'est
un nouveau départ le dévidoir à la main. En passant je
purge la trémie de quelques blocs branlants. En fait le fil est à
changer sur toute la longueur du siphon déjà exploré il
y a deux ans. A -22 dans le puits je trouve une cheminée qui part à
la verticale mais elle me semble bien étroite.
J'arrive sur mes tiers après avoir inspecté les alentours du point
bas. Contrairement à ce que l'on pensait il n'y a pas plusieurs galeries,
la seule qui se présente c'est celle dans la quelle j'avais continué
il y a deux ans.
Il est temps de faire demi tour en faisant le ménage de l'ancien fil.
Sortie du siphon après 30 mn dans le S5, 133 m déroulés,
la galerie principale continue sud est. Comme l'axe principal du réseau.
Christophe prend le relais, il ajoutera 30 m dépassant mon ancien terminus
d'une dizaine de mètre.
Il est arrêté au sommet d'une énorme trémie de gros
blocs, en face d'un passage étroit mais franchissable avec vue sur la
galerie qui continue en légère descente.
Retour rapide sur ces tiers en complétant le nettoyage de l'ancien fil.
Retour au point de départ bien fracassés après une sortie derrière siphon de cinq heures.
La pointe du 16/01/2000 :
Une bonne semaine de beau nous conduit de nouveau au bord de ce trou. Cette
fois avec Fred.
Les plongées deviennent de plus en plus complexes en terme de matériel
à transporter aussi bien en dehors de l'eau que dans l'eau. De nombreux
voyages sont nécessaires entre les voitures et l'entrée de la
grotte puis entre l'entrée et la vasque du S1.
Après de longs préparatifs le départ est enfin donné.
Fred me transporte une 12 litres pour tenter d'aller un peu plus loin dans le
S5.
Les S1 et S2 passent sans problème particuliers. Le seuil est hors
d'eau ce qui le rend un peu plus dur à franchir surtout avec les
relais. Dans le S4 le fil qui était usé lors de la dernière plongée est cassé, il n'a pas résisté aux crues, donc il a fallut équiper sur 30 à 40 mètres jusqu'à -20. Nous installons une corde dans la vasque du S4 pour pouvoir accrocher les relais que l'on laisse à ce niveau. Ce qui évitera de retrouver le matériel au fond du S4. |
Fred part dans le S5 pour sa première visite de cette partie du réseau
avec l'objectif d'en faire la topo.
Il atteint le terminus de Christophe en prenant les relevés , la visi
est bonne.
Je part a mon tour dans le S5 avec le bi 9 et un relais 12L. Le passage de l'étroiture
du départ avec le relais au dessus de la tête demande des précautions.
Franchissement de la trémie, accrochage du relais latéralement
et c'est parti pour aller voir le fond.
Un peu plus loin le détendeur du relais se met à prendre de plus
en plus l'eau ce qui n'est pas des plus agréable et devient vite pénible,
je pose donc le relais dans la zone des moins 20 dans le puits et continu sur
le bi dorsal. Dommage car le relais est loin d'être consommé. Je
rejoins le terminus de Christophe qui est au sommet du gros tas de blocs. Face
au terminus il y a un passage entre blocs qui me paraît bien étroit,
la galerie semble continuer légèrement sur la gauche mais après
un dizaine de mètres c'est le cul de sac!
La suite n'est pas aussi évidente que l'on pensait. Je rembobine le fil
en direction du précédent terminus et juste sous moi entre des
blocs énormes il y a un passage, peut être la suite? Après
avoir inspecter les alentours composés de blocs enchevêtrés,
je me laisse couler entre les blocs sans trop frotter, le fil se déroule
et je me retrouve dans ce qui semble être une galerie énorme qui
descend fortement. Je me pose sur le fond à moins 36, vue à moins
40, moins 45m.J'ammare le fil et il temps de faire demi-tour. Un rapide tour
d'horizon pour mémoriser les lieux je ne m'attarde pas trop lors du passage
dans la trémie mais elle sera à inspecter de plus près
un autre jour car elle parait gigantesque.
Le retour se passe sans problème particulier c'est presque de la routine
mais toujours éprouvant.
Dans la voiture lors du retour les plans sur la commette vont bon train pour
imaginer la suite, et si ça plongeait vraiment profond???
L'escalade au dessus de la vasque de sortie du S4 :
Après quelques sorties de rééquipement on se retrouve avec
Christophe le 25 février devant le lac pour tenter une escalade au dessus
de la vasque du S4 avec l'objectif d'atteindre un semblant de galerie d'où
coule un petit actif.
Après les quatre premiers siphons la phase changement prend du temps
pour passer du plongeur au grimpeur.
Christophe attaque l'escalade par une grande traversée à partir
de la cascade, au début facile puis le rocher devient plus raide, friable
et boueux . Il passe un premier éperon en grattonant avec les chaussons
de plongée ! La suite n'est pas très prisue, il décide
de poursuivre en artif après quelques tentatives, lors d'un rétablissement
sur une dalle grace à un piton plus posé que planté, le
piton s'arrache et il fait une chute de 3 à 4 m en emmenant au passage
le coinceur précédent. Moment intense car une chute dans cette
zone de la cavité c'est vraiment pas un bon plan. Heureusement il répond
à mes appels et ne semble pas être blessé. Après
être remonté sur la corde, il reprend l'escalade toujours aussi
déterminé. Le passage n'est pas évident avec les pieds
et les mains plein de boue. Après plusieurs tentatives il passe ! Arrivant
en bout de corde il fait relais avant la traversée ultime dans un mur
de boue vertical. Je le rejoins à mon tour et on renforce le relais avant
d'attaquer la suite. Finalement il négocie la traversée par un
mouvement en allongement dicté par les deux seules prises praticables
dans cette verticalité boueuse.
On arrive finalement dans la galerie tant convoitée. Et ça continue
! ! !
La suite est une galerie de 4m de diamètre en forte pente taillée
dans un rocher très propre, un petit actif y circule en son fond.
Après avoir déposer le matériel d'escalade on poursuit
la découverte avec le sourire, c'est grand et noir.
Malheureusement pour nous, notre joie est vite limitée par un très
beau puits remontant qui stoppe notre progression. C'est un puits arrosé
qui va nécessité un matériel d'escalade plus adapté
pour être apprivoisé et pour que l'aventure puisse continuer.
Retour en faisant la topo, fatigués mais contents d'avoir une autre piste
de découverte possible dans ce massif.
Hiver 2001/2002 :
Pour plusieurs raisons les plongées de cette années ont été concentrées sur la topo complète de la cavité et à un aménagement de l'accès au S5 pour les pointes futures. L'exploration continue pour le FLT dans cette résurgence en espérant
que nos efforts soient récompensés par de belles premières
et une meilleure connaissance de cette partie du massif. |
Pour toute information : jc.pinna@free.fr