Situation
Entrée supérieure sur la N 202
allant vers Castellane, après son Intersection avec la N 205 allant
à Saint-Etienne de Tinée. L'entrée se situe dans la
falaise surplombant la N 202, au fond d'une sorte d'abri sous roche peu
profond. 4 m au-dessus de la route, entre deux tunnels et 60 m avant le
tunnel amont. Entrée inférieure 30 m avant le tunnel, au niveau
du Var et entre la route et la ligne de chemin de fer.
Historique
L'exutoire est probablement connu depuis fort
longtemps. En 1897 Giraud, de Nice, visite en partie l'étage supérieur.
Trois ans plus tard, J. Gavet effectue une
reconnaissance dans les étages moyens et s'arrête au lac du
puits double dans l'étage inférieur.
En 1936, une équipe constituée de MM Fabre, Péan et Gegauf, dans le but d'aménager la cavité,
explore la quasi-totalité du réseau supérieur jusqu'au
siphon Spada.
De 1947 à 1965, le club Martel (C.A.F.
Nice) porte le développement de la grotte à 1800m, grâce
notamment à de nombreux aménagements (équipements fixes
des remontées, installation de passerelles, destruction de siphons).
Les siphons amonts : le grand siphon,
également dénommé "dernier siphon" (en fait le
quatrième si l'on tient compte des 3 premiers successifs du
réseau inférieur) a fait l'objet de nombreuses investigations.
Première plongée le 1 l novembre 1956 par J. Masson (25m, -8m).
Le 13 décembre 1964, M. Cutini sort le
premier siphon et reconnaît le second jusqu'à -6m. Une
deuxième tentative, le 4 avril 1965, lui permet de descendre à
-20m. Le 2 mai suivant, le même plongeur accompagné de Mathivaud passe le point bas -24m et effec-tue
une partie de la remontée qui suit.
Parallèlement à ces dernières explorations, J.P. Maison
avec le concours d'une équipe des éclaireurs niçois
parcourt 130m dans le S2.
Le 19 juin 1966 Tosello, Stuar
et Calvo poussent jusqu'à 160m (-16m)
où ils s'arrêtent au sommet d'un puits.
Le 12 mars 1972, G. Moïse et deux plongeurs du Spondyle Club d'Antibes
effectuent un parcours de 365m* (au retour, mort accidentelle de Moïse
entraîné par le courant dans une perte avale du siphon).
En 1973, J. Hasenmayer atteint un nouveau point bas
(-65m).
Les 24 et 25 décembre 1980, E. & F. Le Guen parcourent au total
460m (-69m), et c'est finalement J. Hasenmayer, en
1983, qui sort le siphon en rajoutant 320m de fil. supplémentaires
(Arrêt sur siphon 3).
Le 28 septembre 1986, D. Sességolo et A. Ros
échouent dans leur tentative de plongée du S3. Au retour, A.
Ros trouve la mort à 200m de la sortie du S2. Le 11 juillet 1987, D. Sességolo assisté de J.C. Tardy reconnaît 200m (-24m) dans le S3. Dans la
nuit du 26 au 27 juillet suivant, F. Leguen explore
300m supplémentaires (-80m).
En aout 1989, Jean-Claude Tardy
découvre une cheminée à partir de –38 (400m). En
septembre puis décembre 1989, avec Didier Sessegolo,
60m de galeries sont remontées jusqu’à la surface. Un
ressaut rejoint rapidement le S.3 bis (30m ;-25) bouché par des blocs.
Le 11/03/1990, Ils revoient le S.3 bis sans
plus de résultats et remontent une cheminée post S.2,
arrêt sous des blocs coincés.
* ce chiffre ne pouvant vraisemblablement correspondre au point extrême
atteint, nous pensons qu'il s'agit soit de la distance totale parcourue
depuis l'entrée du S1, soit du cumul aller +
retour effectué dans le S2. C. Chabert annonce 220m (Les Grandes
Cavités Françaises) et F. Le guen 160m
(Grottes et Gouffres n°109).
Le 13/10/2004, Rick stanton
dépasse le terminus de 80m et atteint la profondeur de –102m.
En mai 2005, John Volanthen
descend le puits jusqu'à -119.
Du 26 au 28 avril 2006, Eric Establie, soutenu par Philippe Assailly, Alexandra et
François Beluche, Claude Hurey,
Erwann Levray,
Frédéric Martin, Sébastien de Poli, Didier Quartiano et
Frank Vasseur, atteint -139 dans le puits terminal. A cette occasion, la
topographie du S.3 est levée sur 315m.
A l’été 2015, Fred
Swierczynski avec Didier Quartiano et Laurent Mestre en plongeurs de
sécurité retrouve le dévidoir d’Eric Establie 10 ans plus tôt à -139 m et
l’amène jusqu’à -165 m. Une autre plongée
quelques semaines plus tard amènera le terminus à la profondeur
de -200 mètres.
Description
Grotte extrêmement compliquée, faisant parfois figure de véritabls labyrinthe. Se développant dans
des strates très inclinées, les galeries font des cheminements
en dents de scie et il est souvent difficile de faire la distinction entre
galènes et puits, ces derniers étant toujours fortement incli-nés, car creusés aux dépens
des strates.
Pénétrant par l'entrée
inférieure, on parcourt une série de galeries d'assez bonnes
dimensions dont la partie infé-rieure est
parcourue par une rivière au débit moyen de 20 l-s. formant de
profonds bassins sans courant apparent. De nombreuses ramifications
permettent de i'éviter en grande partie
jusqu'à un point situé a une soixantaine de mètres de
l'entrée où l'emploi d'un bateau est indispensable. Ce point
correspond au débouché d'un puits venant des étages
supérieurs. Cet étage est encore pénétrable sur
une tren-taine de mètres jusqu'à un
siphon, situé 1 m environ plus haut que l'entrée, la
rivière étant absolument plane.
Ce dernier siphon fait l'objet de plongées en 1955. 1956. 1964 et
1965. Un passage noyé long de 12 m et pro-fond
de 8 m est suivi d'une partie à l'air libre se terminant en salle
à 70 m du départ. La galerie siphonne à nouveau et se
transforme en un puits subvertical descendant vers
-30 avec un palier à -24. Au-delà est
une galerie noyée, légère-ment
remontante. 300 m de siphon ont été reconnus en 1972. Quelques
mètres après le fond du puits remonte une che-minée
se rétrécissant en fissure reconnue jusque vers -5. Il y a des
stalactites et des stalagmites dans ces parties submergées jusque vers
-8m.
L'entrée supérieure,
doublée sur 25 m par un boyau, arrive à un carrefour important,
après 40 m. En restant sensiblement au même niveau, on a, en
gros, 2 galeries parallèles avec diverses dérivations, des
cheminées généralement aveu-gles
10 à 15 m plus haut et des puits descendant à la rivière
en amont et en aval du siphon cité plus haut. De longs boyaux
très compliqués et ramifiés, avec encore des puits,
mènent à la partie amont de ta rivière qui
s'étale en un labyrinthe de galeries et de siphons impossible à
décrire en détail. Le dernier siphon amont, au-delà
duquel aucune galerie sèche ne permet d'accéder, est celui
décrit plus haut.
Revenant au carrefour, si l'on prend à
l'E, on trouve une galerie descendante, parcourue en saison pluvieuse par un
ruisselet et se terminant par un siphon. Mais peu après son origine,
une cheminée de plafond mène 20 m plus haut dans un
étage supérieur long de plusieurs centaines de mètres,
formé de galeries de section généralement circulaire ou ellip-tique, avec quelques dérivations, et qui
s'arrêtait à un nou-veau siphon
à + 27 m : le siphon Spada. Ce siphon fut d'abord vidé, puis
détruit à la mine par le Club Martel et l'entreprise Spada sur
7 m de long, donnant ainsi un passage à peu près permanent.
Au-delà, la galerie continue sur une cinquantaine de mètres,
puis s'arrête au bas d'un vaste puits de 12 métrés
équipé actuellement d'échelles fixes. Au sommet, on
redescend jus-qu'au bord d'un bassin siphonnant :
le lac Suspendu, On peut le contourner en revenant au siphon Spada en amont
duquel prend au plafond une galerie très argileuse et tortueuse,
montant raide, puis descendant et débouchant dans la suite du
réseau principal en amont du lac Suspendu. Ce dernier a subi un
commencement de vidange par destruction de sa margelle amont, mais le travail
n'est pas achevé.
Le
réseau continue en pente, se divise en 2 branches, dont la gauche
siphonne tout de suite. Une plongée sur 15 m n'a même pas permis
d'atteindre son point bas. La branche droite, ou Galerie du Bidet, passe un
ancien siphon vidé puis se termine elle aussi par un siphon où
aucune tentative n'a encore été faits.
Une rivière de débit relativement constant parcourt le niveau
inférieur de la caverne. Le débit généra-lement
voisin de 30l/s monte à 200 ou 300l/s en saison pluvieuse. Cependant,
lors des très longues et fortes pluies, elle peut monter
jusqu'à 3000 l-s environ, envahissant alors une partie des galeries
inférieures et montant de près de o4 m immédiatement en
aval du dernier siphon amont. Lors de ces crues, la température
descend à 12° environ et l'eau a un goût normal ; mais en
période d'étiage, l'eau est à une température de
18 à 21" avec un goût légèrement salé.
L'ex-plication semble devoir être
trouvée dans l'hypothèse d'une source thermale de débit
constant, assurant la pérennité de l'écoulement,
à laquelle se mêlent les eaux venant de la sur-face
et variant suivant les précipitations. Le décalage entre les
variations des pluies et celles de la rivière implique un
réseau très long et alimenté seulement pas
d'étroites fissures depuis la surface. Le bassin d'alimentation doit
être limité par la faille coupant le Mont Vial vers le S, entre Malaussène et le Reveston.
Karstologie
Oxfordien de faciès Dauphinois, bancs de rognons de
chailles dans plusieurs strates, apparaissant en relief dans les parois des
galeries. Pendage d'environ 50 grades vers l'W-N-W. La présence de
stalagmites noyées sous 8 m d'eau dans le dernier siphon de la
rivière indique que ces galeries situées sous le niveau du Var
furent à sec. Il existe donc certainement un réseau
inférieur inconnu, noyé ou engravé par un exhaussement
du lit du Var atteignant au moins une dizaine de mètres.
Recommandations
La cavité est dorénavant fermé
par une grille, dont la clé est disponible auprès du
Comité Départemental de Spéléologie. Un baudrier
et des longes sont bienvenus pour s'assurer dans certains passages
exposés.
par Eric Establie
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par Eric Establie
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Mescla en hiver, par JC. tardy
concrétions noyées par JC.Tardy
départ en pointe dans S3, par JC. Tardy
entre S1 et
S2, par Eric Establie
S2 à -5m, par Eric Establie
S2 à -6m, par Eric Establie
S2 à
-24m, par Eric Establie
S2 -
concrétions, par Eric Establie
dans le S2,
par Eric Establie
par Eric Establie
par Eric Establie
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