Ce site se situe près d'AUBENAS, sur la route menant à LUSSAS . Baume est un terme qui désigne, entre autres, des plantes odoriférantes. Comme, effectivement, une belle végétation pousse près du porche d'entrée, je pense que c'est de là que vient se nom de BAUME.
Cette grotte se trouve à proximité d'une magnifique Rivière, ayant peu d'eau en été, la vallée de la LOUYRE. Cette vallée fait des méandres sur plus de 15km. Un chemin là domine de plus de 100 mètres, sur les hauteurs. De là, il faut descendre un sentier très escarpé de plusieurs centaines de mètres tellement il serpente et surtout, il est vraiment très pentu.
Nous avions connaissance d'une exploration effectuée par Lacroux. On savait très peu de chose, sinon qu'il avait passé un 1 er siphon et avait trouvé, dans une salle en cloche, un départ de galerie qu'il n'avait pu explorer. D'autre part, le SC d'Aubenas avait fait une très importante étude géologique de ce réseau en recherchant, ce qu'on appelle, des trous souffleurs sur les plateaux environnants. Un trou souffleur, est une petite cavité, qui émet un courant d'air. A partir de là, ils auraient pu agrandir le passage avec de petites charges de dynamites pour faire un passage praticable par l'homme. Ainsi, il aurait été possible de créer une galerie artificielle et court-circuiter le 1 er siphon de Chabannes. Rien n'a été possible, malgré leurs recherches. Ils on fait une coloration à 8km en amont, dans l'aven des Blaches. Cette coloration a été positive, puisque des eaux colorées son bien ressortis à la résurgence de Chabannes.
Ce sont les seuls renseignements que l'on avait sur ce site.
Au printemps 1972, Bob, Mickey et Pépé, avaient fait une rapide reconnaissance de ce 1 er siphon et retrouvé des traces du passage de Lacroux.
Septembre 1973, nous avions préparé notre première grande expédition. Le départ du 1 er siphon n'est qu'à 30 mètres de l'entrée de cette grotte et il est facile d'accès, donc pas besoin d'équipements spéciaux pour y parvenir.
On endossait nos tenues de plongée dans le porche d'entrée. Pour cette expédition, les spéléologues du SC des Vans nous avaient prêté main-forte pour descendre tous nos sacs et nos équipements, depuis le chemin supérieur et le petit sentier tortueux pour arriver dans cette magnifique vallée.
Nous revenions en connaissance de cause par rapport à 1972. Ce samedi de septembre 1973, tout notre matériel était à poste, avec l'aide des spéléologues des Vans (et même ceux du SC d'Aubenas). Tous étaient intéressés par l'exploration de ce site.
Le dimanche 1 ère plongée. Equipe de choc on dit certains ! Daniel B.,
Pépé et moi ! Notre but, placer un vérin de maçon à la sortie du 1 er siphon pour pouvoir laisser, d'une manière assez confortable, un copain en attente. Nous avons équilibré notre charge avec un petit tronc d'arbre, pour que ce vérin soit moins lourd dans l'eau au passage du siphon ! Ce siphon est réellement tubulaire, rectiligne, de tout juste 2 mètres de diamètre, sur 40 mètres de long.
Arrivés à la salle en cloche, ce vérin nous l'avons mis en place rapidement et Daniel a mis une laisse, de corde, autour du vérin pour ce retenir, avec un mousqueton, à sa ceinture de plombs. Ainsi, il restait dans l'eau, mais relativement à l'aise, (on avait pas pied) et pourrait faire suivre le fil d'Ariane, autant pendant notre exploration, qu'au retour ! Le but, était que nos signaux envoyés au dérouleur, ceux de Pépé et moi, soient retransmis à Daniel, par les copains du dérouleur, selon un code de tractions perceptibles sur notre fil d'Ariane, si nous avions eu des problèmes, sécurité oblige. Mais surtout, Daniel se devait d'accompagner le fil d'Ariane pendant notre plongée dans les eaux du lac de cette salle en cloche.
Nous nous sommes engagés, Pépé et moi et nous avons compris reconnaître l'endroit ou Lacroux n'avait pu passer et s'était arrêté. Un départ de galerie trop sordide pour s'y risquer !! Pas d'espoir de continuer par là ! Nous avons trouvé une solution un peu plus à gauche
et plus profonde, entre 10 et 15 mètres de profondeur. Départ d'une galerie étroite et chaotique, avec des éboulis rocheux énormes. On s'est engagés, Pépé et moi, mais n'avons pas été très loin, malgré la présence de Daniel, quelque part au-dessus de nous, à la sortie du siphon, notre fil d'Ariane s'est encore bloqué dans ce chaos ! Signal « retour » au dérouleur et retrouvailles avec Daniel, puis retour de tous au camps de base :
« Comment ça ce présente ?
Bien, disait Pépé, mais il faut qu'on s'organise autrement !
Oui, j'ajoutais, le câble coince encore, merdique ce qu'on a trouvé, mais ça continue !
On repart, disait Marcel, Daniel tu as assez d'air dans ton scaphandre ? Tu resteras en attente tout au début de l'entrée de la galerie qu'ils ont trouvé et moi, je reste en attente sur le vérin !
Ok ça me vas ! dit Daniel
Toi et moi, on va faire suivre le câble, ajoutait Marcel, vous êtes d'accord pour repartir, Yves, Denis ?
Oui, moi ça va !
Ok Denis, et toi Yves ?
On y va, répondait Pépé, je suis sûr qu'on a trouvé la suite !
Tous près, au dérouleur ?
Partez, on vous attend !
Nous y sommes retournés tous les quatre, mais ça a foiré encore. Ce câble se bloquait toujours dans ce chaos de roches ! On est revenus vers le dérouleur. Nous nous expliquons et nouveau départ, à cinq cette fois ! Nous partons tous les cinq ensemble, à la queue leu leu ! Une organisation exceptionnelle !
Bob reste sur le vérin, Daniel en surface sur le lac de la salle en cloche, Marcel, en plongée, à l'entrée de la galerie où, Pépé et moi, nous nous engageons à nouveau.
Serge nous suit. Tous aident le fil d'Ariane à nous suivre dans les meilleures conditions pour éviter un nouveau blocage. Nous pouvons déboucher dans une rivière souterraine plus que chaotique. C'est rare un endroit comme celui là ! C'est une diaclase de 30 à 40 mètres de haut, 2 à 5 mètres de large, formée d'énormes effondrements de roche et nous n'avons pas pied. On sent le fond de ce chenal juste du bout de nos palmes !
« Serge, tout va bien, le câble ne coince pas !
Je vais rester ici, dit serge
Ok, on va voir plus loin Denis et moi !
Laisse bien venir ce chiant de câble Serge ! j'ajoutais »
Nous sommes repartis, Pépé et moi, on se côtoyait dans cette rivière peu large. Nage en surface, on pouvait se parler, pas besoin de nos détendeurs pour respirer !
Nos voix résonnaient un peu, dans ce dédale de rochers. On nageait prudemment en regardant toutes les possibilités autour et au-dessus de nous. Sous l'eau, pas la peine d'aller voir, parfois on n'avait pas pied, sinon on heurtait des roches énormes. De tous les cotés inférieurs de cette diaclase ce n'étaient que d'énormes éboulis ! Nous observions les parois, hautes de plusieurs dizaines de mètres, mais rien ne laissait entrevoir de possibilités. Encore faudrait-il regarder, lorsque l'on reviendrait, pour topographier, avec des phares plus lumineux. Les nôtres commençaient à en avoir marre de cette journée !
« on y voit plus bien grand-chose, c'est un vrai merdier ici, me dit Pépé.
oui, pas la joie, mais le câble vient bien !
Font bien leur boulot derrière !
Pépé, on ne consomme pas d'air ici, sauf les piles de nos phares qui donnent des signes de faiblesses ! J'éteins le mien, sinon le retour… Il sera sans lumière !!
On est cons, me dit Pépé, on devrait emmener des projecteurs de secours !
C'est une idée, on n'y pense jamais ! Le câble nous suit bien, on avance au maxi, on aura toujours assez d'air pour revenir ! »
Cela peut paraître bizarre, mais pour progresser de 80 à 100 mètres (on l'a su plus tard par les topographies), cela nous semblait interminable dans cet univers de blocs de roches énormes qui s'étaient écroulés par ici. Lorsque l'on regardait vers le haut, la limite de notre éclairage avec un projecteur de lumière n'en pouvant plus, la voûte se trouvait, parfois, 30 mètres au dessus de nous :
« On va bientôt être à court de câble Pépé !
Oui, mais on continu, on verra bien ! »
Et nous sommes arrivés au bout de cette rivière. Fini pour aller plus en avant ! Dégoûté, Nous avons observé cet endroit. Là, je rallumais mon phare pour que l'on puisse mieux voir. Ces immenses éboulis nous empêchaient d'aller plus loin. Mais nous avons aperçu un passage au ras de l'eau, à cinq mètre de nous, vers notre droite, très étroit :
« Tu vois ça Pépé ?
On y va, de toute façon, j'envoie des signaux « tout va bien » au dérouleur !
On se dépêche, on aura bientôt plus de lumière, c'est con ! »
Allongés dans l'eau, nos ventraux cognaient sur la roche et nos scaphandres cognaient au-dessus. On n'avait pas repris nos détendeurs, c'était une voûte mouillante, ça pouvait aller pour respirer sans nos équipements de plongée, sauf que la hauteur de la roche malmenait nos scaphandres ! Passage difficile sur 5 mètres et nous avons vu ce que l'on cherchait, ce pourquoi on était là !
Pépé discutait avec les copains restés au dérouleur. Nous étions arrivés
dans une nouvelle salle en cloche de 10 mètres de haut. Un nouveau lac souterrain de 7 à 8 mètres dans ses plus grandes dimensions. Mais la suite se trouvait 5 mètres plus haut, sur la paroi en face de nous. Une galerie de 2 mètres de diamètres environ ce trouvait là et l'on voyait très bien des traces d'écoulements d'eaux sur la paroi. C'est par là que l'eau des crues arrivait. Ici cela continuait ! C'était génial, on n'était pas venu pour rien ! Tous les efforts de l'équipe étaient récompensés !
« On revient Denis et moi et on reprend les autres au passage ! Mais on va se faire chier avec Denis ! On a presque plus de lumière ! » Je coupe le téléphone et j'envoie le signal « retour » ! »
On n'y voyait plus grand-chose avec les piles de nos deux phares presque totalement déchargées ! Mais ce retour s'est bien passé et les copains, restés à l'arrière, avaient de la lumière. On est tous revenu aux camps de base.
On était tous content, enfin une expédition qui promettait une suite !
Encore des heures d'efforts, dans le sentier, pour remonter scaphandres, sacs et nos autres accessoires.
Quelques jours après, à Lyon, nous avions une réunion de travail avec, bien sûr, pour principal sujet la Baume de Chabannes :
« On ne peut laisser un copain, mal à l'aise sur le vérin, j'en sais quelque chose ! disait Bob Moi aussi ! dit Daniel
Je suggère que l'on emmène un canot pneumatique, pour laisser des gars en attente sur le lac en sortie du premier siphon ?
Bonne idée, dit Marcel
En plus, on peut y mettre en place le dérouleur et du matériel de rechange !
On équipera le 1 er siphon en fixe ! »
Nous mettions au point notre prochaine expédition et tout le monde avançait des idées.
Dans les semaines qui ont suivi, tout se préparait, l'aventure commençait vraiment !
SAMEDI 20 ET DIMANCHE 21, OCTOBRE 1973 GROTTE DE CHABANNES
Nous sommes revenus. Les participants pour cette expédition : Pépé, Marcel, Bob, Henri P., Daniel B., Daniel D., Serge, moi et… l'estafette d'Henri. Bien sûr, les copines étaient là elles aussi pour surveiller la météo. De nombreux Ardéchois du S.C. des Vans nous ont aidé, tant à l'aller, qu'au retour, pour le transport de notre matériel. C'est vrai que depuis le chemin ou l'on garait nos voitures, la descente du sentier pour se retrouver dans la vallée de la Louyre est très pentue et difficile. Remonter, ensuite, après des heures d'exploration, ce n'est vraiment pas une sinécure ! Le temps était relativement beau, ce qui n'a guère d'importance, vu que l'on n'en profite pas une fois entrée dans le trou ! Mais il est tout de même agréable de savoir qu'il fait beau dehors, on n'aurait pas aimé être bloqué, ou balancé par une crue soudaine, dans la furie des eaux !
Ce samedi d'octobre 1973, nous équipons le premier siphon avec un fil d'Ariane fixe, une simple corde spéléo. Planter des spits dans la roche pour bien faire tenir notre installation n'est pas des plus facile : on n'a jamais pied ! Ensuite, on passe notre canot pneumatique et on le gonfle, avec la bouche, sur le lac à la sortie du premier siphon.
Le dimanche matin, nous passons par équipes de trois plongeurs. Chaque équipe ayant deux sacs de matériel, ce qui laisse toujours les mains libres à un plongeur. La première : Daniel B., Marcel et Henri P. Ensuite Bob, Pépé et moi. Dernière équipe : Henri B., Serge et Daniel D. C'est vraiment l'expédition proprement dite, où l'on passe tous sur notre fil d'Ariane fixe. Ce premier siphon est vraiment impressionnant. Sur le canot pneumatique vont rester, pendant des heures, Serge et Henri P. L'équipe qui continue, nous arrivons dans cette salle en cloche pour escalader cette continuation, cinq mètres au dessus de nous. Nous avons baptisé ce trou le « dégueuloir ». En effet, lors des crues, il devait vomir toutes les eaux qui arrivaient des plateaux environnants. Mais il fallait équiper pour l'atteindre et continuer. Je peux vous garantir que ce n'est pas du tout facile et non sans risque !
Pages suivantes, quelques vues de la vallée de la Louyre. Sur la première photo, on voit cette vallée depuis le sentier pour y descendre. C'est une vue de haut. Sur les photos qui suivent, j'ai photographié des « marmites », creusées par des siècles de crues violentes.
Ces « marmites » se forment avec des pierres et des rochers qui tournoient dans la cavité, lorsque les eaux arrivent avec violence ! Ne pas s'y tromper, c'est profond. L'eau cristalline donne une fausse impression. Sur ces vues il y a plus de 2 mètres de profondeur !
Un après-midi, je me suis fait avoir ! J'étais seul, parti pour une promenade. Nous étions un jour de relâche et on avait trouvé un endroit sympa pour se baigner. Une rivière, la Tinette. Je partais donc seul et trouvais de magnifiques toboggans sur cette rivière qui descendait en cascades ! Je ne résistais pas et me laissais glisser, en maillot de bain, sur les pentes des cascades. Chaque fois j'arrivais, les pieds devant dans l'une de ces « marmites ». Vraiment amusant !! Les pentes des cascades de la rivière étaient très lisses et j'y allais sur les fesses. Seulement voilà, j'ai vu une très belle descente et une « marmite » encore plus grande que les autres ! Impossible d'apprécier la profondeur du fait du bouillonnement de l'eau. Je n'ai pas pu résister, je me suis assis et c'est parti ! 30 mètres de descente sur le derrière, mais à l'arrivée, qu'elle surprise !!! Cette « marmite » était profonde et à l'arrivée, j'ai disparu sous l'eau, pas pied comme dans les autres. Pas grave, un plongeur spéléologue arrive à se débrouiller ! Revenu en surface, je nageais, mais la violence des eaux me faisait tourner en rond dans cette « marmite » de plus de cinq mètres de diamètre. L'eau m'entraînait et je n'arrivais pas à me sortir de là ! J'ai du faire entre huit et dix tours, c'était tout dingue !
Et j'étais seul ! Au terme d'une de ces rondes infernales, je me suis arraché vers la sortie, là où la rivière coulait plus loin. J'ai nagé très fort pour ne plus me laisser faire par ce courant circulaire et, accroché aux rochers, je suis parvenu à m'extirper de cette mauvaise situation. Fini la plaisanterie, je suis reparti rejoindre les copines et les copains.
Comme quoi, on peut toujours commettre des imprudences !
LA GROTTE DE CHABANNES
TOUJOURS DIMANCHE 21 OCTOBRE 1973 Le dimanche, l'expédition commençait vraiment. Serge et Henri P. étaient en attente sur le canot pneumatique, dans la salle en cloche. Daniel B., Marcel, Bob, Pépé, Henri B., Daniel D. et moi, étions arrivé dans la deuxième salle, sur le lac souterrain et l'on regardait le dégueuloir, 5 mètres plus haut. Nous avions mis nos casques, avec nos éclairages acétylène. Difficilement, on se positionnait sur des vires, avec nos sacs de matériel, où l'on avait déposé nos scaphandres, comme on le pouvait ! Le câble téléphonique nous servait de fil d'Ariane et on entrait en liaison avec Serge et Henri P., restés sur le canot, eux même en liaison avec notre équipe de soutien à l'extérieur. Tout était prêt et le plus difficile restait à faire :
« Je commence, dit Henri B.
Ca ne va pas être facile de grimper là-haut !
Patience les gars, on va y arriver ! »
Des heures de travail acharné. On se relayait pour planter nos spits dans la roche. A mesure de notre progression vers cette gueule noire, on s'assurait avec un mousqueton, relié à une laisse, sur notre baudrier, pour se retenir sur la paroi. Cela peut paraître bizarre, mais franchir 5 mètres de hauteur dans ces conditions est vraiment risqué, surtout derrière un siphon. Quand c'était mon tour, je gravissais les premiers spits et m'accrochais sur le plus haut. Avec une massette et un tamponnoir, je faisais un trou dans la paroi. On est mal placé, il faut taper au dessus de nous, le plus haut possible. La seule chose qui nous retient sur la paroi, c'est un mousqueton sur le baudrier et un pied dans le peu de corde que l'on avait réussi à mettre en place. Un quart d'heure de frappe intensive et j'en avais plein les bras, fatiguant. Redescendre et laisser la place à un autre copains. On est à moitié dans l'eau et l'on cherche un endroit pour se mettre au sec. Pas facile ! Entre trois et quatre heures plus tard, Daniel B. arrivait à franchir cette vire qui nous donnait tant de mal. Au prix d'efforts, on le regardait mettre un dernier spit, cinq mètres plus haut, juste à coté du « dégueuloir » :
« Super Daniel !
Fais attention et reviens !
Ca va, c'est crevant mais tout va bien, dit Daniel »
Daniel est revenu vers nous et nous sommes remontés pour installer échelles et cordes. L'expédition pouvait continuer !
Tout curieux, on s'est organisés, les uns dans le départ de cet inconnu et les autres qui nous envoyaient notre matériel. Toujours très physique, remonter à bout de bras nos sacs, nos scaphandres, avec les cordes installées. Ensuite, on s'est tous retrouvés dans cette nouvelle galerie, le « dégueuloir » était enfin franchi ! Très vite on s'est organisé pour poursuivre l'exploration. Le câble téléphonique a été monté jusqu'à un endroit tranquille.
Pépé, sans discuter, s'est mis en faction pour une interminable attente, près du téléphone. Mais le sort avait désigné, en réunion, un compagnon d'infortune à notre copain. C'est notre Daniel D. qui avait été désigné pour tenir compagnie à Pépé. En effet, nous étions partis du principe que, finalement, il n'est pas très sûr de laisser un copain tout seul, même au téléphone. Dans certain cas, on ne peut pas faire autrement. Mais dans la mesure du possible, autant laisser deux gars ensembles, c'est mieux, car attendre, seul, pendant des heures n'est vraiment pas drôle, j'en sais quelque chose moi aussi !
Bob, Marcel et Daniel B., constituaient l'équipe de pointe pour topographier. J'avais pour rôle de les aider, mais surtout de prendre des photos, car, comme toujours on ne sait jamais ou l'on va et si l'on reviendra ici un jour ! J'avais un appareil photo étanche, évidemment, chargé avec une pellicule de 36 vues en diapositives. L'équipe a commencé son travail de topo et de photographies. Mais on a du très vite déchanter ! Ah ces explorations. Même dans une expédition bien préparée, rien n'est jamais sûr et il y a, toujours, quelque chose qui viens contrarier les plans les mieux établis ! L'idée de topographier le réseau tel, que nous nous y prenions, a été abandonnée. On se trouvait devant une succession de lacs et rivières souterraines et de sols secs, souvent tourmentés. Il ne s'agissait pas de vulgaires flaques d'eaux, mais de véritables canaux sur lesquels il fallait nager, parfois presque 100 mètres. Ensuite on reprenait pied sur de vagues éboulis glaiseux. Puis à nouveau, on est dans l'eau, jusqu'au ventre, puis un nouvel éboulis, sur
une vingtaine de mètres, pour arriver sur un toboggan de glaise qui nous emmenait, sur les fesses, dans une grande vasque où nous perdions pied. Il fallait nager encore et les papiers de nos relevés topographiques étaient inutilisables, même si on pouvait noter des renseignements sur notre tablette, il nous fallait prendre des notes à part, sur du papier. J'arrivais difficilement à faire des photos intéressantes, tellement nous étions malmenés dans ce milieu bizarre ! La topographie abandonnée, il nous fallait tout de même aller voir plus loin. Nous nous sommes séparés momentanément, pour pouvoir continuer avec sécurité. Pour plus de clarté et vous montrer à quoi ressemble cette galerie chaotique, j'ai fait un croquis page suivante, de la partie que nous avons explorée. Le départ du dessin se situe au niveau du « dégueuloir », jusqu'au point le plus loin atteint lors de cette expédition.
Marcel et Bob sont restés en haut du toboggan, pour le cas ou nous n'aurions pas pu le remonter. Nous avons mis une corde en place et je suis parti avec Daniel B. On ne s'est pas servi de la corde, elle nous servirait au retour ! Après une bonne glissade de 6 à 7 mètres de long, sur le derrière, on n'était pas beaux à voir, notre combinaison de protection, sur nos néoprènes, était couverte de glaise ! On en avait même sur le visage, partout ! On a pu franchir, à la nage le lac n°2. Sur le lac n°3, la voûte s'abaissait au point que le passage semblait entièrement noyé. Pour progresser nous avions juste gardé nos ventraux de secours, nos baudriers, nos ceintures de plombs et, bien sur, nos masques de plongées, les scaphandres étant restés à l'arrière pour avoir moins de poids sur nous :
« On fait quoi Denis ? me dit Daniel
Je vais aller voir, regarde il y a une petite faille au dessus de l'eau.
Oui, on dirait une voûte mouillante !
Je vais voir Daniel, tu restes là ?
Ok Denis, mais fais gaffe, on n'a plus de moyens pour communiquer…
J'y vais, ce passage ne semble pas très long et je pourrais sûrement te parler depuis l'autre coté ! »
Je me suis engagé, dans l'eau jusqu'au menton, une voûte mouillante de 3 mètres de long, passage vraiment « merdique ! Je me cognais la tête sur la voûte au-dessus de moi pour maintenir ma bouche en dehors de l'eau. Evidement, j'aurais pu prendre mon détendeur, mais je préférais faire des économies d'air. Sorti de là, j'appelais :
« Daniel, tu m'entends ??
Oui ça va !
Je vais continuer Daniel !
Ok, tu vois quoi ?
La rivière continue un peu, je vais devoir nager, mais plus loin, ça repart au sec !
Fais gaffe Denis !
J'y vais Daniel ! »
J'ai pu ainsi parcourir 100 à 150 mètres, soit dans l'eau, soit en galeries sèche. Je suis arrivé dans une salle assez grande, d'où l'eau suintait de partout. Ce point du réseau semblait très actif et chose étonnante, le sol avait changé d'aspect. En effet, alors que jusque là, dans les parties sèches de la galerie, le sol était recouvert d'argile, ici je pouvais remarquer un mélange de sable et de graviers noirs, ressemblant étrangement à celui que l'on trouve ailleurs, dans d'autre réseaux
souterrains. Enfin, assez proche de moi, j'entendais le bruit d'une cascade, d'un bon débit semble-t-il. Elle retentissait, pas très loin et je suis parti la voir. C'était beau et je me rendais compte que l'on pouvait facilement continuer en escaladant un éboulis le long de cette cascade. Elle dégoulinait depuis une hauteur de 5 mètres environ. Le plus drôle, c'est que les eaux disparaissaient dans les rochers, sous mes pieds. Je me suis dit que c'est cela qui devait alimenter tous les lacs et les rivières que l'on avait rencontré depuis le début, dans ce réseau. Je suis resté quelques minutes, à observer tout ce spectacle et j'ai pris quelques photos. Puis, d'un seul coup, je me sentais bien seul par ici. C'est curieux comme sensation, je n'avais pas peur, mais j'avais un sentiment de solitude indéfinissable et je décidais de revenir vers Daniel. De retour vers la voûte mouillante de l'appelais :
« Ca va Daniel ?
Ca va Denis, je commençais à trouver le temps long !
Je reviens Daniel ! »
De nouveau dans la flotte jusqu'au menton, je franchissais ce passage et retrouvais mon copain avec plaisir !
Le retour pour retrouver tous les autres. Repli du matériel et départ vers la sortie. On laissait le dégueuloir équipé d'une de nos échelles. On venait de passer presque 12 heures sous terre et nous sommes ressortis en fin d'après-midi. On a tout rangé dans l'estafette et dans nos voitures. Dormir dans les alentours et le lendemain, retour sur Lyon et de nouvelles réunions pour analyser les suites à donner à notre exploration qui était, somme toute, une réussite. Pour une fois !
LA BAUME DE CHABANNES
SAMEDI ET DIMANCHE 17 ET 18 NOVEMBRE 1973 ous sommes revenus et les spéléologues ardéchois nous ont encore aidé pour tout le portage du matériel. Très dur et physique, mais le samedi soir, tout notre matériel était dans le porche d'entrée de la grotte. Les scaphandres et nos sacs de plongée avec nos accessoires, les échelles et les cordes étaient à proximité du départ du 1 er siphon.
LE DIMANCHE
Le temps était beau, ce qui signifie que nous l'on ne risquait pas un orage intempestif. Nous avions appris qu'il faut une bonne demi-journée de grosses pluies pour que le réseau se mette en charge. Plutôt rassurant, ça nous aurait laissé le temps d'être avertis et de ressortir !
Nous nous engageons, Pépé, Henri P., Bob, Marcel, Daniel B. et moi. Nous formons deux équipes. La première : Marcel, Daniel B. et Henri P. deux sacs de matériel pour eux et la charge de dérouler une ligne téléphonique. Dix minutes plus tard, je passe avec Pépé et Bob. Nous aussi deux sacs de matériel. Le siphon est clair et équipé en fixe.
Rapidement, nous passons tous jusqu'au dégueuloir. Pas simple, mais tout va bien, on connaît les lieux ! Notre échelle est toujours là et la 1 ère équipe grimpe pour mettre des cordes en place et monter les sacs de matériel. Ensuite on se retrouve tous au départ de cette galerie que nous connaissons assez bien maintenant. Serge était resté en extérieur, au téléphone, avec les copines. Ici, Marcel et Daniel vont rester en attente au téléphone, en liaison avec l'extérieur et, avec nous, pour assurer notre sécurité. Pas marrant du tout pour eux ! Nous partons Pépé, Bob, Henri P. et moi. Cette fois, on s'est muni de plusieurs tablettes pour noter nos renseignements de topographies, pas de papiers comme la première fois ! Et nous emmenons nos scaphandres sur notre dos et trimbalons des sacs de matériel. De plus, on déroule un câble téléphone qui n'arrivera jamais jusqu'ou l'on va. Il est trop court et on va trop loin ! Ça va être dur ! Guy, bien que n'étant pas présent, était dans nos pensées grâce à la boite topofil qu'il nous avait inventée et construite ! On part tous les quatre et l'on peut topographier sans trop de problème cette fois, bien qu'à moitié dans l'eau et un peu au sec de temps en temps ! C'est là que notre câble téléphone, que l'on déroule avec nous, devient trop court ! Bob appelle Marcel et Daniel :
« Allo ? On est obligé de laisser notre téléphone sur place, on s'est mal démerdés, le câble est trop court !
Ok, ont répondu les copains, s'il y à un problème on viendra vous prévenir ! »
C'était la seule solution et nous continuons dans cette galerie difficile. Un point positif, on ne risquait pas de ce perdre, puisque toutes les possibilités d'exploration se trouvaient, bien au-dessus de nous.
On verrait dans d'autres expéditions comment faire. Pour l'instant, seule la topographie comptait pour analyser plus tard les premiers résultats de notre exploration. Puis, dans ce moment présent, on voulait aller voir encore plus loin que le dernier point que j'avais atteint la dernière fois ! Nous avons retrouvé le toboggan de glaise et l'avons équipé de cordes pour descendre notre matériel et pouvoir remonter au retour. Bien entendu, séances de massette pour mettre des spits en place, dans de la bonne roche ! Nos scaphandres étaient lourds dans ces conditions et avec nos casques acétylènes, rien n'était facile. Pour franchir la voûte mouillante que j'avais passée la première fois, nous avons éteint nos casques pour se servir de nos phares de plongées. Les sacs et notre dérouleur avec nous, nous étions obligés de passer en plongée pour plus de confort. Là encore, pas de risque de se perdre sur ces 3 mètres de long. Une fois ce passage franchi, il fallait nager et retrouver cette galerie, au sable et graviers noirs. Casques rallumés avons topographié et pris des notes jusqu'au dernier point que j'avais atteint, on partait voir la cascade que j'avais repérée.
A ma grande surprise, plus de bruit de cascade ! Je dois dire que c'est moi qui était le plus étonné évidement, puisque je l'avais vue ! L'eau suintait beaucoup moins dans ce que j'avais pris pour une salle.
En fait pas de salle, mais un grand élargissement de la galerie. La cascade et son bruit avaient disparu ! Nous avons franchi les 5 mètres d'éboulis de cette cascade, pour se retrouver à patauger dans 1 ou 1,50 mètres d'eau. L'eau devait bien arrivée de quelque part, pour mettre cette cascade en charge. Nous continuons dans ce réseau mystérieux, a franchir une partie de galerie, qui nos oblige à marcher avec, parfois de l'eau jusqu'au cou ! La configuration est toujours la même, sauf pour le sol en sec, avec son sable et son gravier noir. Autrement, des gros blocs de roches effondrés et des dimensions de 2 mètres de large et de 4 mètres de haut. Toujours plus loin dans cet inconnu. On avançait et on pensait aux autres qui n'avaient plus de nouvelles de nous depuis quelques heures ! On continuait à barboter dans la flotte et prendre des notes et topographier. Là, on arrivait dans une partie de cette galerie vraiment surprenante. C'était plus grand et un chaos énorme était ici, un peu comme si des machines de travaux publics étaient passées par là ! Je fais cette comparaison car cela ressemblait à un énorme chantier pas encore fini ! On se séparait pour regarder un peu partout. Bob nous a appelés, il venait de repérer une chose impressionnante. On s'est tous approché. Par une sorte de trou un peu ovale et infranchissable pour nous, nous avons pu entendre, non loin, le bruit d'une rivière souterraine. D'énormes quantités d'eau passaient, au-delà des parois et blocs de roches de cette galerie. On ne pouvait pas aller voir, à moins d'être une sorte de furet où je ne sais trop, une petite bête quoi !
Impressionnés et émus à la fois, le cœur battant, nous avons tous écoutés quelques instants :
« Vous entendez ça ?
Dommage, on ne peut pas aller voir !
Oui et cette rivière doit, elle aussi, déborder ici en périodes de crue, dit Bob
C'est ce qui explique aussi la cascade que j'avais vue !
On te croit Denis !
Quels secrets se cachent là ? dit Henri
Seuls les relevés topographiques que nous faisons et des cartes de la région pourront nous donner des informations précises !
Oui, on verra ! On continue ?
On y va, les autres sont sans nouvelles de nous depuis longtemps maintenant ! »
Nous avons continué dans cet endroit chaotique, en nous posant plein de questions ! Et nous sommes arrivés devant l'une de nos bêtes noires : un nouveau siphon ! De toute façon on est des plongeurs spéléologues et un siphon est une chose naturelle pour nous. Mais quand il est là, en 2 ème du nombre, il devient un inconvénient ennuyeux. Parfois on en passe 5, voir 6 ou 7, comme je l'expliquerais pour d'autres expéditions et on est très loin de l'extérieur, plusieurs kilomètres !
Ici, pour nous, le plus embêtant est que nous n'avions plus de communication avec l'arrière. Mais nous avions tout notre équipement pour aller voir. Notre topographie et tout les relevés étaient faits et nous avions une mine de renseignements exploitables :
« Bon on se prépare, dit Bob.
Ok, ajoutait Pépé. »
Nous mettons en place notre dérouleur et notre signalisation. Un peu crevés quand même par toutes ces heures passées ici. Et puis on pensait aux autres ! Tout était prêt, à quatre, on pouvait tenter quelque chose, avec notre petit dérouleur de 150 mètres. On avait pris celui-ci, moins lourd et gros que celui de 300 mètres.
« Je me propose d'aller voir, disait Bob, vous êtes d'accord ?
Ok Bob
Qui viens avec moi ?
Je te suis Bob, dit Pépé
Je me mets en assurance, j'ajoutais
Ca marche Denis !
Je reste à la réception de vos signaux, affirmait Henri. »
Voilà une bonne organisation, ou chacun faisait confiance aux autres et acceptait rapidement et, sans discuter, la décision des copains.
« Tout le monde est prêt ?
Ok pour moi en assurance !
Ok pour moi au dérouleur et pour recevoir vos signaux !
C'est bon, on y va pépé et moi, finissais Bob
Quand vous reviendrez, dites nous tout ce que vous avez vu !
A tout à l'heure ! »
Et ils sont partis. J'étais prêt avec mon scaphandre, mon ventral de secours, palmes aux pieds et mon phare près à être allumé. Le masque sur le front, j'en avais pour quelques secondes à partir les rejoindre en cas de problèmes. Henri me décrivait tous les signaux qu'il recevait, je ne pouvais pas voir les voyants, j'étais à quelques mètres devant, les palmes dans l'eau de ce siphon inconnu !
Il avait sa gueule noire juste devant moi et je demandais à Henri :
« Tu viens de me dire qu'ils ont fait stop ?
Oui, mais attend, je viens de recevoir un signal « tout va bien », ils repartent !
Tu crois qu'ils s'envoient ?
Je ne sais pas, ils n'arrêtent pas d'envoyer « tout va bien » et « stop »
Bon, ok !
Tant qu'ils n'envoient pas le signal qu'on aime pas du tout…
Sûr Henri, le signal de détresse, mais je suis près, tiens moi bien au courant ! »
On était comme ça ! Un peu fatigués par toutes ces heures passées ici, sachant qu'à l'arrière, ils ne savaient plus ce que l'on était devenus. Mais quel plaisir et récompense pour tous, du fait que l'expédition continuait et avec tous les renseignements que nous allions ramener, on aurait beaucoup à faire pour étudier ce superbe réseau qui conservait encore bien des secrets !
Presque plus de câble sur le dérouleur :
« J'ai l'impression qu'ils ne vont plus pouvoir aller bien loin, me dit Henri.
Ils t'envoient quoi maintenant ?
Ca fait un moment que je n'ai plus rien…
Ok !
Le câble ne se déroule plus !
Attendons Henri… »
Bon, il ne fallait pas s'inquiéter, ce sont de bons plongeurs et ils se devaient de prendre le temps de réfléchir. Quand on est dans cet inconnu, on ne sait pas toujours quoi faire, surtout si des difficultés se présentent !
« Je viens de recevoir un signal « tout va bien » et ils continuent !
Combien de câble encore sur le dérouleur ??
Une trentaine de mètres tout au plus !
J'avais mon mousqueton coulissant sur le fil d'Ariane et j'écoutais les commentaires d'Henri !
Le câble se déroule vite ?
Non Denis, ils vont doucement et je n'arrête pas d'avoir des signaux « tout va bien ».
Ils doivent savoir qu'ils sont bientôt à bout de fil d'Ariane !
J'ai l'impression, ils viennent d'avancer doucement et j'ai un signal « stop »
C'est toujours un peu stressant cette attente, puisque nos seuls moyens de savoir ne sont que des signaux lumineux ! Et puis les autres à l'arrière, les pauvres, que ce soit dehors ou Marcel et Daniel, ils nous attendent depuis des heures !
Denis, le dérouleur est vide, ils sont au moins à 150 mètres de nous, sinon plus, on a sûrement un peu plus de câble sur le dérouleur !
Compris Henri, la progression n'a pas du être facile !
Oui, ça fait 30 minutes qu'ils sont partis, on va bientôt savoir ce qu'il ont vu !
Ca y est, j'ai un signal « retour » Denis !
Ok, et « tout va bien » ?
Oui, j'en reçois ! »
Ils revenaient et, à genoux, je rejoignais Henri pour l'aider au dérouleur. J'ai juste ôté mon mousqueton du fil d'Ariane et j'ai saisi ce fil d'une main en regardant les signaux « tout va bien » qui nous arrivaient. Je sentais bien les copains sur le câble et je tractais doucement pendant qu'Henri enroulait, patiemment, ce fil d'Ariane ! Et au bout d'un moment, nous avons aperçu les lumières des projecteurs de plongées. Ils étaient là et faisaient un palier de sécurité de 3 minutes, à 3 mètres de profondeur !
Quelques minutes et l'on voyait, avec plaisir, la lueur des phares se rapprocher de nous et refaire surface :
« Bonjour les gars, ça c'est bien passé ?
Merdique comme tout, dit Bob
Oui, mais c'est exploitable, on peut encore continuer plus loin ! dit Pépé
Y'a juste un problème, disait Bob en enlevant ses palmes, on était à 30 mètres de profondeur et ça continue à descendre !
Pépé avait enlevé ses palmes lui aussi et éclairait son casque, ainsi que Bob :
On n'a pas vu de solution supérieure ou sur les cotés, reprenait Bob, et la direction générale du siphon reste la même malgré des nombreux coudes très serrés !
En tout cas, il est chiant ce siphon ! rouspétait Pépé, mais c'est vrai que la moyenne des virages nous donne bien l'orientation générale !
La dernière visée que nous avons faite ici et la distance que vous avez parcourue vont nous permettre de réaliser une bonne carte topographique ! concluait Henri.
Repli des hommes et du matériel, pour retrouver notre téléphone. Avec plaisir, on entrait en contact avec Marcel et Daniel B.
Allo ? Comment ça va les gars ?
Ah enfin, bande d'enfoirés ! gueulait Daniel
J'entendais Marcel dire :
Ca fait presque 6 heures qu'on vous attend !
On ne c'est pas rendu compte Marcel, excuse ! On revient ! »
Bon, c'était le point final de cette expédition. De retour à l'extérieur, après encore quelques heures d'efforts, nous pouvions faire un peu le point en rangeant notre matériel. On reviendra plonger ce 2 ème siphon, avec, encore, une meilleure préparation. Le problème ici, c'est le passage du matériel dans le 1 er siphon, son transport, le franchissement du « dégueuloir » et encore, l'approche du 2 ème siphon, à travers toutes ces rivières et lacs souterrains. Penser aussi à emmener plus de bobines de câble téléphone.
Il ne nous restait plus qu'à revenir à Lyon, établir une bonne carte topographique et bien préparer notre prochaine expédition. Mais nous allions connaître une superbe surprise dans les jours suivants !
LA BAUME DE CHABANNES
SAMEDI ET DIMANCHE 26 ET 27 JANVIER 1974
Participent à cette opération herculéenne : Marcel, Bob, Pépé, Henri P., Daniel D., Daniel B., Serge, Guy, les copines, moi Denis et… L'estafette d'Henri P. !
Deux remarques sont à faire ici. Tout d'abord, la présence de l'estafette, véhicule qui roule toujours à l'étonnement général ! Ensuite, la présence de Guy lequel, malgré un genoux qui « déjante » souvent (accident de skis), s'est décidé à participer à cette expédition !
Nous étions toujours en relation, depuis Lyon, avec les spéléologues des SC des Vans et d'Aubenas. Ils nous ont prévenu de leur projet et on n'en revenait pas ! Ils les ont entrepris, leurs projets, et les ont réalisés ! Jamais nous n'aurions cru une chose pareille !
Prévenus quelques semaines auparavant, nous avons préparé une nouvelle expédition pour la baume de Chabannes. Un dérouleur rallongé pour aller plus loin. 500 mètres de plus, donc au total, 800 mètres sur notre gros dérouleur, avec du câble de 2x0.75 m/m². Des bobines de câbles téléphonique supplémentaires, nos téléphones et enfin tout ce qu'il fallait pour réaliser une exploration longue et difficile, même nos aliments énergétiques étaient prévus, tout le matériel de rechange, tel que des scaphandres d'appuis, des projecteurs de lumière et tout un équipement pour passer des heures sous terre, dans ce magnifique réseau !
UNE ENTREPRISE TITANESQUE
Les spéléologues ardéchois avaient décidé de passer le 1 er siphon, pour explorer le réseau que nous avions découvert et ils ont tout mis en œuvre pour cela. Leur travail a été majestueux, pour pouvoir franchir le 1 er siphon, tranquillement à pied et au sec ! Explorer et topographier le réseau et toutes les cheminées, galeries remontantes que nous avions repérés sur notre topographie.
Comme ils ne sont pas plongeurs, ils ont décidé de vider le 1 er siphon et de faire baisser le niveau de la salle en cloche, ce qui permettrait d'avoir accès et de parcourir la rivière souterraine, pour arriver dans la salle du « dégueuloir ». De toute façon, rien qu'après le 1 er siphon, avant d'atteindre la salle du « dégueuloir » il y avait beaucoup à faire. Et après, pour arriver au 2 ème siphon, il y avait matière à travail de topographie dans ce que nous avions déjà repéré ! On était content de cette aide et de cette initiative surprise, qui dépasse ce que l'on pouvait imaginer dans ces années 1970, avec nos moyens d'époque !
Ils ont entrepris le pompage le jeudi matin.
- la caserne des pompiers d'Aubenas avait mis à disposition des sapeurs qui se relayaient jour et nuit pour s'occuper d'un groupe électrogène, prêté par eux, qui ne devrait surtout jamais s'arrêter, même pour faire le plein de gas-oil.
- Une société leur a prêté une pompe immergeable de 160m 3 heures (160 000 litres d'eau par heure)
- Des paysans leur ont prêté 1,500km de tuyau, 3 mètres de long et 150 m/m de diamètre.
C'était une tentative de grande envergure, qui a réussi pleinement. Le pompage durait depuis toute la journée du jeudi, puis la nuit du jeudi au vendredi, toute la journée du vendredi, la nuit du vendredi au samedi. Lorsque nous sommes arrivés le samedi matin, nous avons salué le sapeur qui était d'astreinte pour veiller au bon fonctionnement du groupe électrogène qui alimente la pompe en courant électrique, 200 mètres plus bas et, avec en plus, la distance à l'intérieur de Chabannes !
Nous sommes descendus par le sentier, avec tout notre matériel. La vallée de la Louyre était une vraie fourmilière ! Plein de monde qui nous ont aidé pour le portage de nos sacs et scaphandres. Nous avons fait des remontées et descentes, sur ce sentier, pour les aider en amenant des centaines de mètres de tuyaux. On s'y mettait à deux, car, bien qu'en PVC, ces paquets de tuyaux étaient longs et lourds !
Le jour s'est levé sur la vallée de la Louyre ! La pompe était dans la salle en cloche et le niveau de l'eau baissait à tel point qu'ils nous disaient que l'accès à la rivière souterraine, après ce 1 er siphon, était accessible pour y aller sans équipement de plongée. A mesure que la pompe avançait, ils rajoutaient des longueurs de tuyaux, pour rejeter l'eau pompée, dans la Louyre qui se trouvait à 100 mètres du porche de Chabannes.
Des canots pneumatiques étaient en place sur le lac de la 1 ère salle et nous savions que les spéléologues passaient déjà dans la rivière souterraine. D'ailleurs, le niveau de l'eau devait être tellement bas, qu'on se disait qu'il n'y aurait plus d'eau dans cette rivière, après le 1 er siphon. En effet, le passage se situait entre 10 et 15 mètres de profondeur, dans la salle en cloche. Il fallait le faire ! Vider et faire baisser le niveau des eaux à ce point ! C'est vrai qu'évacuer 160 000 litres d'eau par heure est impressionnant et cela jour et nuit ! Nous avons commencé à nous équiper dans le porche d'entrée de Chabannes. Nous savions que l'on ne ressortirait d'ici que le lendemain. Tout notre matériel était prêt.
la falaise au dessus de la baume de Chabannes. C'est par là que descendait le câble électrique pour alimenter la pompe. |
LE SAMEDI MATIN, DEPART DE CETTE EXPÉDITION
Nous nous sommes équipés dans l'entrée de la grotte de Chabannes. Cette exploration se préparait très bien, plein de spéléologues autour de nous et ils avaient déjà commencés à s'engager dans Chabannes.
En ce samedi matin, on s'équipait tranquillement, avec toute la préparation de notre matériel et la check-list pour ne rien oublier.
Même en se préparant bien, il y aurait toujours un truc qui pourrait nous manquer !
Le principal était d'avoir, avec nous, le matériel le plus important.
Cet article, du PROGRES de LYON, relate bien là découverte que nous avons faite. Il fait aussi allusion à la salle du « dégueuloir », où nous avons du escalader, pour atteindre la suite du réseau. |
Ce samedi matin, tout équipés et chargés de nos sacs de matériel, nous entrons dans ce 1 er siphon. Je peux vous dire que nous étions tous émus. On passait ce siphon à pied ! Pour nous, quelque temps auparavant, cela aurait été inimaginable! J'en garde un souvenir inoubliable ! La tuyauterie de pompage était là et on la voyait avancer lentement, à mesure que les spéléo raccordaient des longueurs de tuyau, à l'extérieur, pour suivre la pompe.
Ce conduit est vraiment tubulaire, lisse et pour un peu, il faudrait s'incliner pour ne pas se cogner la tête à la voûte. Mais ça va, de toute façon nous ne sommes pas des géants !
Figurez vous qu'on se croyait sur une autoroute, en période de vacances ! Les spéléologues ardéchois étaient déjà partis au-delà du siphon faire leurs relevés topographiques. Et, ici, dans ce siphon devenu temporairement sec, c'était des allées et venues incessantes. Nous étions bien chargés avec nos scaphandres sur le dos et toute notre logistique ! On observait ces 40 mètres de roche tubulaire qui était totalement noyés en temps normal, pour arriver jusqu'à la 1 ère salle. On y est arrivé, plus vite que d'habitude ! C'était phénoménal, la pompe se trouvait plus de 10 mètres en bas et continuait son travail de pompage. Le passage vers la rivière était libre et les canots pneumatiques flottaient avec les équipes de soutiens des spéléologues :
« Salut les gars, ça va ? Nous demandaient les spéléo
Tout est ok, vous en êtes où ?
Ils sont partis et ils équipent les galeries remontantes pour aller
voir ce que cela donne !
Les autres sont plus loin, ils doivent avoir passé ce que vous avez appelé « le dégueuloir » !
Ok, on vous rejoint et on part pour le 2 ème siphon ! »
Ils nous ont aidé pour descendre notre matériel. Nous mêmes, passage obligé aux échelles qu'ils avaient fixées, nous sommes arrivés sur des canots pneumatique. On entendait vaguement la pompe électrique, quelque part sous la flotte, qui crachait ses 160 000 litres d'eau par heures dans la Louyre. On avait une pensée pour le sapeur pompier, tout la haut, qui s'occupait du groupe électrogène. Il ne valait mieux pas que la pompe s'arrête, sinon, les spéléologues seraient restés bloqués derrière le siphon. Il n'y aurait pas eu un danger réellement insurmontable, mais pour les faire revenir, ç'aurait été une vraie galère. Pour nous, pas de problème, mais eux, qui ne plongeaient pas, nous aurions dû les faire passer un par un après leur avoir enseigné le minimum de gestes et de technique de plongée.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que si une panne de groupe électrogène, où une panne de pompe était survenue, là remontée des eaux aurait été très rapide. S'il avait fallu plusieurs jours et nuits pour baisser le niveau des eaux, on peut être certain qu'en deux ou trois heures, le plein serait refait. D'ailleurs, c'est bien ce qui c'est produis
lorsque toutes nos opérations ont été terminées, les eaux ont vite repris leur place.
ON EST PARTIS !
La baume de Chabannes grouillait de monde ! Plusieurs équipes de spéléologues avaient entrepris d'explorer les galeries et cheminées remontantes. Passé le « dégueuloir », c'était pareil, d'autres équipes étaient affairées à topographier dans les hauteurs de la grotte. Parfois 30 à 40 mètres plus haut ! Ils s'étaient vraiment donné les moyens matériels, pour réaliser ces explorations. C'était tout simplement géant !
Nous avons pu alléger notre expédition, comme il y avait beaucoup de monde, pas besoin de tirer un câble pour le téléphone. Ils avaient déjà prévu des moyens de communication avec l'extérieur et étaient en liaison les uns et les autres. Toujours cela de moins à amener, nos tourets de câbles, ainsi que nos téléphone qui étaient tout de mêmes volumineux et lourds. Nous avons laissés ces équipements dans l'entrée de Chabannes. Cela faisait des sacs de moins à transporter.
Le niveau de la rivière, jusqu'au « dégueuloir » avait baissé un peu. Le « dégueuloir » franchis, le niveau de tous les lacs et rivières souterraines avaient baissé aussi. Ce qui veut dire que lorsque nous avions eu de l'eau jusqu'au cou, cette fois on en avait à mi-ventre. Lorsque l'eau nous atteignait à mi-ventre, lors de nos premiers passages, cette fois ce n'était que jusqu'au genoux.
La progression était plus facile, malgré le poids de nos scaphandres et de nos sacs de matériel en tous genre. Retrouvailles avec le toboggan de glaise et ensuite on voyait que là encore le niveau de l'eau avait baissé un peu aussi :
« Nos copains ont topographié jusqu'au siphon, nous disaient les spéléos ardèchois
Comment ça ce passe ? Nous on va bientôt arriver pour plonger, en espérant que l'on trouvera des solutions de continuations.
Tout va bien, ils ont tout regardé et continuent pour voir d'autres possibilités !
Ok, on va continuer ! »
C'était bien, ils avaient tout équipé et nous n'avions pas besoins d'installer notre propre matériel. Donc, on laissait encore quelques sacs sur place, pour alléger notre avance. De plus, on transportait des scaphandres et des projecteurs de secours ! On reprendrait notre matériel au retour :
« Vous avez entendu la rivière qui passe derrière les parois de l'élargissement de la galerie ?
Oui, mais c'est dommage, on ne peut pas utiliser des charges de dynamites pour aller voir !
Oui, répondait un autre, c'est trop risqué ici !
On aurait pu agrandir le passage, mais il ne vaut mieux pas s'y risquer ! Répondait un autre spéléo.
Et bien tant que la pompe continue à « pomper », on est tranquilles ! disait Pépé.
C'est juste, cette rivière cachée alimente constamment en eau le réseau !
Bon nous on continue, on va bien voir jusqu'ou on peut aller dans ce siphon !
Bonne chance les gars, vous allez topographier le siphon?
Oui, pas facile, mais on va le faire !
Ok !
Nous avons retrouvé la voûte mouillante, où l'on avait de l'eau jusqu'au menton, en se cognant un peu la tête sur les roches au dessus de nous. Là, cela passait très bien, de l'eau seulement au niveau de la poitrine ! Puis nous avons retrouvé l'élargissement de la galerie pour réentendre le bruit de cette rivière inconnue qui grondait derrière les parois de roches !
L'approche était lente et dure, on ne peut que difficilement imaginer que pour parcourir quelques centaines de mètres dans ces conditions puisse prendre autant de temps ! Et en tout, à nous tous, nous avions presque 500 kg de matériel et d'équipement à transporter dans les éboulis de ce milieu chaotique. En effet, chacun de nos scaphandres pèse 30 kg et
nous étions neufs personnes. Rajouter les ceintures de plomb, 2 à 3 plombs de 1kg par ceinture, nos bouteilles de plongées supplémentaires, plus nos accessoires en sacs et nos projecteurs, on était bien lourdement chargés !
C'est pour cela que seulement 300 mètres à parcourir peuvent prendre un temps qui parait incroyable au final ! On arrivait vers le départ du 2 ème siphon entre une heure et deux heures après ! Là, nous nous sommes reposés. Sortir nos aliments énergétiques de nos sacs et étuis de « chambre à air ». Pour ceux qui aiment fumer une cigarette, ouvrir d'autres étuis étanches et récupérer briquet, paquets de cigarettes, enfin tout ce qu'il nous fallait pour passer un moment de tranquillité ! Même fumer une cigarette peur paraître impensable dans ces conditions, mais quel moment de détente ! Nous mangions nos biscuits et l'on goûtait à nos tubes d'aliments ! Repos pour un moment, cela faisait des heures que nous étions ici ! On savait très bien que l'on passerait la nuit et que nous ne ressortirions que le dimanche, dans la journée ! Là, c'était le samedi, quelque part l'après midi, on ne savait plus trop bien. Sous terre, c'est bizarre, mais on perd un peu la notion du temps, malgré nos montres qui vont surtout nous servir à contrôler nos temps de plongées ! De toute façon, on ne pensait pas au temps, mais à se préparer pour plonger ce siphon qui était, juste ici, devant nous ! On le connaissait déjà un peu, mais cette fois, on allait y aller pour essayer de découvrir les secrets de la baume de Chabannes !
Après un temps de repos, tout le monde était prêt pour commencer :
« On va y aller, disait Pépé
Je te suis, répondais Daniel B.
Prêt pour l'assurance, ajoutait Bob
Moi, c'est ok pour la signalisation, dit Daniel D.
Denis, tu tiens le câble pour surveiller leurs mouvements, Serge et moi, avec Guy, on surveille tout le reste, ok tous ? demandait Marcel ».
Chacun d'entre nous répondait qu'il était prêt dans son rôle personnel. La sécurité des plongeurs serait d'autant plus efficace, que nous étions plusieurs à pouvoir partir en cas de problème !
« Tout est parfait ! disait Marcel
On y va ! ont dit Pépé, qui partait à l'avant et Daniel B., qui allait le suivre.
A tout à l'heure les gars !
Soyez prudents ! »
Ils sont partis et nous avons vu la lumière de leur projecteur disparaître dans le noir du siphon. Plus rien de visible ensuite, au bout de quelques secondes ! Daniel D. nous rapportait à haute voix les signaux lumineux qu'il recevait. Bob était prêt, les palmes dans l'eau, pendant que Marcel, Guy, Serge et Henri P. surveillaient le bon déroulement de l'opération.
Pour cette 1 ère plongée, Daniel B. et Pépé ne topographiaient pas, ils se devaient d'aller voir le plus loin possible, pour faire une reconnaissance approfondie. Je tenais le fil d'Ariane entre mes doigts et « sentait » bien leurs mouvements. Notre dérouleur était pourvu de presque 800 mètres de câble. Nous avons pris le soin de coller des bagues de scotch noir, tous les 10 mètres, sur le fil d'Ariane et je regardais, ainsi défiler ces bagues entre mes doigts pour retenir la distance à laquelle se trouvaient les plongeurs et renseigner les copains. Une belle organisation !
« Ils sont à 100 mètres de nous !
Ok, ils avancent doucement, dit Daniel D
On voit ça, a répondu notre équipe de surveillance
Drôle, je les sens très bien sur le câble ! »
Le fil d'Ariane s'arrêtait souvent, pour repartir doucement. Je réalisais et comprenait qu'ils devaient tirer à eux du câble pour avoir plus de mobilité. C'est pour cela que le câble restait immobile quelque instant, ils utilisaient les ganses qu'il avaientt ramenées à eux, pour repartir plus loin. Ensuite je percevais très bien leurs présences sur le fil. Je comptabilisais toujours les bagues de scotch et donnait le chiffre aux copains. Je reprenais ensuite mon comptage en rajoutant les autres 10 mètres suivant, cela me permettait de ne pas m'embrouiller dans les distances et tout le monde gardait en mémoire ce que j'avais déjà annoncé !
« Ils sont à un peu plus de 200 mètres
Oui, ça ne va pas très vite !
Je connais, dit Bob, je vous l'avais dit que c'est très merdique ! »
L'attente était un peu longue et tout le monde observait ce qui ce passait. Des spéléologues arrivaient près de nous, tout étonnés de nous voir aussi concentrés sur les paramètres de cette plongée :
« Comment ça va les gars ?
Nos deux copains sont engagés !
Vous avez de leurs nouvelles ?
Regardez ici, nous recevons des signaux lumineux, sur ce coffret ! »
Il est vrai que notre méthode d'organisation était originale, d'autres équipes ayant une autre façon d'aborder ce genre d'exploration ! Je tenais délicatement le fil d'Ariane et j'étais attentif à ce que je faisais :
« Ils sont au moins à 220 ou 230 mètres de nous !
Oui Denis, mais je ne reçois plus rien comme signaux !
Ok d'accord, je les sens bien au bout du fil, seulement je n'arrive plus à comprendre ce qu'ils font ! Ils n'avancent plus… »
Pépé et Daniel devaient en voir et je pensais que le câble devait leur poser des problèmes, car, bien que percevant leur présence, je me rendais compte que ce fil n'arrivait plus à avancer. C'est souvent que cela arrive ! Silence, tout le monde attendait pour savoir ce qui ce passait :
« J'ai un signal « tout va bien », dit Daniel D.
Depuis combien de temps ils sont engagés ?
Plus de trois quarts d'heure !
Ok, on peut leur emmener des scaphandres de secours, s'ils ne reviennent pas bientôt ils seront juste en air !
En plus, on ne sait pas la profondeur qu'ils ont atteinte !
T'inquiètes, ils ne sont pas bêtes ! »
Tout était prêt, les blocs d'air de secours et nous aussi pour partir les rejoindre ! Juste un peu de bon stress, mais aucune angoisse !
« Curieux, je reçois des signaux « tout va bien », mais ils ne bougent pas de place !!
A combien ils sont Denis ??
Ils sont à presque 250 mètres de nous, je les sens bien, mais on dirait que le câble refuse d'aller plus loin !
Ca ne doit pas être facile pour eux !
Tout le monde est prêt pour le cas où ?
Pas de problème, tout est près et nous aussi ! »
Les spéléologues nous observaient, ils n'avaient pas la notion de nos soucis, eux, ils en avaient d'autres. Chacun son truc ! Mais il est vrai qu'à ce moment-là, Daniel et Pépé étaient partis depuis bientôt une heure. Avec 3200 litres d'air dans leurs scaphandres, plus leurs ventraux de secours, il serait temps qu'il reviennent. Revenir et penser aux paliers à faire, il fallait bien penser à garder une réserve d'air suffisante !
« Je reçois un signal « tout va bien », le premier depuis 5 minutes !
Ils font quoi Denis ??
Je les sens bien, mais je n'arrive pas à comprendre….
Attendez ! J'ai un signal « retour »
Tout le monde était attentif ! Même les spéléologues étaient penchés sur la signalisation pour chercher à comprendre notre façon de procéder. On était tous prêts à intervenir, nous ne savions pas quelle quantité d'air ils leur restait, vis-à-vis de la profondeur qu'il avait pu atteindre :
« J'ai un autre signal « retour » !
C'est bon, je les sens bien sur le câble, ils reviennent !
Ca va, j'ai des signaux « tout va bien » !
Tout doucement, je tractais le fil d'Ariane. Cela fait une drôle d'impression ! Ils revenaient, mais j'avais conscience que ce n'était pas facile, ce fil se bloquait souvent, ça je le sentais bien ! Les signaux « retour » et « tout va bien » nous arrivaient pendant un temps qui semblait interminable. Et puis la lumière de leurs projecteurs est apparue dans la gueule noire de ce siphon. Elle était trop belle dans cet endroit où nous n'étions, finalement, que des intrus !
Pépé et Daniel on fait 2 paliers, pour une durée d'une demi heure. Ensuite, la lumière de leurs projecteurs est revenue près de la surface, puis notre équipe de pointe nous a rejoint !
« Salut les gars, content de vous revoir ! »
On était tous content et on allait pouvoir discuter pour la suite à donner !
LA NUIT DU SAMEDI AU DIMANCHE
On savait tous qu'il devait faire déjà nuit dehors en cette fin de journée. On ne cherchait pas trop à savoir. Comme je l'ai dit, la notion du temps nous échappe un peu dans ces conditions. Nous savions seulement que nous étions ici depuis le milieu de la matinée et qu'au moment présent, la nuit devait être tombée sur la vallée de la Louyre. De toute façon, peu importe le jour ou la nuit, le soleil ou le clair de lune, à l'extérieur de la grotte, pour nous, pas d'importance ! On était simplement renseignés, par les spéléologues des conditions climatiques, qu'il n'y avait pas de risques de pluies ou d'orages dangereux pour tout le monde. Nous savions que la pompe faisait son travail de pompage, que les sapeurs se relayaient auprès du groupe électrogène et que nos copains et copines se préparaient à passer la nuit sous leurs tentes, tandis que d'autres resteraient à l'entrée de Chabannes pour veiller sur nous, ainsi que les spéléologues pour veiller sur leurs copains toujours affairés à faire des relevés topographiques à l'intérieur du réseau, relativement compliqué de Chabannes. Nous avons fini de prendre nos rations d'aliments énergétiques, on en avait bien besoin ! Ce moment de détente se terminait et on se préparait pour un nouveau départ dans ce 2 ème siphon :
« Le problème, c'est que ce siphon est tortueux et très accidenté ! disait Daniel B.
Oui, un vrai bordel ! Confirmait Pépé, dans un langage somme toute très direct, mais qui exprimait une réalité indéniable !
Vous étiez à plus de 200 mètres de nous, par 18 mètres de profondeur !
Oui, avec des passages à 30 mètres de profondeur !
Ok, et vous avez buté sur quoi ? »
On se préparait pour un nouveau départ tout en discutant sur la façon d'aborder une nouvelle plongée. Cette fois, nous allons partir pour faire la topographie de ce siphon et essayer d'aller voir au plus loin. C'était notre dernière tentative possible à l'occasion de cette expédition exceptionnelle !
« On a buté sur une étroiture, mais elle est franchissable !
Ce qui nous à le plus gêné, ce sont ces coudes très serrés et le câble qui suivait mal ! reprenait Daniel B.
En plus, on a perdu trop de temps dans ce merdier ! C'est pour ça qu'on est revenu aussi vite ! grondait Pépé
Forcement, vous risquiez d'être juste en air !
Ce n'est pas de votre faute, on va voir la meilleure façon de s'y prendre, maintenant qu'on connaît les difficultés ! »
Cela ne devait pas être la joie dans ce siphon ! Au travers de nos réflexions, on se préparait et des questions se posaient :
« Comment faire pour topographier ?
Oui, et partir le plus loin possible ?
On a 800 mètres de câble sur le dérouleur ! »
La conversation allait bon train pendant que l'on se préparait ! Quelques- uns de nos collègues spéléologues étaient présents et se demandaient comment nous allions faire pour continuer cette exploration de la dernière chance, vis-à-vis de tous ces moyens mis en œuvre !
« Collez-vous près de la voûte et prenez du fil d'Ariane avec vous, à chaque coude, c'est le seul moyen de progresser sans bloquer le fil !!
On a poudré, mais ça va, il y a peu de glaise !
Ok, on va partir ! »
Tout était presque près, ils nous suffisait de vérifier que tout était en place, que tout le monde connaissait bien son rôle à jouer pour la réussite de l'exploration ! On était bien conditionnés, cela est important, tous motivés pour revenir avec les meilleurs renseignements possibles ! Notre préparation était déjà prévue depuis nos réunions à Lyon. La 2 ème équipe pour topographier était déjà composée : Henri P., Marcel et moi.
Il devait être minuit ou une heure du matin dehors. Beaucoup devait déjà dormir dans leur toiles de tentes, au alentour de Chabannes ! En tout cas, nous, on était à fond pour continuer après un moment de repos et à prévoir la suite !
« On a changé de scaphandre, ont dit Daniel B. et Pépé.
Donc tout le monde est prêt ?
Ok pour moi en assurance, disait Serge
Ok pour nous aussi à la signalisation, répondais Guy et Daniel D.
Bien on va partir ! disait Marcel ».
Les spéléologues Ardéchois nous observaient un peu étonnés par notre organisation. Il est vrai que nous étions neuf plongeurs et que tout cela demandait une bonne gestion pour éviter la pagaille, non seulement au moment présent, mais depuis plusieurs semaines avant de se trouver dans cet univers vraiment spécial ! Notre boite topofil, avec son compas et son compteur était prête :
« Ca va Denis ? Je te suis ! me disait Henri
Tout va bien ! Je passe devant !
Pensez bien à rester près de la voûte et à tirer du câble à chaque virage ! insistait Daniel B.
Et faites attention, c'est vraiment le bordel complet là-dedans !
Notre pépé nous faisait un « briefing » en règle !!
Vous avez 800 mètres de fil d'Ariane les gars, faite gaffes, les scaphandres n'ont pas une quantité d'air éternelle !
De toute façon, des scaphandres de secours sont là et on vous les emmène s'il le faut !
Ok, je vous envoie 3 points lumineux si il y a un risque !
Parfait Denis, allez y !
Tout va bien, ajoutait Marcel, vous êtes prêt ?
Ok Marcel ! »
Notre organisation était simple, puisque bien mise au point d'avance. Je partais en premier, à ma charge de tirer le fil de topographie, tandis qu'Henri ferait les visées avec le compas de notre boîte topofil. Marcel resterait près de lui pour l'éclairer et s'occuper du fil d'ariane. Nous allions partir tous les trois. Qu'elle heure était-il depuis hier ?
Pas d'importance, on était tous près, et nos copains spéléo continuaient leurs explorations de ce réseau, tandis que d'autres étaient avec nous pour nous rapporter des informations sur l'avancement de leurs travaux et aussi des nouvelles de l'extérieur. On savait aussi que la pompe « pompait » toujours !
« On y va ? demandait Henri P.
Je vous suis ! Dis ait Marcel
A tout à l'heure !!
Ok, Denis, faites attention et pensez bien à ce que je vous ai dit ! ajoutait Pépé ».
Un signal « tout va bien » à tous, projecteurs allumés, les masques sur nos visages, les détendeurs, purgés, mis en bouche, nous sommes partis ! L'eau était très fraîche, mais nos combinaisons néoprène nous ont vite affranchis de ce contact froid, en emprisonnant, dans son épaisseur, un film d'eau qui prenait la température de notre corps ! Ainsi, nous étions isolé pour un bon moment des températures ambiantes qui régnaient autour de nous. On n'avait pas encore de combinaisons étanches comme cela ce fait depuis ces dernières années !
DRÔLE DE SIPHON !
Notre temps était précieux ! Je me suis avancé de quelques mètres dans la galerie noyée. Magnifique ! Pépé avait raison, mieux valait rester prêt de la voûte, l'eau était un peu poudrée en bas. Les dimensions au départ, 2 mètres de large pour 4 mètres en hauteur. Ensuite, on avait une hauteur d'environ 15 mètres, pour une largeur de 3 mètres. Nos copains avaient raison et notamment Pépé : « un vrai bordel ! ». J'avais le boîtier de signalisation et j'envoyais des signaux « tout va bien » et « stop » au dérouleur. Dès le départ, je tirais avec moi le fil de topographie jusqu'au premier virage. Henri faisait la visée avec le compas et notait tous les renseignements sur les tablettes d'écritures. Marcel l'éclairait au mieux et faisait des ganses avec notre fil d'Ariane pour que l'on puisse progresser plus facilement et plus vite. Rien n'était facile et je me trouvais dans la position d'une personne à qui il aurait fallu greffer des bras et des mains supplémentaires ! Entre envoyer des signaux lumineux et tirer le fil de topo, j'étais bien occupé ! Ce siphon est très beau et j'observais s'il y avait des solutions pour déboucher, mais même après des passages profonds, 30 mètres, tout en restant « collé » prêt de la roche supérieure, je ne voyais rien. Plus bas, on ne voyait pas de solution non plus. Mon scaphandre se trouvait malmené par la roche. Des moments, on se cognait sérieux, car après toute une série de courbes et virages très serrés, la galerie se rétrécissait de plus en plus. Lorsque j'arrivais à un détour, je restais en vue des copains avec mes câbles, fil d'Ariane et topo. La visée faite au compas, Henri et Marcel me rejoignaientt en rembobinant le fil dans la boîte topofil. Je repartais en emmenant toujours ce fil, tout en envoyant mes signaux au dérouleur.
Cela n'était pas facile et je consultais ma montre. Tout allait bien, on progressait assez vite, mais déjà 25 minutes de plongée et ça continuait dans ce chaos, cette galerie noyée tortueuse est devenue très rétrécie ! Et puis nous sommes arrivés près de l'étroiture que nous avaient signalé Daniel et Pépé. On l'a passée. Je ne vous explique même pas la galère ! Heureusement que nos scaphandres sont en acier et non pas en verre, sinon ils aurait explosé depuis longtemps, tellement le contact avec la roche est dur ! De toute façon on se cognait partout et je vous garantis que les rochers sont très durs et ne bougent pas du tout !
Malgré tout, on continuait à topographier. On devait être entre 250 et 300 mètres de nos copains, au dérouleur. Cette étroiture passée, on se tenait les uns près des autres, en se faisant le signe « tout va bien ». J'envoyais mes signaux lumineux « tout va bien » au dérouleur. Nous étions à 25 mètres de profondeur et 43 minutes de temps de plongée. Il fallait continuer rapidement, sinon je serais obligé d'envoyer le signal « amenez nous de l'air », les 3 points lumineux comme convenu avant de s'engager dans ce siphon, somme toute vraiment très beau !
Je repartais de l'avant avec mes fils et la topographie continuait.
La galerie se faisait de plus en plus étroite et était encombrée de roches, de grosses pierres et d'éboulis vraiment gênants ! Mais on arrivait à bien faire notre travail de fourmis, notre topographie mettrait, plus tard, en évidence notre parcours, dans ce siphon tourmenté !
On devait être à 350 mètres du dérouleur, mais je me rendais compte que, même avec nos 800 mètres de câble sur ce dernier, on ne pourrait aller très loin. Comme toujours le temps passait trop vite par ici et notre profondeur de 25 mètres en moyenne nous faisait consommer pas mal d'air. Je savais bien que même si je demandais de l'aide avec mes trois points lumineux, pour que l'on nous amène des scaphandres de remplacement, cette progression était réellement difficile. Pour arriver à aller très loin il faudrait préparer une autre expédition, laisser des blocs, des bouteilles d'air sur tout ce parcours de manière à ne pas faire des aller retour trop lointains. Maintenant, presque 1 heure et toujours 20 à 25 mètre de profondeur. Notre topographie et toutes les notes qu'Henri avait relevées étaient très bien. Marcel et Henri se trouvaient près de moi et je regardais les tablettes d'écritures. Parfait ! Nous avions peu de place dans cette galerie étroite et on se tenait serrés les uns contre les autres, entourés par les rochers de tous côtés. J'envoyais un signal « tout va bien » au dérouleur et repartais en tirant le fil de topographie en me disant que c'était fini, dernière visée. Ensuite je devrais envoyer le signal « retour », cela devenait urgent, car la quantité d'air que nous avions dans nos scaphandres devait être au plus bas ! De toute façon, dans ce genre d'aventure, il y a toujours l'imprévu !
C'est Chabannes qui nous a donné la solution terminale. On s'est retrouvés tout les trois devant un éboulis infranchissable. Un effondrement dantesque !
L'endroit était très étroit et on a bien essayé de dégager quelques rochers devant nous. Mais c'était fini, aucun être humain n'aurait pu aller plus loin ! On devait être à plus de 350 mètres de notre dérouleur et de nos copains.
Chabannes voulait conserver ses secrets.
On s'est fait le signal « tout va bien », et le pouce vers l'arrière, pour se dire « retour les gars ». J'ai envoyé les signaux « tout va bien » et « retour » au dérouleur. De toute façon on ne pouvait plus rester ici, on allait être trop juste en air. Il n'y avait pas de danger particulier, puisque je pouvais demander des bouteilles d'air avec mes signaux lumineux. On a fait notre retour dans ce siphon tourmenté, tortueux et très « merdique », comme disaient les copains qui étaient venu avant nous ! Tout allait bien, on revenait plus vite que pour l'aller, bien que nos scaphandres soient maltraités par les parois du siphon. Notre visibilité était réduite du fait de nos passages successifs et l'on se tenait le plus haut possible, pour y voir plus clair. C'est pour cela que l'on se cognait à la roche ! J'étais derrière Henri et Marcel et je continuais à envoyer mes signaux « tout va bien » au dérouleur. Un palier de décompression obligatoire, 16 minutes à 3 mètres de profondeur. On a du tirer nos réserves, puis passer sur notre ventral de secours, plus d'air dans les scaphandres ! Les copains devaient voir la lumière de nos projecteurs, dans la gueule noire du siphon ! Retour en surface, approche vers le dérouleur, sortir de l'eau, enlever nos palmes et enfin décapeler nos scaphandres pour s'asseoir sur les rochers :
« Salut les gars, vous allez bien ?
Tout va bien !
On a fait quelle distance ?
Vous étiez à un peu plus de 360 mètres !
Tout ce temps pour si peu de trajet, plus d'une heure aller retour !
On vous avait dit que c'était le « bordel », disait notre Pépé adoré ! »
EN CONCLUSION
Une très belle aventure l'exploration de la baume de Chabannes. De plus, aidés par les spéléologues Ardéchois, on peut simplement dire que la solidarité et la complicité qu'il y a eu entre eux et nous, a données à cette expédition une dimension exceptionnelle !
De nouvelles équipe nous on succédées pour continuer l'exploration de la baume de Chabannes.
Mais Chabannes conserve sont mystère !
|
|
Une vue depuis le sentier. La Baume de Chabannes se trouve 60 mètres plus bas, au pied de cette falaise.
On remarque bien sur cette photo, la forme tubulaire du siphon. Dès que l'on est entré dans l'eau et que l'on avance, on trouve tout de suite de la profondeur et cette galerie est totalement noyée.
Pépé prêt à repartir !
Nous avons, aussi, tiré un câble téléphone pour rester en liaison avec notre équipe de soutien extérieure, essentiellement nos copines qui surveillaient et allaient se renseigner sur la météo. On ne pouvait plaisanter avec ce genre de choses, nous allions passer des heures sous terre et trop de gens y ont laissé leur vie. Il valait mieux que l'ont communique, autant qu'on le pouvait !!
Cette préparation n'était pas des plus simple, mais le samedi soir, tout était en place ! Nous avons dormi dans les parages et, personnellement, je dormais près du porche d'entrée de la grotte, en plein air, sous des arbres !
Le porche d'entrée de Chabannes.
Ici, la vallée vue de haut.
Une « marmite », des trous étranges ! Certaines « marmites » sont très impressionnantes.
Une échelle vue depuis le « dégueuloir »
Derrière le premier siphon, juste avant d'arriver dans la salle du « dégueuloir »
Une vue du sentier qui descend vers Chabannes. Le problème, c'est qu'il faut aussi le remonter avec tout le matériel. Environ 500 mètres à crapahuter !
Guy, pensif et prêt à partir !
Sur cette photo, le chemin supérieur, ou ce trouvait le groupe électrogène. Un câble électrique a été placé à partir d'ici, pour alimenter la pompe. Le sentier qui descend à Chabannes se trouve juste à droite, sur cette vue.
Le sentier où tout le monde faisait des aller et retour pour le transport des tuyaux, matériel et équipements !
Le porche de Chabannes, vu de l'intérieur. C'est sur la gauche de ce porche que l'on s'équipait !
Le départ du 1 er siphon, sa gueule est là !! Ce que vous voyez en noir, c'est l'eau.
Les spéléologues dans la salle en cloche, avec leurs canots pneumatiques.
Un spéléologue explorant un point haut du réseau.
Sur cette vue, une étroiture à franchir. Pas toujours facile à passer !!
|