Bienvenue sur cet espace dedié a la plongée souterraine
Tous les thèmes peuvent être abordés.
Cependant, cet espace de liberté n'a pas vocation à défouler ceux qui
n'auraient pas d'autres exutoires pour leur agressivité.
les messages polémiques ou d'insultes seront modérés.
Merci pour votre contribution cordiale et constructive.
Auteur | Titre: Jean-Jacques Bolanz | Date |
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Ch.Locatelli | Jean-Jacques n'est pas ressorti de sa dernière plongée à Lilly (Grèce). Luigi Casati revient de Crête pour essayer de le localiser... Je sens un grand vide. Je passe son dernier message: Arrivé vers 7 heures à Lecco, où je dois charger un compresseur alors que je n’ai déjà plus de place. Luigi est en mer rouge. Béatrice est là, entre 2 avions. Finalement je préfère continuer jusqu’à Venise le soir même, quand les routes sont un peu moins encombrées. J’y arrive sans problème vers minuit, trouve facilement le magasin de plongée où je dois aller acheter du matériel qui me manque pour l’expé en Grèce. Je dors sur le toit, tout près de l’autoroute… J’achète la chaux et des gants. Les gens me reconnaissent et me font un bon prix (c’était le premier sponsor de Luigi). Puis je trouve le bateau qui part à minuit. Impossible au bureau d’obtenir une place sur le pont, car c’est pour les camping cars, pas pour des tentes de toit…Mais finalement je m’y retrouve quand même…Le bateau part à midi, et est sensé arriver samedi 20 à 21h00. Il y a un arrêt à Igoumenitsa, ou l’on perd 2 heures, car un engin de chantier reste coincé. J’arrive donc à Patras à 23h00. Et à Nauplie où m’attend Vassili à 1h du matin. 21.10 Il pleut toute la nuit…Plongée seul, car Vassili n’est pas en état. Il peut juste m’aider à transporter les bouteilles, aidé par Nektarios, un plongeur grec de Patras, mais qui sagement n’a pas pris son matériel de plongée. La mer est agitée. Je n’ai pas l’habitude de m’équiper dans des vagues de 1m qui me roulent sur une plage plate. Puis suivre un azimut à la boussole sur 200m en déroulant un fil et chargé comme un baudet n’est vraiment pas de la sinécure. Je finis par tomber sur un trou, mais je ne sait diable pas lequel des 3 il s’agit. Comme la visibilité est de 50cm, autant dire que je n’ai rien vu. Arrivé à -40, je laisse le dévidoir et remonte en faisant bien attention, car soudain, au bout de mon nez, je vois des fils nylon avec des hameçons et des cordes…En plus je dois ressortir les bouteilles à 20 et 6m, car il y a des plongeurs qui viennent pêcher et prennent tout ce qu’ils trouvent. Je laisse pourtant une bouteille secours à – 33. 22 10 Il a plu toute la nuit, et j’ai bien peur pour le dévidoir laissé en place et la bouteille secours…Même topo pour la 2ème plongée. Je finis par atteindre -80, sans rien voir et sans savoir où je suis. 23.10 Le vent s’est calmé et peu de pluie est encore tombée. La 3ème plongée est infiniment plus facile, car il y a 3-4 m de visibilité. Elle diminue à partir de -50, mais je vois au moins le fil et quelques fois les parois. Je m’arrête à – 113 sur le VR3, ce qui équivaut à -115 au profondimètre. Depuis – 105, les parois se rapprochent et la grotte devient plus horizontale. A -113, il y a un resserrement, mais que je dois pouvoir passer. Je crois que je suis dans Lili Centre, que j’avais topographié en 1993 jusqu’à – 115. Je ne suis donc pas dans Lili ouest, où il y a un couloir latéral qui commence à – 75. 24.10 Journée de repos. Le temps se stabilise, gris ou bleu, changeant, avec presque plus de pluie. La température de l’eau est de 22 degrés de la surface au fond. Il n’y a aucun courant et aucun signe de mise en charge de la résurgence. Nous mangeons chez la mère de Vassili, 88ans, mais les repas, excellents sont préparés par la sœur de Vassili et se prennent dans l’après-midi…Une nouveauté pour moi, qui ai toujours vu les plongeurs grecs manger à partir de 20h00, quand ce n’est pas 22h00…On est installés dans une maison de vacance de Vassili, au village de Tolo, à 10 Km de Nauplie. Vassili m’a trouvé de l’huile d’olive. Il m’a aussi donné du miel de conifère très particulier, avec un goût de vanille qui vient de la montagne et qu’on ne trouve pas sur le marché. Nektarios est arrivé l’après-midi, mais a préféré plonger demain, son matériel n’étant pas vraiment prêt. Son amie le rejoint par bus le soir. 25.10.07 Temps superbe et mer calme. Les augures sont bons. Nektarios prend un de mes dévidoirs (à la place d’une corde de nylon d’un cm de diamètre) et depuis mon fil s’en va à la recherche du puits central. Le vrai. Il le trouve 25m plus loin et descend jusqu’à – 45, où il tombe sur mon fil. Cela fait déjà une jonction. Vassili me met les bouteilles de secours d’oxygène et de surox à – 6m et – 20m. Puis il tire un fil jusqu’à un autre puits qu’il descend jusqu’à – 45. Je pars avant eux avec 1*12l à 230 b de 7,4 % O2 et 70 % He, 1* 12l à 270 b de 13/70 et 1* 12l de 16/60 à déposer en secours à – 80m. Ce que j’oublie de faire, faisant toute la plongée avec les 3 bouteilles. J’ai remis mon étanche la moins chaude et juste une sous combi spéléo. En m’habillant, je jure en constatant que j’ai oublié la purge pipi sur la combi utilisée hier (la trilaminée). Le départ est tellement plus simple quand il n’y a pas de vagues. Je suis en 10 mn au début de la descente dans le puits. A – 30, à l’entrée proprement dite, je sui très surpris e voir qu’il s’agit d’une ouverture de pas 2 m de diamètre. Je ne l’avais pas soupçonné, même hier. La descente se passe bien. A – 40, j’ai une deuxième surprise. Je vois du bleu au dessus de moi. J’ai donc jonctionné avec un puits beaucoup plus important. En remontant, à – 45, j’ai la surprise de voir un deuxième fil attaché sur le mien. Celui de Nektarios. J’arrive en 15 mn à – 115, où j’ai laissé de dévidoir hier. Le passage étroit n’est pas si terrible. On racle un peu avec le ventre et le dos, mais ça passe facilement. Le sol est du sable et des coquillages cassés. C’est vraiment une galerie qui continue avec une visibilité de 2-3 m seulement. Le sol est inégal, avec des monticules au milieu par endroits. Il descend en pente douce avec de temps en temps des portions plus verticales. Environ 5m de large et 2 de haut, rétrécissement par endroits. Je m’arrête à – 140, et attache en haut d’un puits vertical. La visibilité de dépasse plus 2 m. Il y a des amas de poussière au fond et partout, qui ne demandent qu’à se transformer en nuages. Je remonte sans m’équilibrer suffisamment et en soufflant épais… Jusqu’à – 95, le premier palier de 2 mn. Finalement je ressors après 166mn de plongée, trajet depuis le bord compris. Lili redevient le siphon le plus profond de Grèce. Et comme d’habitude, on part manger chez Vassili. Pâtes et petits poissons grillés entiers. 26.10 Jour anniversaire de Dimitri. Impossible à oublier, car en Grèce, c’est la Saint Dimitri. 7 ans déjà, sur la route de la sainteté. Hier, petite plongée topo ratée. Le trou que j’ai pu enfin voir hier était complètement gris de poussière. Un bateau de pécheur s’en éloignait comme on arrivait. J’imagine qu’il a jeté ses filets profonds dans la dépression. Ce qui n’augure rien de bon pour moi, s’il le fait pendant que je suis sous l’eau. Je me vois en poisson…Enfin, en rentrant je constate qu’il me manque une direction, et quand je mets la boucle que j’ai faite sur l’ordinateur, cela ne ressemble à rien. A refaire donc. Vassili, Nektarios et tous les spéléos de Nauplie sont partis hier soir pour Diros pour le week-end. Enfin seul et pouvant suivre mon rythme. Ils sont géniaux et très accueillants, mais on ne poursuit pas les mêmes buts. Ils se lèvent à 10h00 et se couchent à point d’heure. Ce qui fait qu’on se retrouve en plein soleil pour commencer la plongée. Dimanche soir arrivera G Tsavelas, un de nos talentueux stagiaires grecs du dernier cours. Il restera 2-3 jours. Cela me suffira pour tenter une 2ème plongée profonde. 27.10 Plongée de Lili ouest. Seul. Et ça va pas plus mal…Le fil posé par Nektarios est vraiment un poème. Il est descendu le long de sa corde spéléo qu’il avait placée il y a 1 mois et depuis 60m de profondeur, il est remonté avec le dévidoir en faisant d’immenses zig-zags entre les deux parois éloignées de 10 à 12m, bien sur avec le zéro en bas. J’ai vraiment juré. On ne fait pas plus plongeur mer. Tout est à refaire pour obtenir une topo correcte… Mais la découverte, c’est que les 3 Lili ne forment qu’une grotte. Je suis tombé sur un fil vers – 80 et je me suis dit : tiens mon vieux fil. Ce n’est qu’après avoir passé l’étroiture à – 115 que j’ai reconnu l’endroit. Fait demi-tour à – 116m. Utilisé 1*12 de 11/70 et un 12 de 13/70. Laissé un 10l de 15 60 à – 80m, ainsi qu’un 7l de 35/35 à 36m, un 7l de 50% O2 à 20m et un 7l d’O2 à 6m. Tout ressorti, sauf le 35/35. 166 mn de plongée. Ciel bleu à la sortie. |
2007-10-30 12:07:58 |
MAXIME | TERRIBLE NOUVELLE....JEAN-JACQUES ETAIT UN PLONGEUR-SPELEO AUTHENTIQUE ET MYTHIQUE | 2007-10-30 13:39:30 |
Philippe Brunet | Immense tristesse pour cette disparition. JJ était un grand plongeur, plein d'humanité, avec une belle conception de la plongée et une véritable Passion. phb |
2007-10-30 14:25:33 |
j l camus | triste nouvelle.Il a disparu de la maniere dont il le souhaitait ; Tchao | 2007-10-30 16:09:55 |
BGC | Très mauvaise nouvelle. Un passionné jusqu'au bout de sa passion. Bernard |
2007-10-30 19:38:25 |
Yopie | Dans la presse suisse... http://www.edicom.ch/fr/news/suisse/1189_4466270.html |
2007-10-31 01:49:47 |
Patrick | Un texte de JJ sur la plongée spéléo, présenté à la rencontre de Dijon Le sexe de la plongée (Pour préparer le futur, quelques réflexions sur l'évolution de la plongée depuis 1980) En guise d'introduction Je me suis longtemps demandé comment parvenir à un regard rétrospectif, un regard de plongeur expérimenté, ayant survécu, arrivant en fin de course, un regard passionné mais quand même distancé, un regard analytique sans tomber dans le passéisme et la comparaison nostalgique. J'ai donc beaucoup hésité et finalement essayé. A part une introduction et une conclusion, l'exposé est divisé en trois parties: plongée et science, plongée et administration et plongée et commerce. J'ai commencé la plongée il y a tout juste 20 ans, parce qu'en spéléo d'exploration, j'avais bien dû finalement admettre, après quelques côtes cassées, que je n'avais décidément pas le format filiforme du spéléo de pointe. Je désirais explorer, aller dans des lieux souterrains inconnus: ce fut ainsi que je commençai la plongée. Je dois avouer que je n'ai jamais regretté cette décision. J'ai pu explorer de nouveaux siphons, de nouvelles grottes, me confronter à des problèmes psychiques, techniques et physiques toujours plus complexes, et surtout découvrir des plongeurs ou des spéléos, des personnalités extraordinaires, apprécier des pays et des coutumes nouvelles, passant de la France à l'Italie, du Maroc au Liban, de la Roumanie à la Grèce. C'est donc à partir d'une expérience d'une extrême richesse que je vais extraire les quelques questions et réflexions qui suivent. La plongée est-elle soluble dans la science ? Il est de bon ton, dans le milieu spéléo, et depuis quelques années dans le milieu de la plongée, de fleureter avec la science. Cela fait sérieux. On se sent utile, puisque l'on contribue à la démarche scientifique. Puis, dans les années 90, on entend de plus en plus de discours scientifiques, des publications deviennent incompréhensibles (donc certainement très scientifiques et bonnes puisque le commun des mortels s'y endort). Des scientifiques donnent le ton, font la pluie et le beau temps, même si sur le plan vulgairement pratique, on ne les voit ni très souvent, très loin, ni très profond dans les siphons. Longtemps je me suis interrogé sur le phénomène qui faisait que des individus faisaient la loi dans le milieu de la plongée spéléo, alors qu'ils avaient des résultats peu probants et une minuscule expérience pratique. La question qui me vient est: pouquoi, nous les plongeurs, (et ils ne sont pas les seuls, le phénomène est général) avons-nous besoin non seulement des connaissances scientifiques nécessaires, mais en devenons-nous dépendants. Pourquoi développons-nous une attitude de croyant et isolons-nous la science telle une nouvelle église. Pourquoi déléguons-nous à d'autres la prêtrise de la science. Et au prix fort en plus ? C'est au fin fond de l'Ethiopie que j'ai reçu le premier élément de réponse, de la confrontation entre un paysan illettré (vous et moi, simples plongeurs) et un ingénieur agronome (le scientifique qui sait). Je visitais le tout nouveau champ de caféiers dans un endroit où l'on réintroduisait la culture du café. Il y avait là l'ingénieur agronome, directeur de la station de recherche sur le café, le paysan et sa famille et quelques voisins. En Ethiopie la culture du café se fait à l'ombre des arbres. Arrivé dans un champs de caféiers de 3 ans, presque arrivés à maturité, l'ingénieur se tourne vers le paysan , et du ton de celui qui sait, lui fait remarquer qu'il n'a pas planté la bonne sorte d'arbres pour protéger les caféiers du soleil. Le paysan, sans se laisser démonter, lui explique simplement qu'il a remarqué que les caféiers poussaient mieux et plus vite sous cette sorte d'arbres. Le scientifique, un bon puisqu'il a pris l'explication en compte, examine l'arbre. Et se rends compte que cet arbre est capable de fixer l'azote, donc sert d'engrais naturel. Un peu plus tard dans la même visite, on arrive au champs où sont plantés les jeunes pousses de caféiers. Nouvelles remarque du spécialiste: il faut semer plus serrés, vous perdez de la place. Il y a 15 cm de distance alors que les directives qui vous ont été données indiquent 5 cm. Et le paysan, fort respectueusement, de lui expliquer qu'il avait bien entendu les directives, mais qu'il avait également entendu dire qu'il fallait laisser 15 cm.: ne sachant que croire, qu'il avait fait l'expérience avec 5 et 15 cm, et qu'il s'était rendu compte que lors du repiquage, il y avait plus de terre autour des plantons plantés espacés et qu'ils y avait ainsi moins de pertes. A votre avis qui est le vrai scientifique, l'ingénieur agronome ou le paysan illettré ? Cet exemple illustre à merveille la différence entre un simple paysan utilisant des méthodes scientifiques de manière vivante, c'est à dire l'expérimentation et la vérification, et ceux qui se sont arrogés le titre et les privilèges de scientifiques, alors qu'ils ne sont souvent que des perroquets répétant les règles apprises à l'université, ayant oublié l'essence même de la méthode scientifique. Et ce sont les mêmes qui, de surcroît, se permettent de publier des livres qui ne sont que des recopiages appliqués. Si cette histoire nous éclaire sur l'appropriation de la science par des spécialistes, protégés par des diplômes et recevant de gros salaires, elle ne nous dit pas pourquoi nous, plongeurs de terrain, avons élevé la science au niveau d'une religion. Je me souviens, il y a plus de 15 ans, d'une expérience cuisante concernant les tables de plongée. Un peu naïf, j'avais toujours considéré les tables comme exprimant une vérité scientifique et je les respectais scrupuleusement. Etant arrivé à plus de 100 m de profondeur lors d'une exploration dans la source de Môtier, en Suisse, et n'ayant plus de tables sûres me permettant de continuer, j'avais accepté avec enthousiasme d'accompagner deux plongeurs suisses bien connus pour aller à Marseille, chez Imbert qui travaillait à l'époque à la COMEX, pour obtenir des tables trimix nous permettant d'aller plus profond. Ce fut bien instructif. Je ne dirai pas que j'aie tout compris. Mais ce que j'ai retenu, m'a empêché de continuer l'exploration à Môtier pendant plus d'une année. Imbert nous a expliqué que les tables étaient calculées jusqu'en 1983, sur une certaine hypothèse de travail, mais que l'hypothèse avait changé et que de nouvelles tables seraient calculées sur de nouvelles hypothèses. Et moi qui croyait que les tables étaient la loi et les prophètes... Et Imbert de rajouter que les anciennes tables, modifiées empiriquement en fonction des accidents survenus restaient les plus sûres. Bref, il est probable que nous avons besoin d'absolu, d'absolue sécurité, et qu'après l'avoir demandée hier à la religion, nous la demandons aujourd'hui à la science. Ce qui lui donne beaucoup de pouvoir et lui permet de se faire beaucoup d'argent avec notre crédulité. Mais c'est nous qui en sommes responsables. L'administration, une hydre à mille mains Contrairement à l'hydre, l'administration n'a hélas pas de tête. En 20 ans, elle a envahi la vie sous prétexte de la simplifier et de l'organiser. En réalité, elle crée des situations absurdes, insensées et dangereuses, plaçant des petits chefs incompétents un peu partout sur notre chemin. Telle un cancer généralisé, elle a largement endommagé le milieu de la plongée spéléo, en particulier la formation, les secours et l'UIS. Toujours pour répondre à notre besoin de sécurité face à la force anarchique qu'est fondamentalement la vie ? Je ne chercherai pas à répondre à cette question ici, me contentant de donner deux exemples qui m'ont beaucoup interrogé. Lors d'un secours récent dans le Jura (c'est ainsi qu'on nomme pudiquement la recherche d'un corps en plongée), j'ai eu l'occasion de vérifier comment l'Administration pouvait causer un sur-accident, un deuxième mort. Arrivé le lendemain de ce sur-accident, j'ai naïvement demandé comment cela s'était passé. Et l'on m'a vite fait comprendre que ce secouriste malheureusement décédé n'avait pas le niveau nécessaire pour plonger dans les conditions difficiles qui prévalaient. Quand j'ai demandé pouquoi "on" l'avait laissé partir, j'ai entendu des plongeurs secouristes reconnus et confirmés me dire leur impuissance, n'étant pas responsable du secours. Ils savaient mais n'ont pu ou voulu intervenir. Les personnes n'ont ici pas d'importance, c'est un système qui a été mis en place qu'il s'agit de changer. Quelle sécurité as-t-on, lors d'un secours, si les plus compétents ne peuvent intervenir et en viennent même à s'auto-censurer face à une organisation administrative spéléo questionnable, elle-même dans les griffes d'une administration non spéléo ayant la haute main sur le secours. La course à la "gloire" ou aux subsides et défraiements en cas de secours en est-elle la cause ? On sait bien que les plongeurs de siphon préfèrent les siphons aux commissions et autres instances administratives, laissant ainsi des plongeurs virtuels prendre des décisions dont les conséquences ne sont hélas pas virtuelles. Le deuxième exemple m'implique directement dans un autre système administratif, celui de l'Union Internationale de Spéléologie, l'UIS, dont je suis depuis 1998, le malheureux et impuissant président de la commission plongée. Pourquoi ai-je été dans cette galère, alors que j'avais déjà sur le dos la commission de plongée suisse. Avec quels espoirs et illusions ? Cela faisait bien des années que la commission UIS de plongée était devenue de plus en plus un organe administratif se prenant très au sérieux (le monde des plongeurs pouvait-il tourner sans elle ?) avec un sens particulier de la démocratie (populaire) et de l'autorité (divine). Il faut ajouter que qui vient au congrès UIS et se dit délégué de sa fédération nationale a le droit de vote. Ce sont de temps en temps des plongeurs spéléos actifs et confirmés, mais aussi bien souvent des plongeurs virtuels de passage. Il faut se rappeler que les années 90 à 98 voient se développer les idées de brevets et de moniteurs pour distribuer et bientôt vendre ces brevets. Le tout avec une sauce de nouveaux règlements, dont certains seraient comiques s'ils ne mettaient pas la vie des plongeurs qui les appliqueraient en danger. (cf le règlement "UIS" italien signé par A. Fabbricatore, le précédant président de la comminssion de plongée de l'UIS) Pour tenter d'éviter le pire, de nouveaux règlements et brevets UIS, une majorité de plongeurs italiens, belges, suisses, grecs et français m'ont élu à la présidence. Au mieux, avions-nous pensé, il sera possible de faire de cette commission, un lieu réel de rencontre de plongeurs actifs, et aussi inclure les plongeurs français qui brillaient par leur absence. Au pire, ce sera toujours 4 ans de gagné pour éviter règlements aberrants et brevets inutiles, une sorte de mondialisation de la plongée, alignée bien entendu sur la mondialisation marchande qui nous entoure. Trois ans sont bientôt passés et probablement le rêve d'en faire un lieu d'échanges de plongeurs actifs. J'ai préféré utiliser mes rares moments de libre à continuer de plonger et d'organiser des expés. Si, par la simple occupation du poste, j'ai pu empêcher nouveaux règlements et brevets dangereux, je n'ai toutefois pas trouvé le temps de faire les mises au point nécessaires lors de publications particulièrement néfaste, comme par exemple le règlement italien publié sous le couvert de la commission de plongée UIS. Je n'ai pas non plus trouvé le courage de mobiliser les plongeurs qui m'ont élu, tous des actifs, afin d'occuper mieux et plus positivement le terrain. A moins d'un miracle, je serai probablement remplacé lors du congrès du Brésil par les faiseurs de brevets et de règlements qui ont dû piétiner pendant 4 ans sans pouvoir sévir. Bien qu'ayant utilisé des exemples bien précis avec des personnes bien précises, c'est en termes de systèmes que j'essaie de réfléchir. Comment mettre sur pieds une administration de la plongée au service de la plongée et non le contraire et comment ne pas se faire récupérer, quand on essaie de participer, par une hydre administrative que l'on combat ? Les marchands de rêve. J'en arrive à la dernière partie de cet essai, probablement la plus significative, car englobant nos comportements face à la science et à l'administration: la mainmise de la société marchande sur la plongée et ses effets sur la sécurité. Au commencement, au début de la plongée, les sexes n'étaient pas différenciés. Il n'y avait ni plongeurs couple mer, ni plongeurs spéléos, ni plongeurs professionnels, ni plongeurs techs, mais des découvreurs, des explorateurs essayant de survivre sous l'eau et de découvrir ce qui y était caché: de mieux comprendre le monde. Puis sont apparus des plongeurs dont le but principal était le délassement, le changement, en un mot le loisir. Un deuxième sexe était né, qui est très majoritairement présent parmi les plongeurs mer, moins parmi les plongeurs en grottes jusqu'à très récemment: des plongeurs loisir dont la plongée est le but en soi. Le premier sexe est composé des plongeurs découvreurs et explorateurs, les plongeurs dont le but de leur activité dépasse la plongée. Ils se rencontrent majoritairement chez les plongeurs spéléos, mais aussi occasionnellement chez les plongeurs mer Les plongeurs techs apparus récemment ne sont pas une nouvelle sorte de plongeurs, mais plus simplement des plongeurs loisir plus riches. Ils plongent toujours en couples et peuvent se permettre une débauche de matériel aussi coûteux qu'inutile pour le type de visites effectuées. Ils sont le résultat le plus visible de la marchandisation de la plongée. De surcroît, ils viennent de plus en plus nombreux se noyer dans les sources, provoquant réglementations et interdictions. Time is money Il y a 20 ans, quand j'ai appris à plonger, il fallait déjà payer pour passer son premier brevet. Le prix était encore décent et les cours duraient 10 jours, alternant pratique et théorie. Pour valider le brevet, il fallait encore effectuer 20 plongées avec un moniteur, ce qui ajoutait encore 10 jours aux plongeurs pressés. Mon apprentissage a encore consisté en une centaine de plongées au lac en une année, dans le cadre d'un club, ce qui rendait les plongées très peu coûteuses. Puis 2 ou 3 plongées en grotte, surveillé de près par un plongeur spéléo, puis le stage de Cabrerêt et enfin un compagnonage de plusieurs années dans un club de plongée spéléo. Un apprentissage qui prend beaucoup de temps et coûte relativement peu cher. Plusieurs années d'un apprentissage basé sur la pratique, qui donne au plongeur le temps de faire ses erreurs, d'expérimenter et de comprendre ses possibilités et ses limites personnelles en milieu sous-marin. Aujourd'hui, la proportion entre pratique et théorie s'est inversée. Il est évidemment infiniment plus rapide de faire un stage théorique avec quand même un petit exercice pratique, qu'une acquisition par essai et accumulation d'expérience. Comme on peut faire en un week-end (de stage théorique) ce qui pouvait prendre 15 jours de pratique, et que les moniteurs facturent la même somme globale, on voit bien l'avantage financier de la méthode marchande. On assiste donc à la multiplication des cours les plus divers qui donnent l'illusion d'un savoir. Heureusement que les participants aux cours trimix donnés en 5 jours se contentent de gâcher des gaz à des profondeurs où l'on peut presque accéder en apnée, et qu'ils ne mettent pas en pratique leur savoir rapidement acquis et très théorique à des profondeurs qui seraient dangereuses pour eux. Probablement un réflexe de bon sens. Mais combien de temps cela durera-t-il devant les besoins marchands et le matraquage des médias ? En guise de conclusion Je vais m'arrêter là, laissant de côté l'analyse du rôle et des effets du sponsoring, des plongeurs dont les revenus dépendent partiellement ou totalement de la plongée, de l'enseignement ou de la fabrication et de la vente de matériel. Mon but, même si j'ai cité nommément ou indirectement des personnes, n'était pas de stigmatiser ces personnes, mais de faire apparaître les systèmes de valeurs sous-jacentes, en particulier la mainmise du système marchand de plus en plus dominant qui englobe l'administratif et la science. Si nous sommes d'accord sur le constat, comment pouvons-nous réagir ? Quelles actions positives pouvons-nous proposer ? J'ai deux certitudes qui m'ont soutenu lors de la rédaction de ce texte. Premièrement que le milieu de la plongée spéléo et de la spéléo est majoritairement composé d'individus qui ne sont pas les défenseurs d'un monde marchand, que des valeurs collectives non marchandes le régissent encore. Ces valeurs allaient de soi il y a encore 20 ou même 10 ans. Elles sont aujourd'hui attaquées par la seule valeur du profit qui est en passe de faire de l'homme une marchandise, un objet de profit. Il s'agit de s'en rendre compte et de réagir. Et cela me conduit naturellement à ma deuxième certitude: il faut défendre les valeurs collectives non-marchandes par des actions collectives. Avec l'aventure de la présidence de la commission plongée de l'UIS, j'ai réalisé qu'il était illusoire d'essayer seul, que je pouvais au mieux avoir une action de retardement. Une action positive ne peut être que celle d'un groupe. Les prochaines réunions de Dijon peuvent-elles devenir les rencontres de Davos d'un monde nouveau, d'une plongée spéléo montrant le chemin ? Dans un deuxième souffle, Info-plongée peut-il devenir le Monde Diplomatique de la plongée ? Ce seront mes souhaits pour des plongeurs et une activité qui ont apporté beaucoup de sens et de plaisir dans ma vie. |
2007-10-31 08:14:15 |
Frank | Difficile d'admettre que JJ ne remontera pas, tant on avait l'habitude de le savoir souvent sous Terre et sous l'eau. Tant il faisait partie du "paysage" depuis presque 30 ans, sans discontinuer. Je ne me permettrai pas de m'étendre sur ce qu'il fut, faute de l'avoir véritablement connu. Juste rencontré 3 ou 4 fois, et passé plus de temps par clavier interposé. Nos visions sur la Plongée souterraine divergeaient certainement, mais au moins avait-il l'honnêteté d'en faire part ouvertement. Je voudrais juste temporiser ce qu'il dit en 2000 dans le texte publié dans le post précédent. J'ai eu recours à son soutien en 1999 lors de la préparation d'une expédition en Croatie, confronté comme je l'étais alors à un de ces roitelets locaux, qui cherchait à nous contraindre à passer sous ses fourches caudines. JJ avait répondu présent, et, en tant que président de la com. plongée de l'UIS, il avait envoyé un fax de soutien à note projet. Son soutien fut bienvenu. Quelques années plus tard, ce devait être en 2004, il cherchait à proposer un "pendant" au développement d'un style de plongée basé sur des règles rigides et non adaptables, assorties d'un commerce de certifications. Toujours dans le cadre de son mandat à l'UIS. J'ignore encore pourquoi il m'avait demandé mon avis, bien qu'il m'ait confié, à l'époque, que l'hostilité de certains dirigeants franchouillards à mon égard fut de "bonne augure". Le fait est qu'après quelques échanges, il abandonna son projet de "normes UIS" avec une formule laconique "on ne répond pas à des règles absurdes par d'autres règles encore plus absurdes". Dernièrement, nous l'avions sollicité pour "Plongeesout mag". Il était d'accord sur le principe d'y publier mais sa priorité demeurait l'exploration en plongée souterraine. "Je préfère m'occuper à plonger tant que je le peux encore". Condoléances à sa famille, et une forte pensée pour Luigi, son pygmalion qui avait dépassé le Maître, pour sa plongée d'aujourd'hui. Une plongée que personne ne lui enviera. |
2007-10-31 09:18:01 |
gara | Big tragedy of great cave diver. Mladen Garasic - Croatia |
2007-10-31 14:15:02 |
Gara | Luigi Casati took out body of J.J. Bolanz todays morning from Lilly cave from the depth of -93 meters. | 2007-10-31 14:23:14 |
Alf | Message du chef des secours suisse à la liste suisse, Rémy Wenger: Bonjour à tous, Jean-Jacques a été retrouvé aujourd'hui par Luigi à 98 mètres de profondeur dans la source de Lili. Son corps a été ramené en surface. Amitiés à tous, Rémy |
2007-10-31 14:58:01 |
P'tit Lips | Merde... Pourquoi jusqu'au dernier moment, on se dit que ça ne peut pas être vrai ? Qu'il est rester coincé quelque part dans un exondé, qu'il attend sagement les secours ? Merde... C'est fois, c'est bien vrai... C'est fini... Jean-Jacques, nous n'avions pas fini notre longue discussion d'il y a un mois au bord de la source Bleue... Nous parlions enseignement en explo, nous parlions mises en page pour tes articles dans l'info-plongée, nous parlions topos... Nous avions fini sur un "Y a le temps, on se tiens au courant"... Maintenant, je regrette d'avoir dit ça. Jean-Jacques, je ne t'ai pas beaucoup connu, mais j'ai eu l'impression d'apprendre énormément à chacune de nos rencontres. Comment faisais-tu pour être si simple et si accessible à ton niveau ? Tu vas nous manquer à tous. Courage à tous ses proches. Adieu. |
2007-10-31 15:14:41 |
Marc Beltrami | Jean Jacques , en plus d'etre un ami ,était un être exeptionnel . Comme le dit Lulu , il laisse un grand vide autour de nous , il va nous manquer... Marc Beltrami |
2007-10-31 17:52:55 |
je | salut a toutes et a tous La vie n’est qu’un passage ici ! Parfois trop court ! Mais comme on est gourment ! On trouve toujours que c’est trop court ! Mois j’aime bien la gourmandise ! courage joel enndewell |
2007-10-31 18:04:59 |
soso | Jean-Jacques est parti à l'endroit où se trouvait l'essence même de sa vie... sous l'eau dans une grotte. Là où il est, il nous regarde tous avec son petit sourire toujours en coin... j'en suis sûre. Chez nous une bougie est allumée depuis hier. Merci à Luigi de l'avoir retrouvé et ramené pour que tous ses proches puissent lui adresser un dernier au revoir.... mais jamais nous ne lui dirons adieu puisqu'il sera encore et toujours là grâce à toutes ses découvertes, ses qualités et ses "petits" défauts, grâce surtout à cette manière qu'il avait d'enseigner la VIE à chacun d'entre-nous... et tout cela fait qu'il vivra encore pendant longtemps à l'intérieur de chacun de nous. Toutes mes pensées vont à chacun d'entre-vous pour qui Jean-Jacques était important... un père, un mari, un ami, un "papa spéléo", un grand-père, bref un homme bon et bien. Pensées encore à Luigi, José, Patrick ainsi qu'à son fils et sa fille qui se trouvent en ce moment auprès de lui. | 2007-10-31 19:29:50 |
Gruissanot J luc | Tres tres triste ...mille pensees a ce départ pour les profondeurs... et plein d'emotion et de compation pour sa famille ... | 2007-10-31 21:30:03 |
Françoise et Jacques | Bien triste nouvelle. Pensées émues pour ses proches. |
2007-10-31 21:42:28 |
françoise et Jacques | et surtout à Luigi | 2007-10-31 21:56:08 |
jean-marc | Consternation et tristesse. Toute ma sympathie à sa famille et à ses amis. |
2007-10-31 22:04:57 |
amertume | Quelques informations sur JJ, avant sa dernière plongée. http://www.aquaticateam.it/bolanz.asp?menu=team |
2007-10-31 23:00:22 |
A. Prélaz | Je suis vraiment triste, Jean-Jacques était vraiment un grand amis pour moi. Il ma appris a plongé en spéléo. Il me manque……… |
2007-11-01 17:55:48 |
T.T. | Jean-Jacques, tu faisais pourtant parti de ceux a qui il ne pourrait rien arriver, mais elle est arrivée quand même…. Ce fut un honneur pour moi de t’avoir rencontrer et fait quelques explos ensemble. Tu étais de ceux qui ont cette soif de premiere, loin des grands discours, cette soif qui nous tient et qui ne nous lâche plus, cette soif de vouloir en savoir toujours plus, mais cette soif, aussi qui ne se lassera donc jamais de nous piquer nos amis, nos copains.. Tu es parti pour ta dernière explo, celle dont personne n’a jamais fait de compte rendu, mais j’espère que pour toi se fut la plus belle…. Merci pour ta gentillesse, ton humanisme et pour tout ce que tu étais. Merde, il va y avoir un grand vide. Toune |
2007-11-01 18:58:06 |
Ph.Bigeard | C'est pas eux qui partent, c'est nous qui restons. Ils nous apprennent à rester, à chaque fois. Nous resterons, Jean-jacques. Chaudes pensées d'amitié pour Gigi à qui il doit devenir très pénible de rester. |
2007-11-02 06:54:31 |
Jean Marc Mattlet | Ce coup ci, je n'ai pas de mots, que de la tristesse. Tu rayonnais, JJ, et c'était que du bonheur quand tu étais là... |
2007-11-02 17:42:02 |
Fabien Darne | J'ai souvenir de Jean-Jacques, organisateur, moteur, de l'expédition Liban 1992, dans le garage de la villa où nous étions hébergés, faisant son mélange avec une bouteille d'hélium dénichée à Beyrouth, "coinçant la bulle" au retour d'une plongée profonde dans le siphon de la grotte de Jeita, sérieux et bon vivant... Ciao JJ ! Fabien |
2007-11-03 12:24:01 |
Roger | de retour chez moi aujourd'hui. Lu les messages. Je suis triste,j'ai eut l'occasion de faire des activiter avec Jean-Jacques, le calme, la gentilesse....c'est un grand vide. Roger. |
2007-11-03 16:40:10 |
Marc VDM | Jean-Jacques, avec sa carrière d'une longeur et d'une richesse rarement égalées était, évidemment, de ceux à qui cela n'arrive pas. J'avais rencontré JJ sur un secours. Dès le début son carisme et son enthousiasme m'avaient conquis. Plus tard, j'ai eu l'occasion de donner quelques coups de main à JJ et à Luigi qui formaient un tandem improbable mais d'une rare efficacité. JJ aimait à se définir comme un explorateur. C'était aussi un humaniste. Capable de se dépenser sans compter tant pour une explo que pour un projet humanitaire. C'est plus qu'un ami que nous perdons :-( |
2007-11-04 12:02:15 |
Marc Renaud | j'ai rencontré jj b il y a plus de vingt ans alors qu'il était venu plonger le ragas dans le var. j'étais alors spéléo et c'est avec cette rencontre que j'ai décidé de passer à la plongée spéléo. j'avais de ses nouvelles par Douchet qui le croisait sur des expé. je garde en souvenir son accueil chaleureux et sa gentillesse.Je pense que je lui dois mon humble carrière de plongeur spéléo . marc renaud |
2007-11-04 22:02:03 |
Kwenani Bolanz | Sable du temps, voix de l’oubli Bercent les nuits où s’entend et se perd le vent vert de la mer J. Riondet Christiane Bolanz-Favre à Vers-chez-les-Blanc Carole Bolanz, Philippe Guérard, Arnaud, Martin et Dimitri à Ecaussinnes en Belgique Hélène Bolanz, Thierry Rahm, Camille et Anaïs à La Chaux-Cossonay Kwenani Bolanz, Chantal Bolanz-Girod, Auxane et Emilien à Ogens Ses familles de sang et de cœur, d’ici et d’ailleurs Ont la tristesse de vous annoncer la disparition de Jean-Jacques BOLANZ Le 29 octobre 2007 à l’âge de 67 ans dans la source de Lili en Grèce. Nous lui dirons adieu au temple de Lutry vendredi 9 novembre à 15 heures. L’incinération aura eu lieu avant. Adresse de la famille : Le Moulin Chemin des Losiardes 8 1000 Lausanne 26 A la place de fleurs, vos dons seront versés directement aux projets pour lesquels Jean-Jacques s’engageait en Ethiopie et en Zambie. CCP n°: 17-317834-3 SWIFT code: Pofichbe IBAN code: CH58 0900 0000 1731 7834 3 |
2007-11-05 22:05:32 |
MANOLO | C EST UN AMI QUE JE PERD je l avais vue arriver a la plonge sout il y a plusieur dizaine d annee il venait d arriver avec des amis suisse a CABRERET comme stagiaire ne connaissant rien a la souterraine et moi j etais la comme cadre ..nous avons de suite sympatise 80% des plonges nous les avons faite ensemble ..nous nous somme retrouve sur de belle plongee comme LE RAGASSE a TOULON l eleve avait depasse " le maitre " mais il etais reste simple ...un ami quoi ....JEAN JACQUES TU NOUS MANQUERAS A TOUS ..... MANOLO |
2007-11-06 06:34:03 |
Nour Farra | Un message d'amitie et de tristesse du Liban... C'etait un ami de la famille des speleologues libanais ainsi que du Liban Nous garderons toujours le souvenir de Jean Jacques avec le sourir, beaucoup a donner et beaucoup a recevoir... Nous penserons a vous tous et specialement a lui le vendredi Amicalement et sincerement |
2007-11-06 10:20:20 |
Jean Marc Mattlet | à sa famille et aux amis qui seront présents vendredi, j'adresse mes pensées de tristesse et d'encouragement. J'allumerai une bougie en pensant à lui et aux bonnes choses qu'il a partagées avec tant de personnes... |
2007-11-06 10:50:39 |
Hubert | Nous avons appris la nouvelle ce 1er. Nous avons tout de suite pensé à Christiane qui nous avait dit la passion de Jean-Jacques pour la plongée. Le soir, sur internet, nous avons découvert des photos de ses expéditions qui nous ont profondément impressionnées. C'est émouvant. Nous pensons bien à vous. Sincères amitiés à Christiane, Carole et toute la famille. Hubert, Geneviève, Edouard, Victor et Eloi |
2007-11-07 09:56:32 |
gigi casati | Jean-Jacques BOLANZ (22.1.1940-29.10.2007) Jean-Jacques est entré dans ma vie en 1986, suite à une rencontre tout à fait fortuite. En effet, je m’étais offert comme « Sherpa » afin de transporter son équipement et celui de Patrick Deriaz dans les siphons de la grotte de Fiumelatte. Jean-Jacques m’est apparu tout de suite comme un personnage charismatique et en tant que plongeur j’étais surtout curieux de découvrir ses techniques de plongée. A ce moment-là, je ne parlais aucune langue étrangère et Beatrice me servait d’interprète afin de communiquer avec lui. Beaucoup d'eau a jailli des sources depuis ces premières rencontres, et de nombreuses notions, non seulement de plongée, mais aussi de français sont entrées dans ma tête et nous ont permis d’échanger nos opinions à propos d’énormément de sujets, et son travail n’était pas en reste. Jean-Jacques était fortement impliqué dans son travail comme éducateur social en Afrique et durant ces dernières années, même s’il était à la retraite, il a continué à collaborer à ses principaux projets en Ethiopie. Jean-Jacques me parlait de l’Afrique comme seuls ceux qui y ont vécu pendant de nombreuses années savent le faire, il me parlait aussi de son collègue sur place, son alter ego, Bekele Mosisa. Je connaissais Bekele au travers de Jean-Jacques, ses attentes et ses souhaits, et après avoir eu l’occasion d’échanger quelques mots au téléphone avec lui, je sais que lui aussi me connaissait de la même manière, et qu’il en savait beaucoup sur moi. En fait, Jean-Jacques adorait partager ses passions avec ses amis proches et leur faire partager les divers aspects de ses activités. Durant ces années, pendant que ses petits-enfants grandissaient, j’ai été accueilli chez lui, tout d’abord comme « apprenti » plongeur, puis le temps passant, comme un véritable ami. Ensuite, quelque chose de plus s’est développé dans notre relation, et j’ai eu le sentiment d’être accueilli presque comme son fils spirituel dans notre passion commune qu’est la plongée speleo. Dans une interview pour un documentaire sur la source Covol dei Siori Jean-Jacques disait : « Je dois confesser que je suis réellement reconnaissant à la vie de m’avoir permis de rencontrer un ami comme cela. Tout ce que fait Luigi, c’est comme si je le faisais moi-même… » L’activité exploratoire de Jean-Jacques a duré plus de 30 ans, et elle s’est développée dans toutes les directions possibles de l’exploration, des grosses sources profondes, à celles avec d’importants développements horizontaux, des siphons « fond de trou », aux immersions multisiphons, des pertes, aux grottes thermales ; une quantité énorme d’activités, environ 2000 immersions effectuées presque toujours en exploration, ou en alternance dédiées à la topographie. L’engagement mis dans les grandes explorations était égal à celui mis dans celles moins stimulantes comme la topographie, tout ceci démontrant un professionnalisme dans la passion, comme seuls les Grands peuvent et savent le faire. Jean-Jacques grand explorateur, plus de 25 ans passés à tous les niveaux du panorama international, a réalisé des explorations qui encore aujourd’hui sont incroyables. Rescapé des périodes durant lesquelles on forçait les temps de plongée et les profondeurs tout en utilisant comme seul mélange respiratoire – l’air. Pionnier dans l’utilisation des mélanges Trimix à usage sportif, effectuant la première plongée aux mélanges en grotte en Italie à la source du Gorgazzo en 1987 et atteignant la profondeur incroyable de –108 m. Il était capable d’évoluer continuellement aussi bien d’un point de vue personnel que technologique, investissant dans des « zep », cloches de décompression, caissons hyperbares portables, etc… Cela m’a toujours stupéfié de voir qu’à plus de 60 ans Jean-Jacques continuait à acquérir des nouvelles combinaisons, « zep », équipements pour des plongées profondes, avec autant de passion et de frénésie qu’un jeune homme qui a encore toute la vie devant lui. Quand il me demandait de lui procurer quelque équipement et que j’étais en retard, même si je réussissais à me justifier, il remplissait ma boîte aux lettres d’e-mail gentiment menaçants… Souvent quand nous nous rencontrions, nous résolvions alors nos petites controverses à table devant de bons plats et d’excellentes bouteilles, parce que Jean-Jacques était un bon vivant très gourmet. Dans chaque localité, sur chaque itinéraire de nos différentes expéditions, nous avions nos arrêts forcés dans les capitales de la bonne cuisine. En 2003, à l’âge de 63 ans, Jean-Jacques a commencé à utiliser un circuit semi-fermé et après environ 200 heures d’utilisation, attiré par les performances du circuit fermé, il a décidé d’en acquérir un : en 2004, le grand saut. L’utilisation de ces recycleurs, beaucoup plus légers à gérer comparés à un classique circuit ouvert, ont redonné à Jean-Jacques une deuxième jeunesse, et il a bien sûr très rapidement retrouvé un rôle important parmi les quelques utilisateurs de ce type d’appareil en plongées difficiles. Durant ces dix dernières années, lui et moi avons vécu en parfaite symbiose, appréhendant de la même manière les épreuves de la vie, la politique, la liberté, ou plus simplement achetant les mêmes produits, les mêmes équipements, passant beaucoup de notre temps ensemble, partageant les succès, programmant de nouvelles explorations, recherchant de nouveaux contacts dans de nouveaux pays, etc. Pour finir, après avoir changé sa vieille camionnette, Jean-Jacques s’était aussi acheté une tente à mettre sur le toit de son auto similaire à la mienne, la trouvant si agréable que quand il venait me voir, il ne dormait plus dans sa petite chambre, mais dans son alcôve surélevée. Cher Jean-Jacques, nous nous sommes retrouvés à Corinthe le dimanche 28 octobre et je t’ai apporté des accus de rechange pour tes lampes, des toutes neuves, car tu avais des problèmes avec celles utilisées jusque-là. Nous avons échangé quelques mots très rapidement car mon ferry pour la Crète ne pouvait pas attendre ; nous avons regardé ensemble la décompression pour ta plongée car les –140 mètres faits quelques jours avant ne te suffisaient pas. Tu désirais que ta plongée la plus profonde soit à Lili la grotte qui t'appelait depuis plus de dix ans, celle qui à cause de mauvaises conditions atmosphériques tu n’avais pas pu explorer avant, mais aussi la grotte où moi je ne voulais pas retourner en exploration après que, quelques années auparavant, dans des conditions hydriques particulières, nous avions été quasiment aspirés dans ce noir qui pourtant nous attire tant. A la sortie du bar, pendant que nous retournions rapidement à nos voitures, je t’ai dit – « Fais attention ! Tu seras très profond ». Les mêmes mots que tu me répétais toi-même avant chaque plongée ; sur la route ton cure-pipe est tombé de ta poche et comme cela se passait souvent je l’ai ramassé et te l’ai rendu en souriant. Une fois en voiture, je me suis aperçu que nous avions oublié de changer d'heure et qu'il n'était pas si tard que ça. Nous aurions pu passer encore une heure ensemble, mais nous avions démarré et cette fois reste une des rares fois où nous n’allions pas ensemble au bord d’une source. Nous nous sommes salués avec quelques mots, avec nos regards complices, remplis de promesses, et un sourire réciproque que je ne savais pas être le dernier. Lundi 29, j’ai reçu un appel de Vassili à 18 heures qui me disait que tu étais en retard à la sortie : avant même qu’il ne redescendent dans l’eau pour contrôler, j’avais compris que nous ne nous reverrions plus. Le ferry pour revenir dans le Péloponnèse était déjà parti, et j’ai dû attendre 24 heures pour rentrer, pour venir te chercher. Heureusement les amis grecs ont eu cette humanité qui avait manqué quand Massimiliano était parti. Je t’ai trouvé le 31 octobre, à –93 mètres, en train de remonter d’une plongée à –152 m, où tu dormais. J’ai pleuré dans l’eau en te voyant comme ça abandonné dans la profondeur d’un sommeil sans retour. J’ai compris que tu t’en étais probablement allé suite à une intoxication au CO2, quelque chose qu’à l’heure actuelle nous pouvons tenter de prévenir, mais que nous ne sommes pas en mesure de vaincre lorsque cela arrive. Je suis seul, tu n’es plus là, tu ne me conseilleras plus, tu ne me diras plus « Fais attention », nous n’échangerons plus de regards intenses mais je sais que tu n’as pas subi la vie, tu ne l’as pas non plus vécue de manière superficielle, tu l’as vécue intensément, donnant un sens aussi bien à ta vie qu’à la mienne. Je te verrai dans l’obscurité des grottes, dans les galeries qui, avec la passion que tu m’as transmise je continuerai à parcourir. Tu seras toujours avec moi, Mon Ami. Luigi Casati traduction par Sophie Cook et Daniela Spring |
2007-12-06 19:59:03 |