Par Sylvain Redoutey - mai 2007 |
Mercredi 16/05/2007 Je suis rejoint par Fred MARTIN et ensemble on installe son recycleur (RS3) au bord de la vasque. Le soir nous rejoignons au local du club AVEN Claude HUREY, Eric et Arthur ESTABLIE, Sylvain BATOT et Joël PRAX. Emeric HOUPLAIN nous rejoint un peu plus tard directement au resto. Jeudi 17/05/2007 A 13h50 Fred MARTIN descend jusqu'au point bas (-95) où il récupère la bobine de fil cassée, qui devait servir de liaison téléphonique à la sortie du S1. Il dépose 2 bouteilles sécu à – 80, plus 4 petites bouteilles à différentes profondeurs pour ma chaîne de déco. A 14h46 Joël PRAX effectue une descente jusqu'à – 60 et dépose 4 bouteilles déco pour la chaîne de Sylvain BATOT. A 16h35 c'est au tour d'Emeric HOUPLAIN et d'Arthur ESTABLIE de déposer les 4 bouteilles de la chaîne déco d'Eric ESTABLIE. Dans le même temps, les 3 plongeurs de pointe (Eric ESTABLIE, Sylvain BATOT et Sylvain REDOUTEY) installent leurs recycleurs au bord de la vasque. Vendredi 18/05/2007 A 12H58 je sors du S1, Eric m'attend depuis déjà un bon moment, je lui confirme le demi- tour de Sylvain BATOT, sans lui ça va être plus dur. Nous profitons un maximum des avantages de la plongée en binôme et tous les portages seront effectués à deux. Il est 14h06 lorsque nous partons dans le S2 qui sera traversé en 15 mn. Nouveau portage avant de nous remettre à l'eau vers 15h30. Cette fois le changement de milieu est flagrant, c'est un siphon très découpé et de grande dimension qui s'ouvre sous nos yeux et le spectacle est magnifique. Les passages successifs entre – 30 et – 50 obligent le plongeur à de nombreux équilibrages. Après un passage vers les -70 nous remontons lentement et, vers -40 Eric trouve le départ comme indiqué par Rick Stanton. Nous laisserons là nos propulseurs devenus inutiles, car il est prévu qu'Eric remonte m'attendre à la sortie du S3 dans la galerie fossile, et cette branche est recouverte de limon. Quant à moi la galerie vierge qui s'offre n'a pas une dimension suffisante pour un déplacement en propulseur. J'attache mon fil d'Ariane à coté du fil principal et je déroule lentement dans cette branche active remontante tout en effectuant quelques minutes de palier au combien appréciés car ils me permettent de déguster mètre après mètre cette magnifique première. Je remarque plusieurs petits départs en remontant vers les -20 puis la galerie se dédouble, en face une branche remontante recouverte d'argile, à gauche une branche plus évidente que je choisis d'emprunter. Je continue à dérouler mon fil d'Ariane sur quelques dizaines de mètres avant de retomber sur une nouvelle bifurcation :
J'entame donc une désobstruction et en quelques minutes je franchis ce passage mais, 5 m plus loin après un virage sur la droite une petite voûte impénétrable marque la fin de mon exploration. L'étiquette 160 m vient d'apparaître, je fixe mon fil sur un béquet avant de le couper, je suis obligé de reculer un peu pour faire demi tour et rapidement je rejoins la galerie principale du S3. Je termine mes paliers dans une touille bien épaisse et rejoins Eric à la surface. Il est 17h50. Je lui raconte mon aventure dans la branche active tout en me déséquipant et lui, me montre la suite du post siphon. Nous avions planifié une bonne phase d'attente à la sortie du S3 pour bien désaturer et la façon dont nous allions occuper ce temps nous à paru évidente. Sans même se concerter nous récupérons une partie de mon matériel et nous entamons les 15 mètres de dénivelé sur un « toboggan » d'argile. Après plusieurs glissades nous parvenons en haut mais la partie horizontale n'est pas de tout repos non plus. De nombreux passages bas freinent notre progression, sans compter les multiples concrétions, certes magnifiques, mais qui menacent à chaque instant nos combinaisons. Il nous faudra près d'une heure pour parcourir les 200 mètres qui nous séparent du S4 et lorsque enfin nous parvenons en haut de ce siphon, une même pente argileuse donne accès à la vasque. Je me lance seul dans cette descente périlleuse, car Eric reste en haut afin d'assurer ma sécurité au cas où je ne puisse pas remonter. Mais à peine ai-je fait quelque pas, que je me retrouve sur le dos et je glisse jusque dans la vasque. Pendant que je me rééquipe, je sens de l'eau froide couler du haut de ma cuisse gauche, soit j'ai percé ma combinaison soit c'est mon Pénilex qui fait des siennes, bref je verrai ça plus tard. J'accroche mon fil d'Ariane sur la seule aspérité qui dépasse du plafond et je me lance dans ce goulet boueux. Malheureusement il me manque du plomb compte tenu de ma nouvelle configuration ce qui m'oblige à me pousser du plafond. J'explore malgré tout une trentaine de mètres à -10 dans cette position inconfortable, j'observe la suite pendant que je verrouille mon fil sur un béquet, la galerie semble s'approfondir avant d'entamer un virage sur la gauche. Je refais surface un peu comme un ballon, je me déséquipe et je tente une remontée. Quelque rares points d'appui me permettent d'atteindre les trois quart de la pente mais je me retrouve bloqué à 2 mètres du haut, je n'ose plus bouger, si je repars en arrière c'est la catastrophe. Alors, lentement, je décroche mes palmes de mon baudrier, je les attache l'une à l'autre avec un mousqueton et j'en lance une à Eric qui a réussi à descendre légèrement pour l'attraper et enfin je m'extirpe de ce S4. Mais le plus dur reste à faire, mètre par mètre nous repartons vers le S3 mais rapidement j'étouffe dans ma néoprène, j'ai attrapé un « coup de chaud » et je suis contrains de laisser à Eric le plus gros du matériel, le temps de me remettre. Nous arrivons à la vasque du S3 par une dernière glissade et avant d'entamer une sieste de 45 min, nous partageons une barre de céréales. Il est 21h50 lorsque nous repartons dans le S3, la descente dans la touille me parait interminable jusqu'à –40. Enfin je rejoins mon propulseur, et sans lâcher la gâchette je franchis le S3 en 90 min. Après le portage, je décide de régler le problème de mon Pénilex, Eric m'ouvre la fermeture éclair de ma combinaison que j'enlève entièrement et après un essorage intensif de ma sous combinaison, je remets mon Pénilex tant bien que mal. Alors que je prenais plaisir à me rhabiller, avec une sous combinaison malodorante mais presque sèche, d'un seul coup la collerette en latex de ma néoprène se déchire. J'appelle Eric qui n'en croit pas ses yeux, là on est mal ! J‘ai un kit en cas de panne de VR3, un kit en cas d'accident de décompression, mais je n'ai rien pour réparer les collerettes. Une seule solution, des élastiques de chambre à air. Eric m'en pose délicatement à plusieurs endroits de la collerette. Le S2 va servir de test si je passe à -40 sans problème je tenterai le S1 à -95. Je passe le S2 en 13 min sans prendre l'eau, mais le S1 est profond et nous décidons de refaire une bonne pause pour réduire la durée des paliers. C'est là que j'ouvre ma boite de ration (commando américaine) qui devait au départ nous permettre de prendre un repas chaud mais l'accessoire principal pour chauffer à du se perdre dans un plafond. Après ce bon repas froid, une bonne sieste d'une heure et nous voilà retapés. (Un petit conseil pour la sieste : si votre voisin ronfle laisser un siphon d'écart entre lui et vous). Nous repassons le S1 sans problème en 68 min grâce aux nombreuses pauses, les paliers s'enchaînent rapidement, soutenus par Emeric. En surface l'organisation a été parfaite et l'alerte est donnée. Il est 5h00 du matin lorsque nous faisons surface c'est l'explosion de joie. Le développement total atteint maintenant 2140 mètres, je tiens à signaler que nous n'avons rencontré aucun problème de manque d'oxygène entre les siphons. Un grand coup de chapeau à Rick STANTON pour avoir porté le terminus jusqu'en haut du S4 ; A Eric ESTABLIE pour avoir eu le courage de me suivre aussi loin, et merci de m'avoir arraché du S4, réparé ma collerette, surveillé dans le S1, et de m'avoir épargné une photo compromettante (tout nu entre le S3 et le S2). Et enfin un grand merci à toute l'équipe pour m'avoir permis de vivre cette aventure formidable, merci d'avoir cru en moi malgré tous les déboires que nous avons eu dans nos différentes tentatives.
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Claudius, le cernère de la Baume, par Eric Establie
Vasque S2 aval, par Eric Establie
Portage S3/S4 par Eric Establie
Portage S3/S4 par Eric Establie
Portage S1/S2 par Eric establie |