Le lac d'Ohrid,
Par Frank Vasseur |
le lac d'ohrid par frank vasseur |
Il est des destinations de plongée plus exotiques que le Lac d'Ohrid. Le lac d'Ohrid, un lac naturel d'origine tectonique à l'extrême sud-ouest de la République de Macédoine, est le plus profond des Balkans (>300m) et l'un des plus profonds d'Europe. Couronné de falaises calcaires à la chaude couleur ocrée, il est dominé par les montagnes avoisinantes, dont la Galicica (1801m.) à l'est et son parc naturel national. Un tiers environ de sa surface (450 km²) est en Albanie. La partie macédonienne est idyllique, avec des points de vue sur l'étendue bleutée depuis les plages et les montagnes. C'est d'ailleurs ici qu'on trouve l'unique centre de plongée de ce jeune et petit pays continental. Mico, solide gaillard à la jovialité caractéristique des « slaves du Sud » est instructeur S.S.I. . Formé dans les îles croates de la côte dalmate (une autre destination que nous affectionnons particulièrement), il nous accueille à bras ouverts. Le lendemain, Mico accompagné de Lambe et Emil, deux non moins sympathiques plongeurs du Scuba Diving Club-Ohrid, est ponctuel.
Nous partons d'un petit embarcadère qui jouxte un camping. Petit briefing, quelques photos de groupe et c'est parti pour 200m. de palmage en surface, avant l'immersion. La visibilité est supérieure à 10 m. Le sol, recouvert de moules d'eau douce, descend lentement jusqu'à -20, ensuite la pente s'accentue et le regard se perd dans l'obscurité des profondeurs. La température, de 24 c° en surface, chute à 8°C vers -40 m. Quelques poissons, généralement rares dans ce lac, curieux nous observent de loin. Nous visitons ensuite une alcôve rocheuse abritant une colonie d'éponges d'eau douce endémiques. En remontant le tombant, une trace sinueuse sur le sol sableux excite Mico. D'un œil expert, il repère une couleuvre qui chasse les alevins dans les bouquets d'herbes. En dégustant une grillade de poisson préparée à notre intention, l'équipe du S.D.C.O. énumère les possibilités de plongée du lac. Epaves, sites archéologiques, tombants vertigineux, il y a là de quoi contenter bien des appétits. |
Ohrid Pratique : S.D.C.O. est habilité à dispenser des formations S.S.I ., P.A.D.I., C.M.A.S. et D.A.N. : Ouvert toute l'année. Trois compresseurs (dont un de 20m3/h), 15 bouteilles de 15 et 18 litres équipées de gilets stabilisateurs et détendeurs. Encadrement : Mico, instructeur SSI, est aidé par Lambe et Emil, en cours de formation. Atouts : Les sites de plongée ne sont pas à plus de 15 min. du centre. Le ville d'Ohrid, centre épiscopal sous l'empire Byzantin, est riche de vestiges. Les ruelles de la vieille ville, son petit port typique valent le détour. On appréciera la rue principale et ses bars, où l'on déguste une « pivo » (bière) dont la fraîcheur idéale est indiquée lorsque l'étiquette de la bouteille laisse apparaître un « nasdrovje » (à votre santé) encourageant. Toutes les formes d'hébergement sont offertes, à tous les prix. De même pour les restaurants et les boutiques de souvenirs et d'artisanat. Une monumentale statue est dédiée à Cyrille et Méthode, deux moines concepteurs de l'alphabet cyrillique, ces curieux signes qui constituent l'alphabet officiel du pays. |
Une plongée à quatre nationalités dans un lac-frontière. Août 2000, république de Macédoine. Ce petit pays continental, situé au sud-est de ce qui fut la Yougoslavie est situé en plein cœur de la péninsule balkanique. Et pourtant…. Lac d'Ohrid, 695m. d'altitude. Sur l'autre rive, l'Albanie se reflète sur la surface, miroir immaculé que nul clapot ne vient rider. Ici, au soleil et dans l'eau à 24°C., nous avons tôt fait de donner la mesure. Ici, au régime du langage des signes, finis les problèmes de communication. Tout le monde parle la même langue, oubliés les problèmes de compréhension, de traduction, d'interprétation. Le voilà de retour, triomphal, une belle couleuvre à la main. Quelques clichés immortalisent la scène. Nous terminons la plongée par la visite de « Micograd », la ville de Mico. Cette cité lacustre antique est l'un des principaux sites archéologiques sous-marin de Macédoine, actuellement en cours de fouilles dans le cadre d'un chantier national. Et on comprend pourquoi : par trois mètres de fond, les poteries foisonnent. A l'heure où j'écrivais ces lignes, alors qu'une nouvelle expédition, prévue pour aout 2001, était sur pieds, un conflit armé éclatait en Macédoine. Quelques soixante ans après les ambitions d'un petit brun moustachu germanique, la bête immonde vit toujours…Aujourd'hui, c'est plus le silence que le bruit des bottes qu'il faut craindre. |
|