Campagne d'exploration 2008-2009 dans la Dragonnière de Gaud (07)
par Frank Vasseur |
Présentation de nos activités dans cette cavité en 2008 et 2009. La suite en 2010. Cette cavité est située sur les terres de la Réserve Naturelle des Gorges de l'Ardèche, son accès est réglementé et limité à quelques mois dans l'année. Elle abrite le crustacé isopode Sphaeromides raymondi, espèce endémique connue de moins de dix stations du sud de la France, pour lequel aucun prélèvement n'est autorisé. Nous nous sommes limités aux plongées d'exploration, afin de respecter les réglementations et ne pas abuser de la bienveillance et la confiance des responsables.1) 5 et 6 janvier : Premier contact : Jean-Pierre et Catherine Baudu, David Bianzani, Denis Grammont, Christian Moreau, Roland Oddes, Sébastien Rocheil, François Tourtelier, Chantal Messian. Ardèche en Crue, impossible de traverser avec le matériel dans les canoës. Topographie de l'entrée jusqu'au siphon. 2) Dimanche 3 février , nous avons fait une première plongée dans la Dragonnière de Gaud. Nous avions rdv à 9h30 à la barrière avec M. Christian Pare, gardien de la réserve. Il nous a ouvert puis accompagnés jusqu'au bivouac et aidés pour la mise à l'eau de la barque. Nous l'avons préférée au canoë, et ce fut efficace (plus de place, plus stable : 1 matos d'un plongeur + 4 gaillards). Le siphon était laiteux (3 à 4m de visi). Le sol est essentiellement recouvert de sable et une fine pellicule de limon recouvre toute la section de la galerie. Mise en suspension rapide, il faut palmer « léger » au risque de touiller. Le fil en place a résisté aux crues, mais il est un peu entamé par endroits et le métrage est aléatoire. La lucarne de –12 est haute de 2m et large de 1,5. Elle se passe sans problème avec le recycleur au dos + deux relais. La galerie descend régulièrement, avec un petit replat à –38 et un autre à –63 (laminoir de 1,5m x 3m), encombré de blocs anguleux entre lesquels il faut sinuer. J'ai poursuivi la reconnaissance jusqu'à –65 (environ 250m), profondeur atteinte en 11 minutes de plongée, en descendant tranquillement et en déposant un relais à –12. Emersion au bout de 50 minutes de plongée (paliers au VR3 version Bulhman). Pour la prochaine plongée (prévue début mars) nous partirons à deux afin de reéquiper et topographier le siphon jusqu'au point bas, et peut-être un peu plus si tout se passe bien. Participants : Eric et Arthur Establie, Didier Quartiano, Frank Vasseur. Matériel utilisé : recycleur à circuit fermé « Megalodon-Copis » à injection manuelle. Conditions : Température de l'eau : 15°C Observations : 1 niphargus et beaucoup d'asellus. 3) Samedi 1 er mars 2008 Hier, nous avons poursuivi les investigations dans la Dragonnière de Gaud. Le niveau de l'Ardèche était très bas (plaque d'égout sur la plage d'embarquement à sec) et il a continué de baisser durant la journée. Nous avons tiré une corde en travers de la rivière afin de constituer un guide, sur lequel se déhaler depuis la barque, et installé une échelle de spéléo pour monter le redan au-dessus du débarcadère en rive gauche. La visibilité était meilleure que lors de la dernière plongée (5m environ) Deux plongeurs en recycleur et au trimix ont intégralement reéquipé le siphon (fil d'Ariane 2,5mm décamétré + une marque tous les 5m) depuis l'entrée jusqu'au terminus actuel. L'ancien fil était rompu à plusieurs reprises à partir de –70. La topographie a été levée depuis l'entrée du siphon jusqu'à 325m (-83). Un plongeur en tête reéquipait, le second suivait en topographiant. La diminution de la visibilité, combinée à l'usage d'un compas long à se stabiliser, a considérablement allongé le temps consacré aux relevés. Arrêt sur durée d'immersion. Le terminus de la cavité a été sensiblement dépassé, l'arrêt actuel se situe à 420m du départ, à –54 (après un point bas à –89), dans un puits remontant orné de cannelures. La prochaine plongée sera orientée vers la poursuite de la topographie, des prises de vues vidéo et la poursuite de l'exploration. Participants : Alexandra et François Beluche, Eric Establie, Claude Hurey, Didier Quartiano, Frank Vasseur. Matériel utilisé : recycleurs à circuit fermé :
Décompression calculée avec des ordinateurs multi-gaz à PPO2 constante embarqués fonctionnant sur l'algorithme VPM(1 par plongeur) + tables de secours calculées avec VPM. Conditions : Température de l'eau : 15°C 4) we des 5 et 6 avril 2008 Le week-end dernier, nous avons poursuivi les investigations dans la Dragonnière de Gaud. Le niveau de l'Ardèche était très bas (en-dessous du 0 de la station de météo France à Vallon Pont d'Arc), ce qui facilite grandement le transport du matériel, chaque fois plus conséquent. Nous avons tiré une corde en travers de la rivière afin de constituer un guide, sur lequel se déhaler depuis la barque, et installé une échelle de spéléo pour monter le redan au-dessus du débarcadère en rive gauche. La visibilité était meilleure que lors de la dernière plongée (5 à 6m environ) Deux plongeurs en recycleur et au trimix ont poursuivi l'exploration de la cavité durant 260m. Le point terminal atteint se situe à 680m de l'entrée du siphon, à –37m. Un plongeur en tête équipait, le second suivait en filmant. Malheureusement, les conditions particulières dans la cavité (ampleur des galeries, obscurité des parois, visibilité médiocre) n'ont pas permis de réaliser des images valables. Arrêt sur durée d'immersion convenue. Récit succinct : « Tout le matériel avait été acheminé la veille jusqu'au siphon (scooter, recycleurs, bouteilles embarquées) et la ligne de décompression de sécurité était installée jusqu'à –60. Les gelées matinales tempérèrent sensiblement nos ardeurs, et c'est seulement à 10h20 que les deux plongeurs franchissent l'interface, sérieusement soutenus par toute l'équipe. Dès le départ, Eric fait des essais vidéo. Comme nous disposons de 20 minutes d'éclairage pour les prises de vues, il est convenu de ne pas insister si les images subaquatiques ne rendent pas. Afin d'économiser les batteries pour la galerie exondée si d'aventure nos émergions de l'autre côté du siphon. Un signe de dépit (c'est mal engagé pour la vidéo), combiné à un autre d'encouragement (à avancer) donne le départ. Le reéquipement du fil d'Ariane est bénéfique, et nous descendons « allégro », malgré nos scooters alourdis par le matériel vidéo. En 11 minutes, nous atteignons en le terminus de la partie topographiée (325m ;-83). Il est convenu que je poursuive la topographie, pendant qu'Eric tente à nouveau des prises de vue. Là, stupeur ! Je cherche mon compas (tout neuf car j'ai récemment perdu mon fidèle compas e relèvement dans une source pyrénéenne), accroché à un mousqueton sur la bretelle de droite, en vain. J'enrage, tant pour l'impossibilité de lever la topographie que pour le prix de l'instrument. J'en fait part à Eric par ardoise interposée. Tant pis, autant avancer, nous la ferons la prochaine fois. Le point bas (360m ;-89) est atteint en 15 minutes. L'ordinateur affiche 50 minutes de paliers. Nous amorçons la remontée en longeant d'abord un talus d'argile avant que le puits se verticalise, à partir de –75. La goulotte est striée de profondes cannelures verticales attestant d'un fonctionnement à l'air libre. Rapidement, nous retrouvons le dévidoir déposé à –54 (420m)lors de la dernière plongée. Nous entamons l'équipement de cette puissante verticale subaquatique (le puits « Messine…hein »), rythmée par les premiers paliers de décompression. Les points d'amarrage se font rare, il faut les guetter longtemps à l'avance. Les parois sont tapissées d'argile et de limons volatiles. Chaque pose d'amarrage génère un nuage d'eau trouble. Sous les surplombs, on remarque des espèces de formations limoneuses verticales, à l'allure d'algues souples, qui se délitent et s'effritent à la moindre turbulence. Nous remontons ainsi jusqu'à – 27, en vue du plafond. La suite n'est plus vers le haut, nous filons à l'horizontale en longeant une paroi verticale (rive gauche), sans vue sur le fond du puits. A 480m, le sol apparaît. C'est une vaste galerie de 5m de large pour 6 de haut, toujours tapissée d'argile (c'est une constante de la cavité). A 498m (-30), les parois se resserrent(4 x 4m), un chaos occupe le centre du conduit et deux options se présentent. Une galerie plus modeste, plus large que haute (4 x 2m) dans le prolongement (210°), ou une lucarne (3 x 3m) en hauteur en rive gauche. Le temps de raccorder un nouveau dévidoir, Eric s'assure que les deux itinéraires se rejoignent illico. Nous optons pour le bas, le plus large, qui nous ramène rapidement à –40, avec un point bas ponctuel à –42. Des Isopodes particuliers : le Spheromides Raimondi, occupent également cette partie de la cavité (la galerie « bienvenue chez les cht'…ouilles »). Nous en avons observé partout dans le siphon. La galerie se restreint ponctuellement à –42, à la faveur d'une échancrure verticale, puis reprend de confortables dimensions (de 4 à 6m de large pour 4 à 3m de haut). Vers 560m, on passe un thermocline dont nous n'avons pu évaluer l'amplitude, faute de demeurer suffisamment longtemps sur site. Il y a certainement une arrivée d'eau dans ce secteur, plus claire qui plus est. Un joli redan vertical ramène à –35, avant de plonger à –38. Nous stoppons une heure après le départ, arrivés au terme du second dévidoir, à 680m de l'entrée(-37). Nous venons d'explorer 260m de galeries noyées globalement orientées sud-ouest. Pris dans un nuage d'eau trouble (particules soulevées lors de la réalisation de l'amarrage terminal), nous rebroussons la palme la main sur le fil, l'autre tractant le propulseur, devenu inutilisable dans ces conditions. Pour peu de temps heureusement, mais pareille mésaventure se produira à nouveau au point pas de –42, dans lequel les eaux chargées (lors de notre passage à l'aller) semblent s'être concentrées. Il ne doit pas y avoir beaucoup de courant dans la cavité, ces temps-ci. Les ordinateurs annoncent alors 70 minutes de décompression. Mais le passage du point bas à –89(à 72 minutes) et la progression ralentie dans l'eau moins claire durant la remontée rallongeront conséquemment la décompression. Nous attaquons les premiers paliers du retour à 85 minutes, dans une eau très chargée, en remontant les bouteilles de sécurité. Les instruments demeurent lisibles, mais guère plus. En laissant le temps filer durant les derniers arrêts, je palpe inconsciemment la bretelle de droite en me maudissant d'avoir égaré le compas. Mais surprise, le revoilà…. Je l'avais accroché sur une anneau du sanglage au lieu du mousqueton prévu à cet effet. Et comme il est sensiblement positif, il s'est glissé sur l'épaule durant la progression au scooter…. Vassore stupido ! Nous émergeons après 4h et 4h30 de plongée, bravement soutenus par toute l'équipe et évacuons dans la foulée de la matériel. Est-il utile de préciser que la prochaine plongée est d'ores et déjà en préparation ? Un petit montage des images tournées par Eric est visionnable (Quicktime requis) http://gallery.mac.com/ee06/100131 Participants : Marc Agier, Jean-Pierre Baudu, Alexandra et François Beluche, Antoine Chabanis, Eric Establie, Claude Hurey, Didier Quartiano, Frank Vasseur. Matériel utilisé : recycleurs à circuit fermé : Bouteilles de sécurité déposées :
Progression au scooter Submerge UV 18, sur lesquels étaient montés le caisson vidéo + éclairage pour l'un et de l'éclairage pour l'autre. Décompression calculée avec des ordinateurs multi-gaz à PPO2 constante embarqués fonctionnant sur l'algorithme VPM(1 par plongeur) + tables de secours calculées avec VPM. Vêtements étanches en néoprène 2mm et 4mm pré-comprimé. Plongées de 240 et 271 minutes. Conditions : Température de l'eau : 15°C Camp 2-4/10/2009 Ce premier we d'octobre a été mis à profit pour poursuivre l'étude et l'exploration de la Dragonnière de Gaud (commune de Labastide de Virac), dans les somptueuses Gorges de l'Ardèche. L'étiage exceptionnel a réduit la rivière à un « pissadou de chagrin », ce qui facilite les traversées et un petit peu le portage. Le vendredi après-midi, nous nous retrouvons à 14 heures à la barrière de la piste, avec Judicael, Mehdi et Emerick. Après avoir déchargé les véhicules, nous embrayons illico sur l'équipement des passages à sécuriser, notamment Judicaël (franchissement de la rivière, redan extérieur, ressaut + vire dans la caverne) et le portage de tout le matériel. Eric et Arthur arrivent pour le goûter, et à 18 heures, Emerick et Mehdi s'immergent pour installer les bouteilles de décompression de sécurité à –6, -18 et –30. En soirée, Jean-Pierre et Catherine nous rejoignent. La nuit est sublime, lune presque pleine, éclairages rasants sur les hautes falaises, pas un nuage, concert de craquements de bois défoncés par les hordes de sangliers coutumières des lieux. Nous avons convenu d'un premier rendez-vous de contact 3h30 après le départ, puis un autre chaque 30 minute ensuite. Le profil ascendant nous laisse espérer une poursuite de la remontée, et pourquoi pas, un franchissement… L'espoir, les fantasmes, le disputent aux hypothèses plus raisonnées. Nous nous immergeons à 11 heures. Eric a monté son caisson vidéo + éclairages sur le scooter. La veille, j'ai procédé à divers test afin de m'assurer que le scooter ne perturbe pas le compas de relèvement. En effet, il faut le tenir éloigné de 40cm au moins pour éviter les perturbations magnétiques. Nous évoluons dans l'eau troublée jusqu'à la limite des plongées précédentes. Passé le rétrécissement de –65, l'horizon se révèle. La visibilité est exceptionnelle pour la cavité, que nous avions jusqu'alors parcourue dans un brouillard. Avec 8m environ, l'intégralité de la section est visible. Nous nous autorisons quelques distances, ponctuelles, avec le fil d'Ariane afin d'optimiser les trajectoires au scooter et limiter la turbidité près du fil, lors du retour. Et aussi parce que c'est fichtrement bon ces « rides » hypogées. Au terminus topo (325m;-82), j'attaque le relevé. Le carnet, fixé ouvert sur le corps du scooter, libère une main tout en offrant un support bienvenu. Le compas, solidarisé du poignet par une dragonne, ne risque plus de jouer les filles de l'air. Nous atteignons le point bas (-87) 18 minutes après le départ. Allumage des feux, et amorce de la remontée, dans une jolie galerie d'abord, puis une impressionnante fracture verticale, haute de 67m. Eric filme, les visées topographiques alternent avec les premiers paliers de décompression. Je dépose une bouteille de 20l en sécurité, pour un éventuel passage retour de la galerie profonde en circuit ouvert. Nous regardons de plus près le talus afin de réduire la profondeur du point haut, en tête du puits. Rien à faire, il faut passer à 30m, une sorte de col ponctuel. Cela fait 30 minutes que nous avons quitté la surface. Nous poursuivons de la sorte notre tandem vidéo-topographique, dans la sinuosité modérée du conduit. Si la visibilité s'est considérablement améliorée depuis les explorations précédentes, le conduit est tout autant intégralement tapissé d'argile. Les quelques bulles expirées décrochent des rideaux d'argile, qu'une palme effleure une paroi, qu'une visée impose un appui au sol, l'eau s'opacifie immanquablement. La prise de relevé est un tantinet acrobatique, j'essaie de limiter au maximum les contacts avec les parois. Mais la majorité des amarrages sont au sol, à défaut d'autres possibilités de fixation. A 560m du départ de la partie noyée, nous retrouvons le thermocline observé la fois précédente. L'eau plus fraîche surmonte celle, plus chaude (15°C) du siphon. Lors de l'exploration précédente, alors que l'eau du siphon était moins claire, la couche supérieure était plus limpide. Aujourd'hui, c'est le contraire. La tranche d'eau superficielle est sale, grise. Elle s'étale sur une trentaine de mètres, puis disparaît. Eric passe devant, comme convenu, pour prendre quelques images des relevés topos, faire quelques prises de vues avec un sujet en progression frontale. Nous ne sommes plus très loin du précédent terminus, matérialisé par le dévidoir abandonné la fois précédente, dans un nuage de touille. J'avance au scooter en finalisant une prise de cap, un tantinet ébloui par les phares d'Eric qui s'est décalé en rive gauche. Ce faisant, l'argile flue vers le sol, masquant la partie inférieure de la galerie. Je cherche des yeux le fil d'Ariane, en quête de la prochaine station topographique, sans arriver à le localiser. Surtout pas dans la purée qui recouvre à présent le sol. Alors que j'envisage de dépasser le nuage, j'entends les invectives orales d'Eric qui m'indique, force gestes à l'appui, que le dévidoir laissé en avril 2008 est là, au milieu des volutes opaques. En effet, j'aperçois, l'espace d'un instant, la gaine orangée de la poignée. Piquant illico sur ce bobineau, qui symbolise le point ultime de la précédente exploration, je l'attrape à tâtons. Nous avions convenu de dérouler les quinze mètres encore disponibles, afin de garantir la continuité du métrage du fil. Manque de chance, l'année en immersion a définitivement bloqué le mécanisme. Enveloppé par un brouillard dense, j'exhibe à bout de bras, le dévidoir hors service en réclamant à Eric celui destiné à la suite. Raccord en aveugle autour du fil et de l'armature du dévidoir, puis remontée afin d'émerger de la gangue et retrouver des repères visuels. Eric m'indique illico la direction de l'amont. Nous filons alors en première. Il est grisant de dérouler du fil au scooter. La galerie s'étire en hauteur : 4m de large pour environ le double de haut. Nous quittons le sol, et ses dépôts volatiles, pour la partie médiane, heureusement garnie en lames d'érosion. Le fil est amarré en hauteur. Chaque contact avec la paroi occasionne des avalanches d'argile. Rapidement, le conduit se referme. Partiellement. Au sol, un passage surbaissé semble engager une descente sur un talus limoneux. Par acquis de conscience, je scrute les plafond en quête d'une autre alternative…qui se révèle. Une lucarne, sous le plafond incite à tenter la chance de ce côté. Et puis, ne rêvons-nous pas d'émerger ? Effectivement, passé un bref col (3x1,5m) à –36, la lucarne débouche brutalement sur une vaste salle noyée déclive. En suivant, à distance, la forte pente du sol, nous arrivons sur un prolongement en fracture, abordé par le plafond. Je confectionne un amarrage à –51. Sous les palmes, la déclivité de la galerie s'accentue, au moins jusqu'à –56. La suite se situe à la base de la fracture, par un rétrécissement en hauteur, somme toute très relatif au regard du volume qui y conduit. Cette évolution ne m'enchante guère. Je ne m'étais pas préparé à plonger à nouveau après un tel profil. L'abaissement de la voûte augure une réduction considérable de la visibilité et j'ai en mémoire les passages « en aveugle » du retour lors de la précédente exploration. La fatigue des semaines précédentes joue aussi. Je préfère m'en tenir là, à 790m de l'entrée après 105m de première. Eric, au contraire, se sentirait de poursuivre, il a déjà reconnecté son trimix « fond » sur sa boucle en prévision de la descente. Je lui fais signe que j'arrête et que je retourne doucement en topographiant la partie explorée aujourd'hui. Ainsi, nous serons « à jour » à ce niveau et la prochaine pointe n'en sera que plus efficace. Je fais demi-tour 55min après le départ en topotant tranquillement. J'en profite pour observer plus en détail la partie découverte. D'abord le puissant volume au sol occupé par la dune déclive, puis la lucarne, enfin la fracture. Notre passage, pourtant dépourvu d'émissions de bulles en quantité, a cependant affecté la visibilité, les particules commencent à descendre des plafonds. Arrivé au nuage opaque, là où la galerie prend une allure de jolie conduite forcée, je boucle la topo. Le nuage, généré par le raccord des dévidoirs, s'est étendu un tantinet vers l'aval. Je progresse à la palme en poussant le propulseur. Une fois franchie la partie « dense », je on y voit suffisamment clair pour évoluer au scooter, mais tout juste, la main sur le fil. J'entends le son du scooter d'Eric. Il est descendu à –57, a franchi le passage et découvert une galerie confortable, horizontale. Nous rentrons en douceur, une main sur la poignée du propulseur, l'autre, câline, sur le fil. La visibilité est réduite à 1m environ. Cette dégradation chronique de la visibilité remet en cause notre organisation. Quand tout se passe bien, nous rentrons avec des conditions de visibilité « limite ». En cas de problème, ou de passage en circuit ouvert (avec ramonage des plafonds par les bulles) la communication, l'entraide serait vaine. Comme on s'orgnaise pour le pire plutot que pour le meilleur, il est clair que la cavité ne se prête guère au fonctionnement en équipe. Nous repassons le point bas à 76 minutes, puis entamons les ultimes paliers de décompression à –66, 83 minutes après le départ.
Résultats de la plongée de pointe :
Dimanche matin, Emerick et Arthur espèrent trouver un siphon décanté pour profiter un peu du paysage, mais la visibilité n'excède pas 1,5m. Le site est déséquipé. Un montage des images tournées par Eric est visionnable (Quicktime requis) http://gallery.me.com/ee06/100287 Le siphon amont est dorénavant exploré sur 790m, arrêt à –57 après un point bas à –87 suivi d'une point haut à –30 et un développement à –40. La prochaine exploration se fera en solo du fait de la forte propension à la turbidité de la cavité, elle sera couplée à des prises de vues photographiques dans la branche descendante du siphon. Remerciements : Merci à
Participants : Judicaël Arnaud, Cath et Jean-Pierre Baudu, Mehdi Dighouth, Eric et Arthur Establie, Emerick Houplain, Frank Vasseur.
Matériel utilisé : recycleurs à circuit fermé : - « EDO 04 » à injection manuelle avec redondance en EDO semi-fermé ; Ligne de décompression de sécurité : O2: 2 x 7 L 200 b + 10L 200b 1 x 7L O2 200 b 1 x 20L 10/65 à 240b Progression au scooter Submerge UV 18, sur lesquels étaient montés le caisson vidéo + éclairage pour l'un et de l'éclairage + matériel re relevé topographique pour l'autre. Décompression calculée avec des ordinateurs multi-gaz à PPO2 constante embarqués fonctionnant sur l'algorithme VPM(1 par plongeur) + tables de secours calculées avec VPM. Vêtements étanches en néoprène 2mm pré-comprimé de marque SF Tech, modèle « Classic ». Durée des plongées : 3h35 (avec un ordinateur Liquidvision) et 4h05 (avec un VR3 en mode VPM).
Conditions : Température de l'eau : 15°C |
|