MATÉRIELS
& TECHNIQUE La pontonnière et la cagoule Marboré La pontonnière et la veste néoprène Utilisation possible en siphon |
par Luc FUNCKEN et Etienne HOENRAET
paru dans Spélunca n°24 d'octobre - décembre 1986
Le but de cet article est de synthétiser
les données concernant l'utilisation peu connue de la pontonnière
et de la cagoule Marboré ou veste néoprène pour le
franchissement de courts siphons. Cette technique a déjà été utilisée de nombreuses fois avec succès. Cependant, cela reste une technique de pointe, permet-tant notamment de diminuer le poids du matériel transporté. Les renseignements fournis par cet article ont pour but essentiel de diffuser des techniques qui peuvent être très utiles aux spéléolo-gues sachant les utiliser correctement. Il va de soi que ces ren-seignements s'adressent à des personnes averties qui possèdent les rudiments nécessaires en plongée. |
L'utilisation classique de la ponton-nière Marboré est bien connue
de tous.
"Cet ensemble permet de progresser sans gêne dans les pires conditions
d'arrosage, sauf évidemment dans le cas où le débit est
tel que l'on risque d'être assommé ou noyé" (Marbach
et Rocourt, Techniques de la Spéléologie Alpine, p. 18).
L'utilisation d'un tel système ou d'une pontonnière et d'une veste
néoprène pour le franchissement de siphons l'est beaucoup moins.
Certains ouvrages citent en quelques lignes cette technique mais sans donner
beaucoup de détails.
Pour la plongée "fond de trou" : une variante utilisée
pour la première fois par la Société Hétéromorphe
des Amateurs de Gouffres et testée avec succès, consiste à
enfiler une veste néoprène sur une pontonnière; on obtient
ainsi une plus grande mobilité et souplesse au niveau des jambes. Certains
plongeurs ont poussé plus loin, en remplaçant la veste néoprène
par une cagoule Marboré" (J.-P. Thiry, Technique Plongée
Souterraine, p. 41)". Dans la catégorie "vêtements semi-étanches",
on peut également citer pour de très courts siphons, l'utilisation
de la pontonnière avec une veste néoprène. Pour cela, il
est conseillé de placer sous la veste, un gilet très moulant,
voire même un élastique de chambre à air pour garantir une
certaine étanchéité. Enfin, il est préférable,
lors de l'immersion, d'enlever tout sous-vêtement textile qui serait alors
facteur d'entrées d'eau" (P. Degouve, 1985, p. 58).
1. Utilisation d'une Pontonnière et d'une veste néoprène
Il est difficile de savoir exactement de quand date la première utilisation
de cette technique, toutefois, on trouve déjà une publication
(Spelunca, n° 2, 1975) décrivant cet usage, "à propos
de progression en rivière souterraine", par J.-C. Frachon.
"Un procédé "mixte" nous donne actuellement toute
satisfaction : nous associons une pontonnière et une veste néoprène.
La veste, étant enfilée par des-sus la pontonnière, la
plaque au corps et évite presque totalement les entrées d'eau,
même en cas d'immersion totale. La pontonnière laisse une aisance
de mouvements que ne permet pas le port du pantalon néoprène.
La veste protège du froid et assure la flottabilité : les bassins
profonds sont aisément franchis à la nage. A l'époque,
la plongée était encore trop confidentielle et la technique trop
marginale pour figurer dans Spelunca" (J.-C. Frachon, octobre 1986).
Citons en particulier l'emploi systématique de la pontonnière
et de la veste néoprène par J.-C. Frachon et L. Rossigneux (Spéléo-Club
du Jura) dans l'exploration de la rivière de la Chatelaine (Ney, Jura)
pour le franchissement de quatre siphons successifs (très courts de 5
à 20m) à 730, 156, 1939 et 2318m de l'entrée (voir La Rivière
de la Chatelaine (Ney, Jura), Spelunca, N° 3, 1977, p. 115-120).
Le plus long siphon plongé par J.-C. Frachon avec un tel équipement
est celui du Gour Bleu (Fontenu, Jura) long de 195 m(-5 m).
Conclusion
J.-C. Frachon, octobre 1986 : "Il est clair que j'ai toujours limité
l'emploi de cette technique
- soit à des siphons courts déjà connus (gain de poids,
pontonnière par rapport à pantalon néoprène, dans
le transport du matériel),
- soit à des siphons, connus ou non, dont l'accès imposait une
progression en rivière : le même matériel me servait à
la marche d'approche et à la plongée.
Les gains de poids et de confort avant la plongée (ou après dans
le cas de l'exploration post-siphon) compensaient largement l'inconfort relatif
pendant la plongée. La pontonnière ne protège pas du froid
et il est quasiment impossible d'empêcher totalement les entrées
d'eau si le siphon est un peu long (donc l'immersion prolongée au-delà
de quelques minutes).
Bilan pour moi : sans doute une centaine d'utilisations dans une trentaine ou
une quarantaine de siphons différents), avec une satisfaction quasi totale".
2. Utilisation d'une Pontonnière et d'une cagoule Marboré
Nous n'avons pas trouvé de publications concernant l'utilisation de la
pontonnière et de la cagoule Marboré pour le franchissement de
siphons. S'agirait-il d'une technique trop marginale ou sommes-nous mal informés
? Toutefois le procédé est utilisé couramment par de nombreux
spéléologues dans le massif Siebenhengste-Hoghant : divers passages
de siphons dont la longueur varie de 5 à 10 m (par exemple le siphon
de l'Incrédule à -840 m, long de 15 m), passages de voûtes
mouillantes...Un ami suisse, Philippe Rouiller, utilise également cette
astuce, siphon de 30 m à +800 m au Hôlloch et d'autres encore.
Pratiquement, on enfile la pontonnière puis la Marboré au-dessus
de ses sous-vêtements. On serre deux ou trois lanières de chambre
à air au niveau des hanches et de la poitrine de manière à
assurer l'étanchéité. Il faut bien plaquer la collerette
de la Marboré, retirer les cheveux et enduire éventuellement un
peu de vaseline sur le visage. La collerette est particulièrement fragile
au niveau du menton (un petit renfort préventif n'est pas superflu).
On réenfile sa cotte par dessus tout. Une ceinture de plomb et un masque
terminent l'équipement. Il faut veiller à expulser l'air de la
cagoule par le dessus et s'assurer que le kit-bag soit lesté de façon
à assurer une flottabilité neutre.
Conclusion
Cette technique telle qu'elle est décrite plus haut donne toute satisfaction.
Elle semble toutefois limitée à des franchissements de siphons
relativement courts.
3. Conclusion générale
Suivant les cas, plusieurs types d'équipements existent pour le franchissement
de siphons.
Cela va du maillot de bain au costume étanche. Le tout est de choisir
celui qui est le plus approprié pour les difficultés rencontrées,
cela de manière à rendre le spéléologue le plus
efficace dans sa pro-gression tout en gardant le confort le plus élevé.
L'aisance en progression aquatique ou sub-aquatique reste le plus grand facteur
de sécurité pour le plongeur comme pour le spéléologue.
Suggestion
Le sujet de cet article reste bien entendu ouvert. Nous serions heureux
de recevoir tous compléments d'informations (publications, expériences
personnelles...) de manière à compléter notre étude.
Adresse de contact : Etienne Hoenraet, 45 rue des Bégonias, 1170 Bruxelles,
Belgique.
Bibliographie DEGOUVE (P.) - 1985 - Le matériel du plongeur: synthèse in Compte rendu de la rencontre internationale de secours en siphon, Francheville. Toussaint 1985. FRACHON 1975 - A propos de progression en rivière souterraine, Spelunca, N° 2, 1975. FRACHON (J.-C.) et ROSSIGNEUX (L.)- 1977 -(Spéléo-Club du Jura), La rivière souterraine de la Chatelaine (Ney, Jura), Spelunca, N° 3, 1977. MARBACH (G.) et ROCOURT (J.-L.) - 1980 - Techniques de la Spéléo Alpine, Choranche, Techniques Sportives Appliquées. THIRY (J.-P.) - 1985 - Techniques de Plongée Souterraine, Liège, Société Spéléologique de Wallonie. |