PORT MIOU 1968
HISTORIQUE
Notre but n'est pas de revenir sur ces nombreux rapports; nous nous bornerons donc à citer les explorations par plongée qui permirent la connaissance de la salle d'entrée et de la galerie principale, apportant un précieux concours dans la préparation de notre expédition.
A noter que l'entrée est au dessous du niveau de la mer et que l'eau salée pénètre profondément dans la résurgence à l'aide de contre-courant et sous l'influence des marées.
C'est en septembre 1953 que le clan "éole" effectue la première reconnaissance et explore le porche, la première salle et parvient au puits. En partant de ces premières données, en avril 1956, REBIKOFF, TAZIEF, GALERNE et le professeur BARNIER remontait la galerie principale sur 180 mètres.
A peu près à la même époque, une équipe de l'O.R.F.S. effectuait plusieurs plongées en vue d'organiser une expédition qui permit, grâce à l'appui d'un matériel imposant et le concours de nombreux plongeurs, de remonter le cours sur 240 mètres et d'apporter des renseignements précieux sur la salinité des eaux et sur l'aspect de la galerie.
Quelques temps après les explorateurs payaient un lourd tribut à la résurgence, le professeur LIMBAUGH trouvait la mort en plongée. 1960 fût une année de deuil.
Reprenant l'exploration à leur compte en automne 1964, nos collègues MARTIN, FABRE, LAGOS, NEGREL et TOULOUMDJIAN purent réaliser 320 mètres dans cette même galerie.
En 1966, TOULOUMDJIAN effectuait une plongée en solitaire et atteignait le point 350. Ce fut le point ultime atteint jusqu'en 1968. Nous devons signaler que, parallèlement, le G.E.P.S., durant l'hiver 1966-1967, explorait la résurgence voisine du Bestouan et atteignait 450 mètres.
C'est après l'expérience de cette campagne que nous avons pu réaliser et mener à bien la reconnaissance de la résurgence de PORT-MIOU jusqu'à 870 mètres.
EXPLORATION 1968
Depuis longtemps le problème de PORT-MIOU nous intéressait. Malheureusement, nos possibilités matérielles étaient insuffisantes.- Durant l'hiver 1968, nous avions la chance de rencontrer Monsieur Henri PORTAIL, Président-Directeur de la Société "Hippocampe" qui voulut bien nous faire confiance et eût l'extrême amabilité de mettre son matériel à notre disposition en nous laissant le choix de la technique. Lui-même avait été chargé par la. Société des. Eaux de Marseille de recruter une équipe "valable" capable d'effectuer, en mLme'termps qu'une exploration poussée, des prélévements d'eau et diverses observations sur la coupe
et la direction de la galerie et, si possible, des observations d'ordre hydrogéologique permettant une utilisation rationnelle de l'eau, problème d'actualité dans une région où le besoin est sans cesse croissant pour son expansion.
13 Août 1968 : Le G.E.P.S. au grand complet se retrouvait au camp de base situé au-dessus de la résurgence L'opération devait se dérouler en plusieurs phases distinctes
1°) Installation du "'Fil d-Ariane".
2°) Equipements de sécurité.
3°) Aménagements d'un- relais d'air, artificiel. 4°) Topographie.
5°) Pointe.
1°) Installation du "Fil d'Ariane".
Ce travail de préparation s'effectue lors de week-ends pour éviter une perte de temps durant l'expédition proprement dite. Nous nous proposions de l'effectuer par tranches de 100 mètres en prenant certaines précautions car il devait également servir de base pour la topographie.
1 - Le fil devait être tendu et ne pas toucher, si possible, la paroi. Aux endroits où, malgré tout, cela était inévitable, nous lui faisons faire un angle vif à l'aide d'un "bout" frappé sur une paroi, de façon à ce que l'angle puisse être relevé. A chacun de ces points nous fixions une plaquette portant un. numéro d'ordre permettant de noter les distances, quelques observations, et de nous repérer. Du point de vue pratique, nous opérions en deux équipes de deux plongeurs : l'une était chargée de dérouler le fil en le tendant le plus possible, l'autre devait terminer l'équipement. Cet aménagement systématique devait être poursuivi jusqu'à 400 mètres.
2°) Equipements de sécurité.
Parallèlement à l'aménagement. de la galerie,
nous installions tous les 100 mètres un relais de sécurité qui comprenait
- Un mono-bouteille.
- Un masque.
- Une lampe.
Cette distance peut paraître importante, mais pour des plongeurs entraînés, il n'est pas très difficile de faire à deux, sur une seule bouteille, les 50 mètres maximum séparant le plongeur handicapé d'un relais voisin.
3°) Aménagement d'un relais d'air artificiel.
Forts de l'expérience du BESTOUAN en 1967, nous pensions créer un relais d'air artificiel sous l'eau, dans le plafond de la galerie, l'air étant fourni par un compresseur de l'extérieur. le projet fut profondément modifié par un heureux hasard : la découverte, lors de l'équipement d' une *"cloche" à 320 mètres. Bien que moins éloignée nous avons décidé de l'utiliser pour remplacer le relais d'air que nous devions créer à 400 mètres. Nous l'avions équipé de cornières, coincées dans les anfractuosités, sur lesquelles nous avions fixé des "bouts". Nous pouvions ainsi suspendre les bouteilles et les échanges se faisaient pratiquement hors de l'eau, décontractés, et peut-étre même accompagnés d'un petit café bien chaud.
* Explication de "cloche". : Partie d'une cavité se trouvant au dessus du niveau de l'eau dans un réseau noyé.
4°) TOPOGRAPHIE
La topographie de la galerie posait un problème. Comment relever les-angles avec précision ? Après réflexion et fortes discussions, nous mettons au point une sorte de gros rapporteur avec deux bras de 70 centimètres articulés sur son centre; sur l'extrémité des bras, à angle droit, une barre sciée en son milieu sur 5 centimètres permettait le passage du fil, le centre de l'angle passant par une tige elle aussi sciée au milieu et correspondant au centre du rapporteur. Pour vérifier l'exactitude des angles, nous les relèverons une seconde fois à l'aide d'un compas de marine enfermé dans une boite étanche. Les distances seront mesurées à l'aide d'un décamètre manié par 4 plongeurs : deux tiennent une extrémité sur le dernier point, les deux autres s'en vont, l'un déroulant et l'autre fixant des épingles à linge tous les 10 mètres, pour éviter que le ruban ne tombe sur le fond.
Lorsque tout est déroulé, deux petites tractions et les deux premiers plongeurs arrivent l'un récupérant les épingles, l'autre tenant l'extrémité du ruban, l'opération se renouvelant jusqu'au bout.
Bien sur, les premières mesures furent accompagnées de beaucoup de gestes et de gros nuages de bulles, mais avec l'habitude le plan put être relevé Jusqu'à 530 mètres, d'une manière satisfaisante.
5°)POINTES
1ére pointe : 18 Août.1968. Aujourd'hui, nous trainons au lit, malgré le bruit du compresseur qui tourne pourtant depuis 7 Heures. A 10 h. 52, après photos d'usage Loule et Claude nous mèment, avec le Zodiac, à l'aplomb de la résurgence.
Atteignons la cloche à 11 h.08, sans incident : l'atmosphère y est puante. Nous quittons nos bi-bouteilles, endossons celles qui nous mèneront au-delà. Sur l'une d'elles, il n'y a pas de tige de réserve; nous en prenons une sur un bi-bouteille, au "porte manteau", mais elle nous échappe des mains et nous ne la retrouverons plus. Nous restons 17 minutes dans la cloche puis nous plongeons emportant 250 mètres de fil en deux tourets. Le touret laissé par Claude TOULOUMDJIAN en 1966 est déjà derrière; nous atteignons le point ultime de la zone équipée : le point 7. Un premier touret est vite fixé; nous fonçons plein Nord comne précédemment; nos lampes fouillent l'inconnu. Nous empruntons ce que nous croyons la galerie principale. Dans les 150 premiers mètres, le conduit s'élargit; nous pouvons tout de même distinguer le plancher qui redescend et la voûte qui s'élève. Nous amarrons alors un touret de 100 mètres qui était en réserve. Le fil se déroule régulièrement, la boussole nous indique une direction Nord, la taille de la galerie devient "colossale". Nous ne voyons bientôt plus aucune paroi; 90 mètres ont été dévidés depuis le dernier raccord. Devant nous la galerie s'arrête, avons-nous bifurqué à droite ou à gauche sans nous en rendre compte? Nous vérifions à la boussole. Non, la direction est bonne. Des failles se dessinent dans la voûte; elles semblent trop étroites pour permettre à un plongeur de passer, et puis si loin de l' entrée nous ne nous y hasarderions pas. A noter que la limite de mélange des eaux douces dans la partie supérieure et les eaux salées dans la partie inférieure se situe à 80 centimètres au-dessus du fond qui se trouve à - 20 M.
Nous rembobinons 25 mètres de fil et là, n'ayant toujours pas trouvé la continuation, nous le fixons sur un bec rocheux et le coupons. Nous suivons notre guide en sens inverse en regardant sans arrêt le plafond; la voute s'éléve; la lumière se reflète sous la surface que nous perçons: une voute quasi-ogivale nous domine (4m. sur 2 et 7m de hauteur environ). Cette deuxième cloche pourra nous servir de nouveau relais. Il est midi et il y a 35 minutes que nous avons quitté le relais 320. Nous fixons quatre amarres pour un éventuel point de départ, goûtons l'eau : elle est plus douce qu'au relais 320. Voilà déjà 33 minutes que nous sommes ici et ii faut se presser car nous ne sommes pas encore sorti; 17 minutes après nous faisons surface dans la cloche relais 320; rapidement nous échangeons les bi-bouteilles et prenons la direction de la sortie. Nous faisons surface à. coté du Zodiac, heureux de retrouver les copains. Il est 13 h.12. Durée totale de l'opération : 2 h. 20 minutes; temps de plongée : 1 heure 18 minutes - Distance parcourue 659 mètres.
2éme pointe : 20 Août. 1968 - 22 h.21 : nous démar rons du porche. Nous devons cette fois effectuer une séance de repérage avec la surface du sol et vérifier s'il existe une prolongation. Sans se presser, nous nageons avec le courant rentrant. Une fois de plus nous arrivons au bas de la cloche 320 et émergeons. Il est,22 h.33 - L'air est devenu respirable. La chaux sodée de la C0 EX est vraiment efficace. Rapidement nous changeons nos bi-bouteilles. Il est 22 h.48 lorsque nous replongeons en direction de la cloche 530. Le point 420 est dépassé. Nous ralentissons l'allure pour explorer soigneusement la galerie et essayer de trouver une cloche, ce qui serait appréciable en cas d'incident. Sur la droite, un d8me d'argile et de gros blocs; il semblerait qu'il y ait eu un effondrement de la voûte.
Il est 23 h.10 lorsque nous atteignons la cloche 530. Ici nous apprécions les "bouts" que nous avons laissée à la première pointe. Nous consultons nos montres : nous sommes à l'heure; théoriquement l'équipe de surface devrait être prête. Au bout d'une demi-heure l'expérience est terminée. Le repérage s'est effectué à grand bruit (nous avons du cogner violemment sur les parois de la grotte).
Nous réendossons nos bi-bouteilles et nous replongeons. Il est 24h:30. Nous sommes à nouveau sur le sol de la galerie à - 19 mètres. Ce dernier est constitué d'une suite de gros mammelons de boue. Nous abordons ensuite le gros bec rocheux où est accroché la corde, puis la galerie diminue de largeur : le fil d'Ariane s'arrête là, amarré à une lame rocheuse. Nous fixons alors le touret et, de ce point, cherchons la galerie principale. Sur la gauche, une faille verticale part du plafond; nous la suivons vers le bas celle-ci s'élargit brusquement et se confond alors avec la galerie. Aussitôt nous changeons de cap et faisons route dans cette nouvelle direction. Nous avons déroulé 82 mètres le plafond se trouve à ce point, à - 22 mètres; le sol de la galerie à - 27 mètres. Nous cherchons alors un bec rocheux pour fixer la corde, car nous avons épuisé un mono-bouteille.
Le retour jusqu'à la cloche 320 se fait rapidement C'est, 24 h.08, que nous émergeons, et décidons de nous y reposer un instant
Le retour vers le porche se fait tranquillement, sans économie d'air, les bouteilles de secours n'ayant pas été utilisées. Nous faisons surface 13 minutes après avoir quitté le relais, il est 1 h.53. Durée totale : 3 h.32
Durée sous l'eau : 1 h. 25. Distance parcourue : 720 mètres.
3éme Pointe : - 13 Octobre 1968 : 24 minutes sont nécessaires à l'équipe de pointe pour atteindre la nouvelle cloche-relais 530. Elle vérifie au passage le bon fonctionnement des détendeurs des bouteilles de secours. Avant de capeler les bouteilles de pointe, il nous faut changer un détendeur sur un bi-bouteille. Tout est paré. Nous pouvons commencer.
Deux tourets de 150 mètres fixés à notre ceinture nous permettront peut-être de dépasser 1000 mètres, si toutefois les conditions s'avèrent favorables. Jusqu'au point précédemment atteint, le rythme est rapide. Là l'inconnu Un des plongeurs ouvre la route et déroule le fil, l'autre éclaire à l'aide d'an gros projecteur. La galerie est toujours vaste. Nous ne voyons jamais les deux parois en même temps. Le tracé en est plus sinueux que précédemment, mais d'une manière générale nous sommes dans la même direction jusqu'à 770 mètres. Là, la galerie s'incline vers la droite Nord-Est; nous regardons la voute dans l'espoir de trouver une cloche, mais seule une faille se poursuit dans le plafond dans le sens longitudinal; en certains endroits ses dimensions permettraient notre passage, mais là n'est pas notre but. Nous continuons la progression la galerie est plus grande, tant dans sa partie gauche que dans sa partie droite. Le cheminement est toujours horizontal selon les ondulations du fond. La visibilité est bonne; nous progressons ainsi jusqu'à 820 mètres où nous avons la surprise de voir la galerie se fermer. Nous remontons vers la voute avec le secret espoir d'y trouver une continuation. Rien. Nous redescendons, déconcertés, en pensant que comme dans la première pointe, nous avions manqué le réseau principal. Quand même un regard vers le fond : un trou noir bée; la suite est là, et nous ne l'avions pas vue. Un puits circulaire d'envi ron 15 mètres de diamètre où nous nous enfonçons sans hésiter. 15 à 20 mètres plus bas une salle circulaire : nous sommes à -45 mètres. La galerie file légèrement sur la droite, de nouveau horizontale; après les signaux d'usage confirmant que tout va bien, nous fonçons de nouveau dans le "vierge".
Jean-Louis : "Mon touret est terminé". Aussitôt je me retourne pour récupérer celui de Patrick et l'amarrer à la suite. Oh !, surprise quelle pelote. Le touret que Patrick avait à sa ceinture a du se dérouler et s'est accroché dans son poignard, ses jambes, ses bouteilles.
Patrick : "Je passe une boucle' à Jean-Louis". Il largue son touret vide comme à regret et attrappe son poignard, il coupe tout ce qui se présente avec rapidité. Je n'aurais jamais cru que 150 mètres de fil fasse autant de tricot ...
Jean-louis : Tout en travaillant, je palme vigoureusement pour ne pas descendre sur le fond, ne pas être envahi par la boue, ce qui serait certainement notre perte. Dans la bagarre, le touret de Patrick est perdu, ainsi que la bouteille destinée au prélèvement d'eau.
Je pense qu'à cette profondeur, l'excitation de la situation, le palmage et le découpage ont augmenté la consommation d'air. Sans plus attendre, et d'un commun accord nous nous replions vers la cloche 530. Le retour est rapide.
Patrick : "Je contrôle ma respiration au maximum, ce qui me vaut un fort mal de tête". Jean-louis me fait signe que lui aussi a économisé et que sa tête va exploser. Sous la cloche nous faisons des paliers : 3 minutes à 5 mètres et 5 minutes à 3 mètres.
Le retour est agréable. Nous nous promenons. Cà change des émotions de tout à l'heure. Nous faisons surface bien heureux de nous retrouver là. Après un repas réparateur et le champagne du Club Nautique, les bouteilles seront à nouveau rechargées; Distance parcourue : 870 mètres de fil déroulés. Durée totale : 2 heures 37 dont 1 heure 32 en immersion.
ASPECT TECHNIQUE
La technique, dans une expédition telle que PORT MIOU ne porte pas seulement sur la plongée, mais sur toute l'organisation : surface, équipements, etc Il fallait arriver à un compromis entre l'expédition lourde garantissant une sécurité plus grande, et une expédition légère où la part de risque est, à priori, plus grande.
1°) Organisation de surface
Durant la première tentative, en Août, nous disposions d'un camp de base au-dessus de la résurgence. Nous procédions au gonflage des bouteilles sur place grâce à deux compresseurs de 8 M3. NOus avions également un Zodiac pour nous rendre à l'aplomb de l'entrée sans avoir à nager. Au mois d'octobre, plus de camp mais un local, mis à notre disposition par la Société des Eaux de Marseille à Cassis. Nous allions à Port-Miou en Zodiac depuis Cassis. Ce local nous servait d'entrepôt pour les bouteilles, les équipements et le compresseur (12 m3).
2°) Equipements standard des plongeurs
Ils comprennent des sous-vêtements en thermolactyl, des gilets de néoprène 2mm, une combinaison complète de néoprène 4 mm, en général faite sur mesure, un masque avec compensateur dans la plupart des cas, des palmes "JetFin", un poignard, deux mono-spiro 2 m3, 2 accouplés par des cerclages inox, deux détendeurs à 2 étages indifféremment Nemrod ou Spiro 8, une boussole, un profondimètre, une montre, deux lampes étanches en plastique à 3 éléments, fixées par des caoutchoucs sur les avant-bras, parfois un projecteur de 12 volts et une bouée d'équilibrage.
3°) Equipements jusqu'à la cote 530.
- Fil de nylon 4mm.
- Plaques plastiques 34/5 portant à la peinture noire un numéro d'ordre et un emplacement pour noter : la distance, la direction, la profondeur, du fond, du fil et de la voute.
4°) Equipements de sécurité.
Un dépôt de matériel a été installé tous les 100 m suspendu au niveau du fil, il comprend : une mono - un détendeur - un masque - une lampe.
5°) ÉQUIPEMENT des cloches.
Ces relais dans lesquels on doit pouvoir se déséquiper et travailler ont été installés avec soin :
- Cloche 320 : Cornières fixées dans les anfractuosités, "bouts" pour amarrer les bouteilles, chaux sodée pour éliminer le CO2.
- Cloche 530 : Même équipement sauf les cornières, car la cavité est très vaste et confortable.
6°) Planning des opérations :
La technique proprement dite a été tout d'abord un équipement systématique jusqu'aux relais, c'est-à-dire parallèlement l'installation du fil d'Ariane et des bouteilles de secours. Nous avons toujours procédé par équipées de deux plongeurs. Pour le fil il fallait deux équipes : une emportait un touret (diamètre 16, de longueur 14) avec 100 mètres de fil et le déroulait; l'autre le tendait et 1' amarrait correctement.
Les mono-bouteilles de sécurité étaient amenés par une troisième équipe. Les bouteilles mises en relais étaient sensiblement équilibrées en surface. Leur transport s'effectuait donc sans trop de gêne. Par contre, le transport des bi-bouteilles à flotabilité négative marquée, s'est révélé plus pénible. Nous leur fixions une bouée Fenzy ce qui nous permettait de les équilibrer aussi bien que possible.
Il ne restait plus alors qu'à palmer comme des brutes pour lutter contre le courant. En 25 minutes les "bi" étaient à 530 m.
Nous n'avons pas voulu alourdir l'expédition, aussi n'y avait-il pas d'éclairage fixe. En tant que spéléologues l'obscurité nous est familière et nos petites lampes nous suffisaient.
Après cet équipement systématique nous disposions d'un relais avancé d'où les équipes de pointe pouvaient partir avec de nouvelles bouteilles. Ces équipées étaient également de deux plongeurs munis du même type d'équipement, qui emmenaient deux tourets emportant au total entre 200 et 300 mètres de fil, suivant les besoins. Au cours de la pointe les principales observations : profondeur, direction etc... étaient notées sur une ardoise, l'éclairage était en outre renforcé par un projecteur.
Cette technique est le résultat de plusieurs années de plongées spéléologiques, et surtout d'une expérience similaire faite en 1966 au Bestouan. Il est évident qu'elle n'est pas immuable, chaque siphon est, en effet, un nouveau problème et denande une technique particulière.
Une partie du rëpérage, notamment la partie qui concerne la technique, sera faite ultérieurement par Messieurs ROCHE et KAILA.
La découverte des cloches donna lieu à de nombreuses discussions. Finalement, il fut décidé d'effectuer un repérage aussi précis que possible, pour permettre une localisation en surface et peut-être, faire un forage qui permettrait de donner un nouveau point de départ. De ce nouveau départ, d'autres pointes seraient ainsi possibles, pour essayer de pousser l'exploration plus loin dans la galerie. Pour effectuer ce repérage, Monsieur POTIE, ingénieur géologue de la Société des Eaux, fit appel à des spécialistes : Messieurs ROCHE et KAILA. Ces derniers essayèrent d'appliquer un procédé qu'ils utilisaient habituellement pour la localisation des fuites d'eau dans les canalisations. Nous leur laissons le soin de parler de la technique du.repérage proprement dite, et nous nous bornerons à dire quelle était notre tâche et nos consignes pour les aider au maximum dans le succès de cette entreprise.
La première cloche - Notre travail était d'émettre des bruits en utilisant les parois de la cloche, de préférence dans le plafond. Ces bruits devaient âtre produits à l'aide d'un marteau et de deux façons différentes
1°) - Frapper des coups violents par séries de dix, régulièrement pendant 30 minutes.
2°) - Gratter la paroi pendant 20 minutes.
Puis nous alternions ces différents bruita pendant des durées variant de 1 h. à 1 h. 30.
Si les bruits étaient perçus, il était entendu que la surface tenterait de nous répondre par des émissions de même nature. Il va sans dire que ces opérations étaient soigneusement minutées. Nous réglions nos montres avant le départ, et sachant le temps qu'il fallait pour parvenir à la cloche, nous commencions les émissions à l'heure convenue par les bruits "sourds", ainsi que nous les nommions.Le répérage de la seconde cloche se déroula selon les mémes directives, tout au moins du point de vue sonore. En plus, Messieurs ROCHE et KAILA nous chargèrent d'appareils supplémentaires plus précis dont ils pensaient pouvoir tirer des renseignements plus efficaces. Cela se présentait sous la forme d'une boite dans un caisson étanche et capable d'émettre un champ magnétique repérable en surface. En plus, dans ce même caisson nous emportions un talkie-walkie.
Les résultats furent satisfaisants et les cloches purent étre localisées de manière assez précise.
Il appartient toutefois aux spécialistes eux-mêmes de faire le développement de ce chapitre.
On ne peut que remercier Messieurs ROCHE et KAILA d'avoir bien voulu sacrifier une partie de leurs vacances et de nombreuses nuits, à marcher dans les pierres et les broussailles, écouteurs aux oreilles. Ils firent preuve d' une compréhension et d'une gentillesse jamais en défaut pour les indisciplinés que nous sommes. Leur collaboration fut un réel plaisir.
OBSERVATIONS
Durant nos nombreuses plongées, nous avons pu faire un certain nombre d'observations qui, sans se vouloir scientifiques, n'en sont pas moins intéressantes
1°) Biologie :
a) Moules - Elles sont très abondantes dans le porche mais leur nombre va en diminuant.
Il en a été observé jusqu'à 740 mètres. Il est également à noter la présence de moules sur le fil d'Ariane laissé par l'expédition de 1966. Jusqu'à la cloche 530, on trouve, par endroits, de gros entassements de coquilles vides. Ces moules sont comestibles puisque nous ne sommes pas morts.
b) Huitres - On note la présence d'huitres vivantes dans le porche et quelques coquilles d'huîtres parmi celles de moules au début de la galerie.
c) Nacres - Il en a été ramenélentièrement blanche, du point 100m et nous en avons vu jusqu'à 300 m.
d) Crevettes - 'Présence de crevettes roses, translucides, allant généralement par petits groupes depuis l'entrée jusqu'à la cloche 530
e) Crabes - Quelques uns entre l'entrée et la cloche 320. Un à 650 m, tout blanc, d'une taille de 10 cms, pattes comprises.
f) Poissons - Il a été vu :
- Un congre (sous le puits N° 1)
- Un poisson fin et blanc,
long de 40 cms épais de 2 cms, ayant une gueule triangulaire avec
l'emplacement des yeux sur le dessus, à environ 700 m.
2°) Géologie
L'aspect général de la cavité est une galerie entrecoupée de rétrécissements et de grandes salles à plane inclinés. La nature du fond est assez diverse : c'est soit un chaos de roche, soit de l'argile, soit une couche spongieuseet granuleuse au toucher.
Dans les rétrécissements, on trouve une formation de dunes sur les bords et un sillon au milieu. Sur le sol aussi bien que sur les parois nous avons vu des concrétions.
Celà confirmerait l'hypothèse d'un activité aérienne de PORT-MIOU. Il y a également des lames d'érosion et des cupules dans le plafond. Celles-ci sont dues au courant. Le réseau s'agrandit à partir de la cloche 530, puis s'enfonce par puits successifs jusqu'à - 45 mètres. Le dernier, et 1e plus vaste est un puits circulaire de 10 mètres de diamètre et 15 mètres de profondeur.
A 620m on trouve un bras mort, point ultime de la "première pointe". Sa présence semble confirmer les hypothèses du B.R.G.M. après son expérience de géophysique.
A partir de 620 m quelques tailles ont été aperçue dans le plafond, mais n'ont pas été explorées faute de temps.
3°) Eau
Le mélange eau douce/eau de mer réduit énormément lavisibilité. Dans la première partie de la galerie les eaux sont mélées. Ce n'est qu'assez loin, vers 700m que nous avons une séparation franche et nette à la profondeur de 25 m. L'eau douce se trouve là en dessus et l'eau salée en dessous.
Ces observations sont imprécises car elles variée selon les jours.
Nous avons noté également que la clarté de l'eau varie avec l'heure. L'eau semble plus claire le soir que le matin. Selon les marées, il existe des courants plus ou moins forts dans la galerie. Celle-ci se fait sentir dans les rétrécissements.
A la cloche 530 nous avons observé de faibles variations de niveau avec la marée, et une augmentation de 10 cms après de fortes pluies.
Degré de salinité : Entrée : 7 grs/litre cloche 530: 4 grs/litre.
CHAPITRE DE LA SECURITE
Parler de la sécurité d'une manière définitive serait une erreur; s'il existe des règles générales, chaque siphon n'en demeure pas moins un cas particulier.
En ce qui concerne PORT-MIOU, nous avons fait en sorte de tout remettre en question à chaque plongée, pour éviter la désinvolture que donne une pratique devenue habituelle, presque mécanique. Pour nous, la sécurité peut se diviser en deux chapitres
1°) Prévention
2°) Remèdes
Eux-mémes divisés en sous-chapitres.
1°) Prévention :
a) Choix du plongeur :
Le choix du plongeur est bien entendu primordial. Nous éliminons les "trop nerveux" dont les réactions ne sont jamais sures. Il faut que le plongeur soit en forme physique très bonne, qu'il ait un bon moral et qu'il soit de préférence spéléologue. Cette dernière raison, car, habitué à 1' obscurité, il ne sera pas sujet à la claustrophobie qui, on le conçoit, constitue un obstacle majeur pour des candidats à la plongée en siphon.
b) Préparation physique et psychique
Ces deux chapitres sont étroitement liés, au stade de l'entrainement tout au moins.
Notre entrainement s'est déroulé en mer, surtout de nuit, pour acquérir la technique de plongée proprement dite avec tous les exercices que cela entraine (décapeler les bouteilles, les recapeler, enlever le masque, circuler à deux sur une seule bouteille, etc...), et aussi pour s'habituer à évoluer dans le noir. Nous avions déjà réalisé fictivement les plongées de PORT-MIOU. En effet, en mer, nous avions recrée les conditions de résurgence, en parcourant de nuit 4000 mètres aller-retour, par 20 mètres de fond, è l'aide de relais d'air. Nous avions acquis ce "coup de palme" si important pour éviter la crampe et transporter de lourdes charges avec le maximum de rapidité. Chacun de nous connaissait ainsi là distance qu'il était capable de réaliser avec une seule bouteille, à une profondeur donnée, correspondant à la profondeur moyenne de PORT-MIOU, ainsi que le temps nécessaire pour réaliser le. parcours (700m par - 20 mètres sur une bouteille de 2 M3 en 30 minutes).
c) Choix et entretien du matériel.
Le matériel doitêtre, neuf ou tout au moins en excellent état, et parfaitement entretenu. De plus il doit être le plus simple possible. Les vérifications doivent être fréquentes, particulièrement pour les détendeurs. En siphon, le matériel souffre terriblement. Aucune négligence n'est admise. Pour les lampes nous changeons joints, piles et ampoules avant chaque plongée.
Le calme est dans ce domaine, la panacée. Il doit permettre de réagir à une situation inhabituelle avec un maximum d'efficacité. Mais le préparation doit être le garant du plongeur; la préparation morale et physique doit accompagner une préparation minutieuse du matériel. C'est ainsi que l'on s'aperçoit que la prévention et la guérison forment un complexe indissoluble.
a) Equipier
L'équipier joue un rôle primordial. Il doit étre de préférence toujours le m8me afin que les réactions réciproques soit parfaitement connues. Lui seul peut apporte un secours en cas d'accident.
b) Relais de secours.
Il comporte un dépôt de bouteilles, de lampes et un masque. Il découle d'une technique particulière et s'utilise pour de longs parcours immergés comme celui de PORT-MIOU. On élimine en partie les risques d'incidents graves tels que panne d'air, perte ou bris de lampe ou de masque.
c) Poignard tranchant.
Un poignard parfaitement tranchant est indispensable. La dernière plongée de pointe nous en a donné la preuve indiscutable (fil d'Ariane emmélé dans les palmes et la ceinture de sécurité).
d) Boussole
La boussole est un accessoire important si, pour une raison quelconque, on a perdu le fil conducteur. Il faut, bien sur, prendre soin de connaitre dès le début de la plongée, la direction générale suivie. C'est le seul moyen de retrouver la sortie avant l'épuisement de la réserve d'air. Le professeur LIMBAUGH, par sa fin tragique, nous montre l'impérieuse nécessité de l'instrument.
e) Lampe de secours
La lampe de secours est un facteur moral important. Les lampes étanches sont souvent capricieuses et évoluer dans le noir n'a rien de réjouissant.
f) Système de bouteilles.
Nous utilisons pour les plongées à PORT-MIOU, des "bi-bouteilles" type corailleur (4,4M3). Il s'agit de 'monos' que nous couplons avec des cerclage. Chaque bouteille est équipée d'un détendeur; ceci est très important.
Une des bouteilles a laréserve basse et l'autre haute (*)
Généralement nous avançons jusqu'à la fin de la première bouteille réglée en réserve haute, puis nous changeons d'embout et utilisons la seconde bouteille réglée en réserve basse. S'il y a lieu, nous pouvons reprendre la première bouteille pour utiliser l'air de la réserve normale. Cependant, cette réserve, n'est qu'un secours et toute plongée doit pouvoir se faire largement sans l'utiliser.
En aucun cas nous n'utilisons alternativement les deux bouteilles car ainsi on ne saurait jamais précisemment l'air qui reste dans chacune des deux bouteilles.
* Réserve basse : Réserve ouverte, c'est-à-dire qu'il n'y a en fait plus de position de réserve.
* Réserve haute : Réserve fermée. La réserve est tarée à 40 kg/m2. Donc lorsque la respiration devient difficile, on baisse le clapet de réserve et l'on sait qu'il reste encore dans la bouteille 40 kg de pression.
3°) Conclusion sur la sécurité.
La 2éme expérience de PORT-MIOU s'est déroulée à mon avis avec le maximum de sécurité, sécurité mise au point patiemment avec l'expérience acquise au cours de nos diverses plongées. Il est certain que nous même ou d'autres plongeurs apporteront encore des améliorations, tant par des expériences plus nombreuses que par le perfectionnement du matériel. Malheureusement, il y aura toujours un certain taux d'impondérables introduits par une faiblesse technique ou physique, comme par exemple un évanouissement ou un arrét du coeur. Ces risques peuvent être minimisés par une séleation préalable sévère des plongeurs qui doivent, après l'avis du médecin, étre leur propre juge et s'avoir s'abstenir de pionger sans fausse honte, en cas de "réforme".
CONCLUSIONS
PORT-MIOU 1968, est certainement notre plus importante aventure. Certains journaux ont parlé de records; en réalité les seuls records battus furent ceux de la bonne humeur et de l'amitié. Cette expérience est le résultat de plusieurs années de plongées en siphons où nous avons pu éprouver notre matériel notre technique et notre confiance en nous-mêmes.
C'est en connaissance de cause que nous l'avons entreprise et menée jusqu'au bout avec le maximum d'efficacité. Nous avons pu constater que tout n'est pas parfait, mais nous en sommes conscients et ces enseignements nous seront précieux, pour nos prochaines expéditions. Nous pensons avoir fait reculer considérablement les limites de la pénétration souterraine. Malheureusement les possibilités financières et matérielles dont nous disposons ont toujours été bien trop réduites, ce qui est le principal défaut d'un club finançant ses expéditions avec ses propres deniers.
Pour la première fois cette année nous avons travaillé à la demande et en étroite collaboration avec des sociétés; ce travail collectif s'est avéré bénéfique, et sans doute est-ce une solution d'avenir dans notre spécialité.
1968 est pour nous un aboutissement mais aussi un départ. Aboutissement car cette année a vu la concrétisation de plusieurs années d'efforts obscurs. Départ car la aise au pointe, de nos techniques nous ouvre la voie vers des explorations toujours plus passionnantes.
Le G.E.P.S. se trouve maintenant d un tournant de son existence : faut-il se contenter des résultats obtenus, ne pas aller plus loin. Ce serait reculer et il n'en est pas question ! Nous devons nous spécialiser, nous améliorer encore et peut-étre envisager des plongées profondes.
Nombreux sont ceux qui nous ont aidé dans la réalisation de cette entreprise et nous tenons à les en remercier très sincérement : La Société des Eaux, en la personne de Monsieur POTIE, ingénieur-géologue, sans qui rien n'aurait été possible. Ancien spéléo lui-méme, il a compris immédiatement nos problèmes et nous a aidé à les résoudre avec rapidité et efficacité. Monsieur PORTAIL, Directeur de la Société "Hippocampe", qui eut l'extrême amabilité de nous fournir une grosse partie du matériel nécessaire à l'expédition. Les Carrières SOLVAY qui nous autorisèrent à dresser notre camp sur leur terrain. Le Bureau de Recherches Géologique et Minières qui mit à notre disposition son canot "Zodiac" ;, avec ses accessoires. Enfin nous nous excusons auprès des touristes, et baigneurs de Port-Miou que nous avons pu affoler. par nos cris et notre activité jusqu'à une heure parfois très avancée de la nuit.
Cette expédition, nous l'avons voulu légère en comparaison des précédentes, entreprises sur cette même résurgence. Nous avions 1T 500 de matériel représentant une valeur de 6 millions d'anciens francs environ. Durant l'expédition, nous avons effectué une quarantaine de plongées représentant chacune 1.750 mètres aller-retour en moyenne, ce qui fait un total de 70 kms parcourus. ce nombre plongées correspond à 60 H effectives passées dans la galerie de Port-Miou, 60 heures partagées entre l'équipement, le repérage de cloches, les mesures diverses, les pointes, etc...
Ces différents chiffres nous donnent une moyenne de progression de 1 km 16 à l'heure dans la résurgence.
Ont participe â l'expérience de Port-Pion 1968 :
Direction : Jean Louis VERNETTE
Membres : | Jacques ARMAND |
Jean Louis FREY | |
Marcel HEGELE | |
Annie LARUE | |
Henri PORTAIL | |
Louis POTIE | |
Patrick REBOUL | |
Bernard SAPIN | |
Jean Jacques SCOTTO | |
Claude TOULOUMDJIAN | |
Louis VAILLANT |
Monsieur ROCHE
à
Monsieur POTIE
Objet : Ecoutes à CASSIS
Lors de notre séjour à la Société des Eaux de Marseille, Monsieur POTIE, Ingénieur Géologue à la S.E.M. m'a demandé ainsi qu'à Monsieur KAILA, de nous mettre à sa disposition afin d'effectuer certaines écoutes à CASSIS.
Monsieur POTIE nous a expliqué qu'il s'agissait d'effectuer le repérage au sol, d'une cloche, d'air naturelle située, sur le parcours d'une rivière souterraine d'eau douce, débouchant en mer et dont le cours est à l'exception de cette cloche entièrement situé en dessous du niveau de la mer.
Cette cloche devant se trouver entre 750 et 850 m de l'entrée en mer, direction plein Nord et à une profondeur d' environ 40 à 60 m par rapport au sol du périmètre choisi pour les écoutes.
Nous nous sommes donc trouvés devant un problème de détection très particulier, nouveau pour nous, et de plus avec des appareils n'étant pas destinés à cet usage.
Au cours d'une expérience, la première, nous avons testé les appareils afin d'en connaitre la sensibilité à cette profondeur.
Pour ce faire, j'ai demandé à l'équipe de plongeurs sous-marins d'emporter avec eux un marteau, ceci pour frapper sur les parois rocheuses de la cloche pendant un certain temps afin de vérifier si les sons se propageaient et pouvaient étre captés par nos appareils (Hydrosol et Teroskop).
Contrairement à nos craintes, les sons se propagent très bien et les appareils les ont captés relativement bien.
Restait le plus gros travail : préciser le mieux possible la position de la cloche afin de faire un forage.
Les dimensions de la cloche étant 4 X 2m environ, nos chances de réussite étaient plus que réduites.
Lors d'une autre expérience, nous avons demandé aux plongeurs de refrapper les parois pendant un certain temps ceci pour localiser un périmètre d'écoute relativement petit soit un triangle d'environ 30m de coté. J'avais demandé aux plongeurs de terminer l'expérience non plus en frappant, mais en grattant les parois de la cloche à l'aide d'un objet métallique, ceci pour réduire au maximum les ondes de choc. Ce genre de bruit, beaucoup plus, difficile à capter, car à peine audible, nous a encore permis de réduire le périmètre d'écoute à un triangle de 10 à 15m de coté.
C'est dans cette dernière zone que nous avons porté tous nos efforts pour parfaire notre écoute et donner un point précis pour l'exécution du forage. Nous avons procédé pour cette dernière écoute par élimination en comparant l' intensité des bruits obtenus.
Nos chances de réussite étant peu douteuses, Monsieur POTIE a fait appel aux services spécialisés du C.N.R.S. Nous avons donc conduit sur place les deux. agents délégués afin de confronter nos résultats aux leurs.
L'équipe du C.N.R.S.,a travaillé avec trois types d'appareils. Malheureusement cette expérience n'a pas eu de résultats, aucun bruit n'ayant pu étre capté par les appareils utilisés. Leur échec est dû problablement au choix méme de ces appareils utilisés, et il serait intéressant de recommencer cette expérience avec d'autres appareils mieux adaptés.
Les deux types d'appareils que nous avons employé ont réagi efficacement et nous ont donné toute satisfaction. Toutefois l'expérience de détection ne peut étre réalisable qu'avec des agents connaissant parfaitement la manipulation des appareils.