Peyraou de Chadouillet


Commune de SAINT-ANDRE DE CRUZIERES

coordonnées : X=748,8 Y=226,1 X=162m

Développement: 1900m environ (1800m topographiés).
Denivellation: -87

Localisation

l'entrée par JP. Baudu

 

Situation

Depuis Saint-André de Cruzières, se rendre au Hameau de Chadouillet, puis tourner a gauche à la cabine téléphonique pour traverser les habitations.
Prendre la rue immédiatement à côté de la cabine. Traverser le village puis suivre un panneau en bois indiquant "event de Peyrejal" ou de "Cotepatière". On sort alors du vieux village et on passe sur une route devant des maisons neuves. La route se transforme en piste et descend dans le lit de la Claysse. Un pont enjambe son cours, un peu avant lequel une piste remonte en rive gauche.

Laisser les véhicules au pont et remonter le lit asséché. Quelques centaines de mètres plus loin, dans le lit même de la Claysse, une pente de galets dévale sous la falaise d'albâtre vers une vasque fraîche précédée d'un rétrécissement à la section variable.

Historique

Robert De JOLY avait brièvement vu la cavité lorsque, à sa requête, les membres du SCAL (34) tentaient vainement de poursuivre l'exploration (septembre 1951 et 1952). "Des conditions atmosphériques des plus variables nous ont empêché de nous engager à fond dans cette cavité des plus dangereuses."
Toujours en 52, l'équipe locale de la Société de Spéléologie et de Préhistoire Gard-Ardèche prend le relais des explorations en consacrant plus de 10 séances de dynamitage (5 heures chacune) au niveau de la première voûte mouillante. Les années 53 et 54 seront consacrées à une tentative infructueuse à la moto-pompe, suivie d'une opération d'envergure à laquelle la municipalité apporte son concours. Elle durera trois jours consécutifs durant lesquels 1 800m3 seront évacués hors de la cavité. Les résultats n'ont pas été précisés dans les publications.

Les premières incursions en plongée datent du 10/04/1955. Une équipe du S.C.Villeurbanne (Roger Nerva, Jean Peysson, Edouard Piccinnini, Guy Tissier) franchit le premier siphon dès l'entrée (10m;-1) et progresse au-delà jusqu'au siphon Nord.
Ils reconnaissent également un étroit conduit aval sur 15m, et plongent le siphon Sud-Ouest sur 30m, jusqu'aux limites d'autonomie (R. Nerva).

La seconde plongée dans cette branche (24/07/1955) sera tragiquement marquée par la mort de E.Piccinnini dit Dodu, troisième victime française d'accident en plongée souterraine.
"Après un siphon de 5m et une cloche d'air, deux plongeurs s'engagent dans le second siphon, assurés par un troisième plongeur. Ils parcourent une trentaine de mètres, lorsque E.Piccinnini décide de ressortir pendant que son compagnon poursuit sa plongée. Au retour, ce dernier retrouve son coéquipier mort, à quelques mètres de la surface. Ses tuyaux sont rompus, son détendeur cabossé. Il reste de l'air dans ses bouteilles."
En juillet 1957, l'équipe de Marti : Albert Dumas (président de la SSPGA), Marti, Pierre MICHEL et Bernard Laffut franchi la première vasque et découvre le siphon nord. Une première topographie est levée. Une nouvelle topographie des conduits exondés est levée en octobre 1973 par R.Klingenfuss.

En 1975, une équipe du Fontaine - La Tronche (Philippe Ackermann, Jean-Louis Camus, Patrick Dupille, Bertrand Léger) franchit les cinq premiers siphons dans la branche S.O. et bute sur un colmatage de sable dans le sixième. Un minuscule interstice de 5cm sous la voûte laissait filtrer un courant sensible.
Ce terminus restera longtemps ignoré.
En octobre 1990, Patrick Serret plonge la Fontaine de Peyrejal et jonctionne avec la branche sud-ouest du Peyraou, entre le S.5 et le S.6.
Accompagné de Guy Peignet en 1991, il explore un shunt dans le S.3, qui rejoint, en amont, la galerie post-S.3.
Décembre 1994, nous prévoyons des explorations en commun. Jean-Pierre Baudu et Patrick Serret sortent le S.6, franchissent le S.7 et butent sur le S.8.
Ce siphon sera ensuite exploré alternativement par Gilles Lorente et Frank Vasseur (Association Céladon), puis Jean-Pierre Baudu et à nouveau par les héraultais qui lèvent à cette occasion la topographie intégrale de cette portion amont de la cavité.
A cette occasion, le siphon de la galerie aval est franchi (6m) par G.Lorente, arrêt sur laminoir étroit au-delà.
La branche sud-ouest sera baptisée en 1995 branche « Bertrand Leger » par l’équipe qui lève la topographie.

Le siphon Nord, est défini comme "un profond puits boueux qui se termine par une étroiture infranchissable" par R.LACROUX en 1969.
Le mois d'août 1972 voit le Groupe Rhodanien de Plongées Souterraines (Denis Lorrain et Mickey) plonger la branche Bertrand Leger à deux reprises jusqu'à la première étroiture dans le S.1. Ils s'engagent également dans le siphon Nord et progressent jusqu'à –35 dans la galerie horizontale.

En 1980, Jean-Marie Chauvet (Spéléo-Club des Vans) plonge le siphon nord jusqu'à -40, puis Frédéric Poggia poursuit jusqu'à 240m (-48 après un point bas à -53) en 1986.
Janvier 1995 (F.Vasseur assisté de G.Lorente) le terminus du siphon nord est porté à 306m (-48), puis prolongé dans la foulée en 4 plongées (-58 (19/02/95) puis -76 le 05/03/95 et -78 (avril 1996) par Benoit Poinard, qui s’arrête en 1997 à 370m (-75 après un point bas à -77).

En 1999, notre dream-team reprend les explorations dans la cavité. Elles bénéficieront du « label » (et du support matériel et financier) d'expédition nationale de la FFESSM à partir de 2000.
En prévision des explorations de 2000, nous consacrons 9 sorties en 1999 au siphon nord, rendu impraticable par la multiplicité des fils, souvent déchiquetés par les crues, tirés dans la galerie de –50. Tout le siphon est reéquipé en cablette gainée métrée tous les 10 mètres et marquée tous les 5m., lestée avec des plombs largables si nécessaire.
Les tronçons verticaux de la zone d’entrée sont équipés en corde et spits pour supporter les blocs de décompression lors de plongées « lourdes ».
Des aménagements sont également pratiqués dans la galerie exondée, afin de sécuriser les portages.
A partir de Janvier 2000, six autres plongées de nettoyage, de reéquipement et d’exploration sont nécessaires pour progresser jusqu’à 435m., arrêt à –63m dans un conduit remontant plus intime.
La topographie de la galerie profonde a été levée (de 306 à 435m.).
Neuf plongées au trimix, depuis juin 1999, ont été nécessaires.
Dans l’amont de la cavité, le terminus de la branche Bertrand LEGER a été revu, sans ouvrir de nouvelles perspectives d’explorations (boyau impénétrable) dans ce secteur de la cavité.

Participants 1999 - 2000 : Christian Bagarre, Jean-Pierre et Catherine Baudu, David Bianzani, Régis Brahic, Thierry Briolles, Roger Cossemyns, Elodie Dardenne, Yves Deschamps, Cédric Donnee, Marc Faverjon, Jean-Louis Galera, Thierry Gineste, Didier et Séverine Mourral, Patrick Mugnier, Antoine Rodriguez, Pierre Sciulara, François Tourtelier, Marc Van Espen, Marc Vandermeulen, Michel Valentin, Frank Vasseur, Hervé Vasseur.

2001 La topographie intégrale du siphon nord est levée et l’exploration poursuivie jusqu’à 505m de l’entrée (-42) après le point bas de –78. La topographie de la partie explorée est levée au retour.
Grâce aux plongées de topo de cet hiver, nous disposons à présent d'une topographie intégrale
Une séance photo a été consacrée à la galerie de –33.
Un grand merci à l'équipe Ganeko pour le prêt de son propulseur.

Participants 2001 : Christian Bagarre, Jean-Marc Belin, David Bianzani, Régis Brahic, Jean-Louis Galera, Laurent Guillerme, Marilyn Hanin, Gaby Hude, Richard Huttler, Cyril Marchal, Xavier Meniscus, Kino Passevant, Stéphane Roussel, Jean-Eric Tournour, Michel Valentin, Frank Vasseur, Marjolaine Vaucher, Damien Vignoles.

2002 Deux sorties ont été consacrées à un reportage photographique.
Trois sorties de familiarisation avec la cavité ont permis aux plongeurs de prendre leurs marques en vue des portages préliminaires à la plongée de pointe.
La plongée d’exploration n’a pu avoir lieu, du fait de la panne du propulseur et des conditions météorologiques défavorables.

Participants 2002 : Jean-Marc Belin, David Bianzani, Richard Huttler, Xavier Meniscus, Stephane Roussel, Frank Vasseur, Dominique Victorin, Laurent Ylla.

En parallèle, nous entamons une désobstruction subaquatique à la résurgence du système de la Claysse souterraine : le Moulin.
Participants : Mickaël Bappel, Romuald Barré, Catherine et Jean-Pierre Baudu, David Bianzani, Régis Brahic, Laurent Guillerme et madame, Marilyn Hanin, Kino Passevant, Michel Valentin, Frank Vasseur, Laurent Ylla.

2003 : Une plongée de pointe bute à 510m (-38) sur une étroiture argileuse.

Participants 2003 : Jean-Marc Belin, David Bianzani, Jacques Bonpascal, Xavier meniscus, Kino Passevant, Frank Vasseur, Laurent Ylla.

2004 sera une année sabbatique. D’autres objectifs que nous souhaitons achever mobilisent les forces vives.

2005 est l’année charnière. Une « dernière » plongée en circuit ouvert livre l’accès à la suite, en février. Une fracture ascendante, située 5m avant l'étroiture terminale, grimpe jusqu'à -25 où le conduit se prolonge en pente douce jusqu'à -16, arrêt à 560m de l'entrée sous paliers.
La topographie confirme qu'il s'agit du prolongement logique du siphon (alignement sur la direction principale, pendage identique).

Participants 2005 : Jacques Bonpascal, Jacques Petit, Françoise Minne, Michel Pauwels, Jean-Marc Belin, Denis Grammont, Kino Passevant, Christian Moreau, Richard Huttler, Christian Bagarre, Michel Wienin et Frank Vasseur.

En mars, le britannique John Volanthen progresse de quelques mètres au-delà du terminus et confirme la tendance ascendante du conduit.

“Hi Frank,
I visited  the Chadouillet last week (fin mars 2005) and was able to reach the end of your line. I see the old mud slope in the alcove and the large pot in the roof at 33m.
I reached your line reel at 15.8m (with green handle) with only 20 minutes of deco. As promised, I have not laid any line beyond your limit, however I did swim on a very short way without line. after 5m, I reached another upwards pot, I blew bubbles up this, but there was no surface at the top. I went up the pot about 2 or 3 meters and saw a horizontal tunnel going off into the distance. At this point I turned round. It looks to me like the cave will surface very soon, but there will be some shallow line to lay first
:-)
Whilst the first part of the cave has poor visibility, the deep section seems to stay clear, allowing quick passage for several divers. I used air and 11/47 diluents. Total dive time was 2.5 hours, but this includes extra stops.
I would be interested to return soon, if possible, as I feel it is likely that there is significant dry cave beyond this sump.
I hope to meet you in may, where I can show you my setup if you wish.
regards,
John”

En juin, l’exploration est poursuivie avec des recycleurs à circuit fermé, autorisant des plongées au profil facétieux.
Nous progressons de 130m au-delà du précédent terminus jusqu’à 685m de l'entrée (-6m).

Participants 2005 (bis) : Jean-Luc Armengaud, Pierre Barel, Jean-Marc Belin, Jacques Bonpascal, Mehdi Dighouth, Jean-Louis Galera, Christian Moreau, Kino Passevant, Michel Valentin, Frank Vasseur, Dominique Victorin, Laurent, Marie-Laure et Alexandre Ylla.

2006 sera une année « fastidieuse ». Aux aléas météorologiques, se cumule la rétention de matériel fédéral par un prétendant à la poursuite des explorations. Il n'y a pas d'autre solution que de consentir à l'achat de ces coûteux équipements (scooters), lesquels n'arriveront pas dans les délais prévus. L'équipe « Plongeesout » voit le jour. Bref, après plusieurs reports de dates, toutes les conditions sont réunies pour la fin du mois de mai. Après un pré-portage le 23, une nouvelle pointe le 25/05 permet au binôme de progresser de 200m supplémentaires jusqu'à 880m.

Participants 2006 : Allemagne: Michael et Karen Klemm, Bjorn Steuriech.
Belgique : Raphaël Bechet et Madame, Roger Cossemyns (Vicomte de Braine), Françoise Minne, Jacques Petit, Vincent Poisson et Madame, Marc Vandermeulen, Geoffroy de Visscher.
Douce France : Anne Johannet, Marc Plouhinec, Pascal Moinard, Ronan Turpin, Gilles Vareilhes, Elodie Dardenne, Christian Bagarre, Micel Valentin et Madame, Marjolaine Vaucher, Régis Brahic, Michel Wienin, Michel Chabaud, Christian, Christophe et le petit dernier Bouquet, Jean-Louis Galera, Mehdi Dighouth, Eric Julien, Cyril Marchal, Jean-Marc Belin, Christian Moreau, Frank Vasseur.

En accord avec leurs prédécesseurs, John Volanthen et Rick Stanton avancent encore de 140m jusqu'à une trémie, le premier week-end de juillet.

« We had a good dive, we were able to progress beyond your limit a short way, after 60m at a depth of about 24m we reached a large underwater chamber which went up to -3m, however the way on was on the floor, over a debris bank. 80m beyond this at a depth of just over 30m is a squeeze, then the passage reaches a choke which could not be passed. It is likely that it would be necessary to spend some considerably time removing boulders to pass. We laid a total of 140m of line beyond your end point, the choke being at -32m.

I enclose a sketch the passage up to 940m is very similar to the previous 200m, at 940 the cave enters a large roomand the way on is down over boulders, the passage size shrinks again and there follows a squeeze and then a boulder choke, the way on can be seen up, but it is choked.
John”

 

Description

Dans le cours asséché de la Claysse, une dépression de galets roulés dévale jusqu'à un modeste orifice baigné d'une eau cristalline.
A demi-immergé on peut entrevoir, vers le Nord, l'amorce d'un réseau étroit constitué de laminoirs aquatiques et connu sur une centaine de mètres.
Vers le Sud, après un seuil immergé, on recoupe un beau conduit (3x4m) actif dont l'origine provient d'un siphon: le premier de la branche Bertrand Léger, globalement orientée Sud/sud-ouest.

- La branche Bertrand Léger :
Elle débute à une vingtaine de mètres de l'entrée par un siphon intime S.1 (80m;-2) présentant une étroiture sévère (décapelage obligatoire) à 28m du départ. Une cloche d'air précède la sortie dans une courte vasque, de laquelle on replonge immédiatement dans le S.2 (80m;-5). Peu large au départ, il s'amplifie en un conduit agréable (2x2m) affecté de décrochements dans la partie finale. Il faut ensuite émerger et parcourir 19m dans une galerie basse.
Le S.3 (110m;-4) se développe essentiellement à -1m. Entrecoupé de cloches d'air qui se prolongent parfois en hauteur à la faveur de micro-fractures locales, il présente un passage éxigue à 30m du départ et plonge ponctuellement à -4 pour émerger rapidement. Au point bas, un départ latéral rejoint un plan d'eau secondaire dans le conduit qui suit.
La fracture qui conduit à l'air libre est suivie d'une dizaine de mètres de progression rampée dans le lit du ruisseau, puis on avance debout dans de longs biefs dont la profondeur croît progressivement. Après 58m à ce régime, débute le S.4 (65m;-6) qui présente un profil en dents de scie et d'importants remplissages sableux.
Au sortir de l'eau, une escalade de 2m défend l'accès à 51m de progression aquatique agrémentée de 3 voûtes mouillantes. Un dernier lac peu profond connecte la fontaine de Peyrejal via un bref passage immergé (2m) à consentir en décapelé.
Le S.5 (27m;-4) est tapissé de sable et sort dans un volume, incongru au regard du reste de cette portion de cavité. Un énorme bloc surplombe la vasque où l'eau tourbillonne et c'est au prix d'une courte escalade par-dessus une lame acérée, par une modeste lucarne, que l'on découvre la vasque suivante.
En remontant sur le chaos, on atteint une fracture haute de 6m et décorée de nombreuses racines. L'air y est péniblement respirable (C02, végétaux en décomposition?).
Le S.6 (18m;-4) copieusement sablonneux, débouche dans une vaste piscine suivie de 11m de conduite forcée circulaire. Une courte glissade sur un bombement et voici le S.7 (118m;-6). Par une fracture étriquée qui constitue le point bas, on rejoint la continuation, marquée par l'omniprésence du sable et de cloches jalonnant le parcours. L'une d'elles, haute de 6m, augure une relation avec des pertes de surface.
Peu avant l'extrémité, un diverticule émerge dans un conduit modeste où l'actif est remonté durant 160m jusqu'à un siphon.
En poursuivant dans la branche la plus large du siphon, on émerge pour parcourir une galerie supérieure, superbe conduite forcée ornée de cupules et de formes d'érosion. Des dépôts de sable attestent de l'itinéraire emprunté par les eaux en période de crue, et il faut progresser voûté durant 220m.
On rejoint alors un puissant plan d'eau d'où l'écoulement file dans une fracture pour s'engouffrer dans un siphon, dont on accède à l'autre extrémité par les 160m de galerie active, atteinte à partir du S.7.
Le S.8 (63m;-18) évolue à -6, puis recoupe une fracture au faîte de laquelle un imposante cloche d'air n'autorise aucune continuation. A sa base, un redan plonge à -10 dans un élargissement exceptionnel pour le peyraou, avant de pincer en une fracture plus étroite. Le degré d'ensablement varie ici selon les périodes jusqu'à obstruer partiellement le passage.
En glissant le long d'une dune de sable fin, on atteint un replat à -14 d'où une dune limoneuse remonte dans un élargissement surmonté de cheminées étroites.
En s'orientant vers le Sud-Ouest, un talus de graviers grossiers devient impénétrable à -18, juste avant une amorce de galerie horizontale modeste d'où provient l'écoulement.
On est ici à 1004m de la dépression d'entrée de la cavité.

Revenus dans la galerie aquatique d'entrée, si l'on suit l'écoulement, on demeure dans cet agréable conduit majeur orienté N-E, que les eaux abandonnent subitement pour s'insinuer dans une galerie latérale, basse et argileuse.

- L'aval :
Longue de 25m, elle bute sur un étroit siphon de 6m qui émerge dans un laminoir impénétrable, aperçu sur 6m jusqu'à une nouvelle voûte.
Au regard du calibre du conduit, il semble que cette portion ne draîne que la branche Bertrand LEGER en période d'étiage. La moindre montée des eaux conduit à la saturation intégrale du réseau, qui refoule alors ses eaux à l'air libre, dans le lit de la Claysse.
En persistant dans cette galerie agréable à présent désertée par l'écoulement, il faut parcourir une soixantaine de mètres pour découvrir une vasque argileuse. Une coulée d’argile dévale à main gauche jusqu’à l’eau.

- Le siphon Nord :
Dès les premiers mouvements dans la vasque, d'antipathiques volutes d'argile annihilent la visibilité. Si on ne prend pas soin à rester sur le côté rocheux du bassin, on glisse en aveugle jusqu'à -7, le long d'une pente de gravillons mêlés de limons jusqu'à -2.
Ce laminoir débouche perpendiculairement dans une fracture, équipée en plafond pour éviter de trop jouxter le sol onctueux.
Un départ reste à explorer au plafond, à l’aplomb de l’amarrage de –7m.
Un cran vertical se prolonge régulièrement dans une fracture jusqu'à un bref palier à -20m. Une puissante verticale (le puits du vertige) déboule à -33 dans une belle galerie (4x3m), que l'on abandonne rapidement au profit d'un conduit esthétiquement circulaire et plus modeste (2x2m). Après 40m à -34 deux verticales enchaînent jusqu'à -50, début de la zone profonde.
Nous l’avons baptisée « les filophages belges » en souvenir du travail ingrat effectué par l’équipe d’Outre-Quièvrain en 1999 et 2000.
Le conduit conserve des mensurations moyennes (2x1,5m) et présente çà et là, à la faveur de points bas ou de virages marqués, des remplissages d'argile surcreusés et gravés de cupules d'érosion.
Elle est affecté de deux points bas (-51 et -53) et d'un court laminoir en baïonnette avant de remonter à -51, puis -48. On est alors à 306m de la vasque d'entrée, au terme d'un parcours de 200m à -50. Ici, le puits Illizarof (un savant soviétique qui faisait « grandir » les nains) plonge verticalement à –61, puis en pente douce jusqu'à -78.
Une confortable galerie (3 x 3m), la « grosse dite à bubulles », lieux de galopades stériles mémorables, remonte régulièrement jusqu’à –65, à 425m du départ.
Le conduit, après un point haut à -61 et un replat (passage sous une arche à -62) remonte très régulièrement le long d'un pendage dans une jolie galerie circulaire d'environ 2,5m de diamètre, baptisée « septembre noir » en souvenir de l’année 2001, durant laquelle plusieurs de nos collègues sont décédés (Jean-Marc L., Cédric D., Fritz K., Alès S.).
Elle bute sur une étroiture englaisée à -38 (515m), le terminus des explos de 2003.
Cinq mètres avant ce rétrécissement rédhibitoire, une fracture ascendante, la cheminée de « l’amour amer », trépane le conduit. Elle grimpe jusqu'à -25 où le conduit se prolonge en pente douce jusqu'à -16, à 560m de l'entrée.
La topo confirme qu'il s'agit du prolongement logique du siphon (alignement sur la direction principale, pendage identique).
La galerie du « mâle effet », calquée sur des fractures, remonte graduellement. Elle est tapissée de talus argileux. A –6, on rejoint un beau canyon aux parois claires dont le sol se dérobe. Rien en plafond, la suite est en bas. On descend à -11 sur de gros blocs, et après une petite chicane, la galerie du « feu occulte » change de morphologie. 4m de large, 2 à 3 de haut, le conduit file nord/nord-est en remontant sensiblement .
A-4m(680m), un virage vers l'ouest mène à un puits. Les espoirs d'émersions étaient grands, mais le puits de la « désillusion perdue », une fracture de 5 x 2m, plonge verticalement à –22. Un petit talus rejoint la galerie du « calimériste », confortable conduit (4 x 2m) dans la roche claire et déchiquetée, vierge de sédiments. Une anachronique cuvette argileuse détermine le point bas à –24. Une jolie fracture ascendante (remontée moi, émoi, émoi) ramène à –13, dans un élargissement de 6 x 3m, à la cote 805m.

La galerie du « blogorico » sinue en marquant un infléchissement au nord-est. A 880m (-15), le conduit amorce une nouvelle série de variations d'altitude, tout en conservant des proportions similaires (la galeridentique). Une pointe à –21 (930m) augure une remontée jusqu'à –15, dans la « choke chamber ». Cet élargissement inattendu, chaotique et affecté de blocs effondrés, culmine à –4. Mais la suite est derrière des rocs, à –15. La « galerikiki » voit sa section réduire. Elle plonge à –30 avant d'opposer une étroiture. Passé le rétrécissement, une trémie, à –32 et 1020m de l'entrée du siphon, interdit toute exploration supplémentaire. La galerie se prolonge au-delà, en remontant, mais une désobstruction serait peut-être envisageable.
Ce siphon est un aval parcouru par un écoulement issu de la branche Bertrand Léger que l'on recoupe à la cote –33. Il fonctionnent par extravasement en période de crue attestant l’existence d’un collecteur profond sur lequel il n’est qu’un regard, fonctionnant en cheminée d’équilibre.

Karstologie

Le peyraou est situé en cheminée d'équilibre sur le cours souterrain de la Claysse, en aval du système Sauvas-Peyrejal-Cocalière et en amont de la résurgence du Moulin.
L'organisation de la cavité en deux branches principales distinctes tend à corroborer la thèse de l'existence de deux provenances différentes en ce qui concerne l'origine des eaux.
La branche Bertrand LEGER, copieusement alluvionnée de dépôts sableux, aurait pour origine une branche de la Cocalière, alors que le siphon Nord est une cheminée d’équilibre d’un collecteur profond principal qui n’est pas encore atteint.

Malacologie

Henri Girardi a étudié les prélèvements de sédiments effectués au Peyraou de Chadouillet.
- Siphon Nord. Dépôts argilo-sableux du bord de la vasque : population stable et homogène. Espèces dont un individu vivant + nombreuses coquilles décalcifiées par l’argile.
- Siphon Nord, dépôts sablo-graveleux entre –5 et –6 : prélèvement stérile
- Siphon d’entrée de la branche Bertrand Léger. Densité faible mais les trois mêmes espèces présentes. 1 individu vivant.


photos H. Girardi


Espèces identifiées :

- Bythiospeum cf. diaphanum (Michaud, 1831)
- Moitessieria locardi (Coutagne, 1883)
- Palacanthiliopsis cf. margritae (Boeters et Falkner, 2003).


La dimension réelle des Gastéropodes aquatiques stygobies collectés varie de 1 à 3 mm environ. Les deux premières espèces sont connues depuis longtemps dans les régions voisines (jusque dans le Jura pour la première, l’Hérault pour la seconde) et protégées depuis 1992 par un arrêté ministériel tandis que la dernière n’a été découverte que récemment à St Alban-Auriolles (07), à une quinzaine de km au NE de St André de Cruzières et sur l’autre rive du Chassezac.
D’autre part, les échantillons de Chadouillet sont nettement plus grands que ceux de St Alban et légèrement différents du type, ils peuvent laisser penser à une forme locale différente. Même s’il ne s’agit que de variations individuelles, cette espèce paraît endémique du karst jurassique Ardèche-Chassezac car elle est inconnue au voisinage, en particulier des gorges de l’Ardèche et de la Cèze, relativement mieux étudiées, ainsi que de la région d’Alès ou des Coirons.

Henri GIRARDI
3 Rue de l'Hymne au soleil
Les Sylphides
84140 MONTFAVET
tel : 04 90 32 48 9

 


Le peyraou en crue, par JM. Belin


Le peyraou en crue, par JM. Belin

 


Equipe de la SSPGA

 

S2 dans branche "Bertrand Leger", par Frank Vasseur

S2 dans branche "Bertrand Leger", par Frank Vasseur

S2 dans branche "Bertrand Leger", par Frank Vasseur


S4 dans branche "Bertrand Leger", par Frank Vasseur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


par R. Huttler

 


par Richard Huttler


par Richard Huttler

 



galerie à -33, par R. Huttler



par Richard Hutller

 

 


par Richard Huttler

 

 

 

 

 

Branche nord -30m, par Frederic Bossart

Branche nord -36m, par Frederic Bossart

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


la galerie d'accès, par Richard Huttler

 

 

 

 


préparatif, par JL. Galera


passage du matériel à l'entrée

 


on équipe les recycleurs, par JL. Galera


la mise à l'eau dans le siphon nord, par JL. Galera