LES PROPULSEURS

 

(JP Stefanato - mars 1996)


Aquazepp, Roger Cossemyns

 

 

1 - INTRODUCTION :

Je ne suis sûrement pas le plus compétent pour parler des propulseurs : j'ai passé plus d'heures à porter des bouteilles entre les siphons qu'à chevaucher des Zepp. J'en vois dans la salle qui ont une pratique bien plus conséquente que moi. Mais il fallait que quelqu'un s'y colle et il parait que c'est mon tour!

2 - INTERET DES PROPULSEURS :

2.1 - RAPIDITE :

30 à 50 m/mn. Des vitesses supérieures seraient rarement compatibles avec nos conditions habituelles de plongée.

La vitesse dépend de la motricité de l'appareil et de l'équipement transporté.

Cette rapidité permet de réduire le temps de plongée et par là même la durée de la décompression.

2.2 - DIMINUE LA CONSOMMATION ET L' EFFORT :

La conso peut être divisée par 2 si les conditions sont confortables. C'est encore plus sensible en profondeur.

2.3 - FORCE MOTRICE :

Elle est nécessaire pour déplacer les gros scaphandres. Elle peut aussi être utilisée pour transporter du matériel : voir les trains de bouteilles de Cocklebiddy.

2.4 - INCONVENIENTS ET CONTRAINTES :

Vitesse : rend difficile l'observation (et a fortiori la topographie) de la galerie. Personnellement je préfère faire la première à la palme.

Visibilité : nécessite une visi suffisante (au moins 1 m à 1,5 m pour suivre un fil à 25 m/mn).

Encore un matériel de plus : risque de panne supplémentaire, portage.

3 - TECHNOLOGIE DES PROPULSEURS :

3.1 - FONCTIONS A ASSURER :

- Propulsion : . moteur : 12 ou 24 V courant continu,

. transmission : réducteur et friction évitant le blocage du moteur,

. hélice : spécifique, en plastique ou en alliage d'alu,

. turbine : protège l'hélice et canalise la poussée, mais craint les déformations. Il faut éviter d'en obstruer l'entrée avec du grillage ça réduit beaucoup le rendement.

- Energie : . accus plomb-gel ou nickel-cadmium; dégagent de l'hydrogène et de l'oxygène.

. certains modèles sont munis de catalyseurs pour fixer ces gaz dont le mélange est explosif.

. éviter les modèles à phare intégré (consommation électrique inutile).

- Commandes : . parfois associée à des ailerons d'assiette,

. l'appareil doit stopper si on lâche la commande,

. l'appareil doit pouvoir être piloté d'une main, indifféremment la gauche ou la droite,

. la commande peut être mécanique (contact interne), électrique (contact externe) ou par ILS; dans tous les cas elle actionne un relais : il est important d'éviter le pianotage qui augmente le risque de collage du relais,

. possiblité de plusieurs vitesses : par réglage de l'hélice, par inversion 12 V / 24 V, par calage du moteur (ces deux dernières possibilités sont présentes sur les Aquazepp).

- Etanchéité : . par joints toriques sur les caissons,

. le compartiment batterie est isolé du compartiment moteur (risques d'explosion suite au dégagement d'hydrogène et de corrosion suite à des fuites de la batterie),

. par joint tournant sur l'arbre d'hélice et sur le passage des commandes (si mécaniques),

. profondeur limite : 50 à 180 m selon les modèles.

- Traction : . soit par poignées : efforts sur les bras et difficulté à lâcher une main; dans ce cas il est recommandé de rajouter une longe réglable reliée à la ceinture,

. soit par barre de poussée fessière (appareils chevauchés),

. les appareils tracteurs sont généralement plus compacts, la propulsion est près du corps et non derrière ce qui entraîne des risques accrus d'accrochage de matériel dans l'hélice.

3.2 - EVOLUTIONS POSSIBLES :

- Autonomie : . batteries plus nombreuses : allonger le corps du propulseur,

. batteries plus grosses : augmenter le diamètre du caisson, ou retailler les nervures internes pour les Appolos ou Tekna (limite la profondeur d'utilisation),

. batteries plus performantes (plus chères).

- Profondeur limite : . prévoir un inflateur (avec une soupape tarée pour le retour vers la surface, car selon sa construction l'appareil peut résister à la pression externe mais pas à la pression interne).

- Lestage : . après tous ces bricolages le propulseur est généralement trop lourd : il faut donc lui adjoindre des flotteurs (fixes ou gonflables) ne modifiant pas son assiette (il doit rester horizontal axialement et vertical radialement); attention à la compression des flotteurs qui risquent non seulement d'alourdir l'ensemble en profondeur mais aussi de se détacher.

- Bricoles : (pour Aquazepp) :

. protéger le levier de l'inverseur 12/24 V : déplacé inopinément il provoque un arrêt intempestif parfois désagréable,

. protéger la base de la turbine par un sabot afin de limiter les risques d'accrochage sur des cailloux et de déformation de la turbine quand on passe trop près du sol,

. renforcer la barre fessière près du point d'ancrage (ou mieux l'articuler pour qu'elle se replie vers l'avant pendant le transport ou dans les passages bas),

. on peut se dispenser des ailerons (fragiles) sur les Zepp courts,

. Olivier Isler conseille aussi de remplacer le système de commande et les relais.

- Dissocier les fonctions : il serait séduisant pour limiter le volume de l'appareil d'utiliser des packs d'accus amovibles sous l'eau.

- Améliorer la pénétration : réduire la traînée (voir chapitre utilisation).

- Fixer des bouteilles sur le propulseur : résoudre les problèmes de fiabilité de l'assemblage, de protection des robinets, d'accessibilité des détendeurs et des manos (tuyaux rallongés), d'équilibrage de l'ensemble (variable selon la quantité d'air consommée dans les bouteilles).

 

4 - UTILISATION PRATIQUE :

4.1 - EQUILIBRAGE, POSITION :

Tout comme en palmage, l'effort à fournir dépend de la position (assiette) du plongeur dans l'eau : il doit être horizontal et faire corps avec le propulseur (pour diminuer la traînée).

En conséquent l'ensemble plongeur et propulseur doit être parfaitement équilibré : le propulseur permet (plus facilement qu'à la palme) de compenser les défauts de flottabilité, mais ceci peut entraîner :

une dépense d'énergie inutile et un inconfort du plongeur,

- des problèmes quand on coupe le moteur : trop lourd l'équipage chute (ce qui peut être gênant au dessus d'un banc d'argile, ou au dessus d'un puits), trop léger le plongeur s'envole vers le plafond.

L'équilibrage latéral a aussi son importance : le port d'une seule bouteille-relais fixée à la bretelle peut nuire au confort du pilote.

En résumé :

- le propulseur doit être intrinsèquement équilibré : il doit se poser délicatement au fond quand on le lâche,

- le pilote doit continuellement ajuster sa propre flottabilité qu'il peut contrôler en observant l'assiette du propulseur ou l'orientation des ailerons ou un effort sur les palmes ou encore en marquant de courtes pauses.

4.2 - SUIVI DU FIL :

Bien qu'il soit possible de suivre le fil à la main, à petite vitesse, en cas de visibilité réduite, le plus souvent le fil est suivi du regard. Il doit donc se trouver dans le champ visuel du pilote. Le plus sûr et le plus confortable est de placer le propulseur au dessus du fil et décalé sur le côté. En conséquence :

- à l'équipement du fil penser à l'espace de progression du propulseur,

- en navigation, se méfier du plafond :

- protections de robinets,

- attention aux lampes,

- attention au masque (masque de rechange),

- se méfier aussi des fils pendants, qui sont faciles à aspirer dans l'hélice,

- la visibilité doit être suffisante (y compris au retour), la galerie assez spacieuse, l'éclairage suffisamment puissant (20 à 50 W).

(Pour la pose de fil au Zepp, il est possible d'utiliser un tube-guide fixé sur le côté qui garde le fil éloigné de l'hélice.)

4.3 - PORTAGE :

A l'extérieur on peut porter séparément les batteries et le propulseur. En milieu aquatique il vaut mieux le porter assemblé. Donc en pratique ne sont portables que les Appolo et les petits Zepp, par exemple sur une claie rigide.

4.4 - AUTONOMIE :

L'autonomie annoncée par le constructeur doit être pondérée selon plusieurs critères :

- le niveau de charge et la vétusté des batteries,

- les conditions d'utilisation (équilibrage de l'équipage et volume du matériel transporté).

Donc pour évaluer l'autonomie effective il faut faire des essais dans les mêmes conditions et prendre une marge de sécurité (aller + retour + 20 %). On peut aussi tenir compte du fait que la distance de retour peut être plus courte que la distance à l'aller (selon l'endroit où vont débuter les paliers).

4.5 - GESTION DE LA SECURITE :

En cas de panne au point distal le retour à la palme (en traînant ou en abandonnant le propulseur) va provoquer :

- une consommation doublée ou triplée par rapport à l'aller,

- un risque de narcose ou d'essoufflement dus à l'effort,

- une durée plus importante donc une décompression majorée.

deux solutions existent :

1 - gérer la panne : gaz supplémentaire,

2 - éviter la panne : redondance.

1 : gérer la panne (exemple Thouriès juillet 1995) :

- aller 950 m au Zepp,

- explo jusqu'à 1050 m à la palme,

- sécurité pour retour à la palme de 950 à 500 m (distance du premier palier),

- bases de calcul :

- vitesse au Zepp : 35 m/mn,

- conso au Zepp : 15 l/mn,

- vitesse à la palme en traînant le Zepp : 12 m/mn,

- conso à la palme en traînant le Zepp : 25 l/mn.

Dans ces conditions le retour prend 25 mn de plus que l'aller, ce qui représente une surconsommation de 5215 normo-litres. Donc en plus du gaz prévu pour gérer la sécurité de la plongée il faut 5215 l de plus pour la sécurité en cas de panne du Zepp.

Le temps supplémentaire (ramené à la profondeur maxi) est à prendre en compte pour le planning de décompression correspondant au retour à la palme. Il faut aussi rappeler que tout l'équipement doit être acheminé devant le S2, après 100 m de S1 et 400 m de portage spéléo d'où le souci de faire au plus juste (d'ailleurs le gaz restant à été réutilisé le lendemain pour la topo).

La limite de cette technique est atteinte pour des plongées de longue distance : imaginez un retour à la palme du fond de la Doux de Coly (3 km en dessous de - 50), d'où l'intérêt de la solution 2.

2 : Eviter la panne :

la seule solution acceptable consiste à associer deux appareils totalement redondants (et en parfait état), de même autonomie, utilisés alternativement. Des exemples d'application sont le couplage de Zepp utilisé par Olivier Isler et le deuxième Tekna tracté en bout de longe par Mike Madden.

En associant double propulseur et scaphandre à recycleur on obtient les clés de la plongée longue distance et longue durée.

 

J. Meynié

J. Meynié


par Arne Hodalic

 


fil dans l'hélice , par Jérôme Meynié

 

 

par H. Chauvez

 

 

 

 

 

 

J. Meynié


J. Meynié


photos d'Hervé Chauvez


photos d'Hervé Chauvez


photos d'Hervé Chauvez


photos d'Hervé Chauvez

 

R. Cossemyns

 

 

Majerovo Vrelo, R. Huttler

 

 

Premeco Marnade, R. Huttle


par H. Chauvez

par J. meynié

par J. meynié

par J. meynié

Par H. Chauvez

Par H. Chauvez


Par H. Chauvez


par Arne Hodalic