Le Peyrol de Beaulieu - Ardèche - 1972 par Denis Lorain |
Encore des plongées mémorables, toujours dans l'inconnu ! Le peyrol de Beaulieu, c'est un « cratère » en plein air, il se présente sous la forme d'une vasque de 20 mètres de diamètre environ. On savait que le départ siphonnant se trouvait tout au fond de ce grand trou situé dans la nature ! L'entrée du siphon se trouve au dernier plan de la photo page suivante. L'entrée est à 20, 25 mètres de profondeur. On le savait, pour l'avoir vu, lorsque cette énorme vasque était vide, que l'arrivée des eaux se trouve complètement à l'opposé, vers la droite du fond de ce trou ! Nous avons commis une petite erreur. En juin 1972. Nous avions organisé une expédition, pour aller voir.
Pour cela, on approchait une ou deux voitures, pour fixer nos échelles et cordes de spéléologie. Ce jour là, je plonge avec Daniel. Notre erreur est là : la vasque était à son niveau le plus haut, Comme sur la photo qui précède. Lorsque Daniel et moi avons trouvés l'entrée de cette galerie inconnue, nous étions déjà entre 20 et 25 mètres de profondeur. Tant pis, on s'est engagé dans ce trou !! Obligé de descendre à la verticale, les palmes en avant. On trouvait une cheminée tortueuse et très accidentée. On cognait de partout contre les parois rocheuses ! Vraiment très étroit et cela descendait sur 8 mètres de cette façon. Aujourd'hui, rétrospectivement, je me dis que je n'irais plus jamais dans un endroit comme celui-ci ! Des morceaux de roche descendaient avec nous ! Vu le niveau extérieur, on a vite atteint une profondeur inquiétante. Mais au moins, on avait pu reconnaître un peu les lieux ! Revenir et remonter la cheminée n'était pas une sinécure ! Le mois suivant, en juillet, nouvelle expédition. Je plonge avec Pépé, la vasque extérieure a baissé de niveau et pour atteindre l'entrée du siphon, nous n'avons plus que 14 mètres d'eau au-dessus de nous, au lieu de 25 mètres. Ça va mieux, mais le passage de cette cheminée est toujours difficile et nous continuons dans une galerie descendante, notre fil d'Ariane coince un peu partout. On revient Pépé et moi. Il fallait réfléchir. Le lendemain, nous partons, Henri P. et moi. Je commençais à avoir l'habitude de ce trou ! Mais notre erreur était toujours là, trop d'eau dans la vasque extérieure. On aurait pas du ! Mais, bon, c'est après, dans les discutions de nos réunions que l'on prenait les bonnes décisions ! En tous les cas, nous avons abandonné ce jour là ! L'année suivante, même époque, nous rééditons une expédition au Peyrol de Beaulieu.Toute l'équipe est là. La vasque du Peyrol est totalement vide et l'on aperçoit, 25 mètres plus bas le départ de ce siphon, la cheminée d'entrée, l'eau étant là, à ras bord de ce trou. Cette fois, cela ira mieux, nous allons pouvoir plonger directement dans cette entrée, sans toute cette hauteur d'eau au-dessus de nous ! Nous avons approché deux voitures et ancré, aux pare-chocs, nos échelles et nos cordes. Nous n'avons pas oublié de serrer fortement les freins à mains et de caler les voitures. Il n'y aurait plus manqué que l'une d'elle avance et nous suive dans l'une de nos descentes ou remontées ! Non seulement c'était la chute assurée pour nous, mais en plus on se serait pris une voiture, sur le coin de la figure ! Nous sommes tous descendus dans la vasque, avec nos sacs de matériel, les scaphandres, le dérouleur, etc… Ce jour là, je plonge avec Henri P. Nous franchissons l'étroiture d'entrée et descendons dans cette cheminée très étroite, presque verticale, les palmes en avant, dirigées vers le bas. Comme pour chaque plongée, que j'ai faite ici, la visibilité est nulle et c'est à tâtons que nous descendons dans ce passage difficile. Nos scaphandres et nos masques heurtent les roches de tous les cotés, des pierres et des morceaux de rochers descendent avec nous. Notre fil d'Ariane s'accroche un peu partout et nous nous retrouvons, parfois, l'un sur l'autre ! Pas de panique, tout va bien ! Comme me disait un jour Bob, « C'est vrai que c'est plus difficile à faire ce que nous faisons, que de jouer au tennis !! » Enfin nous nous extirpons de cette cheminée infernale ! On arrive dans une petite salle, mais il n'y a pas de poche d'air. Ça continue et l'eau est plus claire. Cette galerie descend avec une bonne pente de 20, 25° à peu près. Ce siphon est en forme de voûte de 2 mètres à son point le plus haut et de 3 mètres de largeur à peu près. Le bas est recouvert de glaise et de sédiments. Henri et moi progressons côte à côte, en restant plaqués contre la voûte, pour éviter de trop poudrer l'eau. Déjà qu'on y voit pas grand chose ! Nos scaphandres cognent, mais tant pis ! On était parvenu à 30 mètre de profondeur et nous sommes arrivés dans une grande salle, dont on n'arrivait pas à définir les dimensions et la forme. Mais, dans cette salle, nous avons pu remonter d'une dizaine de mètres. Les phares braqués vers le haut, on remontait l'un à coté de l'autre, Henri et moi. Encore un plafond rocheux et notre câble semblait se coincer quelque part. Retour vers le fond de cette salle et nous en avons fait un peu le tour. Notre fil d'Ariane était chiant comme tout, il semblait s'accrocher dans les roches pour rien du tout ! Nous avons trouvés Henri et moi. La solution était là, devant nos masques, mais impossible à franchir. Un départ de galerie se trouvais là, un peu étroit, mais surtout bouché par une quantité impressionnante de sable et de glaise. Nous étions à près de 40 mètres de profondeur. Impossible d'aller plus loin ! Le signal « retour » est donné au copains et nous sommes revenus, retrouvée la cheminée infernale et enfin sortir près des autres ! CONCLUSION On a mal pu évaluer toute les caractéristique de ce réseau, du fait d'une très mauvaise visibilité et d'un parcours accidenté. Dans la grande salle, en un point mal défini, on trouve bien ce départ, avec cette quantité importante de sable empêchant toute progression. Il est possible que ce sable soit refoulé lors d'une mise en charge de la résurgence. Mais il n'est pas sûr que la galerie que nous avons vue ne se reboucherait pas ensuite. Si cela est vrai, il est vraisemblable que le Peyrol de Beaulieu est infranchissable. Encore une fois, après tout ces efforts, nous essuyons un échec. Dommage. Je ne sais si d'autres équipes on pris le relais par la suite.
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Une vue de la vasque du peyrol de Beaulieu, ce peyrol toujours plein ! C'est vers l'endroit, où il y à le reflets des arbres, que se trouve l'entrée du siphon, entre 20 et 25 mètres de profondeur !! |