Les palmes Quelques astuces pour palmipèdes cavernicoles décembre 2003
par Frank Vasseur |
En plongée souterraine, les palmes doivent, comme tout le reste (équipement,
objectifs, ambitions
etc.) être adaptées au type de plongée,
mais aussi aux conditions d'évolution difficiles et traumatisantes.
Fi des boucles et autres système de fixation en plastique qui accrochent
le fil d'Ariane, qui se bloquent avec le sable ou l'argile ou qui cassent suite
à des chocs lors du portage ou de la progression.
Plusieurs incidents graves et accidents de plongée souterraine ont pour
origine la perte d'une palme (essoufflement, perte d'équilibre, égarement,
remontée en ballon en vêtement étanche).
Comme il est exclu d'emporter une seconde paire de palmes, voire une palme supplémentaire
en plongée souterraine, divers systèmes ont été
développés.
Initialement, on utilisait une " longe ". Un morceau de cordelette fixé à la palme d'un côté, à un anneau de chambre à air de l'autre. L'anneau, passé autour de la cheville du plongeur, solidarise la palme avec sa jambe. Il peut la retrouver en cas de rupture de sangle ou de la fixation pour effectuer une réparation ou un bricolage à l'air libre si une surface est proche, mais difficilement l'utiliser pour se " rapatrier " si le siphon est long.
I Le système d'Outre-Atlantique : les
ressorts.
Le principe consiste à s'affranchir des risques de rupture de la sangle
en caoutchouc et / ou de la boucle de fixation / réglage en plastique,
en remplaçant la première par un ressort et les secondes par des
boucles métalliques ou des anneaux percés.
Plusieurs sites (en anglais) sont très explicites sur cette option. Merci
à Maxime de Gianpietro pour les " tuyaux " et la fourniture
de ces fameux ressorts.
http://www.deeperstuff.com/spring-strap.htm
http://www.cisatlantic.com/trimix/newspring/schultzspring.htm
http://www.cyber-strategy.org/pers/FinStraps.html
A l'usage, outre les avantages de ce système (compact, robuste, simple, solide), on apprécie, dans les progressions " multi-siphon ", la facilité à accrocher ses palmes sur un mousqueton. Lorsque cette opération est fastidieuse (avec des sangles larges) et qu'il faut la répéter souvent, on apprécie de se simplifier la vie. Le diable est dans le détail.
Pour ceux qui redoutent les problèmes liés à l'usage des ressorts (étirement à l'usage, corrosion, blocage par l'argile ou le sable, système non redondant), qui trouvent leur prix trop élevés ou qui peinent à s'en procurer, plusieurs solutions basées sur l'utilisation de sandow ou de caoutchoucs existent.
II Les systèmes redondants : les élastiques
II.1 les palmes customisées de Jean-Marc Lebel
Photos : palmes jml dessus Palmes jml latéral |
Le principe (made in France) consiste à utiliser de la chambre à
air pour confectionner deux anneaux (redondance) destinés à remplacer
la sangle.
Il est important d'accorder une rigueur particulière au choix de la chambre
à air. La découpe doit être faite avec des ciseaux tranchants
et pointus, pour éviter toute amorce de découpe dans l'anneau.
Comme pour les ressorts, les boucles de fixation sont remplacées par
du fil de fer enroulé autour des ergots de plastiques soudés aux
palmes.
Le fond de la partie chaussante est entaillé (mais l'extrémité solidarisée par un collier) afin d'évacuer l'argile et le sable collés sous les chaussures après une progression post-siphon.
II.2 Les sandow doublé de Carlos Castro
Photo : Sistema antienganche par carlos castro
Les causes de perte de palme sont multiples :
1 - sangle de palme détendue (oubli de tension au moment de l'équipement
ou déréglage durant la plongée pour un motif quelconque)
;
2 - rupture de la sangle (problème solutionné par le remplacement
régulier, la protection du soleil et une certaine délicatesse
à l'équipement comme au déséquipement).
3 - rupture de la boucle en plastique qui unit la sangle à la palme.
Cette fermeture est la partie la plus fragile du système de fixation.
Le froid les fragilise, elles peuvent se rompre sans qu'on s'en rende compte
à moins de les réviser minutieusement avant chaque plongée.
Une palme heurtée par une bouteille, rentrée de force dans un
sac ou une caisse d'équipement
etc. peut être légèrement
fissurée au niveau du plastique et se rompre au moment le plus inopportun.
4 - emmêlage de la palme (surtout de la boucle en plastique) dans le fil
d'Ariane : survient régulièrement si on se s'en méfie pas,
essentiellement dans des passages étroits ou avec des conditions médiocres
de visibilité.
Les efforts pour se démêler peuvent provoquer l'ouverture ou la
rupture de la fermeture (particulièrement ceux d'une marque italienne),
avec le risque conséquent de perdre la palme.
Il existe certainement d'autres causes possible de perdre ses palmes, mais on
ne peut pas être exhaustif.
Carlos a mis au point un système, adopté depuis par plusieurs membres de l'équipe des Tritons (Navarre).
Il s'agit de démonter et d'écarter les sangles et les boucles
traditionnelles, de raccourcir la couronne des tétons en forme de champignon
qui restent sur les palmes, pour les convertir en deux cylindres.
Les perforer avec une mèche de 3mm et passer dans ces orifices deux anneaux
en acier inox de 20 mm de diamètre.
Dans ces anneaux métalliques, passer un anneau en sandow de 10 mm de
diamètre, les coudre et protéger la couture avec du ruban adhésif.
On obtient ainsi :
1 - une bande de caoutchouc quasiment impossible a rompre (essayez d'étirer
le sandow pour voir s'il casse) ;
2 - l'élimination des boucles de plastiques susceptibles de s'ouvrir
ou de casser ;
3 - une diminution conséquente des risque d'emmêlage dans le fil
d'Ariane ;
4 - une grande commodité à chausser et ôter les palmes dans
toutes les postures.
Ce système est utilisé depuis plus d'un an (depuis un désagréable emmêlage dans la Fuentona qui a eu pour conséquence la suppression définitive des fixations traditionnelles) avec satisfaction et en complément de plombs de chevilles
Plus détails sur le site du groupe Triton : http://www.grupotriton.org
II.3 Les sandows redondants par Josep Guarro
|
||
III Les palmes " fond de trou "
Nous devons cette astuce à l'équipe Rhône-Alpine de la
S.D.N.Oyonnnax (01). Elle consiste à bénéficier d'instruments
de propulsions valables sur de courtes distances, compacts et légers
à transporter (fond de trou, multi-siphon).
Locatelli C. 1992 " Les palmes fond de trou " Info-Plongée
n°59, p.6.
Il s'agit en fait de palmes indépendantes de la chaussure :
découpées dans des voilures de Dessault, il faut y rajouter une
nervure de chaque côté dans le sens de la longueur (bande de PVC
épais fixés au avec des rilsans) pour limiter le dérapage.
Des anneaux de chambre à air et une sangle avec boucle de serrage permettent
de les fixer sur les bottillons.
ENORME AVANTAGE par rapport à des palmes classiques : gain de place dans
les kits fond de trou (pas de partie chaussante donc plates) et en post-siphon
(très légères et peu encombrantes).
Leur rendement est bien sûr médiocre mais pour des siphons relativement
courts (je les utilise jusqu'à ~400 m) et avec des scaphandres raisonnables,
çà va bien. Bien sûr avec un quadri 20 litres c'est un peu
juste...
Jean-Marc Lebel.
Il faut apporter une attention particulière à l'attache sur le coup de pied, qui doit être suffisamment " dure " (non-extensible) pour maintenir le pied sur la palme durant les mouvements (ciseaux verticaux ou brasses latérales).
Après ça, une fois que vous aurez fait votre choix, vous pouvez toujours passer au cran " supérieur ". Consultez l'article de Jean-Pierre Stefanato sur les propulseurs.
Frank Vasseur, le 4/12/2003