La grotte de THAÏS est une grotte touristique. C'est réellement une très belle grotte, avec de beaux éclairages et, bien sûr, des visites guidées. Si un jour vous y allez, au terme de la visite, tout au bout de la galerie principale, vous pourrez voir le départ d'un siphon et à ce moment, ayez une petite pensée pour nous. Après, vous pourrez ressortir en n'ayant pris plein les yeux !! C'est de là que l'on s'engageait pour faire de l'exploration, sur plusieurs années !
Ce site se trouve à Saint Nazaire-en-Royans, dans le vercors.
Depuis, d'autres équipes ont pris la suite, avec leurs moyens d'aujourd'hui et je trouve que c'est génial. Si ces moyens avaient existé pour nous, on aurait pu aller plus loin !!
Si l'on n'est pas en siphon, c'est la rivière souterraine. Beaucoup de courant, avec un bon débit en mètres cubes seconde. Ici, on n'avait jamais les pieds au sec, toujours de l'eau partout !!
Pour faire le lien avec nos moyens de communications et nos signaux en plongée en siphon, nos travaux dans ce site sont intéressants. Nous avons du construire des plates-formes pour se donner de bonnes bases de départ, en effets, ils nous était impossible d'installer notre dérouleur et tout nos moyens de communications. On n'avait jamais pied et, pour nous, il était risqué de partir sans avoir une sécurité solide. Mise à part des reconnaissances « éclair », on se rendait bien compte que, sans des supports sérieux, on ne pouvait rien faire de vraiment valable sans risque. D'ou la construction de trois plates-formes, sur plusieurs années. Pour ce faire, on se servait de tubes d'échafaudages et de vérins de maçons que l'on achetait chez des ferrailleurs. Et puis des planches, bien sûr. C'étaient des rebuts, mais qui nous servait bien !!
En ce qui concerne les liaisons que nous établissions avec ceux qui étaient partis en siphon, nous avions deux dérouleurs. L'un avec 150 mètres de câble électrique et l'autre, de 300 mètres. Notre fil d'Ariane. Sur chacun de ces dérouleurs, on pouvait connecter un boîtier pour recevoir les signaux lumineux des plongeurs engagés. Et on connectait aussi nos téléphones. Bien sûr, tout ceci était alimenté par des batteries. Les dérouleurs, et c'étaient leurs points faibles, comportaient un collecteur, avec des charbons pour assurer le contact électrique. Cela tombait souvent en panne, surtout avec la glaise présente ! Parfois, lorsque que l'on était très loin, derrière plusieurs siphons, il fallait ce débrouiller pour que ça fonctionne quand même. Une vraie galère !!
Notre petit dérouleur, avec ses 150 mètres da câble. Je n'ai pas retrouvé le dérouleur de 300 mètres. Ci-dessus, on voit bien l'ensemble dérouleur, émetteur. La prise visible sur la gauche servait à brancher le boîtier de signalisation. Malheureusement, je ne l'ai pas retrouvé. Il a du partir à la benne, avec le grand dérouleur ! |
A l'extrémité de notre fil d'Ariane, notre câble électrique, on connectait un combiné téléphone et bouton poussoir, fabriqué par nos soins, en Scelleron. On pouvait connecter aussi un simple bouton poussoir. Mais avec la pression de l'eau, se dernier envoyai un signal continu, ce qui signifiait : signal de détresse. Nous avons eu l'idée de le remplir d'huile. N'importe quoi, on mettait de l'huile alimentaire, de l'huile de tournesol ou de l'huile d'arachide. Ça fonctionnait très bien, notre boîtier poussoir n'était plus écrasé par la pression de l'eau ! Ce bouton poussoir nous servait surtout pour de petites reconnaissances éclair en siphon. Notre code était formé de signaux lumineux, à la manière du morse :
une impulsion brève, c'est le signal TOUT VA BIEN que l'on envoie, environ, une fois toutes les minutes au copain resté au dérouleur.
Deux impulsions brèves, c'est le signal STOP . On arrête notre progression pour n'importe quelle raison. Pour repartir on envoie le signal TOUT VA BIEN.
Le signal, un trait long plus un point lumineux, c'est notre signal RETOUR . Au dérouleur, le fil d'Ariane est tracté doucement. Les plongeurs reviennent.
Siphon franchi, c'est, bien entendu, celui que l'on aimait le plus !! De la joie ! On découvrait l'inconnu. Cinq points lumineux :
Siphon franchi
Marie E. surveille les signaux envoyés par les plongeurs engagés. A coté, c'est son mari, Marcel E. qui communique avec le soutien extérieur.
Ce n'est pas Marie E. qui est venu avec nous dans la Goule de Sauvas. Il s'agit d'une autre Marie qui est venue d'où son prénom donné au 3 ème siphon de la Goule ! |
Tous ces signaux étaient répétés deux fois pour avoir la certitude que les plongeurs envoyaient le bon signal. Une panne est toujours possible et, alors, c'est incohérent.
une demande de 10 point lumineux : liaison téléphone . Là aussi ce signal était génial pour nous.
Enfin le dernier, mais celui là, il a été très peu été utilisé. On ne l'a jamais aimé ! Le voyant lumineux est allumé en permanence :
Le signal de détresse, le danger
Heureusement, on s'en n'est très peu servi de celui là.
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Sur ces deux photos, vous pouvez voir les bobines de fil que l'on déployait sur plusieurs km. Connectées sur les EE8, ou rallongées avec des connecteurs de jonctions. Celle de gauche mesure 100 mètres. Celle de droite fait 500 mètres. |
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Remarquez ici les connections. C'est sur les deux grosses bornes que l'on branche, en parallèle, tous les téléphones. Il n'y a pas intérêt à avoir les doigts en contact avec ces bornes, quand on tourne la manivelle, je peux vous garantir que vous ne tournez pas cette manivelle longtemps et que vous partez en pleurant !! Ça m'est arrivé, un mauvais geste, mais après on n'oublie pas ! Bien que cela ne soit pas dangereux en soit, il n'y a pas d'intensité, la magnéto envoie une tension de 500 volts. Cela fait très mal !! |
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L'émetteur, le combiné bouton poussoir, téléphone étanche. On voit bien, sur cette vue, les couvercles ronds qui protègent les « pastilles » téléphoniques.
Remarquez sur le coté, entre les couvercles, le voyant vert. C'est notre témoin lumineux qui nous prouve que nos signaux arrivent bien à l'équipe de soutien. En effet, ce voyant est en série avec celui qui est sur le boîtier de réception. Si l'un des deux voyants est défectueux, aucun signal n'est visible. Toujours sur le coté, vers la poignée, on peut voir le levier du bouton poussoir.
Enfin, au bout de la poignée, la prise multi-broches de raccordement.
Ce matériel a été réalisé dans un barreau de Scelleron. C'est Bob, Georges E., qui l'a entièrement réalisé.
Page suivante, les couvercles étanches sont dévissés et mis de coté, au bout d'une chaînette. On peut donc voir la pastille de l'écouteur, à gauche. A droite, c'est le micro. Entre les deux « pastilles » téléphonique, on aperçoit trois bornes électriques. Deux sont reliées par un shunt. Pour passer de la liaison visuelle (les voyants lumineux) en liaison vocale, on déplace le shunt de la borne rouge, vers l'autre borne noire.
Sur le boîtier de signalisation, les copains font la même manipulation et l'on peut se parler. Simple !
On peut voit ce fameux boîtier de réception des signaux lumineux et de liaisons téléphoniques.
On voit très bien ce boîtier, que Pépé surveille.
J'ai pu retrouver l'un de nos téléphones EE8. Pépé en avait gardé !
Remarquez sur le coté doit, la manivelle d'appel. Chaque fois que la manivelle d'un EE8 était tourné, tous les téléphones sonnaient. Sur plusieurs kilomètres, tous les relais que nous avions laissé le long du parcours étaient appelés. Dix EE8 sonnaient tous ensembles, dix copains répondaient et… Il en résultait une belle cacophonie !! Celui, ou celle qui avait appelé depuis un poste devait faire taire tout le monde :
« -assez vous merde !! Je veux parler avec la dernière équipe, celle qui se trouve la plus proche des plongeurs de pointe !
Ca va gueule pas ! »
Ainsi, tout le monde se taisait, gardant le combiné collé à l'oreille, pour écouter les correspondants sollicités. Puis le silence revenait, conversation terminée… Jusqu'au prochain appel et tout recommençait !
« Vos gueules, je veux parler avec l'équipe de soutien extérieur !
Ok, on la ferme ! »
C'était l'ambiance, pas triste !!
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