Ma première plongée spéléo
Par François Bernassau |
Pelatan, préparatifs de Laurent et Romual , par Damien Vignoles |
Lundi matin, je reçois un mail de Laurent me demandant si je voulais passer chez lui ce soir, car il a des potes qui sont montés du Gard pour plonger. Ni une ni deux, je sors du bureau, pars courir 1h pour ne pas être trop en avance chez lui. Arrivent 20h, je pars chez Laurent, passe prendre des pizzas au camion. J'arrive dans le lotissement que Laurent m'avait décrit. Dans la rue, se trouve tout le matériel de plongée. Romu et Damien sont au compresseur, ils remplissent péniblement les 4L et 6 L. Le compresseur s'arrête parce que la multiprise chauffe, faut ménager la bête qui est toute neuve. Présentation de la femme de Damien du petit Alex (9 mois et deja les bonnes habitudes) ainsi que de la femme de Laurent. Rapidement la conversation du dîner dévie sur la spéléo et plongée spéléo (on est la pour ça après tout). Tout cela me ravit, je découvre un autre monde, d'autres horizons de la plongée. On décide de se coucher car le temps file vite et demain le RDV est donné pour 9h30. Le lendemain, je suis debout depuis longtemps. Le réveil n'a pas besoin de sonner, j'ai une bonne heure d'avance sur lui. Je me prépare méthodiquement, la combi, mes palmes etc. ... et le caisson car Damien à exactement le même APN que moi, c'est le sien qui fera des photos. Laurent me prévient qu'ils auront une heure de retard, personne n'est encore levé. Cela me laisse le temps de passer au Super U du coin, pour faire le plein de piles LR6. Me voilà au point de RDV, deux voitures arrivent, on charge tout dans le 4x4. Le trajet n'est pas très long, on plonge à 10 km de là. On déballe tout le matos, Laurent me montre comment attacher un bi 4 dans un sac spéleo, attaché avec des caouèches. L'autre sac contiendra la souris, le bidon avec les détendeurs l'ordinateur, le masque et le caisson, ainsi que les palmes. On mange un bout, il déjà 12h. On s'habille au soleil, il fait 28 degrés, j'enfile ma 2x7mm plus la combi spéléo, je fais des litres d'eau de sueur, le moindre mouvement m'épuise. Je n'ai pas l'habitude d'avoir autant de couches de vêtements sur moi (surtout en été), je me sens comprimé et mal à l'aise. On traverse le Tarn, pour aller jusqu'à la résurgence, petite escalade de 2m et on arrive à la station. Je suis en sueur, vite que l'on s'immerge !!! Le début m'avait dit Laurent, se fera à quatre patte pendant 70m. En effet la hauteur sous plafond atteint péniblement les 50 cm. Je pousse mon sac avec bidon devant, et mes blocs sont derrière, que je tire comme je peux. Laurent et Damien sont devant, moi devant, je suis à la traîne. Romu est derrière et prend son temps, il est patient. Je suis en sandales (et oui je n'ai pas de palmes assez grandes pour accueillir mes chaussures) elles se défont et laaaaaa tout s'enchaîne rapidement : mon sac s'ouvre et je perd mon caisson, enveloppé dans la souris, mes palmes se barrent . Je crise, je suis pourtant content d'être la et pour rien au monde je ne laisserais ma place à quelqu'un d'autre, mais je suis trop maladroit et cela me joue des tours. Je prend mon temps, je remet tout dans le sac respire un bon coup et repars. Ça y est, on est dans l'eau, 10 cm d'eau et une hauteur sous plafond qui ne dépasse toujours pas les 70cm, de part et d'autre. Je regarde les concrétions et j'entends l'eau s'écouler, je profite de ce moment cour (2 secondes) pour profiter pleinement du bonheur dans lequel je suis. Tout est maintenant plus léger, mon sac devant flotte et mes blocs sont plus transportables. La sortie est une salle de 3 m de haut sur 6m de large dans un fond de 50cm d'eau. Laurent et Damien s'équipent « tranquilou » tandis que Romu sort à son tour. Je sors du sac mes palmes, le bidon, les plombs (que 3kg heureusement, je voulais en prendre 5kg au début, merci c'est la mort à traîner, d'ailleurs la prochaine se fera sans, puisqu'on plonge sans stab). Je monte les 2 blocs, accroche mes sandales sur le côté du sac (pourquoi des sandales: il faut une paire de chaussure pour marcher jusqu'au premier siphon, puis entre les siphons. En règle général, les plongeurs utilisent leurs chaussures de marche qu'ils enfilent ensuite directement dans les palmes XXL. Il était hors de question que j'attache mes chaussures de marche sur le côté pour ne pas accrocher au plafond) et là : « harrrrrrrrrrrg ! » pas de masque ....... Snif je me sens seul. Je vérifie dans le sac, non rien, je vérifie dans l'eau, non rien. Bon reste plus qu'a faire demi tour et vérifier que je ne l'ai pas perdu dans le laminoir. Ramper sans blocs ni sac va beaucoup plus vite, je reprends mon aisance habituellle, et haaaaaaaa le voilà. Posé la, en attendant que je vienne le chercher, Romu ne l'avait pas vu, cela veut dire que les blocs sont passé dessus, solide ce masque. Ça y est on peut y aller, passer enfin le S1 (Siphon N°1). Pour cela, Damien passe devant et tire le fil, Laurent le suit de près. Romu et moi attendons 5 min avant d'y aller. On tire un fil pour métrer, on n'est pas sûr du fil déjà en place, de plus on est venu ici pour la faire la topo car elle n'a pas été faite. Le départ du S1 est la continuité de la vasque d'eau dans lequel on se trouve, le fond est a 2m en dessous, le plafond ne touche pas l'eau, c'est juste une voûte mouillante, le fil est d'ailleurs accroché au-dessus et pas au fond. Ok, on peut y aller, le premier siphon sera court, on n'aura pas besoin de respirer en alternance sur les 2 blocs. Super, pas de touille, du beau rocher de tous les côtés, j'ai beau avoir 2 lampes sur quatre d'allumées je vois bien, l'eau est transparente. Au bout de 70m on sort sur un autre laminoir, je décapèle, enlève mes palmes, remets mes sandales et c'est reparti pour du quatre pattes pendant 30m. Je commence à prendre de bonne habitude, la progression se fait plus aisée. La sortie est un petit trou qui descend une marche de 1m50, faut le faire en rampant, ça passe pas autrement. On est dans une salle plus petite que la première (Laurent me dira plus tard qu'il y avait des départs au-dessus de moi) 3m de hauteur et seulement 3m de largeur. Le S2 est une petite vasque, 1m sur 1 dans lequel on devine le passage, il n'y a pas longtemps, de l'autre équipe. L'eau est de couleur rouille, argileuse, bon faut suivre le fil et pas le lacher, faut suivre le fil et pas le lâcher, faut suivre ... Bref le fil y que ça qui compte, je me le répète une dernière fois avant la mise à l'eau, la profondeur va vite, on descend presque de suite à 9m, en fait la touille n'est qu'un nuage qui se dissipe dès les 3 premiers mètres. J'attends Romu tranquillement, le temps de me rendre compte que je ne rêve pas, oui je suis bien dans un trou, l'eau est cristalline, comme sur les photos qu'on voit sur le net. La roche est déchiquetée, faut faire gaffe de ne pas toucher. Le boyau est large 2m sur 3, Romu arrive avec sa lampe verte, et ses trois autres allumées, plus les 2 miennes on y voit comme en plein jour. Laurent a pris mon caisson, pour ne pas que j'aie à gérer en plus les photos. C'est beau, on arrive à 15m, le boyau remonte sur 7m puis redescend à 9m puis remonte jusqu'à la sortie qui devient beaucoup plus étroite. Je fais attention de ne rien toucher, les robinets des blocs ne sont pas protégés et peuvent se fermer très facilement et rapidement. Je sors du S2, dans une salle qui fait 10m de haut, 6m de large. Je décapele, mets mes sandales, je n'en crois pas les yeux : fan—tas—tique. Je serais bien reste un peu plus dans cette eau à 13°. Bien, nous voilà au bout de cette explo, plonger le S3 afin de savoir si il débouche, et sur quoi. Il se situe au-dessus de la salle, faut grimper 3m dans un laminoir (encore des laminoirs, toujours des laminoirs ...), ça va bien je suis a l'aise pas de blocs à monter sauf ceux de Romu, mais on est quatre pour les transporter jusqu'à la vasque. Je grimpe dans des feuilles de roches de 30cm de large, le S3 et juste là, devant. La vasque se déverse dans un trou qui est entre le laminoir et le S3, on retrouve cette eau d'ailleurs au fond de la salle d'en-dessous. Romu part faire la première, on redescend pour faire la topo du puits qui se trouve au-dessus de la première salle. Faut grimper à la corde, au jumar donc cette partie je laisse tomber et j'attendrais. Damien, veut faire quelque photos, et harrrrrrrrgggggggg le caisson à pris l'eau, je suis hyper énervé, j'ai envie de tout péter. Damien aussi d'ailleurs, c'est son APN qui a pris l'eau ... Laurent et Damien partent faire la topo du puits ainsi que des salles fossiles. J'attends Romu, pour l'aider à descendre les blocs dans le laminoir. Il revient dégoutté, le départ du S3 est joli mais dégénère vite en cauchemar, il s'est coincé 70m après, dans un laminoir (encore et toujours, persiste et signe), où il a dû décapeler pour passer, c'était trop étroit, il s'est emmêle dans le fil et a dû quitter ses palmes. Bref pas enchanté le Romu après sa petite virée dans ce trou. « Bon Romu il faut que tu speedes, l' APN est trempé faudrait vite le faire sécher si on veut qu'il remarche. » Pas le temps de faire les changements de blocs, Damien était parti avec un 6L et une 4L ainsi que Romu, ils avaient respiré tous les deux sur leur 6L afin que Romu puisse faire la première avec les 2 x 4L pleins, il rentrera avec ses 2 x 4L. Les « homos-topos » reviennent, on fait le bilan de leur topo ainsi que de celle de Romu. Bien très instructif cette première fois dans les sous-sols lozériens. En sortant, il pleut, dommage moi qui voulais prendre un peu de bon temps au soleil ... On se fait un petit compte-rendu, il est 20h, l'heure de rentrer chacun de son côté. |
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