Accidents et incidents de plongée souterraine en Roumanie.
mise à jour le 11 octobre 2003
D'après les informations de Serban Sarbu collectées par Cyrille Brandt, avec la collaboration de Maxime de Gianpietro et surtout toute la documentation originale communiquée et traduite par Stefan Milota.
30/06/1975 - Grotte Topolniza : Deux plongeurs s'engagent alternativement dans le siphon terminal (1000m de l'entrée) dans l'espoir de jonctionner avec une autre cavité. Le premier, attaché à une corde déroulée depuis la surface, franchit l'obstacle et donne le signal de départ à son collègue. Il découvre alors qu'il est à court d'air et tente de repasser le siphon en apnée. Il perd connaissance à 12m de l'entrée où son collègue le récupère, l'évacue d'urgence et le ranime de justesse.
10/1983 - Source d'Izbindis : deux plongeurs parviennent au terminus,
à -40 au bas d'un puits, puis font demi-tour. Le premier est équipé
d'un lourd bi-bouteille de capacité supérieure à celui
du second. Il n'a pas de bouée d'équilibrage et il trouble l'eau
en palmant violemment pour remonter. Le second le libère du fil dans
lequel il a emmêlé une palme.
En haut du puits, dans l'eau plus claire, il a perdu une palme. Il émerge
exténué et essoufflé après s'être tracté
sur le fil au retour.
"Izbindis", buletin "Styx", no. 2, 1985.
08/1984 - Source d'Izbindis : Pendant que deux plongeurs nettoient un ancien fil d'Ariane, dans l'eau troublée. Un plongeur subit un débit constant sur un détendeur qui vide instantanément la bouteille. Il sort sur son second bloc.
08/1984 - Source d'Izbindis : Lors d'un exploration, deux plongeurs descendent à -40. L'un d'eux subit un blocage de détendeur. En remontant, le mécanisme retrouve sa fonctionnalité.
11/11/1984 - Source d'Izbindis (Padurea Craiului) : deux versions coexistent
:
Un plongeur souterrain confirmé poursuit l'exploration d'un siphon précédemment
reconnu sur 144m (-40), de deux mètres de section, au sol sableux. Il
emporte 2 x 10L équipés de détendeurs de qualité,
un phare de 55 watts avec 14min d'autonomie, et deux lampes de secours de mauvaise
qualité. Il ne bénéficie pas d'un système d'équilibrage.
Il semble qu'il ait franchi le siphon qu'il effectuait les relevés topographiques
lors du retour.
Son corps sera retrouvé sur le chemin du retour, à -40 avec encore
de l'air dans les bouteilles.
Le noeud de raccord sur le fil d'Ariane s'est défait. Perdu dans une
eau troublée, à -40, une panique aurait conduit à la noyade.
ou
Un plongeur décède au cours d'une exploration, à environ
200m de l'entrée -40. Il déroulait son fil, conditionné
dans un sachet de toile, et a été retrouvé les pieds emmêlés,
orienté vers la sortie, au milieu d'un enchevêtrement de fil libre
dont l'extrémité se serait dénouée vers 170m.
Il était enrhumé et sous traitement médical. Ses blocs
contenaient toujours de l'air, ses détendeurs fonctionnaient mais ils
les avait lâchés, du sang baignait dans son masque. Son éclairage
se limitait à des lampes de 3 watts non étanches.
26/10/1985 - Grotte de Vadul Crisului : deux spéléologues
confirmés mais n'ayant jamais plongé s'engagent de nuit dans un
lac souterrain avec une seule lampe en mauvais état et sans fil d'Ariane.
Ils doivent utiliser leur corde d'escalade comme fil-guide mais s'y refusent
Ils conviennent qu'ils descendront alternativement à -9 (fond du lac)
puis remonteront.
Le second s'égare dans l'eau troublée et se noie en progressant
dans le siphon au lieu de rejoindre la sortie. Son corps sera retrouvé
à une quarantaine de mètres de l'entrée du siphon (-4),
couché sur le dos, détendeur lâché.
"Pesteri Scufundate", auteurs: Cristi Lascu et Serban Sarbu, Editura
Academiei Republicii Socialiste Romania 1987, page 116.
20/09/98 - Pestera cu Apa din Valea Lesului (Monts Apuseni) : Sur le chemin du retour, après avoir franchi un étroit siphon en laminoir en dégageant le sol de graviers, le plongeur semble avoir des problèmes avec ses détendeurs. Il s'avère que ses robinets, non protégés s'étaient fermés en raclant sur le sol, du fait du relèvement des fonds des blocs.
Date ? Grotte ? (Monts Apuseni) : Après avoir franchi un court
siphon (4m) très étroit en première, le plongeur amarre
son fil sur ses bouteilles, à défaut d'autre chose, et poursuit
l'exploration après s'être déséquipé. Ses
collègues, qui tiennent le fil à l'autre extrémité
du siphon, s'inquiètent, tirent sur le fil… et ramènent le bi-bouteilles.
Le plongeur repassera le siphon en apnée.
Ref. biblio : " Pesteri Scufundate " p.84.
Source thermale d'Herculane : Cette source thermale (eau de 15 à
50°C en fonction des conditions météorologiques) coule à
40°C en moyenne. Une entrée artificielle recoupe la cavité
entre deux siphons. Elle présente plusieurs courts siphons franchissables
en apnée et des voûtes mouillantes. La ventilation de la grotte
a nettement diminué depuis que l'entrée artificielle a été
partiellement murée.
IL s'agit uniquement d'accidents de plongée en apnée, qui mettent
en évidence les risques liés aux émanations de gaz souterraines.
Hiver 1994 : Deux spéléologues font plusieurs apnées dans un lac, puis remontent une galerie. Là, ils souffrent d'hyperthermie et de difficultés respiratoires, qui s'aggravent dans l'eau. Ils sortent de justesse.
02/1996 : Après avoir bu de l'alcool, un professeur et ses élèves se baignent dans les bassins aménagés puis s'engagent dans la mine. Le professeur est victime d'un malaise très rapidement. Les élèves donnent l'alerte et des grimpeurs, qui se baignaient dans les bassins à l'entrée de la source, l'évacuent quasi-inconscient. Trente minutes de récupération seront nécessaires pour que le professeur retrouve ses moyens.
04/1999 : En plongeant le siphon de l'émergence, le plongeur est en difficulté du fait de l'étroitesse, de la chaleur et de la turbidité. Il sort en respirant sur ses bouteilles.
08/07/2000 : Après avoir bu de l'alcool puis passé en apnée la première voûte mouillante et éteint leur bougie, deux personnes se sentent mal, s'égarent dans le noir et se retrouvent devant le siphon suivant. L'un d'eux panique mais, soutenu par son collègue, regagne la sortie où il vomit et s'évanouit. Son collègue est retrouvé dans le coma à proximité de l'entrée. Il décède le lendemain à l'hôpital.
22-23/12/2001 : Après un repas arrosé, trois personnes franchissent la première voûte mouillante en apnée. Rapidement, ils se sentent mal, surtout le plus âgé (21 ans) qui ne peut sortir. Les deux autres regagnent la sortie et donnent l'alerte. Une heure après la première immersion, l'un d'eux retourne chercher son collègue, décédé. L'autopsie conclut à l'hypoxie.
2002 - Izverna : Durant une sortie commerciale organisée par
une antenne hongroise d'une agence américaine, une plongeuse s'engage
seule dans le " siphon noir " (450m avec un profil en yo-yo). Elle
ignore qu'une autre équipe de plongeurs s'y est engagée. Au point
bas de (-39m), elle doit lâcher le fil qui passe dans une section-piège.
Elle ne retrouve pas immédiatement le fil et poursuit vers le fond en
pensant rejoindre la sortie. L'autre équipe, sur le retour, la croise
au point haut à -20 et la contraint à les suivre vers la sortie.
Elle ne réalise son erreur qu'une fois le jour en vue, alors qu'elle
arrive à cours d'air.
15/11/2002 - Izverna : Une antenne hongroise d'une agence de plongée
américaine organise des sorties commerciales dans ce siphon roumain.
Deux clients qui ont déjà plongé sous terre (diplômés
" cave-diver " de cette agence) franchissent le siphon vert (40m ;-14),
dans lequel une autre des quatre équipes engagées dans la cavité
les double. Ils émergent dans la rivière souterraine en crue,
qui présente un passage étroit surcreusé (0,3 x 0,8m),
avant le siphon jaune.
Ils sont tous les deux de forte corpulence et très lourdement équipés
(2 x 12l). L'un d'eux se bloque une jambe dans le passage étroit, se
la fracture en tombant, ainsi que la boite crânienne et se noie, la tête
sous l'eau.
Le second décède également, à -2,5m avec un détendeur
en bouche et de l'air dans ses bouteilles, d'un arrêt cardiaque. Aucun
des deux plongeur n'a d'eau dans les poumons.
04/10/2002 - Source Izbucul de la Tauz (Monts de Bihor) : de retour
d'une plongée au trimix à -80 à environ 120m de l'entrée,
un plongeur polonais décède à -80m dans le deuxième
siphon. La hauteur de la galerie est de 0,6m et la largeur inconnue. Le premier
siphon est long de 20m (-13) terminé par un lac. La visibilité
est faible.
Son équipement semble fonctionner, ses bouteilles dorsales (trimix) sont
vides. Il devait déposer ses deux relais d'air à -40, mais il
les a emportés à -80, malgré leur poids. Il semblerait
qu'il ait épuisé son trimix en profondeur, et qu'il ait alors
respiré un relais d'air à -80.
D'après le médecin qui a effectué l'autopsie : " les
tissus ont été analysés et ont démontré que
le plongeur avait principalement respiré un trimix 11-12% ce qui est
convenable pour cette profondeur. Les embouts des détendeurs ne présentaient
aucune marque de morsure, ce qui tend à écarter l'hypothèse
d'une attaque de panique. La cause probable du décès est un manque
de mélange respiratoire.
Le plongeur n'a pas déposé ses bouteilles air à -40m ce
qui lors de la remontée lui a causé une fatigue supplémentaire.
Le plongeur est en effet remonté de 2m puis est resté sur place.
Il a alors vidé complètement ses bouteilles de mélange
de fond et est mort.
L'autopsie à démontré que le plongeur malgré son
âge (30 ans) avait une faiblesse cardiaque et souffrait peut-être
de diabète. On peut donc légitimement émettre l'hypothèse
que les efforts consentis ont provoqué en quelque sorte une "angine
de poitrine". Pour ne pas redescendre en profondeur (glisser) il a fixé
le fil d'Ariane à sa ceinture de plombs et sans doute à-t'il commencé
à respirer sur les bouteilles d'air jusqu'à ce que les spasmes
l'assaillent. "