L A PHOTOGRAPHIE EN SIPHON paru dans le bulletin n°2 du GRPS - 1973 |
Après quelques années de pratique de la plongée souterraine, l'idée nous est naturellement venue de ramener des images de ce monde étrange et fascinant.
La photographie sous-marine, au sens maritime du terme, compte de très nombreux pratiquants sous toutes les mers du globe. Un matériel très élaboré a été ainsi mis au point et commercialisé..
DEUX POSSIBILITES :
1) Introduire un appareil photog,raphique classique dans une boîte étanche
du commerce, ou de fabrication artisanale. Il existe ainsi des boîtes
étanches déterminées pour des appareils 24x36, tels que
LEICA - FOCA - ZENIT - NIKON, etc. Et pour format 6x6 : HASSELBLAD - BRONICA
- ROLLEIFLEX. Dans ce domaine, la palme revient au ROLLEIFLEX, dans son boîtier
"ROLLEIMARIN". Depuis plus de quinze ans cet ensemble a la "cote
d'Amour" auprès des spécisiistes professionnels.
Coût approximatif de l'ensemble : Appareil + boite environ 4500 F.
2 ) Adopter la formule récente de l'appareil étanche par conception (ne se fait à ce jour qu'en format 24x36). C'est le CALYPSO-PHOT, actuellement commorcialisé sous le nom de CALYPSO-NIKON
I - NOS PREMIERS ESSAIS
N'étant pas affiliés à la N A S A, nous avons opté
pour la formule économique.
L'un d'entre nous possédant un appareil 24x36 FOCA PF III et une boîte étanche "FOCASCAPH" en fonte aluminium, nous avons équipé cet ensemble pour la photo/plongée/spéléo, en y adaptant un flash électronique dans une boîte étanche "Maison".
Nous avons connu maints déboires avec cet ensemble : ennuis de synchronisation
flash tout d'abord, ensuite l'utilisation de l'ensemble sur "le tas"
s'avéra fort peu pratique : très fort encombrement, poids, préparation
fastidieuse (équipression à la pompe à vélo) et
grande fragilité.
Nous nous sommes ensuite décidés pour le CALYPSO PHOT, dont les
caractéristiques principales sont :
Format 24x36, objectif 50-M.BERWHIOT, ouvrant à 3,5 (Grand angulaire 35 mm). Viseur colimaté - Ingénieuse échelle de profondeur de champ, prise de flash
Nous avons adapté à cet appareil le flash magnésium CALYPSO, étanche lui aussi.
L'utilisation d'un tel matériel s'est avérée peu pratique
en siphon.
En effet, deux inconvénients majeurs :
a) La synchronisation nous causa durant deux ans beaucoup d'ennuis dus à
divers faux contacts résultant souvent d'oxydation.
b) Ensuite, outre les considérations de prix, le transport et la mise
en place d'ampoules flash (flottantes) sous l'eau et à fortiori en siphon,
comblerait l'amateur de difficultés le plus exigeant. Nous garderons
longtemps le souvenir de ces cueillettes d'ampoules échappées
de leur sac, à la voûte du siphon.
I I
Nous avons donc récemment remplacé le flash magnésium par
un flash électronique ( sur piles pour des raisons d'autonomie).
Nous avons introduit ce flash dans un boîtier de phare de plongée légèrement modifié.
Nous avons prolongé le fil de synchronisation, qui atteint 3 m. (Fil Coaxial type antenne télé).
Ce système est désormais au point. Il nous reste à parfaire la technique de prise de vue proprement dite.
Actuellement, nous opérons comme suit :
Une expédition photo est décidée en fonction de la clarté de l'eau. Une eau parfaitement claire est, on s'en doute, la condition qui prime.
Trois plongeurs sont nécessaires
a) Un premier plongeur s'engage, le plongeur de pointe. Il tient le manipulateur
de signaux lumineux et tracte le fil d'ariane. Son rôle s'arrête
là.
b) Un second plongeur s'immerge. Une boucle de fil d'Ariane lui enserre le poignet
à 3 mètre --environ
du plongeur de pointe. De cette façon, la distance de 3 mètres
ne peut être dépassée accidentellement, ce qui est important
car ce deuxième plongeur porte le flash (préreglé pour
une distance de trois mètres en fonction d'une ouverture donnée).
Le rôle de ce plongeur est bien entendu d'éclairer le plongeur
de pointe et le décor environnant.
c) Ensuite, vient le photographe. Afin d'avoir le maximum de mobilité, celui-ci porte une laisse de corde nylon au poignet, frappée sur le fil d'ariane grâce à un mousqueton de montagne.Ce dispositif coulissant lui permet de s'éloigner ou de se rapprocher, selon les besoins du cadrage. C'est lui qui décide de l'instant ou du choix du lieu, et qui le signale à ses deux coéquipiers, par une traction sur le fil d'ariane.
Si nous avons arrêté cette technique, qui peut sembler quelque peu compliquée, c'est que la photo classique (flash fixé sur l'appareil), ne nous a pas donné entière satisfaction.
Le procédé décrit ci-dessus offre la possibilité
suivante :
Sur la photo, nous pouvons voir un profil assez "feuillé' de la
galerie ou du puits, un plongeur évoluant dans ce décor et donnant
ainsi l'échelle, en premier plan enfin, la silhouette d'un autre plongeur
donnant à nos yeux une impression assez exacte d'une plongée spéléologique
telle que nous, plongeurs, la vivons.
I I I - CHOIX DU FILM
Nous avons essayé successivement plusieurs émulsions :
a) En noir et blanc
KODAK plus X et ILFORD FP4 (125 ASA) et aussi KODAK TRIX et ILFORD HP 4 (400/650
ASA).
Etant donné la puissance de l'éclairage du flash électro-nique,
nous avons éliminé les émulsions rapides au profit des
rapidités moyennes telles que plus X ou FP4 qui offrent une bien meilleure
qualité à l'agrandissement,
b) En couleur
Diapositives essentiellement.
Nous utilisons :
EKTACHROME X (64 ASA) pour les prises de vues normales EKTACHROMME HS (160 AS.A)
pour les prises de vues en galeries importantes ou grandes salles noyées.
Outre leurs qualités propres, ces films offrent l'énorme avantage
d'être traités dans les 2 - 3 jours qui suivent la prise de vue
et, comme tout photographe digne de ce nom, nous sommes assez impatients...
CONCLUSIONS
Nous pouvons dire, compte tenu de notre expérience personnelle que :
1° Le matériel existant dans le commerce doit être obligatoirement modifié et testé à plusieurs reprises.
2° Il est aberrant de prétendre faire de la photographie immergée lors d'une exploration pure, des sorties spéciales et soigneusement préparées sont nécessaires.
3° - Il faut savoir renoncer à une séance photo devant une eau même légèrement trouble, à moins bien entendu de rechercher des effets (vraiment) spéciaux.
4° - Enfin, il est bien évident que sur le plan qualité photographique,
le format 24x36 (dont nous disposons) ne représente pas la panacée
universelle.
Questions "gros sous" mises à part, la formule la meilleure
à l'heure actuelle semble bien être le ROLLLIFLEX (cité
plus haut) ainsi que son boîtier ROLLEIMARIN. En poussant les choses à
l'extrême, il est possible, avec cet appareil, de photographier "in
situ" un niphargus sortant de son trou en macrophoto...
Mais ne rêvons pas...
Quelques ouvrages spécialisés permettent d'aborder avec un maximum
de connaissances théoriques la photographie sous-marine, mais aucune
littérature à notre connaissance, excepté "Plongée
sous la terre" de Marc JASINSKI, n'a abordé le problème spécifique
de la photo "Plongée-Spéléo".