GROTTE DE SAINT MARCEL BIDON, ARDÈCHE par Philippe Brunet |
RESUME En 10 ans d'exploration de cette grotte mythique , les plongeurs spéléo du projet national Saint Marcel coordonné par Philippe Brunet ont exploré et topographié dans le réseau de Saint Marcel plus de 16 km, dont 13 km d'un seul tenant, de galeries noyées ou post siphon qui forment le réseau 5 ou réseau noyé c'est à dire l'actif actuel de Saint Marcel.. Ce réseau actif est aujourd'hui d'un seul tenant et se raccorde aux réseaux 1, 2 et 3 en plusieurs points. le réseau de Saint Marcel grandit de 6 km en 2003 pour atteindre 46 km. Saint Marcel qui attend encore plusieurs jonctions proches, est le plus grand système de type "karst de plateau", français Au nord, à l'est et à l'ouest, les siphons se poursuivent souvent à des profondeurs dépassant les 60 mètres. La découverte de galeries parcourues par de l'eau chaude permettent d'espérer de nouvelles jonctions avec des pertes de l'ardèche. Les explorations sont toujours en cours, un article de synthèse est en préparation pour l'automne. Ces plongées ont été permises par l'aide de 87 spéléos environ, dont un noyau d'une vingtaine de fidèles indispensables pour les portages lointains, par l'hospitalité d'Annie Flahaut dont la maison est envahie par notre matériel et notre présence, et par l'aide financière du CG du 94 et du CDS 94. PRINCIPAUX RESULTATS 2003 Les explorations de l'été 2003 à Saint Marcel d'Ardèche ont été très fructueuses avec 4 km de nouvelles galeries qui portent le développement de la cavité à 46 km. Le réseau 5, quête mythique du Spéléo Groupe Forez est concrétisé. Les exploration se sont poursuivies à partir du « P70 » et du réseau de la faille situés à l'ouest du réseau de Saint Marcel. 3 jonctions effectuées dans la rivière de Bidon à partir du réseau 3 et du réseau A permettent de réaliser un réseau noyé d'un seul tenant composé de la rivière de Bidon, de ses deux affluents karstiques : la rivière Saint Marcel et la rivière du Solvay, et d'une perte, la rivière de la Cadière. Une 4 ème jonction donne un nouvel accès naturel au réseau de Saint Marcel : la Grotte Deloly. Les explorations du projet St Marcel se sont déroulées sur des WE souvent prolongés, en mai ; juillet, août, septembre et novembre. Le projet Saint Marcel faisait partie des explorations retenues en 2003 au niveau national par la Commission Nationale de Plongée Souterraine de la FFESSM et approuvées par l'AG FFESSM de mars 2003. Elle devait recevoir à ce titre une aide financière de la FFESSM, malheureusement cet engagement n'a pas été tenu et la somme prévue n'a pas été versée. La Grotte Deloly : une nouvelle entrée pour Saint Marcel Le 9 mai 2003, la grotte Deloly a été jonctionnée avec le réseau 3 de la grotte de Saint Marcel d'Ardèche par Philippe Brunet du groupe spéléo AVENS. Ceci forme la deuxième entrée naturelle du réseau. La grotte Deloly s'ouvre à environ 200 mètres et 30 mètres en contrebas de l'entrée naturelle de la grotte de Saint Marcel (Bidon 07 700 Ardèche) et 10 mètres au dessus de la rivière. Cette résurgence temporaire coule lors des crues de l'Ardèche ou de fortes pluies sur le plateau. La jonction se fait après 1700 mètres de progression dont 1000 mètres de plongée pour une profondeur maximum de 25 mètres, en 4 siphons. Le collecteur atteint, débute au bas d'une cheminée exondée de 55 mètres aboutissant au réseau 3. Cette plongée est compliquée par les départs de siphon débutant systématiquement en pleine eau en bas de puits exondés, par la turbidité de l'eau qui provient en partie de l'Ardèche et par l'absence de point d'attache du fil d'Ariane, la voûte étant formée de vastes cupules de corrosion et le sol d'une vase onctueuse. La rivière de Bidon Le P70 est situé dans le réseau 3. Son accès se fait après 3 kilomètres de galeries dont un ramping de 400 mètres. Le puits proprement dit, (série de puits totalisant un dénivelé de près de 70 m) débouche à l'une des extrémité d'une rivière exondée de 110 m de longueur . Celle ci donne accès à des siphons aval (415 m, -35 m) et amont (1000 m, - 65). L'accès délicat (distance, « ramping » et puits d'accès) et la mise à l'eau à partir d'un ressaut glaiseux situé 7 m au dessus de la rivière, compliquent l'exploration. L'Ardèche vient jusque là, les déchets plastiques en témoignent, emballage échoués 8 m au dessus de la rivière. La préparation se fait sur le dernier palier du puits en pataugeant dans un cloaque légèrement putride. La crue de septembre 2002 n'a rien changé. En fait ici, l'eau n'est pas montée de plus de 13 m. La dernière descente sur corde, palmes aux pieds aboutie dans la rivière, large de 8 mètres. L'eau est plus profonde que d'habitude. La crue a chassé la vase de cette portion exondée. La jonction avec la perte de l'Ardèche est à l'amont, la jonction avec la grotte Deloly 200 m plus loin vers l'aval. L'amont donc, vers l'ouest débute paisiblement par une rivière haute de 4 à 8 m, large de 8 mètres, bordée de talus argileux. Après 100 mètres de succion, un puits rocheux tranche dans cet univers mou. Il descend d'un jet jusqu'à – 18 mètres. Puis le conduit se redresse et débute une remonté lente. Le conduit est vaste, de section circulaire avec par endroit une zone de lames horizontales bien marquées à mi hauteur. A 207 m, pour – 16 mètres, une belle arche fracturée barre la rivière fournissant un amarrage remarquable. A 300 m environ, la galerie tourne vers le Nord. Encore 200 m et la rivière passe sous le P80. 450 m plus au Nord encore et c'est le puits du réseau de la faille qui est atteint. Les 2 jonctions faites, l'une à partir du P70, l'autre à partir du réseau A puis du réseau de la faille, permettent de suivre d'un seul tenant la superbe rivière de Bidon. Cette rivière est l'alimentation pérenne du réseau et le réceptacle de toutes les crues du plateau. Revenant au P20 du départ, une galerie au Nord Ouest très envasée donne au bout de 200 m dans une très vaste et très boueuse rivière exondée. L'origine de la pollution du réseau est là, c'est l'affluent de l'Ardèche. Encore 200 m et la rivière replonge dans un véritable aquarium. Tous les poissons qui se sont aventurés sous terre par les pertes de la Cadière sont arrivés là. Car nous sommes maintenant, après un virage en épingle à cheveux vers le Sud et 250 m de conduits noyés très sales, proches des pertes de la Cadière. Le réseau "Philippe" un nouveau réseau exondé a été découvert Le réseau "Philippe" se développe au Nord et à l'Ouest du système de Saint Marcel, au delà des terminus des réseaux 3 et 4. Ce nouveau réseau est atteint à partir du "P70" dans le réseau 3 et après avoir franchi un siphon de 300 m environ (profondeur -20 m). Les cheminées omniprésentes et les courants d'air laissent espérer des liaisons avec les galeries sus jacentes de Saint Marcel. Le réseau "Philippe" comprend aujourd'hui 3 branches. La galerie des lamines vient du nord et à une section moyenne de 8 m par 8 m, la galerie du Tambour vers l'ouest ne fait que 6 m par 6 m, enfin, la galerie "des captures" vers le Sud oscille entre 2 x 2 et 3 x 4 m de section. Les paléo écoulements des trois galeries sont conformes à l'actuel et se dirigent des plateaux vers la rivière de Bidon (collecteur noyé principal pérenne de 8 m x 6 m, se jetant dans l'Ardèche). L'extrémité de la galerie des captures s'écoule elle, vers les pertes de la Cadière situées en bordure de l'Ardèche, 2 km en amont de l'entrée naturelle du réseau. Le passé tumultueux des galeries est attesté par d'imposants remplissages d'argile de couleurs variées, surcreusés puis recouverts à nouveau. Le passage se réduit parfois au seul chenal de voûte visible au sommet de presque toutes les galeries. Les concrétionnements sont rares, presque uniquement représentés par des planchers stalagmitiques. Presque toutes les galerie se poursuivent, seul le temps ayant limité les explorations. Les arrêts actuels se font sur des cheminées ou des puits, parfois sur des passages étroits à poursuivre. L'exploration vers celle ci représente 800 m depuis la confluence avec la rivière de Bidon. La jonction avec les pertes reste à faire.
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