Expédition Internationale 13-16 Février
2002
"La Marnade" (Gard)
Cette expédition ne fut pas le travail d'un
seul, mais de toute une équipe,
je voudrais commencer par des ENORMES, ENORMES remerciements a :
Jean Marc Belin (France)
Dominique Victorin (France)
Stephane Friedli (Suisse)
Thomas Baum (Allemagne)
Michael Keimes (Allemagne)
Sans eux tout cela aurait été impossible.
La source de la Marnade et plus particulièrement son terminus
dans le siphon no3, n'avait pas été exploré depuis 1996
lors de l'exped de Fred Badier, Fred laissant entrevoir une suite a -121m non
aisée au travers d'une étroiture suivie de glaise et d'une éventuelle
remontée . la tache ne paraissait donc pas facile. Plusieurs tentatives
depuis un an furent vouées à l'échec dues au manque d'eau
entre le S2 et le S3 une distance de 250m étant à parcourir dans
parfois 10 cm d'eau et 20 cm de glaise le tout dans une cavité difficilement
respirable due aux gaz.
l'arrivée sur le site, Suisse, Allemagne, France et Angleterre
Les pluies des 15 derniers jours nous ont donné une chance de plus en
plus inespérée. Deux jours de pose de relais dans le S3 ne furent
pas de trop, plusieurs problèmes se posèrent : détendeur
en débit constant, compresseur qui fait des siennes, oublis de matériels,
coutures de harnais qui lachent, étanche qui ne l'ai plus, attache de
palmes qui cassent, oublis des gants, couches culottes saturées pour
certains, plongeur perdu dans le labyrinthe du S3,
carbure qui ne carburent plus, visibilité des siphons devenant franchement
touilleuse et difficilement scouterisable ! ça commençait donc
bien, mais tout le monde garda le sourire ; )
certains sont outillés
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d'autres moins
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transport adapté
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Samedi: quand faut y aller, faut y aller, passage avec Domi du S1 (6 minutes)
et S2 (2 minutes) au Zepp en vitesse 4 et sous 32/30, petite demi-heure de palmage
entre S2 et S3 sous O2. Jean Marc nous rejoint il sera le manager de surface
au S3, il nous donne le feu vert.
Descente dans l'étroite diaclase pendant une centaine de mètres
jusque -25m, la wing racle les parois levant la touille, heureusement un fil
de 5mm bleu a été installé la veille. S'en suit une galerie
version tunnel plus large et plus confortable pendant 75m a -25m. Arrive le
puits, Domi m'accroche les deux relais de 20 lit de 9/70 et je dépose
mon 32/30. Descente dans le grand puits, plus je descend plus la touille me
tombe dessus, c'est un peu comme si quelqu'un avait oublié de faire le
ménage depuis quelques années ! le bas du puits se rétrécit
en diaclase mais j'aperçois la continuité par l'ancien fil de
Fred Badier.
Va s'en suivre un réel paradis après l'enfer de la touille, descente
entre -60 et -121 dans un immense couloir ou je survole dune de sable sur dune
de sable pendant une centaine de mètres le tout dans une eau cristalline,
le spectacle est absolument grandiose, j'en prends plein les yeux !
Arrivée vers -115 je finis mon premier tiers de la première 20
lit, je passe sur l'autre quand celle-ci se met en débit constant au
niveau du premier étage et plus particulièrement au niveau de
la pièce reliant le premier étage a la bouteille, je visse devisse
mais rien y fait, je la ferme et l'abandonne. Il me reste heureusement mon bi
20 dorsal de 9/70, les perspectives d'explorations m'apparaissent réduites
et je sent planer au-dessus de moi " Murphy ".
Je décide de continuer " pour voir " ce terminus, j'y suis en quelques
secondes, le sable s'arrête vers -121m et fait place a une plage de gros
galets roulés, le fil de Fred s'arrête sur une caouèche
posé simplement a terre . mais la je n'en crois pas mes yeux, j'en souris
sous mon masque: un laminoir de 5-6 mètres de large sur deux de haut
s'ouvre devant moi, clair pas touilleux, SUPERBE ! je m'y engouffre avec joie,
je palme dans ce joyaux sur 20-25 mètres avant d'apercevoir un puits,
j'en rigole de bonheur, le puits descend de -122 a -128m, mais rien en face,
cul de sac, je me retourne et aperçoit plein Est une galerie de même
type laminoir rocheux qui continue, j'y fais une dizaine de mètres toujours
a -128m, puis décide d'être sage et de rentrer, n'ayant pas oublié
le premier coup de Murphy.
La remontée se passe bien, le sable et la galerie son toujours aussi
limpide, mais dans la zone des -60m le nuage de touille apparaît, le bas
du puits étant étroit ça ne va pas être du gâteau
! et effectivement ça bloque, le quadri 20 passe pas, ça passait
à la descente et ça ne passe plus a la remontée, Murphy
!!! je me décale à gauche en vain, je perds du temps, j'essaye
à droite, ça racle, je retrouve mon bloc deco, le puits est devenu
touilleux mais j'aperçois les lampes de Thomas, je lui fais un grand
sourire et lui gribouille la bonne nouvelle. Suivra plus tard Stéphane
qui m'aide à retrouver le chemin du retour. Jean Marc passera me voir
vers les -12m et tout semble ok.
Mais Murphy ne m'a pas quitté ! en remontant de -9m a -6m je ressens
une douleur musculaire aux deux jambes (quadriceps fémoraux), je redescends
un peu, ça passe, j'attends, prolonge à -9m, je rejoins -6m et
espère que l'oxy va me soulager. Je gamberge dans ma petite tête
et ça me rappel un accident que j'ai eu 4 ans auparavant au Luxembourg
après une plongée a -108m et après avoir charrié
des 15 lit sur une échelle, les biceps avaient morflés, on m'avait
refusé au caisson et c'était passé au Voltarene . manque
de bol Voltarene aujourd'hui ya pas ! sortie après 5h immergée
dans le S3 et après prolongation d'une 20aines de minutes a -6m sur le
planning originellement prévu, la douleur musculaire s'est atténuée.
Tout le monde est mort de froid en m'attendant et a pris le chemin du retour.
Je rentre avec Domi (5 heures a se les geler en surface du S3, MERCI Domi),
passage S3-S2 sous oxy palmage lent, très lent.
Apres le paradis Dunesque et Laminoiresque du S3, apparaît l'enfer du
S2 pourtant juste -6m sur 120m de long, mais deux jours de trimbalage de relais
au propulseur par 6 plongeurs, je vous laisse imaginer la touille, on aperçoit
vaguement le fil mais plus les voûtes ni les parois et encore moins les
changements de direction du fil, s'en suit Murphy l'enfoiré de service,
détendeur qui ne donne plus rien malgré une 15 lit a 230 b , je
manque de m'assommer, le fil se prend dans le propulseur et dans la robineterie
(Domi me démele, MERCI Domi), . la totale ! le S2 passe non sans crise
de nerfs, restons zen. Mais voilà il reste un S1 de 362m a -33m en moyenne
et dans les mêmes conditions, ça fait 7 heures maintenant que nous
sommes la dessous et ça commence à bien faire ! Le fil on l'oubli
il ne se voit que difficilement, il me reste l'option de longer le fond a pleine
vitesse, au moins la je ne me prendrai pas une voûte en pleine tronche,
et je l'ai tellement fait depuis un an que je le connais par cour, de plus je
ne veux pas me saturer en y restant trop longtemps, derniere concentration,
dernier sprint, ça passe.
Deco a -6m sous oxy pendant une demi-heure, et Murphy " le retour " ! ma vision
diminue, et je me sens dans du coton, début de la crise hyperoxique,
je repasse direct sur le trimix fond et tout redevient normal, je regarde le
compteur du VR3 et il indique 310 % de CNS, bizarre je me suis déjà
souvent retrouvé à plus de 400% sans problème . la fatigue,
trop d'effort . ma tête sors de l'eau une 20aines de minutes plus tard
et je retrouve avec plaisir Jean-Marc, Steph, Domi, Thomas et Voltarene .
Le lendemain malgré la fatigue Jean-Marc et Thomas feront une derniere
plongée pour récupérer des blocs, et mes guibolles fonctionneront
un peu au ralenti.
Des erreurs ont en a commis, ont essayera de ne pas les renouveler à
l'avenir, ont continuera avec un immense plaisir cette exploration . a oui,
j'allai oublier : les dunes de sables, elles sont habitées par des petits
vers plats blancs de deux centimètres de haut qui se dandinent sur mon
passage, on se croirait au tour de France !
Un grand Merci aussi a:
Franck Vasseur et Philippe Bigeard pour leur aide (topo, encouragements,enzo)
PS1 : Mon seul regret: ne pouvoir faire profiter mes amis des beautés
des
Dunes de sable et du Laminoir . je reviendrai donc pour continuer à explorer
mais surtout filmer pour partager ! (si je trouve un caisson étanche
à ses
profondeurs, quelqu'un a une idée ?)
Dr Jérôme Meynié