Aven du ROUET

ou Regard des Camps

Commune de ROUET-HERAULT

Carte IGN 1/25000 2742 EST "Claret"
Coordonnées GPS : N 43°49.016' E00°48.917'
X=718,89 Y=169,54 Z=207m
Développement: 90m
Dénivellation: -85

Localisation
Récit

Le puits principal par Mike Thomas

Fiche rédigée par F. Vasseur (mise à jour mars 2008)

Situation

Voir Event des CAMPS.
Suivre la D.122. La bouche de l'aven bée à 150m au Nord du hameau, sur le coté droit de la route. Un grillage est placé en protection.

Historique

En juillet 1965, l'hydrogéologue Claude DROGUE (USTL) effectue un pompage d'essai sur l'aven en vue d'estimer les réserves aquifères. A cette occasion, la relation de cet aven avec la source du Crès est démontrée.

L'aven est exploré par Robert de Joly en 1931, puis Bernard Gèze en 1936, jusqu'au plan d'eau siphonnant 10m sous l'orifice.

En 1966, le Génie rural organise un pompage. A cette occasion, un plongeur nimois (Pouxdevigne) descend à -12m sous le plan d'eau.

En 1977, Jean-Claude Dobrilla et Pierre Rousset, plongeurs de la société Hydrokarst, descendent jusqu'à -75m, arrêt sur colmatage de blocs.

Entre 1997 et 1999, Nathanaël Boinet et Vincent Durand (CLPA) entreprennent l'équipement du puits (aménagements extérieurs, échelles, dalle béton au niveau, équipement en câble et corde avec spits jusqu'à -42) avec une topo du puits jusqu'à -73 m. Au début des années 2000, un plongeur francilien aurait franchi l'étroiture de –76 et aurait progressé d'une dizaine de mètres au-delà. En décembre 2005, deux membres de l'équipe Plongeesout revisitent la base du puit. Ils entrevoient une continuation derrière une étroiture constituée d'un talus de blocs roulés partiellement accolés à la voûte. Durant les années 2006-2007, l'équipe Plongéesout, soutenue en surface par le CLPA, organise un campagne d'explorations qui les conduit à émerger à 641m de l'entrée, dans une fracture sans suite évidente. Une topographie intégrale est levée. Des prélèvements de sables révèlent la présence de mollusques vivants à –74. Une couverture photographique est menée jusqu'à la limite du matériel photographique disponible (-45). Des os et des armes sont retrouvées en divers points de la cavité. Diverses formes de vie sont identifiées (crustacés, mollusques, vers, poissons).

Equipe Plongeesout : Cédric Bankarel, Jean-Marc Belin, Mehdi Dighouth, Eric Julien, Christian Moreau, Frank Vasseur ;

Taupes Palmées (30) : Mickaël Bappel, Romuald Barré, Damien Vignoles ;

S.C.V.V.(30) : Elodie Dardenne, Gilles Vareilhes;

S.C.S.P. (30) : Jean-Louis Galera, Michel Wienin ;

C.L.P.A. (34) : Nathan Boinet, Jean-Claude et Yva Boyard, Benoit Carrette, Eddy Houdet, Guy Loch, Pascal Mouneyrat, Vincent Prié, Christophe Scillieri, Jeannot Tarrit, Corinne Vigier ;
individuels : Didier et Charles Coque, Michel Martin.

Description
L'entrée circulaire est aussi imposante par ses dimensions (6x4m) que pour son esthétique. Elle donne directement sur le plan d'eau calme situé au pied de la verticale (-10m en période d'étiage). Une ambiance de « cenote » émane de ce puits naturel. L'eau, si rare de la surface, semble à portée de main, de seau, de pompe, de palmes.
La partie noyée descend verticalement, en éteignoir. A -2, deux laminoirs, ouverts de part et d'autre du puits, se prolongent, dans des dimensions très restreintes et tapissés d'argile. Au nord-est, il s'agit d'un laminoir (2 x 0,4m) au plafond irrégulier. Au sud-ouest, c'est un boyau de section triangulaire (40 x 50 cm).

Le puits noyé se restreint régulièrement en largeur. A -10, un amoncellement de blocs rocheux nappé de galets roulés (parfois instables), réduit la partie pénétrable. Il faut s'insinuer dans l'angle méridional de la fracture pour poursuivre verticalement dans un méandre intime, entre –12 et -18.

La fracture revient alors progressivement sous le puits d'entrée, à la faveur de petits redans soulignés de paliers recouverts de petits blocs et de galets. La galerie conserve une section modeste (3 x 1,7m) jusqu'à –45, cote matérialisée par un gros bloc coincé.

Là, le puits se verticalise radicalement, à la faveur d'un croisement perpendiculaire de deux fractures. On dégringole alors dans la partie centrale un peu plus confortable, jusqu'à toucher un sol de gros galets roulés, à -75. Les parois s'évasent sensiblement. Au sud-ouest et au sud-est, les fractures remontent, puis se pincent rapidement. Du sable fin recouvre les galets dans des alcôves latérales.

Vers le nord-est, la pente de galets dévale sur 5m jusqu'à une étroiture, à –76 (104m de la vasque).
Un fin limon recouvre le sol. Il se met rapidement en suspension.

Après un rétrécissement à –76 (désobstruction nécessaire pour le franchir) sur un talus de blocs roulés la galerie s'élargit. Vers l'ouest, l'amoncellement de blocs correspond à la base du puits d'entrée qu'on vient de contourner. C'est ici qu'on été trouvé les vestiges d'armes du 20 ème siècle.

Le conduit s'oriente plein est, descend encore jusqu'au point bas, ponctuel, de la caverne : –80 (en râclant bien). Cette fosse constitue l'amorce d'un boulevard (des zinzins valides) de 5 x 5m, régulièrement surmonté de hautes cheminées verticales insondées. Il remonte dans une jolie galerie le long d'un pendage.

A 156m (-75), la galerie s'oriente progressivement au sud-est. Un net redan rompt,à 189m, la régularité du pendage ascendant, après 90m en-dessous de 70m de profondeur.

Le sol est généralement constitué d'argile ou de galets compactés, avec quelques dunes de sable alternées avec des dalles rocheuses. A défaut de grosse crue qui fait « crever » l'aven, le siphon a tendance à s'encrasser. Les limons volatiles se déposent sur le sol, et se mettent rapidement en suspension.

A 266m (-57,5), la galerie change de morphologie : c'est la « fracture frontale ». Elle sétire en hauteur à la faveur de nettes fractures, et perd en surface de section. Les parois se rapprochent. Une belle arche divise le conduit dans la hauteur, à 318m (-49). Le sol est ici recouvert de petites écailles rocheuses.

A –28, le « cul-de-sac » constitue un carrefour de galeries.

Au plafond une fracture « lache-minet », sur laquelle nous fondions de grands espoirs, est remontée jusqu'à –15. Elle se rétrecit et s'englaise au fur et à mesure de la remontée, jusqu'à un plafond. Un prolongement latéral est visible, mais peu engageant. En rive droite, arrêt sur étroiture après une quinzaine de mètres de galerie très argileuse (« galerie onctueuse »), à 435m de l'entrée.

En rive gauche, une galerie plus intime, plus large que haute, annonce une partie de la cavité partiellement comblée par de petits blocs anguleux. On recoupe rapidement une fracture qui évolue dans la zone des –25m vers un autre laminoir, terminé par une arche rocheuse à contourner par la rive gauche. Une nouvelle fracture genère un court point haut terminé en cul de sac. La suite est au sol, en glissant le long d'un talus de blocs. A –21, on découvre une jolie salle ascendante par son point bas : l'ossuaire. Dans le bas de la salle, plusieurs os ont été découverts, dont une portion de fémur. Sous les voûtes, de massives arches rocheuses dédoublent le plafond. Un sol fortement incliné grimpe régulièrement jusqu'à –9 à 511m de l'entrée. Le conduit se restreint en une galerie (2x2m) sensiblement ascendante durant 20m jusqu'à –6.

Un peu de limon se soulève, mais s'évacue vite. Impression d'être sur un actif dont le faible débit emporte les particules soulevées.

La « conduite farcée » (4 x 2m), à présent limoneuse, se prolonge par une chicane, puis remonte et se divise en deux.

A gauche, on retombe illico en tête d'un beau puits, celui « des lames dérision ». De retour à l'intersection, vers la droite une petite galerie intime, ça raclouille, ça tourne, arrivée sous une cloche d'air. La sortie ? Non, juste une cheminée argileuse.

La suite est en contrebas : le même puits que précédemment, auquel on accède par l'autre paroi.

Magnifique verticale tout de même. Ca console un peu.

A –8, un sol de gros galets roulés grossiers. Dans mon dos, une galerie est rapidement colmatée par l'argile.

Vers le sud-ouest, un talus dégringole à –10 (583m). On retrouve alors une splendide conduite forcée : la « galerie des coquilles », caractéristique des arcanes hortusiennes. 4m de large, deux de haut. Le sol est recouvert d'une fine couche de limon volatile, mêlé de subtils débris végétaux et, plus rarement, de coquilles d'escargots (3mm de diamètre environ).

Les ripples-marks dans le limon, les cupules d'érosion, attestent du sens d'écoulement : on remonte un amont. Pourtant, les particules en suspension, après notre passage, demeurent en place. Il doit s'agir d'un amont temporaire, ou un débit infime en période de sécheresse.

Le conduit remonte en sinuant jusqu'à –2,5m (637m). Là, une fracture la recoupe perpendiculairement. Au sol, un amas de blocs obstrue partiellement la suite de la galerie, dont les dimensions se sont considérablement réduites. Seul subsiste un passage pénétrable (0,7 x 0,9m) en rive gauche. Il est affecté d'une sorte de surcreusement au sol. Sa sinuosité, combinée à l'étroitesse de sa section, empêche toute investigation supplémentaire dans notre configuration.

En remontant la fracture, on émerge (à 641m du départ) dans une jolie vasque (4 x 3m) surmontée d'une cheminée argileuse (8m) : la « cloche désenfumée ». C'est le terminus actuel des explorations.

Karstologie

La cavité se développe dans les calcaires du Valanginien supérieur, et constitue un regard sur l'aquifère perché du causse de l'Hortus.

La relation avec les sources du Lamalou et du Crès a été prouvée par coloration.

Archéologie

Des armes ont été trouvées dans l'éboulis de –78, derrière l'étroiture.

Une carabine USM1 de calibre 30 (30 centièmes de pouce le pouce valant a peu près 2.54 cm). Elle a été étudiée et fabriquée pendant la seconde guerre mondiale, à partir de 1943.
Elle était très prisée et elle a été parachutée en France au profit des FFI. Cette carabine est la première d'une série d'armes de combat que les USA ont conçues et dont le dernier exemplaire est le M 16.
Ces carabines légères et très efficaces étaient placée dans les avions de la guerre d'Algérie pour que le pilote abattu puisse se défendre. Elle était placée dans une goulotte à gauche du pilote.
http://www.littlegun.be/arme%20americaine/a%20usm1%20fr.htm

L'autre piède est un morceau de fusil d'assaut allemand. Le STG 44 (Sturmgewehr 44).
http://www.dday-overlord.com/sturmgewehr_44.htm
Le chargeur trouvé il y a quelques années doit appartenir au même fusil d'assaut.

Paléontologie

Des gisements d'os et d'autres plus épars sont localisés à la base du puits d'entrée (entre –74 et –79) puis dans la salle de l'ossuaire, à 500m de l'entrée.
Jean-Yves Crochet a détrminé les fragments suivants :
- frag. mandibule droite édentée Bos primigenius
- radio-cubitus gauche idem.
- fragment de tibia droit (petit équidés) Equus hydruntinus ?
- fragment de diaphyse de fémur indét.
L'ensemble du mat"os" a été roulé.

Biospéléologie
En surface, un mâle de dytique indéterminé, peut-être Acilius sulcatus, des batraciens aussi, barbotent en attendant la sortie des plongeurs et le retour du calme.

Un poisson qui évolue souvent dans la vasque d'entrée. Cela signifie qu'il existe un passage aquatique entre la grotte et la rivière qui coule à proximité, ou bien que ce poisson a été amené dans cette grotte. Il ne faut pas écarter l'hypothèse selon laquelle il aurait remonté un réseau de petites galeries depuis la source du Crès et qu'il ait élu domicile dans la vasque de l'aven.

"Phoxinus phoxinus" plus connu sous le nom de vairon.
C'est un petit poisson autochtone (7cm)de nature grégaire,très sensible à la pollution qui recherche les eaux claires,fraîches et bien oxygénées. C'est un des rares cyprinidés qui colonise les parties supérieures des rivières, omnivore, il se reproduit en mai/juin, les males se parent alors de couleurs très vives (rouge)au niveau du ventre.

Les mollusques du Rouet sont sans surprise au niveau des espèces. Vincent Prié identifié les mêmes qu'aux sources du Crès ou du Lamalou :
- Paladilhia pleurotoma,
- Islamia cf. globulina,
- Moitessieria rolandiana
- Bythiospeum bourguignati.
En revanche, et c'est une première, les prélèvements réalisés à -74 m présentent des bêtes vivantes! On a donc confirmation qu'au moins certaines espèces supportent parfaitement les grandes profondeurs, ce qui n'était pas prouvé jusqu'à présent.

Une collecte à proximité de la surface par Michel Wienin a donné plusieurs centaines de coquilles appartenant à 5 espèces, ce qui est beaucoup pour un seul site. En plus de celles identifiées par Vincent dans les prélèvements profonds :
= Bythiospeum cf. diaphanum
= Neohoratia moquiniana

Plus profond, Niphargus virei de taille respectable (2cm à 3 cm de long) est particulièrement abondant dans les eaux de l'évent.

Un lombric cavernicole a également été recontré à –75 après le point bas.


Recommandations


La visibilité se dégrade très rapidement dans ce siphon. En circuit ouvert, les paliers se déroulent dans une ambiance "chargée", avec moins d'un mètre de visibilité.
Il est nécéssaire d'obtenir l'autorisation nécéssaire avant de plonger cette cavité.

Malacologie

 


Le puits latéral par Mehdi Dighouth

 

 

 

 

 


-38 par Frank Vasseur

 


par Frank Vasseur

 


- 45 par Frank Vasseur