paru dans Spelunca n°3 de 1971 |
Le 25 avril dernier s'est tenu à Lyon le Deuxième Colloque National de Plongée souterraine. Celui-ci a réuni, dans les locaux du Comité Départe mental de Spéléologie du Rhône, une cinquantaine de participants, venus principalement de l'est et du midi de la France. A 9 h 50, Robert LACROUX, Directeur de la Commission Plongée, ouvre la séance. Guy CLAUDEY, au nom du Comité Départemental de Spéléologie, souhaite la bienvenue aux participants. Dans son allocution d'ouverture, R. LACROUX rappelle les principaux événements ayant marqué la plongée souterraine française depuis le dernier colloque, qui s'était tenu dans cette même ville le 30.11.1969. Puis il en vient au bilan des activités de la Commission Plongée, bilan qui ne semble pas être à la mesure des résultats spectaculaires acquis dans le domaine de la progression des techniques et des explorations. A l'origine de cet état de fait, il y a le désintéressement qui s'est manifesté parmi la grande majorité des plongeurs dans l'intervalle des deux colloques, et qui n'a pas permis aux Présidents des Sous-Commissions de recevoir auprès des membres des Clubs l'appui qu'ils étaient en droit d'attendre d'eux. A ce désintéressement se rattache, pense Robert LACROUX, celui qui dans un autre domaine affecte la parution du récent organe de liaison de la Fédération Française de Spéléologie, « F.F.S. Quoi de neuf ». L'occasion lui est alors donnée de rappeler que les colonnes de « F.F.S. Quoi de neuf » sont ouvertes à tous les spéléologues, et que seuls le nombre et la valeur des articles envoyés feront de cette publication ce que nous espérons tous qu'elle devienne. A l'ordre du jour de la réunion étaient inscrites les questions de techniques et de matériel, la question du secours derrière siphon, et certaines questions administratives ayant trait au recensement des équipes de plongeurs, aux fiches de plongée, et à la question des équipes supra-régionales. MATERIEL ET TECHNIQUES Les travaux concernant le matériel de plongée et les techniques asso ciées ont pris la forme de réponses à des questions précises, posées sur un cas particulier donné, ou celle d'exposés suivis de discussions. Protection des détendeurs A la question posée par Robert RORATO (S.C. Dijon), concernant la protection des détendeurs contre la glaise, et notamment celle des détendeurs à deux étages, Michel SEGUIN (G.S. Charentes) devait répondre par un exposé précis et documenté. De ce qui fut dit, nous retiendrons l'essentiel
Télécommunications Robert RORATO (S.C. Dijon) présente ensuite le dispositif de télécommnication entre plongeurs et surface qu'il a concu et réalisé, et qu'il avait déjà exposé lors du IX° Congrès National de Spéléologie. Celui-ci allie, à un système de voyants lumineux bilatéral. permettant de correspondre par code, un système phonique par laryngophone, utilisable dans le sens plongeur-surface. Le fil conducteur, disposé sur un dérouleur, sert de fil d'ariane (fil blindé 3 conducteurs). Une discussion des plus intéressantes suivit cet exposé. au cours de laquelle avantages et inconvénients du système présenté nurent être analysés. R. Rorato avant soulevé le problème de l'usage du laryngophone sous l'eau, problème qu'il résout pour sa part aisément par un entraînement de quelques jours. R. LACROUX rappelle l'existence du masque « Phoque », masque de plongée avec atmosphère intérieure qui, en supprimant l'usage de l'embout. permet de s'exprimer sans difficulté sous l'eau. Mais, de l'avis de certains plongeurs (Groupe de Recherche et de Plongée Souterraine de Lyon). l'usage du masque « Phoque » en plongée souterraine ne permet pas au plongeur de fournir de l'air à un coéquipier en difficulté, et constitue donc un pas en arrière dans le domaine de la sécurité. M. SEGT'IN signale ensuite la façon dont il a résolu le problème de l'écoute sous l'eau, en coulant un écouteur magnétique dans l'araldite (les écouteurs normaux ne fonctionnent pas en plongée). Diverses autres questions sont évoquées au cours de la discussion : oxydation de la gaine du fil blindé, métrage dlu fil d'ariane, résistance et coût de l'appareil construit par R. RORATO, etc... .A la question de savoir si une intercommunication entre plongeurs est réalisable, question qui fut déjà envisagée lors du précédent colloque, il est répondu qu'en dehors des dispositifs de communication sans fil, encore à l'étude, il est parfaitement possible de réaliser à peu de frais une intercommunication entre deux plongeurs avec un amplificateur, deux laryngophones, et deux écouteurs. L'éclairage Le Groupe d'Etude d'Hydrologie du Semnoz (G.E.H.S.S., Annecy) utilise pour s'éclairer en plongée une batterie de 2 ou 4 lampes torches, modèle Aqua-flash ou Superaqua-flash. fixées de part et d'autre d'un casque en plastique léger. Ce dispositif a l'avantage de libérer les mains du plongeur, et semble avoir donné entière satisfaction aux utilisateurs. Derrière siphon, le casque devient trop lourd, et doit être porté à la main. En plongée, la direction des faisceaux lumineux peut être commandée dans une certaine mesure en bougeant légèrement le casque, celui-ci étant muni d'une jugulaire élastique. Le transport du matériel au delà des siphons A une question, posée par les plongeurs de la M.J.C. Palente S.H.A.G. Besançon, concernant le transport du matériel spéléologique classique au travers d'une zone immergée, plusieurs réponses sont données, parmi lesquelles nous retiendrons :
Suspension de séance à 10 h 30 et reprise des travaux : 11 h 05. ORGANISATION DES SECOURS Les accidents survenus ces dernières années posent avec une acuité particulière le problème des secours en plongée, à l'intérieur des siphons ou derrière les voûtes mouillantes. Alors que le secours d'un plongeur en difficulté dans un siphon semble ne devoir être assuré que par son coéquipier, ou à la rigueur par ses partenaires restés en surface (auto-secours), celui des plongeurs-spéléologues blessés derrière un siphon, ou des spéléologues prisonniers d'une crue, relève d'équipes spécialisées, dont la constitution et l'entraînement restent entièrement à promouvoir. Après avoir rappelé les difficultés rencontrées par la Sous-Commission des Secours pour faire progresser cet aspect de la question, Robert LACROUX propose à l'assemblée la constitution d'équipes spécialisées, à un niveau départemental ou même régional. Le Docteur Pierre CASTIN, Directeur de la Commission des Secours de la Fédération, définit alors les principaux accidents d'ordre médical susceptibles de mettre en péril la vie d'un plongeur à l'intérieur d'un siphon ou à la suite d'une plongée ; puis, après avoir rappelé les différents moyens de réanimation dont nous disposons et la nécessité de leur mise en application par les plongeurs eux-mêmes, il aborde le cas particulier des secours derrière siphon. Alors que le franchissement d'une voûte mouillante par un blessé en état d'inconscience lui apparaît impossible dans l'état actuel des techniques, le Docteur P. CASTIN demande aux plongeurs-spéléologues réunis en assemblée d'étudier le cas d'un blessé conscient, dont la respiration pourrait être assurée soit par l'intermédiaire de l'appareil d'un des sauveteurs (détendeur double), soit par un appareil indépendant. Puis c'est au tour d'Yves Moulin, Président de la Sous-Commission des Secours en Plongée, de prendre la parole. L'organisation des équipes de sauvetage, pense-t-il, suppose au moins six conditions :
Yves MOULIN propose à l'assemblée d'établir la liste des différentes équipes acceptant de se porter au secours des spéléologues, et de communiquer celle-ci à tous les clubs français. L'organisation dles secours devra s'effectuer en liaison avecc les autorités officielles. Chaque équipe devra, dans la mesure du possible, comporter un secouriste, dont la formation peut être envisagée dans le cadre (le la Commission des Secours , dans le meilleur cas, comme cela semble possible à Annecy, un médecin ayant déjà pratiqué la plongée, ne serait-ce qu'en mer, pourrait être mis en relation avec l'équipe de sauvetage, qui se chargera de sa sécurité. Les débats qui accompagnèrent ou suivirent les interventions de Robert LACROUY, du Docteur Pierre CASTIN, et d'Yves MOULIN, apportèrent un certain nombre d'informations nouvelles, mais peu d'idées constructives. Le problème de l'assurance des sauveteurs, qui constitue le pivot des discussions, ne put être résolu, et fut renvoyé devant la Commission des Assurances. La question du rattachement officiel des équipes de secours au plan ORSEC, qui semble pourtant devoir résoudre en partie le problème de la couverture (réquisitions) et donner un certain nombre de facilités matérielles (déclenchement des secours, communications, transports, etc...), a soulevé des réactions contradictoires. A Annecy, la coopération entre, les services officiels de la Protection Civile et les plongeurs du G.E.H.S.S. semble acquise, et a donné des résultats tout à fait satisfaisants. Ailleurs, des difficultés sont apparues, qui devraient pouvoir être résolues lorsque les plongeurs de la Fédération Française se seront organisés en un corps cohérent, susceptible de recevoir la confiance et l'appui des autorités officielles. Une liste d'une dizaine de clubs put être établie peu de temps avant la fin de la séance, et confiée au Président de la Sous-Commission. Suspension de séance à 12 h 45 et reprise des travaux à 12 h 55
L'échec quasi-total enregistré depuis le dernier colloque par la Sous Commission « Matériel et Techniques » conduit à penser que le mode de fonctionnement de celle-ci n'est pas adapté à son objectif. Robert LACROUX invite les différents plongeurs présents à manifester leurs idées. Michel SEGUIN (G.S. Charentes) propose d'inviter une ou plusieurs personnes aux expériences « Protée », qui sont organisées tous les ans par le G.S. des Charentes. Robert RORATO (S.C. Dijon) suggère la constitution d'un répertoire de tous les plongeurs souterrains français, qui comprendrait notamment, outre l'adresse et le nom du club auquel ceux-ci appartiennent, un aperçu de la spécialité de chacun. .Jean-Louis VERNETTE (G.E.P.S.) propose d'imiter plusieurs plongeurs sur le terrain, à Marseille, pour une durée de deux à trois jours. Marcel EROME (G.R.P.S.) et Michel SEGUIN (G.S. Charentes) proposent de transformer l'idée, émise lors du premier colloque, d'un bulletin de liaison des plongeurs souterrains français, en une sorte de circulaire périodique, dans laquelle serait soulevé un problème particulier, et à laquelle répondraient toutes les personnes intéressées. Enfin, Jean-Louis Vernette expose les raisons qui ont motivé la création de son groupement, le G.E.P.S., et souhaite voir l'ensemble des plongeurs souterrains constituer une association du même type, à l'échelon national ou même international. ACTIVITES DES CLUBS Claude TOULOUMDJIAN fait le récit des explorations du Groupe d'Etudes de Plongées Souterraines dans l'exsurgence sous-marine de Port Miou, entre Cassis et Marseille. Cette exsurgence, qui s'ouvre à onze mètres de profondeur dans les eaux de la calanque de Port-Miou, a pu être pénétrée à ce jour sur une distance de 870 mètres. Il s'agit d'une galerie de 5 à 25 m de largeur, 10 à 15 m de haut, se développant à la profondeur moyenne de 15 m. La profondeur maximale, atteinte dans cette galerie, est de 45 m. Au cours des explorations, des poches d'air importantes ont été repérées, respectivement à 300 et 530 m. La localisation précise de la plus vaste de ces deux cloches (celle de 530 m) a permis récemment le percement d'un puits à partir de la surface. Celui-ci, profond de 45 m, débouche aujourd'hui dans le conduit souterrain par l'intermédiaire d'une galerie creusée dans le roc sur une soixantaine de mètres de longueur. Il doit permettre de poursuivre les explorations bien au delà du point déjà atteint. Les travaux effectués à Port-Miou intéressent l'alimentation en eau des agglomérations avoisinantes. La galerie de Port-Miou évacue en effet vers la mer une quantité considérable d'eau saumâtre. La recherche du réservoir d'eau douce qui doit se trouver à l'origine de l'exsurgence justifie l'importance des moyens mis à la disposition des plongeurs. Les explorations ont été conduites par équipes de deux, avec plusieurs jeux de bi-bouteilles, les cloches d'air servant de relai. Une bouteille de secours, munie d'un détendeur, et accompagnée de masque et palmes avait été placée tous les cent mètres, le long du fil d'ariane. Clôture de la séance du matin à 13 h 30 et reprise des travaux à 15 h 20. Dans l'ordre du jour vient l'élection d'un représentant des plongeurs au sein du Conseil Régional Rhône-Alpes. La candidature de Jérôme DUBOIS est approuvée à l'unanimité. FICHES DE PLONGEE Le G.S. Charentes a mis au point un modèle de fiche permettant d'homogénéiser les comptes-rendus des plongeurs. Celles-ci sont en voie d'impression. Roger LAURENT insiste pour que les fiches concernant les sources ou les siphons explorés puissent être insérées dans le fichier des cavités naturelles du B.R.G.M. Ces deux modèles de fiches répondent à des besoins différents et complémentaires. ACTIV1TES DES CLUBS (suite)
Dans un gouffre-perte du Doubs, les plongeurs de la MJC. Palente et du G.S. du Doubs ont souffert de nausées qui semblent consécutives à undégagement gazeux produit par une accumulation de débris végétaux entre deux voûtes mouillantes. Dans ce même réseau, mais un peu plus en aval, ces mêmes plongeurs ont assisté à l'arrivée d'une crue violente (« un mur d'eau de près de trois mètres de hauteur»), qui faillit leur coûter la vie. Les bouteilles durent être récupérées au fond d'une laisse d'eau profonde, où elles avaient été entraînées. Dans la grotte du Cul de Vaux, à Vuillafans, il existe plusieurs siphons pollués par les épandages d'une commune... REGLEMEN'TATIOY DES PRISES DE DATE Guy CLAUDEY informe les participants d'un projet de règlementation des «Prises de date», établi par la Fédération. Il les invite à en prendre connaissance, et leur demande d'apporter une critique constructive à ce projet. Il s'en suit une discussion animée, qui tourne court, la question n'ayant pas été inscrite à l'ordre du jour. Le colloque est officiellement clos par Robert LACROUX à 18 h 45. Le Secrétaire, B. HUMBEL (S.C. Dijon) |